TEXTE SOUMIS DANS LE CADRE DE L'ENQUÊTE SONDAGEM
UNE ÉCOLE HUMAINE
L'éducation au Québec c'est 100 000 enseignants, 9 milliards
de dollars et le tiers de la population qui suit des cours: on est loin
de la Grande Noirceur. Pourtant, la moitié des jeunes Québécois
ne finissent pas leur Secondaire et il y a 20% d'analphabètes fonctionnels.
Plutôt que d'éduquer, depuis 30 ans, au Secondaire, on s'est
contenté d'instruire, laissant de côté la culture, les
valeurs et l'appartenance. On a créé des écoles uniquement
pourvoyeuses de connaissances qui ne favorisent pas l'autonomie de l'individu,
ni sa formation professionnelle, ni surtout son insertion sociale.
Solution? Recommencer à éduquer, en faisant le contraire d'une
polyvalente. Plutôt qu'une école impersonnelle, il faut une
école dont l'axe soit une relation personnelle de longue durée
entre un groupe d'élèves et un enseignant; plutôt qu'une
école où l'adolescent est un numéro, il faut une école
qui satisfasse à son désir d'avoir un modèle et d'appartenir
à un groupe. L'école ne doit plus confier l'adolescent à
une brigade de spécialistes, mais à un précepteur qui
assume la responsabilité de son apprentissage.
A la base d'un système &laqno;préceptoral», il y a le
Foyer : 30 élèves du même âge et un précepteur
qui devient leur guide pendant 5 ans. Cette relation à long terme
permet au précepteur de devenir un modèle et au foyer de devenir
le point de convergence des intérêts de l'adolescent. Le foyer
est sa "gang"; il y passe le plus clair de son temps. Au foyer,
on trouve autant de cheminements personnels que d'élèves.
L'élève apprend dans une relation de coaching avec son précepteur.
Une Famille est la réunion de cinq foyers de groupes d'âge
successifs. Chaque année, un nouveau foyer de débutants vient
y remplacer celui des finissants: la famille se renouvelle, assure la continuité
administrative et peut ainsi devenir dépositaire d'une TRADITION.
L'ancienne fierté du "vieux collège" renaît
au profit de la famille. Le "Chef de famille " est le supérieur
immédiat des précepteurs; il les soulage des tâches
administratives, les conseille en matières de relations humaines,
surveille l'éthique des relations précepteurs-élèves
et agit comme médiateur si un conflit survient. Le précepteur
est un guide, un modèle, un ami; le chef de famille représente
l'Autorité.
Le précepteur a besoin d'un soutien pédagogique. Ceci est
l'affaire de conseillers pédagogiques spécialisés qui
travaillent en équipes à la révision continue des programmes,
aident le précepteur à en maîtriser le contenu, vérifient
les connaissances des élèves par des pré-tests et les
inscrivent ensuite aux examens officiels du Ministère.
Dans un système préceptoral, plusieurs familles pourraient
cohabiter au sein d'une des polyvalentes actuelles pour partager laboratoires,
ateliers, gymnases, bibliothèques, cafétérias et avoir
accès aux services des conseillers pédagogiques, orienteurs
et moniteurs d'éducation physique, de sports, d'arts et de loisirs.
Une grosse polyvalente pourra accueillir ainsi de dix à quinze familles
tout en respectant l'identité de chacune.
Le Ministère, pour sa part, entretient les polyvalentes, forme et
assigne les conseillers pédagogiques, orienteurs, moniteurs, précepteurs
et chefs de familles, définit les programmes et, surtout, fait passer
les examens. Seul le Ministère décerne les crédits
et les diplômes, car à la liberté laissée au
précepteur de choisir les moyens d'enseigne-ment doit correspondre
le devoir exclusif de l'État de vérifier les apprentissages.
Un système préceptoral permet un meilleur développement
socio-affectif de l'adolescent et une activité professionnelle plus
gratifiante pour l'enseignant. C'est, un retour à l'éducation
véritable.