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La formation initiale


 

Le vrai trésor de notre société, la source de l'abondance, ce sont nos connaissances et RIEN n'est plus important que de les transmettre. Les accroître si on peut, bien sûr, mais d'abord utiliser au mieux celles que nous avons. La priorité est de crée des compétences. Le premier capital, le premier équipement, c'est la ressource humaine compétente. Dans une société où la santé devient prioritaire, on n'a besoin de rien tant que de ressources médicales.

Vivement, plus de médecins ! Mais les médecins coûtent cher ils sont rares. Vraiment ? OUI, la demande pour la santé étant infinie et les ressources limitées, les médecins sont et resteront rares. Indéfiniment. Mais une part de cette rareté n'est-elle pas créée de toutes pièces ? Parce qu'on veut que le médecin soit rare et qu'il coûte si cher.

Ce "fossé infranchissable" entre le médecin et les autres dont nous avons parlé et qui compromet le développement d'un système de santé efficace, ce sont des années de formation qui le creusent Le coût-travail du médecin est élevé, parce que sa compétence est le produit d'une formation longue et complexe. Une formation dont la durée limite le nombre des candidats potentiels à l'apprentissage de la médecine et donc des médecins. Cette formation doit elle NECESSAIREMENT être si longue et complexe ? Il faut repenser la formation.

La vérité, c'est que les curriculums en médecine se sont allongés et alourdis des innombrables nouvelles connaissances qui sont apparues. On les y a ajoutés, parce qu'il était plus simple de les enseigner à ceux qui avaient déjà les prérequis pour pouvoir comprendre et absorber ces nouvelles données. Plus simple, mais combien inefficace, car quand la somme des connaissances devient telle qu'on ne peut plus l'utiliser qu'en la scindant en spécialités, comme c'est maintenant le cas, on voit bien que seule une partie des connaissances acquises auparavant sont de véritables prérequis à l'apprentissage des nouvelles. Une large part de la formation dispensée est donc inutile à ceux qui n'en utiliseront qu'une partie.

Inutile pour la santé. Pour ceux qui en profitent, elle est bien utile ; elle sert à créer le « fossé ». Elle sert de processus de sélection -ce qui est bien la plus horriblement coûteuse des batteries de tests ! ­ et de discriminant culturel justifiant une rémunération plus élevé quand on a franchi ce fossé. La façon la plus efficace de diminuer la rareté des ressources et donc les coûts en médecine est de réduire les temps de formation et de redistribuer les fonctions du médecin entre divers professionnels dont chacun n'assumera qu'une partie des tâches du médecin actuel : des spécialistes.

Dans les faits, cette redistribution a déjà été imposée par l'évolution de la médecine. Chaque spécialiste se limite bien à sa spécialité, les omnipraticiens posant le diagnostic et traitant ce qui est relativement anodin. Il ne reste qu'à prendre acte de cette division du travail et à en tirer les conséquences pour la formation, donc à en permettre l'impact sur la rémunération et les coûts.

On constate que l'omnipraticien désormais EST un spécialiste. L'efficacité et donc la véritable richesse, celle qui se mesure en biens et désormais surtout en services rendus, passe par la complémentarité. On doit donc former des ressources qui soient des omnipraticiens ou des spécialistes, pas les deux. Demander à un spécialiste d'obtenir un doctorat en médecine avant de commencer sérieusement sa formation dans le domaine de sa spécialité est une coûteuse aberration. On perd ainsi le plus grand avantage du découpage de la médecine en spécialités.

La demande pour la santé consiste en un ensemble de requêtes pour des spécialistes possédant des compétences bien concrètes. Il faut y répondre en produisant des spécialistes distincts qui offrent chacun certaines de ces compétences, lesquelles sont l'objet de modules d'apprentissage bien identifiés. Former, c'est transmettre les connaissances incluses aux modules qu'on a jugé nécessaires. Vue dans cette optique, la formation médicale peut être significativement plus courte et plus simple.

Le temps de formation, nous l'avons vu, doit être « raisonnable ». La coutume a fixé à quatre (4) ans la durée de formation pour les disciplines professionnelles . On pourrait revoir ce critère, lequel n'est pas une révélation divine, mais semble avoir été établi de façon intuitive ; notons, toutefois, qu'il semble satisfaire les exigences d'un système « humain ». Acceptons donc a priori, pour les ressources médicales spécialisées une formation de base de quatre (4) ans après le diplôme du Cycle d'enseignement général.

La ressource médicale, durant ces quatre (4) années, reçoit la formation dont elle a besoin, ni plus ni moins. Tous les spécialistes, omnipraticiens compris, sont formés en parallèle et en quatre (4) ans, incluant une formation de tronc commun qu'on veut courte. Au sens académique, ce ne sont pas des « docteurs » mais des « maîtres ». Il faudra parfois y ajouter une compétence particulière ­ en chirurgie, par exemple ­ mais celle-ci viendra s'ajouter à la compétence de base.

Rien là de miraculeux, puisque, dans un système en interaction où les rôles sont complémentaires, on a une large discrétion pour délimiter les rôles. On veut simplement des ressources dont les compétences sont assemblées et s'ajustent de manière cohérente pour compléter le puzzle de la maquette des services requis. C'est le temps qu'on choisit d'y affecter qui détermine le contenu des modules d'apprentissage, le contenu de ces modules d'apprentissage qui détermine la compétence du professionnel-type et sa compétence qui définit la profession.

On définit une spécialité médicale comme un ensemble de connaissances qu'on peut acquérir en quatre (4) années de formation et le contenu de la spécialité est établi pour qu'on puisse en obtenir la maîtrise en 4 ans. On produit ainsi des ressources médicales qui savent ce qu'on a besoin qu'elles sachent. On répond à la demande.

Ceci vaut pour tous les spécialistes, incluant les « médecins » d'un nouveau système de santé qui remplacent les omnipraticiens du système actuel et assument un rôle différent que nous verrons plus loin.



Pierre JC Allard

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