Mise à jour 1999
Au voleur !
Cette proposition #11 vient compléter la proposition #05, les
deux constituant l'esquisse d'une politique cohérente pour faire
face au problème de la criminalité. Fermeté et rigueur
pour lutter contre la violence, lucidité quant aux limites de la
réhabilitation, priorité à la sécurité
publique et à l'indemnisation des victimes.
L'incarcération, perçue comme une mesure moyenâgeuse
et inefficace, coûteuse et vengeresse plutôt que préventive,
est radicalement transformée. A la proposition #05, nous avons vu
que, dans le cas des récidivistes dont la propension à la
violence crée pour la société un risque que celle-ci
n'a pas le droit moral d'accepter pour ses citoyens, l'incarcération
punitive est remplacée par la mise à l'écart définitive
mais dans des conditions plus humaines de ces individus à haut risque.
Quand il n'y a pas eu recours à la violence, nous voyons, à
la proposition présente, que l'incarcération doit céder
la place à diverses formes de résidence surveillé,
à une amende et à l'obligation de dédommager la victime.
Mises à part deux émissions de lignes ouvertes et quelques
commentaires favorables d'un chroniqueur spécialisé, cette
proposition #11 n'a pas suscité de véritable débat,
tout l'intérêt de ceux que le sort des détenus intéresse
semblant être polarisé sur la proposition #05 et sur les images
de bagne qu'elle évoque.
Cette réaction est assez représentative de l'intérêt
mitigé que porte la société actuelle au crime sans
violence explicite et à la délinquance mineure - ou qui semble
mineure. Après l'horreur ininterrompue des crimes crapuleux que rapportent
quotidiennement les médias, qui veut entendre parler, des petits
fraudeurs, des cambrioleurs, des faussaires ou même des vols qualifiés
quand le sang n'a pas coulé? Et l'escroc de grande envergure en gants
blancs de type Arsène Lupin, quant à lui, devient souvent,
dans l'inconscient populaire, plus un héros qu'un ennemi public.
Pourtant, il faudrait bien mettre un terme à la petite délinquance.
Il n'est pas amusant pour la victime de s'être fait subtiliser son
portefeuille, pas plus que d'être celui qui a un faux billet en main
quand il est découvert comme tel. Il est malsain de vivre dans une
ville couverte de graffiti ou d'assister impuissant au vandalisme; il est
déprimant de voir tous ceux qui ne paient plus le métro ni
l'autobus, qui se moquent éperdument des contraventions...
Il faut mettre fin surtout aux méfaits qui, sans être encore
ce qu'on appelle la violence grave, y conduisent et ne sont souvent pas
loin d'en être Quand chaque femme âgée doit se souvenir
de tenir solidement son sac à main de peur qu'on ne le lui arrache,
quand chaque écolier vit avec la menace du taxage, une société
n'est plus tout à fait un État de droit.
Or, depuis 6 ans, notre société ne semble plus s'intéresser
à ces questions. La réponse au problème de la surpopulation
des prisons a été de remettre les criminels plus tôt
en liberté et de renoncer à sanctionner les incartades mineures.
Cette attitude est symptomatique d'une société en pleine déliquescence.
La proposition #11 est un correctif approprié à cette situation
et mériterait plus d'attention.
Pierre JC Allard
Texte 1992
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