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Mon histoire, en quelques lignes


Mon histoire ressemble sans doute à la vôtre, et à combien d'autres qu'on m'a racontées. Mes premiers souvenirs de travestissement remontent à ma prime enfance. Je n'avais pas encore 6 ans, je crois. Escapades furtives dans la chambre à coucher de mes parents pour revêtir ces magnifiques camisoles de soie et les amples jupes de ma mère, et chausser ses escarpins trop grands. Puis m'empresser de tout replier pour ne pas me faire prendre. Ça s'est reproduit, comme ça, des dizaines de fois. Avec le linge de ma mère, avec celui de ma soeur. Vers 10 ou 11 ans, c'est en m'imaginant dans l'uniforme des filles de l'école voisine que j'ai connu mes premières excitations. Puis, en m'inventant des scénarios bizarres où je me retrouvais féminisé de force que j'ai eu mes premières éjaculations.

Pendant mon adolescence, je vivais ces épisodes avec beaucoup de honte et une certaine culpabilité, mais j'étais certain que cela n'était que passager. Une sorte de sexualité d'attente, faute d'avoir eu mes premières relations sexuelles avec des femmes (je n'étais pas du tout attirée sexuellement par les hommes à l'époque. Cela me rassurait).

Puis, il y a eu mon mariage à 20 ans. Nous avons eu 15 années, assez heureuses dans l'ensemble, mais pas très satrisfaisante sexuellement. Mon épouse était très conventionnelle en matière de sexualité, et assez réticente à explorer la moindre fantaisie. Et j'hésitais à lui révéler mes fantasmes de travestie. Ce qui fait qu'on a vécu ensemble, mais avec d'immenses zones d'ombre... ce qui n'aide pas à communiquer dans les moments plus difficiles. Nous nous sommes séparées en 1987, sans trop de drames. J'avais 35 ans.

Pendant mes années de mariage, j'avais quand même commencé à «approvoiser» ce double en moi. D'abord parce que, à force de me sentir coupable et de me poser mille questions, j'avais fini par dénicher des livres et des magazines sur le travestisme et par comprendre que je n'étais pas seule. Et qu'on pouvait même vivre harmonieusement avec son double! J'avais alors commencé à acheter quelques dessous, que je portais à l'occasion sous mes habits d'homme, question de dé-sexualiser un peu cette femme qui m'habitait, de me la rendre familière, naturelle. De me sentir «elle», tout simplement. Il m'arrivait aussi, les soirs où j'étais seule à la maison, de revêtir une robe de mon épouse, ses souliers à talons, de me maquiller légèrement, de me friser les cheveux et de m'asseoir pour lire ou regarder la télé. Il s'agissait la encore de dé-sexualiser mon double. D'apprendre à me détendre en étant femme.

Après mon divorce, j'ai vécu (en Priscilla) une courte période de libération. C'est à cette époque que j'ai commencé à me maquiller régulièrement. Aujourd'hui, même quand je suis «en homme», je me fais toujours les yeux, les sourcils, et porte un peu de fond de teint, mais cela est bien sûr très discret). J'ai commencé à cette époque aussi à porter en permanence des sous-vêtements féminins, à dormir en robe de nuit, etc... J'hésitais quand même quant au degré de transformation souhaitable et au point d'aboutissement de ma démarche. J'étais après tout très bien dans ma peau et ma sexualité d'homme. J'avais un emploi où la transition aurait été impossible. J'avais deux enfants de 8 et 11 ans à qui j'hésitais à révéler Priscilla.

Puis, j'ai rencontré cette autre femme avec qui je vis qujourd'hui. Je lui ai révélé mon double. Elle l'a acceptée... tout en me préférant en homme! Résultat : je continue, depuis 10 ans maintenant, à vivre en homme avec cette femme (et dans ma vie professionnelle), tout en accordant à Priscilla quelques soirées occasionnelles, et de rares sorties. Mais j'aimerais rencontrer plus régulièrement d'autres «femmes» comme moi pour sortir en groupe, parler, échanger nos expériences et nos trucs de beauté, danser, nous laisser courtiser à l'occasion (pourquoi pas?... J'avoue que, quand je suis en femme, les hommes commencent à m'attirer de plus en plus. J'aime les séduire, ou du moins me faire croire que j'en suis capable!)

J'ai aussi écrit il y a quelques années une longue réflexion sur les causes du travestisme, qui raconte aussi mon histoire avec beaucoup plus de détails, et se termine sur la question du rapport entre le travestisme et les questions de genre («gender issues»).


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