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La formation complémentaire


 

On doit produire en quatre (4) ans des ressources médicales qui correspondent à nos besoins. POURQUOI le fait-on et COMMENT y parvient-on.

On le fait parce que La science médicale est une nébuleuse en expansion de connaissances. Les modes d'apprentissage doivent donc se transformer pour refléter cette réalité. Il ne faut pas tenter de créer la représentation de cette « nébuleuse » dans le cerveau de la ressource médicale en formation, car nul ne pourra jamais en acquérir la maîtrise. Il est futile de vouloir promouvoir une connaissance universelle. Inopportun, même, de le tenter, car les exigences de la pratique ne reproduisent pas celles que doit respecter la transmission des connaissances.

Confrontée à une croissante complexité, un nouveau système de santé met à profit la complémentarité. Ce sont des équipes multifonctionnelles qui doivent prendre charge des cas, dont chacune rassemble les ressources humaines qui, ensemble, ont les compétences que le cas requiert et la capacité d'interagir qui rendra leur intervention commune efficace.

Cette répartition du travail, qui trouve son expression dans le déroulement des activités elles-mêmes, doit prendre prend sa source dans la formation donnée aux acteurs. La priorité est de fournir à chaque intervenant une compétence parfaitement identifiable, dont les agencements avec la compétence des autres permettront de satisfaire le mieux possible les besoins de santé. Le professionnel a dans sa giberne les cartouches qu'on y a mises en 4 ans, c'est le temps dont on dispose pour l'armer. C'est peu, mais on sait exactement, sans ambiguité, ce qu'il a appris, ce qu'il sait et ce qu'il peut contribuer.

On y parvient en utilisant le modèle de formation modulaire qui va prévaloir pour tout dans une Nouvelle Société. Chaque module a pour contenu un élément des exigences indiquées par une analyse empirique des taches constituantes de la somme des postes de travail réels à pourvoir. Les modules de formation sont redessinés de façon empirique, les compétences regroupées selon les agencements qui optimisent le service, les coûts de formation, la commodité des suppléances et autres variables dûment pondérées.

Cela fait, les postes peuvent varier - c'est une décision administrative - et les tâches peuvent être assignées à une fonction plutôt qu'une autre dans le cadre de ce nivellement des fonctions dont nous avons parlé, mais les tâches demeurent stables : elles constituent les étapes nécessaires qui conduisent aux objectifs qu'on s'est fixés. La formation professionnelle enseigne donc à exécuter des taches qui demeurent immuables jusqu'à ce qu'elles soient remplacées chacun par une tâche plus performante. La compétence est transmise par modules qui sont les véritables identifiants des connaissances acquises. Cette approche est la seule qui convienne à un nouveau système de santé.

Cette formation en quatre (4) ans, toutefois n'est qu'un début. D'abord, il s'y ajoute immédiatement, comme pour les autres professions, un stage pratique de deux (2) ans chez un spécialiste de la même discipline avant d'accéder à la pratique autonome. Ce stage est particulièrement nécessaire en santé, car les exigences comportementales pour une médecine de compassion ne peuvent être acquises que sur le tas ; un stage d'immersion dans la réalité quotidienne doit être une composante essentielle de tout apprentissage pour toute fonction en santé.

Ensuite, cette formation de départ sera complétée par des mises à jour périodiques. Un (1) mois par année de formation académique de mise à jour et des « sizains » - 6 mois en stage de type sabbatique - à tous les 5 ans, tout au long de la carrière du spécialiste. Avec l'évolution accélérée de la science et des techniques ces remises à jour sont indispensables, si on ne veut pas que les praticiens se fossilisent. Après chaque stage, la certification du professionnel est reconduite, mais sans concours, seul étant exigé le succès à un examen théorique et pratique établissant qu'il a encore les compétences qu'exige sa profession.

Le spécialiste qui exercera sa profession de 23 à 73 ans aura ajouté 9 sizains de 6 mois et 40 formations annuelles d'un mois, soit 94 mois de formation à plein temps ACTUALISÉE à sa formation initiale de 6 ans, pour un champ d'apprentissage et de pratique normalement plus restreint. Il sera incomparablement mieux formé que les ressources médicales actuelles.

Remplaçant les préjugés et les a priori par un examen rigoureux des prérequis, on peut former plus vite des professionnels qui seront au départ tout aussi compétents que ceux dont on dispose aujourd'hui et le deviendront bien davantage. Leurs champs de compétence seront plus restreints, mais on en fera la synthèse. On peut en former bien plus. Assez pour nos besoins.

Pas seulement parce qu'on réduit les coûts de formation, mais aussi parce qu'on ramène les attentes de revenu des ressources médicales à celles des autres travailleurs formés en 4 ans après le Cycle Général. Ce qui est essentiel, car si l'on doit augmenter significativement la proportion de médecins au sens large dans la société, il faut nécessairement que la rémunération moyenne des médecins tende vers la moyenne de rémunération des autres professionnels.

Comme il faut bien, dans une société tertiaire où le travailleur moyen est un travailleur professionnel, que la rémunération moyenne du travailleur professionnel tende vers celle du travailleur moyen. Il est donc bien opportun qu'on puisse scinder la profession de "docteur en médecine" et ses spécialités en des professions dont chacune sera moins exigeante... dans tous les sens du terme.

Une formation en 4+2 après le diplôme de Cycle Général permet aussi que les spécialistes soient au travail à 23 ans et agrandit le bassin de recrutement. On évite de projeter à un niveau stratosphérique les exigences d'entrée aux professions médicales de premier niveau, et l'on n'en interdit pas l'accès à une fraction inacceptable de la population.

Ca nous fera des ressources médicales bien jeunes, mais c'est bien ce qu'on souhaite. Il semble déraisonnable que la carrière d'un spécialiste ne commence vraiment qu'à l'âge où Bonaparte gouvernait la France, ou Alexandre avait conquis le monde connu et où le Christ était mort, laissant tout de même derrière lui quelques traces




Pierre JC Allard

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