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Une structure administrative


 

Une voie simple, une voie rapide, ce que le client attend du système de santé lorsqu'il est malade est simple : qu'on le guérisse Plus simple encore lorsqu'il est bien portant : qu'on le garde en santé. Évidemment, les ressources impliquées sont énormes et le fonctionnement complexe. La structure qui encadre ce fonctionnement doit aussi , malgré cette complexité, chercher à faire le plus simplement possible ce qui doit être fait.

Pourquoi avoir attendu jusqu'à ce point pour parler de la structure administrative de la Régie ? Parce que la structure mise place doit découler du fonctionnement, lequel doit découler des objectifs, lesquels doivent découler des besoins. Le temps n'est plus aux structures élégantes, regroupant des postes auxquels on assigne leurs fonctions en gardant un il sur l'équilibre interne des pouvoirs attribués. L'efficacité qu'on veut requiert un encadrement minimal pour des ressources qu'on veut largement autonomes. Seule une minorité d'entre elles consistera en salariés.

La Régie a cinq (5) fonctions administratives. La première est une double cueillette d'information. Elle doit identifier , d'une part, la demande « objective » pour la santé, les besoins déterminés par l'épidémiologie ; elle doit aussi. d'autre part, connaître les traitements et les soins que réclame la population et qui constituent sa demande « subjective ». La structure doit permettre simultanément l'examen constant de l'état de santé de la population et un suivi de l'opinion publique, par des consultations de type référendaire, des sondages et des enquêtes ciblées. Le but est de bien connaître la réalité et de répondre à la demande populaire.

Disposant de cette information, la Régie doit, dans un deuxième temps, se fixer des objectifs qui seront ceux que souhaite la population et déterminer des stratégies pour les atteindre. La Régie dresse dons des « plans ». Des plans qui seront rendus publics et sans cesse scrutés par la population, car la Régie opère à livres ouverts. Sa troisième fonction est de s,assurer que tous ses processus sont totalement transparents, jusqu'au palier où la visibilité s'arrête au point de contact avec les renseignements personnels dont elle ne transgresse jamais la confidentialité.

Tous les plans de la Régie sont annoncés. La densification du quadrillage en services du territoire, ses politiques de recherche et de formation, de mise en place des infrastructures, de dotation en équipement des lieux de santé, de disponibilité des services et des médicaments. De même la séquence des mesures qui seront prises pour redéfinir plus largement le concept d'universalité et agrandir indéfiniment l'espace des traitements et des soins qui seront offerts gratuitement à tous.

La structure de la Régie comporte aussi, bien sûr, les modules de gestion au sens strict de ses ressources humaines et matérielles : le quotidien de la Régie c'est l'affectation des compétences et des équipements pour répondre à des demandes de services et, en amont de chaque affectation, il y a toute une chaîne de séquences « information­décision­application ». Ce processus est sa raison d'être. C'est sa quatrième fonction et la plus accaparante.

La cinquième et dernière grande fonction que doit permettre la structure mise en place est celle du « contrôle », sous toutes ses formes. Contrôle comptable et technique, mais contrôle aussi de la qualité et de la satisfaction. Le processus qui débute quand la Régie obtient ses directives du peuple souverain se continue par une gestion a livres ouverts et culmine par une démarche de contrôle de la qualité. Une étape indispensable qui permet à chaque patient de faire des recommandations, de formuler publiquement des plaintes et d'obtenir réparation des préjudices qu'il pourrait subir. Il doit y avoir des recours internes à la Régie pour le faire, mais ils doivent mener sans grands délais à des recours judiciaires.

Ces fonctions identifiées, la question se pose est celle de leur centralisation de ces fonctions. Traditionnellement, on pense à un partage des tâches et des responsabilités entre une administration centrale et des instances régionales et locales. On voit, d'une part, une entité qui établit les principes directeurs et prend les décisions pour tous, quand il faut assurer l'équité et l'égalité entre les administrés ou qu'il y a des économies d'échelle substantielles à réaliser. On voit, d'autres part, qu'il y a des décisions à prendre « en-bas », localement, par ceux qu'elles concernent, quand ces décisions ne créent pas de préjudices à ceux qu'elles ne concernent pas.

On voit aussi que, s'il est essentiel que des instances directrices centrales assurent la cohérence des principes appliqués et que c'est d'en haut que doivent venir les politiques de formation, d'embauche et de rémunération, ces politiques ne seront jamais si satisfaisantes que si ceux qui les conçoivent et les édictent sont convenablement informées des besoins par des antennes efficaces au palier local, de même que les tâches qui en découlent ne seront jamais si bien exécutées que si elles sont gérées sur place. Même chose pour le contrôle de qualité et les mécanismes de suivi des plaintes des usagers. Il faut que l'on se rende compte « in situ » de la réalité des faits et de la véracité des allégations.

Quelle que soit la précision des suivis à l'échelle nationale, c'est au palier local qu'on peut le plus vite découvrir les carences et les insatisfactions. Il faut un partage pragmatique des tâches entre un « Centre Administratif National » de la Régie et des instances locales. Le rôle de ces dernières est crucial pour la cueillette et l'interprétation des données, comme pour maintenir un contact étroit avec la clientèle : les bien portants comme les malades.

Crucial, car ce sont les demandes exprimées par la population au palier local qui détermineront l'affectation des spécialistes aux régions et donc, indirectement, le nombre de professionnels à former et la politique de formation professionnelle de la Régie. Ce sont les administrations locales, également, qui vont suggérer la dotation en équipement des divers lieux de santé et déterminer ainsi la politique nationale d'acquisition d'équipements, de fourniture et de médicaments de la Régie.

 

Pierre JC Allard

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