06.09.30
La fin de la vérité
Je viens de recevoir un courriel bien intéressant. En fait, je
l'ai reçu de plusieurs sources différentes. On m'y donne les
références à quelques sites Internet qui décrivent
l'attaque du 11 septembre 2001 sur le WTC en soulignant toutes les incohérences
de la version officielle que le gouvernement américain en a donnée
Cette version n'ayant aucun sens, on peut supposer, commente le courriel
reçu, qu'elle dissimule une réalité bien différente
: un complot.Conclusion, l'attaque du 11 septembre a été une
conspiration du pouvoir, un leurre, une façon de susciter l'indignation
et un soutien populaire pour des mesures de répression. Le drame
de 911 a permis un pas de plus vers un état policier, vers le contrôle
de la société par une petite élite. Intéressant...
mais je le savais déjà.
L'accusation était déjà là, à peine
voilée, dans le film Fahrenheit 911 de Michael Moore et bien explicite
dans le livre dans le livre d'Eric Laurent "La face cachée du
11 septembre". Dans un article d'avril 2004 sur ce site (5111)
non seulement j'adhérais à cette hypothèse, mais je
citais quelques précédents qui rendaient encore plus vraisemblable
qu'on ait bien agi de cette façon. Je le disais, il y a plus de deux
ans.
Depuis, d'ailleurs, les choses ont tellement évolué que
cette « hypothèse » du complot est devenue de plus en
plus celle qui prévaut au sein de la population. Des journalistes,
des politiciens, se sont rangés à cette opinion et accusent
maintenant ouvertement le pouvoir d'avoir organisé - ou du moins
laissé se produire en toute connaissance de cause, cette attaque
qui faisait bien l'affaire du pouvoir. Pearl Harbour II.
Je le savais, beaucoup le savent et les vidéos auxquels on me
renvoie ne sont pas originaux non plus ; ce sont, pour une bonne part, ceux-là
mêmes auxquels je me referais dans un autre article sur ce site, en
janvier de cette année (5129). À part
ça, quoi de neuf ? Rien de nouveau, alors pourquoi m'en aviser ? Où
est l'intérêt ?
Ce qui est nouveau et donc intéressant, c'est qu'à ces
documents largement diffusés qui traitent de l'affaire du 11 septembre,
on a joint d'autres documents qui font allusion à d'autres «
conspirations »
Ainsi, les hommes sur la Lune, vous croyiez que c'était vrai
? Foutaise ! Simple montage cinématographique. USD $ 50 milliards
de montages. Une conspiration ! Une conspiration ? Ah bon, ça ne
me semble pas évident. D'autant moins évident que les Russes,
qui avaient alors les moyens techniques de vérifier ce qui en était
et un grand intérêt à dénoncer une supercherie
n'en ont rien fait. Je ne crois pas à cette conspiration. Je crois
que parler ici de conspiration est un canular.
Vous avez des doutes ? Les hommes sur la Lune, ça vous semble
encore litigieux ? Passons donc à une « conspiration »
plus simple et plus proche de nous. Le match France- Brésil, en Coupe
du Monde 1998, vous croyiez que nous l'avions gagné ? Re-Foutaise
! En fait - et avec une citation de Zidane pour faire la bonne mesure
- on nous apprend que c'était du chiqué et qu'il ne s'agissait
que de faire gagner Chiraq aux présidentielles. Vraiment ? Permettez
que je sois encore sceptique, n'est-ce pas ?
La question, toutefois, n'est pas de ne pas y croire, un pas assez facile
à franchir, mais de comprendre à quoi peut bien rimer tout
ça. Un divertissement ? Peut-être, j'ai pensé m'amuser
en « complétant l'information » de ceux qui m'envoient
ces courriels.
Leur confier, par exemple, que c'est Joe Dimaggio, peut-être le
plus célèbre des joueurs de base-ball - et héros populaire
s'il en fut ! - qui t fait assassiner John Kennedy, pour venger l'honneur
de sa femme, Marilyn Monroe, qui avait accepté de devenir la maîtresse
du président, mais à laquelle celui-ci aurait manqué
de respect. Joe aurait réalisé son plan grâce aux contacts
dans la Mafia de son ami, Francisco (Frank) Sinatra . Est-ce vraiment plus
incroyable que l'idée que la fusée Apollo n'a jamais été
sur la Lune et que des milliers de techniciens ont comploté pour
nous mentir, sans qu'aucun jamais ne s'en repente et ne révèle
le pot aux roses ?
Ou mieux encore, révéler a mes informateurs COMMENT on
a volé la Coupe du Monde aux Brésiliens. Simple, mon cher
Watson. Puisque la partie se jouait en France, il a suffi de glisser dans
l'assiette des joueurs brésiliens un coquetel de Ritalin et de Valium,
façon bien efficace de réduire leur motivation et de ramener
leurs réflexes au niveau d'une équipe de dernière division.
Une manoeuvre sans risque, puisque les perdants ne sont pas soumis à
des tests de dopage. Inventez votre propre rumeur, ce n'est pas grave...
Puis j'ai réfléchi. Réfléchissez. Est-ce
que le fait de mettre ensemble toutes ces « conspirations »
est vraiment innocent ? Ou ne s'agirait-il pas plutôt de discréditer
la thèse du complot là ou elle semble justifiée -
l'affaire du 11 septembre - en la mettant dans le même sac que d'autres
« conspirations », moins crédibles ou simplement farfelues
?
On peut diminuer la crédibilité de la dénonciation
d'un complot, en dénonçant aussi de faux complots, puis en
apportant la preuve que ces dernières dénonciations étaient
sans fondement ou que ces pseudo-complots dénoncés sont simplement
loufoques. C'est le discrédit par association. Comme on peut discréditer
toute contestation en associant contestation et terrrorisme.
Criez bien fort au Loup. Souvent. Si Peter n'est pas bouffé le
soir même, ou au plus tard dans la semaine, il ne pourra plus jamais
l'être. Il ne pourra jamais l'avoir été, même
si on retrouve ses os, car le loup aura été discrédité
et un loup discrédité ne peut faire de mal à personne,
n'est-ce pas ? Attention à ce piege. Ne laissons pas associer, meme
en badinant, vrais et faux complots car ils apparaîtront alors tous
sans fondement. N'est-ce-pas le but que recherchent ceux qui vehiculent
des messsages de complots invraisemblables ?
Ceux qui contribuent à nous amener à la fin de la vérité.
Parce que si ceux qui dénoncent le mensonge mentent eux-mêmes
pour mieux le dénoncer, ou mentent sciemment avec maladresse, pour
être pris en défaut et mieux prouver le contraire de ce qu'ils
ont d'abord prétendu, la question de Pilate à Jésus
trouve enfin sa réponse. " Qu'est-ce que la vérité
?" La v�rit� ? Rien n'est vrai. Tout est discrédité.
Quand la vérité est « déconstruite »,
on peut fomenter du terrorisme pour mieux nous protéger de que ce
qui pourrait en devenir, discréditant du même coup toute contestation
du pouvoir en place. On peut aussi faire assassiner ses propres alliés
quand ils pourraient devenir gênants et en faire accuser ses adversaires.
Quand on renonce à la vérité comme réalité
tangible à laquelle on peut s'accrocher comme à une bouée
et qu'on la remplace par une brochette de demi-vérités dont
on pourra choisir circonstanciellement la meilleure, c'est la fin de la
vérité.
On refait tous les jours des procès de Galilée où
réalité et vérité n'ont plus leur place. On
met au rancart, par opportunisme et avec un infini cynisme, une valeur qui
depuis la renaissance a servi de pilier à la civilisation occidentale.
Et si elle s'effondrait ? Se contentera-t-on de dire que ce n'est pas vrai
?
Pierre JC Allard
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