INNOCENTE HOMOLKA
2005/06/03
INNOCENTE HOMOLKA
La femme Homolka terminera d'ici quelques jours une sentence de 12 ans au pénitencier de Joliette, au Canada. Elle a purgé
toute sa peine et, dès qu'elle aura été libérée,
elle aura droit, comme vous et moi, � tous les droits et privilèges
que confère l'appartenance à une société libre
et démocratique. Elle pourra, à l'heure qui lui plaira, déambuler
sur les trottoirs où marchent vos filles ou vos petites-filles :
des adolescentes comme celles, dont sa propre jeune soeur, que Homolka a
droguées, séquestrées, violées, torturées
à mort pour son plaisir et celui de son conjoint. On parle d'imposer
des restrictions à la liberté de Homolka. Pour rassurer la
population
Je ne vois pas ce qui pourrait rassurer raisonnablement la population
- sauf peut-�tre de mettre Homolka dans une cage au zoo, dans la section des grands
fauves - mais le but devrait-il être de « rassurer »
la population, ou ne devrait-on pas plut�t penser � la prot�ger? Jadis, les Homolkas
étaient rouées en place de Grève, brûlées sur un bucher ou, en Chine, écorchées vives... Elles ne récidivaient
pas. Maintenant que nous sommes devenus civilisés - et que l'on a même
renoncé à la peine capitale - comment protéger efficacement
la population de la folie sadique et meurtrière des Homolkas de ce
monde ?
Pour une société qui a atteint le niveau de civilisation
où elle ne veut plus se venger et punir, mais seulement se protéger
des Homolkas, la meilleure approche est d'aller jusqu'au bout de l'approche
éclairée qu'elle a choisie. LA SOCI�T� DOIT RECONNAÎTRE LEUR
INNOCENCE
Il faut constater - ce qui ne devrait pas poser de sérieuses
difficultés sémantiques - que ceux qui, comme Homolka, commettent
des crimes monstrueux, ne pensent pas comme des gens normaux. Il faut accepter
qu'ils pensent même si différemment de nous, qu'il y a de justes
et bonnes raisons de croire que leur processus mental ne se situe pas dans
la fourchette, tout de même assez généreuse, où
s'inscrivent, avec le monde ordinaire, même les grands excentriques
et les doux toqués. Il faudrait reconnaître et dire - tout
en trouvant le vocable politiquement correct qu'il faudra pour le dire -
que ceux qui commettent des crimes monstrueux sont des fous.
Des fous et donc des innocents. Pour que tous les monstres deviennent
ainsi des innocents, il suffirait d'apporter simplement un petit changement
à la loi. Il suffirait de poser le principe que la commission d'un
crime monstrueux crée une présomption d'insanité et renverse le fardeau de la preuve. Il faudait
que la loi vienne corroborer la sagesse populaire: cette sagesse nous dit
que ceux qui commettent des crimes monstrueux sont des fous.
C'est un petit changement à la loi qui est bien dans la ligne
de l'évolution, mais qui règlerait aussi bien des problèmes.
Déclaré fou, l'accusé, selon la loi, serait reconnu
innocent. Innocent, mais, son comportement ayant prouvé sans équivoque
qu'il est dangereux pour la société, il devrait, de toute
évidence, être mis sous surveillance. Indéfiniment.
Sur ordre du tribunal, il resterait sous surveillance aussi longtemps qu'il
ne serait pas indiscutablement revenu à la raison, c'est-à-dire
aussi longtemps qu'un comité permanent de psychologues et de psychiatres
n'en arriverait pas à la conclusion unanime que, sa personnalité
et ses motivations ayant changé, il ne présente plus aucun
danger pour la société.
Ce comité de psychologues et de psychiatres en arrivera à
cette conclusion plus ou moins rapidement, selon la « monstruosité
» du crime. Car qu'est-ce qui est monstrueux ? Si l'on s'engage dans cette
voie - qui est bien celle de la civilisation - la définition de «
monstrueux » ne pourra qu'évoluer. Toute violence grave n'est-elle
pas monstrueuse ? S'il y a récidive dans la violence, psychologues
et psychiatres ne seront-ils pas bien prudents, au moment de suggérer
l'élargissement du fou qui a commis un crime ?
On peut h�siter � permettre qu'un jugement médical vienne se substituer au jugement
d'un tribunal, mais n'est-ce pas la voie correcte a privilégier,
quand la théorie sociale prévalente tend à voir les
malfaiteurs comme des victimes de la société, des victimes de leur famille, de leur condition, de leur �ducation, en fait, comme des « malades » ?
S'il s'agit de crimes comme ceux qu'a commis Homolka, considérant
leur horreur et les cas rarissimes de réhabilitation lorsqu'il s'agit
de crimes à caractère sexuel, il est peu vraisemblable qu'un
psychiatre affirme jamais que celui ou celle qui les a commis ne présente
plus aucun danger pour la société, à moins qu'il ne
cherche vraiment à occuper la chambrette capitonnée voisine
de celle de sa patiente. La « chambrette », car il ne faut plus
parler de cellules. On ne met pas les fous en prison : ils sont innocents.
On les met en résidence surveillée, en milieu hospitalier
et non carcéral. On ne les punit pas et on les maltraite encore moins,
mais on ne les relâche pas.
On ne les rel�che pas. Si l'on nous annonçait qu'une mine anti-personnelle qui peut exploser
à tout moment a été cachée dans un quartier
de Montréal, toutes les forces policières n'auraient de cesse
qu'elles ne l'aient trouvée et désamorcée. Pourtant,
dans quelques jours, un système qui ne pense pas, ne réfléchit
pas, n'assume pas ses responsabilités va remettre en liberté
une personne dont les statistiques nous préviennent que, tôt
ou tard, elle « explosera » et fera au moins tout autant de
dommage qu'une mine anti-personnelle..
Je n'ai aucune solution pour le cas spécifique de Homolka. Nous
sommes une société de droit et l'on ne peut pas, rétroactivement,
prendre des mesures qui brimeraient les droits d'Homolka: que ses voisins
prennent garde... Il faudrait cependant que, TOUT DE SUITE, on prenne
les mesures qui s'imposent pour l'avenir et qu'on ne relâche plus
JAMAIS des Homolkas dans la rue. Quand ils sont en liberté, c'est
la liberté et la vie des autres qui sont en danger.
Pierre JC Allard
Page précédente
Page suivante
Litanie des avanies
Retour à l'accueil