TEXTE SOUMIS DANS LE CADRE DE L'ENQUÊTE SONDAGEM
A CHACUN SA COMPÉTENCE
On passe bien du temps chez nous à discuter de ce qui devrait
être décidé à Ottawa ou à Québec.
Bien moins à discuter de ce qui devrait l'être à Montréal
ou Chicoutimi, au palier de la région ou de la Municipalité
régionale de comté, voire à celui du village ou du
quartier. On ne parle presque jamais du droit sacré de l'individu
de décider par lui-même d'une foule de choses sur lesquelles
l'État s'est arrogé un droit de regard. Encore moins du droit
que chacun devrait pouvoir exercer de déléguer certaines responsabilités
à un groupe quel qu'il soit - famille, corps professionnel ou autre
- auquel il accorde sa confiance.
Pendant qu'on ramene tout le débat à un Oui ou un Non, on
ne s'interroge pas assez sur les pouvoirs qu'ils faudrait retirer à
l'État national - définissant celui-ci comme on voudra - pour
les confier à des administrations plus proches de leur clientèle
ou, au contraire, à des structures plus larges, seules capables de
résoudre des problèmes qui dépassent aujourd'hui le
cadre des États traditionnels.
D'un coté, c'est peut être au palier du quartier ou du village
qu'il faut gérer l'école primaire, les règlements de
zonage, l'environnement immédiat, la sécurité quotidienne
des citoyens. C'est peut-être en faisant appel à des regroupements
de professionnels qu'on peut le mieux prendre en charge les urgences-santé
et la plupart des litiges. Peut-être que la famille - ou un groupe
restreint d'individus se considérant comme tel - peuvent être
solidaires face au paiement de l'impôt et assumer en échange,
les uns envers les autres, des responsabilités accrues.
Montréal, métropole bilingue dans les faits, ne doit-elle
pas se donner des règles linguistiques différentes d'Alma
ou Amqui? Est-ce que chaque MRC ne devrait pas avoir son propre plan de
développement, contrôlant ses zones blanches et vertes? Est-ce
que chaque région ne devrait pas orienter sa formation professionnelle
en fonction des besoins de son développement économique? Est
ce que chaque palier de gouvernement de devrait pas avoir ses responsabilités
bien définies, chaque responsabilité étant toujours
confiée au palier le plus près des citoyens qui soit compatible
avec les exigences de l'efficacité?
Surtout, ne serait-il pas temps que chaque palier ait accès à
ses propres revenus et assume la pleine responsabilité de ses décisions
face à ses propres contribuables? Pourquoi une déclaration
d'impôt unique, répondant aux exigences variées de tous
les paliers de gouvernement auquel il est soumis, ne serait-elle pas remplie
par chaque payeur de taxes, permettant à chacun de déménager
ses pénates si sa municipalité ou sa région l'exploite
?
Et à l'autre bout de la chaîne d'autorité, est-ce que
quiconque souhaite vraiment qu'un gouvernement fédéral canadien
gère autre chose que la monnaie, les affaires étrangères
et l'Armée? Pourquoi, d'ailleurs, le Canada ne remettrait-il pas
les commandes de ses forces militaires aux Nations-Unies en échange
de sa protection, créant un précédent qu'aurait avantage
à suivre l'immense majorité des pays du monde? Et ne sommes
nous pas, tout doucement, à remettre à des organisations internationales
- Gatt, Alena, etc - l'autorité sur le commerce international...
?
Le monde a changé. Il change sans arrêt, de plus en plus vite.
Le moment est venu de repenser de A à Z la distribution des pouvoirs
et les limites de l'autorité des États. Le premier pays qui
le fera sera en position de force pour affronter l'avenir.