Hitler n'aurait pas aimé recevoir le Prix Attila. Quand un type
ne fume pas, ne boit pas, est végétarien et crée des
emplois, il ne s'attend pas à ce qu'on fasse à son sujet des
rapprochements malveillants. Attila n'aurait pas aimé recevoir le
Prix Assurbanipal. Quand on mène une politique de colonisation active
- se voyant un peu comme le Curé Labelle, mais sur des terres qui
pouvaient vraiment faire vivre les Alexis et les Donalda de l'époque
- on ne veut pas être associé à un homme qui s'est fait
un nom en empalant et en écorchant vifs ses ennemis.
Les hommes et leurs crimes, avec le temps, deviennent légendaires
et donc plus grands que nature. Où n'est-ce pas plutôt que,
manquant de perspective, on ne voit pas à leur grandeur nature les
crimes qui sont commis aujourd'hui? Il est difficile de penser que son partenaire
de golf est un monstre, parce qu'on le voit sourire, caresser ses enfants
et flatter son chien; mais l'histoire n'a pas retenu qu'Hitler aimait les
enfants, ni qu'Attila avait pour son cheval une affection sans bornes. Qui
sait ce que pensera l'histoire de votre partenaire de golf?
Avez-vous fait dix-huit trous récemment avec l'un ou l'autre des
politiciens ou des fonctionnaires qui nous font une politique de santé?
Ou avec l'un ou l'autre des financiers et gestionnaires néo-libéraux
qui leur donnent des ordres? Il n'y a a pas si longtemps, on pouvait croire
que nos dirigeants étaient seulement inintelligents. Aujourd'hui,
il est clair que l'explication de l'imprévoyance et de la bêtise
est devenue insatisfaisante. Aucun politicien assez habile pour être
élu ne peut être assez mentalement démuni pour suivre
la politique que mène présentement le Québec en matière
de santé sans en comprendre les conséquences. La mauvaise
foi est devenu un élément incontournable de l'explication.
Malgré les mensonges rassurants qu'on sert à la population,
il est hors de doute que la politique actuelle de sabordage systématique
de notre réseau de la santé mène à réduire
progressivement la part des coûts de la santé que l'État
prendra en charge, et donc à créer une situation néo-libérale
"correcte" où les ressources médicales serviront
en priorité les besoins de ceux qui peuvent se les offrir et n'accorderont
aux autres que ce qui en restera.
Le sabotage de ce réseau, qu'il a fallu 25 ans et des milliards pour
mettre en place, se fait en six (6) attaques concertées. 1 - Mettre
à la retraite anticipée un maximum de médecins et d'autres
professionnels de la santé. 2 - Maintenir au plus bas les admissions
en formation médicale. 3 - Ne pas investir dans les immeubles ni
les équipements de santé. 4 -Désorganiser le système
par des réformes administratives , fusions, déménagements
dont l'utilité est douteuse mais dont le potentiel de création
de confusion et de mécontentement est évident. 5 - Couper
les budgets d'opération pour forcer la fermeture de lits et démotiver
le personnel qui s'accroche à sa mission. 6 - Favoriser la diffusion
d'histoires d'horreur - hélas vraies ! - concernant les erreurs de
diagnostic, les retards ambulanciers, les délais aux salles d'urgence,
les "débranchements" contre la volonté du patient
aux soins intensifs.
Le but visé est de réduire l'efficacité du système
public - et de faire connaître largement cette perte d'efficacité
- jusqu'à ce que le système public devienne inacceptable pour
toute cette partie de la population qui a les moyens financiers de choisir
une solution de rechange. Alors, les compagnies d'assurance et les groupes
financiers qui, de plus en plus, en sont les propriétaires offriront
cette solution de rechange à ceux qui peuvent se l'offrir. Les autres
seront en liste d'attente interminable, pour obtenir l'accès à
des ressources humaines insuffisantes travaillant dans des salles vétustes
avec des équipements désuets. Nous sommes à vivre une
expérience médico-sociale de grande envergure.
Des milliers de gens souffriront et mourront parce qu'on ne leur aura pas
donné à temps le meilleur traitement possible. L'excuse aura
été de réduire les dépenses collectives, pour
que ceux qui ont du fric puissent faire quelques placements supplémentaires
et de couper quelques dollars sur les impôts pour aller chercher quelques
votes. C'est une action criminelle. Monstrueuse. Quand on le dit aujourd'hui,
tout ça semble exagéré. Comme auraient semblé
grossièrement exagérés à Berlin, en "44,
les rapports sur les expériences médico-sociales du Docteur
Mengele à Auschwitz..
En fait, il est vrai que j'exagère. Quand on voit que la grande "libération"
de la Russie a fait diminuer de 7 ans la durée de vie moyenne de
200 millions de personnes - 1 400 000 000 d'années-vies perdues,
pour les néo-libéraux qui aiment la statistique - ou qu'on
se rappelle que 40 000 enfants meurent de faim tous les jours parce qu'on
a détruit l'agriculture des pays pauvres pour leur exporter nos surplus
agricoles, on ne peut sérieusement penser à un Prix Mengele
au Québec pour nos petites histoires de sabordage de réseau.
Nos expériences médico-sociales ne méritent même
pas un accessit au Prix Mengele. Juste le mépris.
Pierre JC Allard
N.B. 2005.01.23
Je suis curieux. Pourriez-vous me dire quel site vous a aiguill� sur cette page o� le nombre de visiteurs a augment� significativement depuis une semaine ?
2005.02.03 (Merci � ceux d'entre vous qui m'avez r�pondu) PJCA
[email protected]