07.11..13
Un brin de causette chez les Bouchard-Taylor
" La dictature, c'est 'ferme ta gueule'; la démocratie,
c'est 'cause toujours..'. " Ce mot, qu'on a prêté à
Coluche et à Woody Allen, est en fait de Jean-Louis Barrault. Bien
d'actualité, au moment où le gouvernement Charest, bien démocratique,
vient d'inviter les Québécois à faire un brin de causette
sur l'immigration, l'hospitalité, les accommodements raisonnables,
la tolérance et l'altérité en général,
toutes choses au demeurant fort sympathiques. Nous sommes tous démocratiquement
invités à aller en parler chez les Bouchard-Taylor, un couple
de papis de mon âge, eux aussi bien sympathiques. Venez, on va jaser...
Disons tout de suite que je n'aime pas l'immigration et que je suis
pour l'hospitalité quand c'est moi qui ai invité. Je suis
tout à fait pour la tolérance de laisser les gens être
ce qu'ils veulenet être, mais pas celle de leur permettre de vouloir
changer ce que je suis. Ce qui m'amène à trouver tout accommodement
déraisonnable. J'aurais pu traduire ce texte en "politically
correct", mais je suis sûr que d'autres le feront et je pense
que nous avons mieux à faire.
D'abord, avant qu'on me traite de sale facho ou de raciste, je précise
que j'ai vécu la moitié de la vie ailleurs, côtoyant
les autres et, parfois, m'immergeant dans des cultures fort distinctes avec
lesquelles j'ai fait bon ménage. J'ai trouvé à toutes
ces cultures des vertus et, chez la plupart, des leçons à
apprendre que j'aimerais bien que nous apprenions. En un mot, j'aime bien
les "Autres".
Je dis bien « les Autres », car étranger serait ici
bien mal choisi ; je les ai vus chez eux et c'était moi, l'étranger.
Un étranger qui les respectait et s'accommodait. Depuis 50 ans, j'ai
écrit des centaines de textes qui n'ont eu d'autre but que de nous
rapprocher les uns des autres. Prétendre que je suis xénophobe
serait incongru. Pourtant, je n'aime pas qu'on fronce les sourcils quand
les Québécois s'expriment chez les Bouchard-Taylor. Je n'aime
pas qu'on leur dise que ce qu'ils disent n'est pas bien...
Je suis contre l'immigration, parce que je crois qu'aucune culture ne
devrait être forcée de devenir différente de ce que
veulent qu'elle devienne ceux qui s'en réclament. Parce qu'aucun
individu ne devrait être obligé, non plus, par les circonstances,
de renier sa culture propre pour en accepter une autre. Il peut le faire
si c'est sa propre évolution qui l'a librement convaincu de faire
ce choix, mais pas autrement. Pas parce qu'il crève de faim ou est
pourchassé par une police politique. C'est un consternant déni
de la vérité de prétendre que l'immigrant qui nous
arrive aujourd'hui au Québec est venu ici parce qu'il préfère
notre culture. Ce sont les circonstances économiques et politiques
de son propre milieu qui l'y ont poussé. Il ne s'est pas embarqué
pour Cythère, il débarque du radeau de la Méduse...
Et à qui la faute, s'il l'a fait ? C'est nous, les Occidentaux
qui avons détruit son foyer. Acceptons en la faute, mais ne créons
pas un second problème sans aucun espoir de régler le premier.
Ceux qui pensent qu'un peu de générosité ici, à
l'accueil d'une minuscule fraction de la population de ces pays ,va régler
les horreurs commise là-bas mériteraient une paire de baffes.
En facilitant l'immigration, on compromet irrémédiablement
l'évolution normale de la culture postchrétienne laïque
qui est celle de l'Occident... ET ON NE RÈGLE RIEN !
Si on veut vraiment aider le tiers-monde, Il faut d'abord sortir de
chez eux, où nous allons uniquement pour exploiter, piller, voler
leurs ressources. Il faut ensuite cesser de feindre qu'on les accueille
ici pour leur rendre service. On les a jadis importé comme du bétail
sur pied pour avoir une main-d'oeuvre bon marché et on veut maintenant
continuer à les exploiter, en mode génisses gestantes, pour
rebâtir notre pyramide des âges. C'est une infamie.
Il faut leur donner une aide pour qu'ils construisent leur propre maison
chez-eux.. Avec discernement, car il y a deux (2) tiers-mondes. Le premier
n'est pas une victime, il est un concurrent. Ce sont des pays qui s'enrichissent
et qui montent à l'assaut de nos privilèges. Ce qui est de
bonne guerre... mais reste une forme de guerre. Il n' y a rien de raisonnable
à aider les pays d'Asie à nous rattraper et à nous
dépasser. Le monde tourne et ils le feront certainement sans nous.
Je ne vois pas l'utilité de les y aiguillonner.
C'est le deuxième tiers-monde qu'il faut aider, une zone sinistrée
que nous avons saccagée et à laquelle nous devons certainement
une réparation. On devrait donner des milliards à l'Afrique
- à qui l'on a fait tant de mal - et à beaucoup de pays en
Amérique latine, aussi, à qui l'on n'a pas fait que du bien
non plus. C'est à ça que servirait la taxe Tobin que préconise
ATTAC, si ceux qui nous dirigent en comprenaient le sens et la portée
d'abord et avaient ensuite la dignité de l'accepter.
Pour aucun pays du tiers-monde l'émigration n'est une solution.
C'est une aberration de penser que l'on va régler les problèmes
du tiers-monde en acceptant chez nous 1, 5, 10 % de leur population, le
moindre de ces chiffres représentant déjà cinq (5)
fois la population du Québec tout entier. Pour nous ? Pour nous,
l'immigration intensive est une MAUVAISE SOLUTION. Il ne faut pas accepter
un seul immigrant dont nous ne sommes pas sûrs que nous pouvons l'intégrer
à notre culture et en faire un Québécois tricoté
aussi serré que si la laine avait été tissée
chez nous. Ce n'est pas imposibci n'est possible que s'ils ne sont pas trop
nombreux et s'ils VEULENT s'intégrer à notre culture. A ceux
qui ne le veulent pas, Il faut fermer les frontières.
Il faut fermer immédiatement les frontières à l'immigration
réticente, quémandeuse, celle qui vient établir ici
un avant-poste en pays à conquérir et ne veut pas devenir
comme nous, mais nous rendre semblable à elle. Fermons les portes
de la maison et aidons plutôt les tenants d'autres cultures à
construire la leur. Ailleurs. Plus tard, un jour, une infinie compréhension
et une infinie bienveillance prévaudrontet chaque être humain
sera chez soi partout, mais ce ne sera pas demain.Pour le moment, nous n'éviterons
un choc cataclysmique entre notre culture en agréable décadence
et les autres cultures en aggressive émergence, que si nous limitons
au maximum les contact. chaque culture sur ses propres terres.
Pour que cela soit fait dans l'éthique et la dignité,
cependant, il ne faut permettre aucune malveillance envers ceux qui sont
devenus citoyens ou immigrants reçus chez-nous. Ils sont désormais
des nôtres et doivent être traités comme tels. Ils doivent
être acceptés et jouir de tous leurs droits, dans le respect
des nôtres. Ils nous respecterons et nous en ferons tout autant...
Le respect, entre autres, c'est d'affirmer que dans l'espace privé
chacun a droit à sa religion, à ses croyances et à
toutes ses fantaisies. Dans l'espace public, nous sommes un État
laïque et il n'y a place pour rien au dessus de la raison, surtout
pas pour la foi. Ce pays doit rester laïc. Que ceux qui sont de culture
différente, prient comme ils l'entendent, mais qu'ils soient responsables
de leurs imans, que je veux bien voir, mais que je ne veux pas entendre.
Cette règle, d'ailleurs, vaut pour tous. Je garde toute ma pugnacité
pour ceux qui, comme le cardinal de Québec, font allusion à
des croyances dont je trouve regrettable de trouver encore des séquelles
mal extirpées dans le grenier de ma propre psyché. Que ceux
d'autres cultures gardent tranquilles leurs imans, nous garderons tranquilles
nos curés. C'est à ce prix que nous vivrons en paix, chez
nous et partout sur cette planète.
Je pense que c'est ce langage que les Québécois sont à
tenir chez les Bouchard-Taylor. Je pense qu'il serait irrecevable que le
gouvernement Charest n'en tienne pas compte, qu'il nous coupe la parole
en parlant de pyramide des âges, d'économie, de production,
de dénatalité... Cela, en clair, voudrait dire qu'il lui importe
plus de maintenir les indicateurs économiques au vert que d'assurer
la survie de notre appartenance culturelle. Si une nation ne peut pas survivre
sans sacrifier son identité culturelle, elle ne mérite pas
de vivre.
Avant de nous résigner, cependant, nous devrions aller jusqu'au
bout de la démocratie. La démocratie commence quand il est
acquis que le gouvernement dira poliment au peuple "cause toujours"
mais la démocratie ne devient vraiment mature que si le peuple, ayant
bien causé et dit ce qu'il avait à dire, peut aussi enjoindre
un gouvernement qui ne l'écoute pas de faire ce que le peuple lui
dit de faire et de fermer sa gueule.
Pierre JC Allard
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