Mise à jour 1999
La grande mise à pied
La proposition #25 de 1992 , vue dans l'optique de 1999, semble dangereusement
prémonitoire et - hélas ! - s'inscrit tout à fait dans
l'agenda néo-libéral de privatisation. Il en découle
une espèce de complicité après le fait à des
crimes que je ne souhaitais pas voir commettre, encore moins excuser. Pire,
cette proposition semble encourager la commission d'autres abominations...
je veux donc préciser certains détails important de cette
proposition.
Quand je propose que les professionnels de la santé et de l'éducation
deviennent des travailleurs autonomes et soient rémunérés
par capitation, selon le nombre de leurs patients ou élèves
inscrits, soyons bien conscients que c'est l'État qui règle
toujours la facture, pas l'utilisateur, et qu'il n'y a jamais concurrence
au niveau du prix, seulement à celui de la qualité des services
offerts.
Soyons bien conscients, aussi, que ce sont les médecins, lesquels
sont déjà des travailleurs autonomes - qui sont payés
par capitation. Pas leurs employés - infirmières, auxiliaires,
secrétaires et préposés à la garde et au soutien
des malades - dont le salaire demeurera inchangé à moins qu'ils
ne jugent plus avantageux de devenir des partenaires dans l'équipe
médicale.
Les mêmes remarques s'appliquent au secteur de l'enseignement. Chaque
éducateur peut devenir un travailleur autonome mais chaque "famille",
telle que définie à la proposition #04, pourra devenir un
employeur, auquel cas les normes actuelles régiront l'embauche des
enseignants et du personnel de soutien par cette famille. Ceux qui assureront
les fonctions de conseillers pédagogiques demeureront à l'emploi
du Ministère et leur statut comme leur rémunération
demeureront inchangés
Je crois personnellement que la majorité des enseignants au service
des familles, en assumant le rôle de véritables éducateurs,
préféreront également cesser d'être des employés
salariés pour devenir des partenaires au sein de la famille où
ils travailleront. Ceci, toutefois, n'est pas une condition essentielle
de la proposition #25.
Notons, d'ailleurs, que le choix de l'autonomie présentera peu de
risques; la concurrence au niveau de la qualité ne peut créer
en éducation des écarts de taille bien considérables
entre les "foyers", puisque cette taille même est perçue
comme inversement proportionnelle à la qualité de l'enseignement.
Mais surtout, souvenons-nous que cette transformation en travailleurs autonomes
de certains travailleurs du secteur médical et enseignants se situerait
dans le contexte de plein emploi et de revenu garanti décrit à
la proposition #15, pas dans l'ambiance de chômage, de stress et de
lutte pour la survie que nous connaissons aujourd'hui.
Enfin, ne perdons pas de vue que si le contrôle de l'utilisateur du
service sur celui qui le rend est souhaitable et devrait mener à
un écart de rémunération, l'objectif final n'est pas
de réduire le personnel médical, et enseignant, mais au contraire
de l'augmenter.
Pierre JC Allard
Texte de 1992
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