Pierre Parisien


 
Le
Reflux
bancaire
pour les
non-initiés
Les prêts et
le reflux
bancaire
Les cartes
de crédit et
le reflux
bancaire
Le reflux
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comme
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Congrès de
l'Association canadienne de l'économie


Le Reflux bancaire pour les non-initiés

Pierre Parisien


 Ce fut un révélation qui influença profondément ma vie intellectuelle. Une de mes filles suivait un cour en économie au niveau secondaire. J'avais acheté le manuel, Understanding the Canadian Economy (de W. Trimble, Copp Clark Pittman, éditeurs) et, puisque ma fille semblait peu disposée à l'ouvrir, je décidai de le lire pour ne pas gaspiller les quelques dollars qu'il m'avait coûté.

Je n'avais jamais eu le moindre intérêt envers la science économique mais cela changea lorsqu'au chapitre six, «Money and Banking», j'ai lu ces quelques phrases:
« L'argent le plus important, c'est le crédit. Le crédit le plus important est le crédit créé de l'air du temps par le système bancaire. Quatre-vingt pour-cent du volume d'affaires au Canada utilise cet argent qui n'est pas là. Les banques le prêtent à la population et, lorsqu'il est remboursé, il retourne au néant. » [traduction de l'auteur].

Cette révélation me lança dans des recherches plus approfondies en science économique. Mais ce n'est que quelques temps plus tard que je remarquai que le livre accordait plusieurs pages sur le mécanisme de la création d'argent à partir de rien, mais pas un mot sur comment l'argent retourne au néant lorsqu'il est remboursé.

J'ai cherché longtemps pour combler cette lacune. J'ai consulté des livres de niveau universitaire tels quels Money, Banking and the Canadian Financial System, par H. H. Binhammer, et Economics of the Canadian Finanical System, par Sharer, Chant et Bond, mais je n'a rien trouvé qui expliquerait commet l'argent créé par les banques retourne au néant. Je suis finalement arrivé à la conclusion qu'il ne retourne pas au néant et que les banques tirent leur profit surtout du reflux de cet argent créé, l'intérêt n'étant que le glaçage sur le gâteau.
 

Pour comprendre le reflux bancaire il faut comprendre le principe comptable de l'écriture en double contrepartie:

Lorsque vous empruntez 1 000 $ d'une banque, celle-ci écrit 1 000 $ dans votre compte, ce qui, en effet, crée mille dollars qui n'existaient pas avant. Cette somme est un actif pour vous puisque vous pouvez le dépenser, mais est un passif pour la banque parce qu'elle doit vous la remette à votre volonté (soit par retrait ou par chèque). Si on considère que cette banque accorde des milliers de prêts par année, il est évident que tous ces éléments de passif l'amèneraient rapidement à la faillite s'il n'y avait pas une contrepartie à tout passif. Cette contrepartie, c'est l'actif, qui est la propriété de la banque.

Lorsque vous empruntez 1 000 $, donc, la banque crée 1 000 $ deux fois : une fois pour vous, ce qui est un passif pour la banque; et une fois pour elle-même, le prêt, qui est un actif pour elle et un passif pour vous. (En comptabilité, le prêt est déjà la propriété de la banque, avant même d'être remboursé. C'est pourquoi, si vous ne pouvez payer votre hypothèque, la banque vendra votre maison et gardera l'argent du prêt.)

Maintenant, vous n'avez   pas emprunté ce mille dollars pour le laisser croupir dans votre compte. Disons que vous le dépensez en entier pour acheter de M. X un meuble et que vous payez par chèque. M.  X déposera ce chèque à sa banque. Celle-ci ajoutera 1 000 $ au compte de M.  X, ce qui est un passif pour la banque, et créera un actif qui viendra ajouter à ses réserves. Mais, votre banque vient d'être soulagée de 1 000 $ de passif (puisque vous avez réduit votre compte du montant du prêt) donc, le système bancaire dans son ensemble n'est ni plus riche ni plus pauvre. Ce qui n'est qu'un roulement de passif d'une banque à une autre est présenté comme un nouveau passif. Il faudrait que voter banque efface 1 000 $ de son actif pour que tout entre dans l'ordre; mais je n'ai trouvé aucune évidence que les banques font ça et je suis convaincu qu'aucune vérification n'est faite par aucun organisme de surveillance.
 

Si nous fusionnions mentalement toutes les banques comme si elles consistaient une seule banque – la Grande Banque – le reflux bancaire devient simple et facile à comprendre:
Pour que l'écriture double soit intègre, les changements en passif et les changements en actif doivent toujours se refléter mutuellement. Les deux doivent augmenter ou diminuer ensemble et par la même valeur.

Lorsqu'une somme est soustraite du passif de la Grande Banque par un paiement par chèque, carte de crédit ou carte de débit, un montant équivalent d'actif doit quitter le système.

Ce n'est pas le cas!


Texte du séminaire

Les prêts et le reflux bancaire

 

par Pierre Parisien


Permettez-moi de débuter en vous donnant un bref aperçu de mon papier : Je vais tâcher de montrer comment les banques à charte (et, hors du Canada, les banques commerciales) créent la monnaie qu'elles prêtent de l'air-du-temps, et comment elles récupèrent par la suite la plus grande partie de ce capital, de sorte que la monnaie qu'elles font avec les intérêts n'est que le glaçage sur le gâteau. Je démontrerai comment le système de la chambre de compensation (clearing house system) est impliqué dans le procédé de récupération (ce que j'appelle le reflux bancaire). Enfin, je vais suggérer certains changements qui pourraient rendre le système plus juste et plus rationnel.

Mais commençons par une courte analyse du concept de prêt. Il y a deux sortes de prêts : les prêts distributifs et les prêts générateurs. Lorsque vous prêtez votre tondeuse à gazon à un ami, ou quand une association coopérative de crédit prête la monnaie, quelque chose préexistante est redistribuée temporairement, d'où le terme prêt distributif; mais lorsqu'une banque commerciale accorde un prêt, elle fabrique la monnaie de l'air-de-temps. La monnaie ne vient pas des ressources de la banque, ni des fonds confiés à elle par ses déposants; elle vient de l'encre dans le stylo du banquier. À de tels prêts, je donne le nom de prêts générateurs.

S' il y en a parmi vous qui ont du mal à me croire, je vous suggère à lire le chapitre 6, « Commercial Banks as Creators of Money, » en Money, Banking and the Canadian Financial System de H.H. Binhammer. J'aimerais aussi citer Economics of the Canadian Financial System  par Sharer, Chant et Bond : « While other financial institutions create money, our analysis will show that, because of their dominant position in the payments system, the chartered banks are the heart of this process. »

La capacité d'une banque de créer de la monnaie n'est pas, cependant, infinie. Elle est limitée par son capital. Les lignes directives du Bureau du surintendant des institutions financières limitent la totalité des prêts d'une banque à 20 fois son capital, tel que défini dans le document (Chapitre A, « Normes de fonds propres, » Ces règles suivent les principes de conduite établis par l'Accord sur le capital de 1988, sous l'égide de la Banque des règlements internationaux.

Bon ! Nous sommes prêts à aborder le coeur de ma présentation, le reflux bancaire, c'est-à-dire, le retour à la banque du capital créé par la banque en octroyant un prêt.

Mais avant d'étudier le mécanisme du système bancaire, permettez-moi d'aller directement à un exemple qui me permettra de présenter mon argument tout en évitant les complications techniques. Supposons que vous êtes propriétaire d'une entreprise et que vous empruntez un million de dollars à une banque afin de mettre sur le marché un nouveau produit. La banque crée le million de dollars de l'air-du-temps, et se nanti d'une garantie – une propriété, un entrepôt plein de produits, ou même une résidence privée.

Supposez qu'un concurrent met sur le marché un nouveau produit qui rend le vôtre désuet et voue votre affaire à l'échec, et qu'en plus vous êtes en retard pour votre premier paiement. La banque ferra rentrer la dette, mais, puisque vous en avez déjà dépensé sa majeure partie, vous ne pouvez pas en vous acquitter. Alors la banque prendra possession de votre gage et recouvrera la valeur du prêt.

Ceci se produit souvent, ce qui prouve que les banques ont titre au capital qu'elles créent en octroyant un prêt. Les apologistes pour notre système financier admettront que les banques créent la monnaie qu'elles prêtent, mais soutiendront que la monnaie prêtée sera annihilée graduellement à mesure qu'elle sera remboursé, et que la ne tirera profit que de l'intérêt sur le prêt. Pour réfuter cet argument, il nous faut fouiller dans le domaine ténébreux de la comptabilité en partie double, sans doute la forme prédominante de comptabilité. (Je sais que la majorité de vous êtes au courant de ceci, mais je veux être sûr que tout est bien compris.)

Chaque fois que vous déposez de l'argent comptant ou un chèque à la banque, celle-ci crée un dépôt à votre crédit. Cette somme est un actif de votre point-de-vue, mais pour la banque, c'est un passif, car vous êtes libre de la retirer à volonté. La banque doit donc se créditer d'un actif d'égale valeur qu'on appelle une réserve (en fait, un ajout à ses réserves).

C'est une conception erronée de croire que les réserves sont des sommes mises de côté en prévision de mauvais temps. Ce n'est qu'un petit pourcentage de ce qui est identifié comme les réserves d'une banque qui est actuellement retenu. Anciennement, ces réserves étaient maintenues en dépôt à la banque du Canada, mais depuis que la Loi sur les banques ait été amendée en 1992 pour éliminer cette exigence, les banques à charte ne tiennent en caisse que les réserves d'argent comptant qu'elles considèrent nécessaires ou prudentes. Cette somme ne dépasse pas 10% de leurs actifs, puisque c'est considéré suffisamment pour répondre aux demandes du public pour des billets de banque.

Alors, qu'est-ce-que les banques font avec le reste ? – Elles l'investissent et elles s'en servent pour soutenir et justifier d'autres prêts, pour payer des salaires et des bons; et même pour payer des dividendes à leurs actionnaires (selon les limitations imposées par la Loi sur les banque (Article 129, paragraphe 4). Les réserves d'une banque ne sont pas un trésor gardé dans une voûte, mais plutôt un courant l'argent qui traverse un portail et en se faisant devient la propriété de la banque.

Parfois cette propriété (un actif) est équilibrée par une obligation (un actif) et parfois elle ne l'est pas. Pour réellement comprendre le bilan d'une banque, on devrait remplacer mentalement le terme réserve par le terme propriété de la banque.

Lorsqu'une banque accorde un prêt, elle crédite l'emprunteur d'un dépôt pour le montant, et simultanément elle se crédite d'un actif sous forme de prêt. Un tel dépôt, créé hors de l'air-du-temps, est appelé un dépôt secondaire, ou un dépôt dérivé. Les dépôts qui ne sont pas créée par les banque sont appelés des dépôts primaires. (Il est regrettable que ces termes ne soient plus courants, parce qu'ils mettaient en évidence une distinction importante.) C'est la relation entre les dépôts primaires et secondaires qui rend possible la reflux bancaire – le retour à la banque du capital créé par les prêts.

Prenons un exemple pour démontrer le mécanisme impliqué :

Joe emprunte 1 000 $ à la Banque A que nous assumons être une banque-monopole, c'est-à-dire, la seule banque dans le pays. Cette dernière crée l'argent hors de l'air-du-temps et inscrit la somme comme dépôt en compte de Joe, et en contrepartie, comme rajout à son propre actif. (Pour simplifier les choses, nous ne tiendrons pas comptes des intérêts et des fraises.)

Le jour suivant, Joe se sert de son dépôt pour écrire un chèque de 500 $ à Harry, qui le dépose dans son compte à la Banque A. Ceci est un dépôt primaire qui ajoute automatiquement un autre 500 $ aux fonds de réserves de la banque.

Le deuxième jour, Joe écrit un chèque de 500 $ à Ted, qui le dépose également dans son compte de la Banque A. Mettons les trois transactions sur un bilan :

                                                Inscriptions dans le bilan de la Banque A

Actif Passif
Prêt                         1 000 $

Réserve                      500 $

Réserve                      500 $

Dépôt secondaire      1 000 $

Dépôt primaire             500 $

Dépôt primaire             500 $

Actif total                  2 000 $ Passif total                2 000 $

La dernière ligne démontre que l'actif total et le passif total sont égaux et opposés, s'annulant mutuellement. La banque prétendra donc que l'argent créé en octroyant le prêt (un passif, de son point de vue) a été compensé par l'actif du prêt remboursé, et que seulement l'intérêt représente un gain provenant de cette transaction.

Ce raisonnement fautif n'est qu'un tour de passe-passe. Le truc consiste à additionner le passif des dépôts primaire au passif du dépôt secondaire.

Lorsque Harry, dans notre exemple, met en dépôt le chèque de 500 $ de Joe, ce dernier perd 500 $ de son dépôt secondaire. Lorsque Ted dépose l'autre chèque de 500 $ de Joe, celui-ci perd le restant du dépôt créé par le prêt : il a dépensé son prêt. Le passif de la banque de 1 000 $ envers Joe a été remplacé par deux passifs de 500 $ envers Harry et Ted – mais Joe doit toujours 1 000 $ (plus l'intérêt) à la banque. Par la suite, chaque fois que Joe fera un paiement sur son prêt, le paiement sera inscrit comme un actif par la banque (en tant qu'ajout au réserves), mais il n'y aura pas de passif en contrepartie. Le paiement sera donc un gain en capital pour la banque.

Le passif de la banque est donc correctement inscrit dans notre bilan à 2 000 $ (le prêt de 1 000 $ plus deux ajouts de 500 $ aux réserves), mais le passif devrait être inscrit à seulement 1 000 $. Pourquoi ? – Parce que les deux dépôts primaires représentent un déplacement de passif plutôt qu'un ajout au passif original 1 000 $. Puisque les réserves sont la propriété d'une banque, dans cet exemple, la banque s'est en effet créée1 000 $ de l'air-du-temps. L'intérêt est simplement le glaçage sur le gâteau.

Ce retour de capital créé pour un prêt est ce que j'appelle le reflux bancaire. Certains diront qu'aucune banque-monopole n'aurait l'audace de pratiquer un stratagème si évident, et que, en fait, une banque individuelle ne procède pas de cette façon dans l'échange de chèques entre deux parties qui font leur dépôts à la même succursale. Je prie ces sceptiques de considérer mon exemple comme un expédient heuristique qui nous aidera à comprendre un point que nous aborderons sous peu.

Notez, cependant, qui, si Harry et Ted avaient insisté pour encaisser leurs chèques pour l'argent comptant, la Banque A aurait été forcée de puiser dans ses réserves pour satisfaire leurs demandes. Ce paiement aurait annulé les réserves créées par le dépôt de leur chèques, et dans ce cas la banque n'aurait bénéficié que de l'intérêt sur le prêt.

L'argent comptant, parce qu'il court-circuit le reflux, est l'ennemi mortel des banques. Heureusement pour celles-ci, la très grande majorité des chèques sont déposés plutôt qu'encaissés et la plupart des transactions se produisent par ordinateur plutôt que par transfert d'espèces de main à main.

Cependant, dans la vraie vie, où il n'y a pas de banques-monopoles, Harry et Ted auraient probablement déposé leurs chèques dans une autre banque, et dans ce cas la Banque A aurait perdu des réserves à la banque recevante. Les chèques, cependant, ne sont pas virée un à un. Ils sont maniés quotidiennement par l'entremise d'une chambre de compensation (clearing house) où la Banque A présente à la Banque B tous les chèques qu'elle a reçus qui ont été tirés contre des dépôts à la Banque B, et celle-ci fait du même envers la Banque A. Si, disons, la Banque A reçoit 800 000 $ en chèques de la Banque B, et celle-ci reçoit 700 000 $ en chèques de la Banque A, alors la Banque B perdra 100 000 $ de réserves au profit de la Banque A. Le lendemain, cependant, ça pourrait être la Banque A qui perd au profit de la Banque B.

Ce procédé est répété chaque jour entre toutes les banques. Seulement la différence est actuellement transférée des réserves d'une banque aux réserves de n'importe quelle autre banque. Puisque toutes les banques maintiennent un compte à la banque centrale, les transferts se font simplement en déplaçant des chiffres d'un compte à l'autre. À la longue, toutes les banques finissent plus ou moins égales dans ces transferts. Donc, en fait, elles ne perdent pas de réserves chaque fois qu'un de leur clients écrit un chèque qui sera déposé dans une autre banque. Grâce à ce procédé, le mécanisme qui s'applique à une banque-monopole (comme dans mon exemple heuristique) s'applique, grosso modo, à l'ensemble du système bancaire ainsi qu'aux banques individuelles.

Bref, il y a deux façons possibles de virer des chèques entre les banques :

1.     une opération directe, banque à banque et chèque par chèque, ce qui serait pratique, avec les moyens informatiques et électroniques disponibles, et

2.     une opération de chambre de compensation telle que je l'ai décrite.

Il y a un point subtil mais important à faire ici :

Dans une opération de virement chèque-par-chèque, la banque payante perd des réserves au montant du chèque, et la banque recevante gagne le même montant en réserves. (Il faut se rappeler que les banques doivent nécessairement se créditer d'un montant égal à chaque dépôt primaire, cette somme allant aux réserves; autrement les banques individuelles ferraient rapidement faillite et le système bancaire s'écoulerait.) Mais dans une opération de chambre de compensation, puisque seulement la différence quotidienne entre n'importe quelles deux banques est transférée, la plupart des réserves de la banque payante sont protégées. À la longue échéance, presque toutes ses réserves sont protégées, quoique les banques plus grosses et/ou mieux gérées peuvent avoir un léger avantage. Grâce au procédé de la chambre de compensation, deux banques agissent comme deux prêtres qui se confessent mutuellement et se donnent l'absolution.

« Et puis ? » C'est ce que j j'entends trop souvent quand je discute ce sujet avec des membres de ma famille, des amis et, occasionnellement, avec des hommes d'affaires. « Tant que j'obtiens le crédit dont j'ai besoin quand j'en ai besoin, je m'en fiche », disent-ils. Permettez-moi de démontrer pourquoi cette attitude est néfaste.

D'après le Council of Economic Advisors, la masse monétaire des États-Unis a plus que septuplée entre 1970 et 1994. Puisque toutes les économistes, à gauche comme à droite, sont d'accord que les banques créent plus que 95% de la nouvelle monnaie, il est mathématiquement évident qu'une bonne portion de cet argent nouveau finit par faire partie de la masse monétaire. Il n'y a simplement pas d'autres sources pour expliquer l'augmentation.

Mais, officiellement, les réserves des banques ne sont pas incluses dans la masse monétaire. Une raison pour ça est que, souvent, ces réserves sont en contrepartie d'un passif bancaire, et que compter les deux sera un dédoublement. Mais ces réserves peuvent être dépensées et investies – donc elles sont de l'argent, qu'elle soient officiellement partie de la masse monétaire ou non. Ceci explique pourquoi même les économistes de la gauche disent souvent que la monnaie créée par le prêt est anéantie à mesure que celui-ci remboursé : puisque ces réserves ne font pas partie de la masse monétaire officielle, elles n'existent pas officiellement. J'insiste que puisqu'elles peuvent être dépensées et investies, elles sont en fait de l'argent ! Le reflux bancaire existe !

On peut soutenir qu'une partie de l'augmentation septuple est imputable à l'inflation de crédit : puisque la création de capital n'inclut pas l'intérêt, de nouveaux prêts sont toujours nécessaires pour payer des prêts antérieurs.

C'est un argument plausible, mais – j'insiste – qui ne peut expliquer toute l'augmentation de la masse monétaire. Après tout, l'argent comptant dans les mains du public a aussi augmenté sept fois (plus ou moins) et cette monnaie n'est pas de l'argent-crédit. Il me semble qu'à mesure que les banques dépensent et investissent le reflux – en achetant des obligations du gouvernement, entre d'autres possibilités – le reflux s'insinue dans la masse monétaire officielle. Permettez-moi de faire le point : ce n'est pas la monnaie qui crée votre richesse, mais plutôt le passage de la monnaie par vos mains. Les banques ont été enrichies injustement par le procédé que j'ai décrit.

Les banques sont la pierre angulaire du secteur financier. Tout ce nuage d'argent spéculatif qui flotte au-dessus de nos têtes, hors de notre portée, et qui est déconnecté du monde réel des biens, des services et du travail – tout cet argent – fut préalablement créé par les banques. C'est en contrôlant celles-ci que le secteur financier peut être contrôlé.

Examinons quelques mécanismes de contrôle qui pourraient être mis en oeuvre, et commençons par un qui ne nécessiterait aucun changement radical dans le système existant, et puis procédons à des suggestions plus révolutionnaires.

On pourrait commencer avec une politique fiscale qui considérerait toute augmentation dans les réserves d'une banque comme un gain en capital, sujet à l'impôt. (Peut-être à un taux spécial, plus bas, puisque les banques occupent une niche spéciale – et très importante – dans notre système économique.)

Une autre méthode de contrôle serait l'imposition de ce que j'appelle le procédé CEE (comme en espèces). Tout chèque déposé aurait le même effet sur les réserves d'une banque que si ce chèque était échangé pour de l'argent comptant. Tout banquier qui prétend que l'intérêt est la seule source de profit provenant des opérations de prêts ne devrait avoir aucune objection. Le procédé CEE – comme loi ou ordonnance – ne ferrais qu'assurer que le système actuel soit honnête et qu'il fonctionne comme on le prétend. Si les banques peuvent compenser toute augmentation de leur passif par une égale augmentation de leur actif, elles devraient accepter que toute diminution de leur passif soit compensée par une égale diminution de leur actif.

Une procédure équivalente serait d'éliminer le système de la chambre de compensation et de laisser les banques échanger entre elles-mêmes directement, banque à banque et chèque par chèque. Grâce aux ordinateurs et aux moyens de communication électronique modernes, je crois que ça serait possible et pratique. La fonction principale de la chambre de compensation, il me semble, est de protéger les réserves des banques, tel que je l'ai démontré.

En conclusion, on en vient à une option qui serait un plus grand écart par rapport aux procédures établies. Je suggère que le gouvernement fédéral exerce le droit exclusif de créer toute nouvelle monnaie, que ça soit en espèce ou en argent scriptural. La banque du Canada serait mandatée d'accommoder les banques commerciales dans leur fonction de prêteurs en créant les fonds nécessaires et en les prêtant aux banques sans intérêts. Les dernières, cependant, ce qui donnerait au gouvernement le plein bénéfice du reflux bancaire.

On pourrait objecter que les banques, ainsi dépourvues de ce gain en capital, seraient forcées d'augmenter leurs taux d'intérêt, ce qui pourrait ralentir l'économie. Cette tendance, cependant, seraient tenues de rembourser ce capital, pourrait être contrariée par l'utilisation de l'intérêt négatif qui serait soustrait, plutôt qu'a ajouté, de la dette envers la banque centrale.

Par exemple, un million de dollars empruntés de la banque centrale à un taux d'intérêt négatif de 10%, pour approvisionner un prêt du même montant, serait remboursé par le paiement de 900 000 $. L'intérêt négatif serait, en fait, une subvention aux créditeurs et aux débiteurs, et pourrait agir comme un puissant stimulant et régulateur économique.

Le reflux engendrerait une somme d'argent importante qui pourrait être affectée aux programmes sociaux, et à la baisse d'impôts.

Il importe de dire ce qu'on a à dire de façon éloquante et claire, mais parfois il importe presqu'autant de préciser ce qu'on n'a pas dit. Je n'ai pas nié que des banques sont les institutions nécessaires; je n'ai pas proposé qu'elles soient nationalisées; je n'ai pas nié que les banques privées, généralement, doivent faire un profit; je n'ai pas suggéré que les chèques et autres formes de monnaie scripturale soient éliminés – malgré la grand possibilité d'abus inhérente à leur utilisation – parce que ces formes de monnaie sont trop commodes et trop incrustées dans notre structure social. Ce que je veux dire est que les représentants du peuple doivent exercer un contrôle judicieux de l'activité financière, parce que la souveraineté appartient au peuple, pas au marché, et pas à l'argent.

Permettez-moi de clore ma présentation en partageant avec vous l'espérance qu'un jour, quelque part, un gouvernement – et pourquoi pas la nôtre ? – tiendra une commission d'enquête sur des pratiques bancaires, afin que la lumière de l'intelligence rationnelle et critique puisse illuminer ce domaine nébuleux; et afin que certains changements qui se font attendre depuis longtemps soient institués.



 
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Les cartes de crédit et le reflux bancaire

par Pierre Parisien

Durant la fin des années 90, la proportion des investissements financée par les prêts bancaires a diminuée considérablement pour être remplacée par la distribution primaire d'actions. Plutôt que de faire appel aux banques pour de l'argent, les sociétés sont allées à la bourse des valeurs mobilières. Puisque les prêts bancaires sont la source principale d'argent nouveau, qu'est-ce qui a bien pu les remplacer? – Une partie de la différence a été comblée par un usage accru des cartes de crédit.

La gratuité déréglée avec laquelle les banques offrent des cartes de crédit à n'importe qui, quelle que soit leur solvabilité, m'a toujours intriguée. J'ai connu des individus qui avaient fait faillite, d'autres qui avaient eu de longue période de chômage (y compris un qui, à l'âge de vingt-quatre ans, n'avait pas encore travaillé une journée), d'autres qui étaient en retard sans leur paiements, mais qui auraient tous reçu des offres de cartes de crédit mirobolantes – «Emeraude», «Platine», et autres. Moi-même, j'ai été invité à me faire octroyer une carte avec une ligne de crédit de 100 000 $. Franchement, je n'en suis pas digne!  Admettons que 18% d'intérêt (plus 4% pour le marchand) permet de prendre certains risques, mais ce n'est pas une raison d'offrir du crédit à des débiteurs très louches.

Un jour, prétendant être un petit commerçant qui voulait offrir à ses clients la commodité de payer par carte de crédit, j'ai demandé à la compagnie Visa combine de jours après la réception par la banque d'une traite d'un marchand (la preuve de vente par carte de crédit) ce marchand pouvait toucher cet argent. On m'a répondu, «Une journée, deux au plus».

J'ai immédiatement compris qu'une avance contre une vente par carte de crédit est l'équivalent d'un prêt bancaire au marchand, et ce qui à l'instar des prêts ordinaires par les banques commerciales, impliquent nécessairement la création d'argent de l'air du temps. (Notez que ces prêts sont différents puisqu'ils seront remboursés par une tierce personne, l'usager de la carte de crédit). Il semble donc que les banques puissent se permettre une grande libéralité dans l'offre de cartes de crédit, parce qu'elles n'ont rient à perdre!
 

Examinons maintenant le mécanisme d'une transaction typique avec carte de crédit :

Jeanne achète une table d'une valeur de 500 $ du magasin Meubles Acme et paye avec sa carte de crédit Viscount. Meubles Acme dépose ce paiement dans son compte à la Banque A, électroniquement ou par courrier. La Banque A prélève 4% pour ses services et inscrit 500 $ dans le compte de Meubles Acme (un passif pour la banque) et 500 $ comme addition à sa réserve (un actif pour la banque), les deux sommes étant inventées de toutes pièces avec l'encre dans le stylo du banquier.

À la fin du mois Jeanne reçoit un relevé de sa banque, la Banque B, qui est propriétaire (tout comme la Banque A) d'une licence de Viscount. [Il est important de comprendre que Meubles Acme et Jeanne font affaire avec leur propre banque, et non avec Viscount. La relation entre les banques et les compagnies de cartes de crédit est semblable à celle entre les restaurants McDonald's, qui sont des propriétés privées indépendantes, et la compagnie McDonald's Corporation.] Le relevé comprend les soldes antérieures et les achats courants, y compris le 500 $ pour la table. Chaque dollar de ce relevé est une contrepartie d'un dollar antérieurement ajouté à la réserve de la banque. Est-ce que la banque soustrait de sa réserve les paiements de ses clients qui utilisent une carte de crédit?

Est-ce que quelqu'un vérifie?

J'ai posé ces questions à quelques fonctionnaires bu Bureau du Surintendant des Institutions financières (Canada) et la seule réponse que j'ai reçu fut, «We do not micromanage».  J'ai demandé si une autre institution le faisait. On m'a répondu «Non».  Comme dans le cas des prêts bancaires ordinaires, il semble que l'intérêt soit le glaçage sur le gâteau: les banques font la majorité de leurs profits – dans leur rôle de prêteur – du retour du capital qu'elles ont créé elle-même.



 
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Le reflux bancaire comme phénomène systémique

par Pierre Parisien


Même si toutes les réserves créées par les banques en octroyant des prêts échappaient à la banque prêteuses à mesure que les chèques écrits par les emprunteurs sont déposés dans d'autres banques, ses éléments d'actif n'échapperaient pas au système des banques commerciales privées : ils ne seraient qu'échangées de banque à banque. Un jour la banque A perdrait des réserves dans le jeu, et un autre jour elle gagnerait, mais à la longue toutes les banques se partageraient l'augmentation des actifs.

Si nous fusionnons mentalement toutes les banques commerciales privées comme si elles consistaient une seule banque – la Grande Banque – le reflux bancaire devient simple et facile à comprendre :

1.     Les changements en passif et les changements en actif doivent toujours se refléter mutuellement en qualité (augmentation ou diminution ) et en quantité. Empruntant un terme d'Albert Einstein, nous pouvons appeler ceci
le principe d'équivalence.

2.     Lorsqu'une somme est soustraite du passif de la Grande Banque par un paiement par chèque, carte de crédit ou carte de débit, un montant équivalent d'actif doit quitter le système.

3.     Ceci peut se faire de trois façons :

    a)     Les banques subsidiaires de la Grande Banque (Banque de Montréal, Scotiabank, etc.) utilisent leur efface virtuelle et rayent la somme équivalente de leurs réserves. (Si une somme d'argent peut être créée en écrivant un nombre avec le signe plus, elle peut être annihilée en écrivant le même nombre avec le signe moins. MAIS IL FAUT LE FAIRE !)

    b)    La Banque du Canada (notre banque centrale) utilise sa grosse efface virtuelle et raye la somme équivalente des réserves que chaque banque commerciale doit garder dans un compte à la banque centrale. (Ceci est une chose très facile à faire, puisque la majorité des chiffres requis sont calculés chaque jour par notre chambre de compensation, l'Association canadienne des paiements.

    c)    La banque centrale débite la somme équivalente du compte de la banque concernée et la transmet à la trésorerie qui l'utilise pour payer des dépenses du gouvernement, ce qui viendrait réduire considérablement les impôts. (Les économiques appellent ce profit provenant de la création d'argent le seigneuriage.)

Mais, est-ce que les institutions susmentionnées effacent les réserves équivalentes chaque fois qu'elles effacent un élément de passif ? L'obligation de faire la preuve est à la charge de ces institutions. Une autorité de vérification publique, telle que le Bureau du Surintendant des institutions financières se doit de vérifier les livres des banques afin de s'assurer que les soustractions soient faites. Cette information devrait être inclues dans les rapports annuels des banques. Les comptables qui font la vérification externe devaient être chargés d'inclure cette dimension dans leurs rapports. Les banques ne doivent pas être permises de se servir de la tradition du secret bancaire pour cacher cette information.

Quoique ce texte fasse référence su système bancaire canadien, il y a peu de doute que la même mutilation de l'écriture double soit courante dans tous les systèmes bancaires des nations industrialisées. Si les activités bancaires sont à ce point corrompues, il est certain que le système économique donc elles sont un élément primordial doit aussi être défectueux.

Sans doute, il y a une lacune fondamentale dans « les principes de comptabilité généralement
acceptés ».
Note personnelle :
Depuis quatre années, entre autres activités, j'ai poursuivi cette ligne d'investigation. N'ayant pas reçu une formation académique en sciences économiques et n'ayant jamais oeuvré dans le secteur bancaire, je suis conscient de mes limitations et je reconnait que « le diable est dans les détails ».

Alors, cherchant confirmation ou infirmation, j'ai envoyé plusieurs lettres, courriels et coups de téléphone aux départements d'économie et de comptabilité des banques, à la Banque du Canada, au Bureau du surintendant des institutions financières, à l'Association des banquiers canadiens, à l'ordre des comptables agréés du Québec, à des professeurs et auteurs de manuels, et à quelques experts-comptables. J'ai demandé qu'on me montre mon erreur : si je m'engage dans la mauvaise voie, je veux être rescapé avant que je m'enlise dans l'embarras. Plusieurs ont affirmé que, sans doute, je suis en erreur, mais aucun n'a pu identifier quelle écriture comptable ou quel algorithme de comptabilité effacerait à sans faute l'actif équivalent lorsqu'un passif est effacé.

Mon défit à toutes les institutions susmentionnées et la suivante : montrez-moi l'écriture actuelle qui tue l'argent-fantôme que les banques créent à leur compte lorsqu'elles créent ou acceptent un élément de passif.



 
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Pierre Parisien: Biographie

J'ai grandi à Ottawa, mais j'ai passé la majorité de ma vie adulte à Brooklyn, N.Y., où j'ai travaillé comme prof d'éducation continue et comme musicien de jazz.

Depuis mon retour au Canada j'ai consacré beaucoup de mon temps à lire, réfléchir et écrire à propos de mes principaux sujets d'intérêt : la philosophie, l'économie et la physique.

Présentement, je recherche un éditeur pour faire publier un livre It Ain't Necessarily So: An Outrageously Rational Approach to Ethics, Politics and Economics..

Certains journaux et revues ont publié des écrits de ma plume : trois articles dans le CCPA Monitor (du Centre canadien de politiques alternatives), un dans le The Montreal Gazette et un dans Le Devoir. J'ai été interviewé sur le réseau radiophonique du CBC, j'ai présenté un texte sur le système bancaire à la Conférence Sauver le Canada (Août 1999); j'ai fait une présentation devant la Commission sur la Fiscalité (du Québec); et j'ai soumis un texte au Technical Committee on Business Taxation (du gouvernement fédéral).



 
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