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Les nouveaux critères


 

Dans ce système de santé, élargi à sa véritable dimension, la Régie de la santé doit d'abord s'astreindre à respecter de nouveaux critères. Une Nouvelle Société est hédoniste. Sa mission est d'apporter la SATISFACTION. Il y a donc des admissions qui s'imposent, des préférences à reconnaître, des pendules qu'il faut remettre à l'heure. Il y a huit (8) gestes essentiels à poser.

D'abord préciser la finalité du système de santé. Le but, c'est la SATISFACTION de l'individu, son mieux-être tel que lui-même le conçoit. L'individu est le maître de sa santé ; les ressources médicales sont à son service. Il faut affirmer que la vie est un DROIT, pas une obligation, que l'ennemi n'est pas la "mort" inévitable qui, en étant le seuil, n'est évidemment pas « dans » la vie, mais la souffrance, sous toutes ses formes. L'individu peut décider librement des traitements qu'il reçoit. Le but de la médecine est de lui faciliter ces choix, de lui montrer les alternatives qui s'offrent à lui et leurs conséquences.

Ensuite, revoir en toute franchise l'impossible promesse d'une universalité des traitements et des soins. Nous n'aurons jamais les ressources nécessaires pour rendre disponible tout ce que la science pourra offrir ; il faudra faire des choix. Ces choix doivent refléter notre éthique et le consensus social, être faits dans la transparence, en dialogue ouvert avec une population bien informée et consciente des limites du possible. La gratuité ne doit pas être vue comme un dogme, mais comme un moyen d'optimiser l'universalité. La médecine et la santé pourront d'autant mieux demeurer raisonnablement « universelles et gratuites » que l'on sera efficace.

On doit, justement, faire ce choix de l'efficacité. Partant du constat que nos ressources seront toujours limitées, on optimisera la satisfaction de l'ensemble des individus en étant efficaces : utilisant parfaitement ces ressources rares. Nous avons des besoins à combler et, pour atteindre nos objectifs, il faut garder au plus bas les COûTS RÉELS de la santé, lesquels dépendent de la répartition des tâches et de l'allocation des ressources humaines. Il est donc, prioritaire, pour garantir cette efficacité d'écraser sans pitié les multiples corporatistes qui se sont développés dans le milieu de la santé. Il faut renoncer à une conception vétuste du médecin-qui-sait-tout et réévaluer, avec un total pragmatisme, les fonctions et la formation des divers professionnels de la santé.

Il faut réinviter la compassion. L'efficacité réelle de la médecine dépend de la satisfaction qu'elle procure et celle-ci n'est pas complète, si on néglige l'empathie et la compassion. Il faut humaniser la médecine et les soins de santé, en réintroduisant une relation personnelle de confiance entre le patient et son médecin. Ce dernier lequel doit redevenir la source toujours présente de réconfort et de sympathie, deux vertus qui ont déserté la médecine quand la santé a été assimilée à une séquence d'interventions médicales dont le succès se mesure uniquement à l'aune de la performance statistique. La compassion est un ajout personnel, mais La structure qui vient coiffer les activités de santé a une responsabilité : elle doit privilégier la compassion.

Il faut, aussi, ce qui n'est pas contradictoire, s'empresser de donner sa place à la machine. Si l'humanité est devenue riche, c'est que l'industrie lui a permis de se servir de machines pour multiplier la productivité du travail. Seule une mécanisation de la médecine en multipliera l'efficacité et nous apportera dans le champ de la santé l'abondance dont nous jouissons dans le secteur des biens matériels. Que la compassion soit présente aux traitements n'exclut en aucune façon que des machines servent à les appliquer. Au palier administratif, c'est même la machine qui doit prendre en charge, car l'être humain n'est jamais à l'abri du favoritisme, ou du moins de l'apparence du favoritisme et de la corruption. Ce sont la machine et des algorithmes qui doivent gérer, entre autres, les priorités d'affectation et les inévitables files d'attentes.

Dans la même optique d'une ressource « compétence » rare, dont toute la valeur de la médecine dépend d'un usage parcimonieux, il faut mettre la priorité sur la pharmacopée qui permet, à une échelle encore plus satisfaisante, les gains de productivité que propose la mécanisation. Mettre le résultat d'années de recherche dans une pastille qui agit sur le corps ou l'esprit et y ramène la santé ou le bien être est une eucharistie. Tout le monde peut alors appliquer le traitement, à partir d'instructions simples qui n'exigent en rien la connaissance des interactions en jeu. La compétence devient surabondante. Tout le monde peut garder avec lui son bien-être dans une bouteille. C'est l'ultime objectif d'un système de santé.

Il est nécessaire, aussi, de prendre conscience que, comme la santé, ce qui agit sur la santé est partout et ne cesse jamais d'être là. Il ne faut pas réduire la santé à la séquence des intervention médicales au sens strict qui viennent marquer le cours de la vie, mais qui n'en sont que les incidents malheureux. La santé doit se définir par la qualité de vie qu'elle permet. Ce n'est pas à une guerre à la maladie qu'il faut penser, mais à une défense impavide et sans relâche de la santé qui doit être omniprésente dans la vie quotidienne. L'individu est donc le premier responsable de sa santé. Par son respect d'un mode de vie sain et des normes de prévention, ainsi que par ses efforts constants pour assainir son environnement.

Accepter l'individu comme premier responsable de la santé a pour corollaire que la médecine traditionnelle ne s'arroge plus le droit d'en occuper seule tout l'espace. Il faut briser la bulle d'exclusivité où s'est confinée la science médicale et celle-ci doit s'ouvrir à une approche holistique de la santé. Elle doit reprendre sa juste place, qui est parfois la première, mais n'est jamais la seule, parmi les autres disciplines qui mènent au mieux-être, incluant la diététique, le conditionnement physique et la simple hygiène.

Gardant en mémoire ces nouveaux critères, la Régie redéfinit sa reponsabilité, son autorité et son champ d'intervention


Pierre JC Allard

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