Mise à jour 1999

Le travail garanti


C'est à la fois la proposition la plus forte et la plus faible du livre. La plus forte, parce que c'est celle avec laquelle le plus grand nombre de gens se sont dit d'accord et celle que le plus grand nombre de lecteurs trouvent importante, ce qui, compte tenu de la situation de l'emploi au Québec n'est pas vraiment une surprise.

C'est la plus faible, dans la mesure où nulle part ailleurs dans ce livre il n'a été aussi difficile de respecter la contrainte des 2 000 mots que je m'étais imposée tout en faisant passer au moins l'essentiel de la solution proposée.

L'intérêt qu'a suscité la proposition #15 a eu pour résultat qu'un nombre significatif de textes explicatifs de cette proposition ont été publiés par la suite dans divers journaux. L'ensemble de ces publications, disponible sur ce site Internet, offre maintenant une image nette de option qui n'avait été qu'ébauchée.

A-t-on progressé vers la solution au cours des six dernières années? Indubitablement OUI. On a d'abord eu le bon sens, à Ottawa, de remplacer l'expression ridicule d'assurance-chômage par la notion d'assurance-travail. Presque simultanément, on a commencé à lier de plus en plus le droit à une assistance financière à l'obligation de travailler pour celui qui est apte au travail. Cette exigence qui est encore contestée par beaucoup de groupes de gauche est néanmoins un passage obligé vers la justice sociale

On a fait un pas de plus quand le concept de partage du travail, qui n'était connu en 1992 que de quelques experts en main-d'oeuvre et universitaires, a commencé à être l'objet d'un débat sérieux. Aujourd'hui, on comprend que c'est aussi une étape incontournable et l'idée en est largement répandue et défendue, non seulement en Europe mais même au Québec.

De la même façon, l'idée de mettre en place un revenu garanti - remplaçant tout le bazar de programmes plus ou moins mal fagotés d'aide aux chômeurs et autres sans-revenu mis en place par Ottawa et Québec - a fait assez de chemin pour que le gouvernement fédéral en fasse l'objet d'une commission d'étude et qu'un tiers parti au Québec l'ait inscrite à son programme.

L'étape suivante, qui serait la formation et l'accréditation, pour chaque profession et métier, du nombre estimé de travailleurs requis - permettant que le revenu garanti ne soit pas un minimum de subsistance mais le vrai salaire minimal que mérite un travailleur selon sa scolarité et son expérience - semble encore bien éloignée des préoccupations de nos dirigeants.

Éloignées même des exigences des organisations syndicales, lesquelles mènent encore trop souvent un combat d'arrière-garde pour des positions corporatistes dans un monde où la technique impose des différences et où le nouveau défi à relever pour la gauche est de limiter ces incontournables différences afin d' assurer la justice pour TOUS. On est encore loin du concept d'accréditation et de revenu garanti qui tienne compte du statut du travailleur, c'est vrai; mais pas plus qu'on ne l'était il y a dix ans du partage du travail et du revenu garanti... On y arrivera.


Pierre JC Allard




Texte 1992

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