Poèmes Contes et Légendes
Navajo
*

 

Femme-qui-change
S'habille de blanc quand il fait froid.
En hiver, nous marchons délicatement
Sur sa robe de neige.
Ceux qui laissent de profondes empreintes
Ne reçoivent pas sa bénédiction.
Ceux qui se servent d'elle, la violent ,
Gâchent sa générosité,
Ceux qui dérobent les trésors de son sol
Ne peuvent pas connaître
La beauté de
Femme-qui-change ;
Ni ne peuvent d'ailleurs la blesser,
Car sa loyauté va au-delà de notre portée…

 

 

Lac Powel

 

 L'inondation

 

À cette époque il n'y avait ni soleil,
Ni lune, ni étoiles,
Mais à l'Est, haute de quatre doigts,
Aube Blanche apparaissait chaque matin.
À midi, Aube Bleue éclairait le Sud
Et tard dans l'après-midi,
Aube Jaune striait l'horizon à l'Ouest.

Coyote fut envoyé pour découvrir
L'origine de l'aube,
Mais au lieu de cela, il déroba
Les deux bébés du Monstre des Eaux
Qui vivaient avec leurs parents
Dans deux très vastes sources.

Après, Aube Blanche, haute de quatre doigts,
N'avait plus que trois doigts de hauteur
Et était surmontée d'une bande obscure.

Homme-Loup fut envoyé pour savoir
Ce qui n'allait pas.
Il revint à la tombée de la nuit
Et déclara que : Tout allait bien.

Mais le lendemain matin, Aube Blanche
Avait encore rétréci
Et l'obscurité au-dessus, s'était agrandie.

Alors Lion de la Montagne partit
Puis revint en disant : Tout va bien.
Mais le matin du troisième jour
La ceinture d'obscurité était
Plus importante qu' Aube Blanche.

C'est alors que Faucon Blanc sortit à son tour,
Suivi d' Épervier
Et Faucon Blanc annonça : Tout va bien.
Mais Epervier dit :
L'eau aux pieds des deux sources jaillit
Tellement fort
Qu'il va sûrement y avoir une terrible inondation.

C'était le quatrième matin
Et Aube Blanche fut effacée
Par la ceinture d'obscurité.

Les eaux se mirent à monter
Et tous eurent peur.
Le peuple des animaux rassembla le maïs
Puis les graines et gravit au sommet
De la Montagne Blanche à l'Est,
Jusqu'à ce qu'elle fut avalée par l'eau ;
Ils grimpèrent alors sur la Montagne Bleue
Au Sud, puis sur la Montagne Jaune
À l' Ouest et enfin,
Sur la Montagne Noire, au Nord.
Et chaque fois qu'ils étaient parvenus
Sur une de ces montagnes,
Ils avaient ramassé au sommet,
Des pleines poignées de terre
Et prélevé à leur base, un roseau.

Les eaux avaient désormais recouvert
Toutes les montagnes sauf
La Montagne Noire ;
Le peuple des animaux planta
Un roseau femelle à l'Ouest
Et un roseau mâle à l'Est,
Tandis que les eaux continuaient de monter.

Les animaux grimpèrent ensuite
Sur les deux roseaux :
La Dinde fut la dernière
À y trouver refuge ;
L'écume des eaux blanchit
Les extrémités de ses plumes
( elles sont blanches depuis )
Et les roseaux s'élevèrent dans le ciel.

À la fin du quatrième jour,
Les deux roseaux se croisèrent tout en haut du ciel,
Ne pouvant aller plus loin.
C'est alors que la sauterelle
Grâce à son arc d'obscurité
Et à ses flèches sacrées,
Tira pour faire un trou dans le ciel,
Ouvrant un accès au monde supérieur :
Le monde du jour et de la nuit,
De Premier Homme
Et de Première Femme,
De l'eau amère, des sauts de daims
Et des feuilles qui tombent.

 

***

 

Les animaux

 

Premier Homme ordonna à la marmotte
De rester sous terre,
Parce qu'elle avait apporté
La rage de dent dans le monde.

Puis il envoya les êtres ailés
Dans les cieux et sur les montagnes
Pour qu'ils y bâtissent leurs nids.

Il demanda aux lézards
De construire leurs maisons
Dans les falaises et les rochers.

Les castors et les loutres
Furent envoyés dans les rivières et les mers.

Ensuite, il appela le loup et lui dit :
Tu as volé, ce n'est pas bien.
Tu seras en conséquence : le Grand Vagabond.
Tu erreras de long en large
À la surface de la Terre.

Il appela le serpent et lui dit
Qu'il allait recevoir un sac médecine,
Mais que, puisqu'il n'avait aucun endroit
Pour l'attacher,
On l'introduirait dans sa bouche.

Ensuite Premier Homme appela
Celui qui avait dérobé les deux bébés
Du Monstre des Eaux et lui dit
Que son nom était : Coyote.
Mais Coyote fut furieux de ce nom
Et s'exclama : " Un nom pareil " !
Il déclara qu'il ne le porterait pas
Et préférait s'en aller.

Alors Premier Homme dut le calmer
Et lui donner un autre nom,
Il l'appela : Première Colère.

 

Après cela, Coyote se sentit mieux,
On lui avait donné un grand nom,
Du moins le pensait-il
Et il s'éloigna heureux
Parce qu'on lui avait dit que
Quoi qu'il arrive sur Terre,
Il en serait le premier informé.

 

***

 

 

L'arc-en-ciel

 

Quand je traverse le profond Canyon
Qui n'a ni ventre
Ni rien qui ressemble à un cœur,
Je cherche mon ami, l' Arc-en Ciel.

Je marche avec la souplesse d'un jeune cerf
Sur la route colorée de pluie de
L' Arc-en-Ciel.
 

 

***

 

Shiprock

 

Les Utes le poursuivaient
Et Homme Jeune avait peur.

Il arriva à une rivière, les eaux se soulevèrent,
Homme Jeune y pénétra et s'enfonça jusqu'à la maison
De la loutre.
Cette dernière lui dit :
- L'ennemi ne viendra pas jusqu'ici, tu es en sécurité.

Les Utes cherchèrent dans tout le pays,
Mais ne purent trouver le jeune garçon.
Alors il sortit de la maison de la loutre
Et se rendit dans une autre contrée.
Mais à nouveau
Il eut peur que les Utes ne retrouvent sa trace.
Tout en courant, il pleurait et quelqu'un
L'interpella du haut d'un arbre.
Une voix ronronnante lui demanda :
- Pourquoi pleures-tu ?
Homme-Jeune répondit :
- Les Utes sont après moi, ils veulent mon scalp.
La voix reprit :
- Allez, monte petit fils. Ils ne te suivront pas là-haut.
Le jeune garçon grimpa dans l'arbre et trouva refuge
Dans la maison du hibou.
Celui-ci décrivit quatre cercles autour de l'arbre
Et diffusa sa médecine solaire pour cacher le jeune homme.
Les Utes eurent beau le pourchasser jusqu'à l'arbre,
Tourner autour et encore autour, ils ne trouvèrent rien
Et finalement s'en retournèrent.

Homme Jeune repartit pour rentrer chez lui
Mais il s'était bien éloigné de sa route
Et marchait en rond.
Les yeux pleins de larmes, il savait qu'il était perdu,
Lorsqu'il entendit quelqu'un s'adresser à lui.

Cette fois, c'était un écureuil gris qui l'appelait ;
Il arracha un buisson, souffla quatre fois dessus,
Puis descendit dans un trou.
Homme Jeun le suivit et fut bientôt à l'abri
De ses ennemis, les Utes.
Mais après avoir repris sa route, il se perdit à nouveau
Dans une autre contrée étrange.
Comme ses yeux se remplissaient encore de larmes,
Il entendit une petite voix venant de dessous les rochers.
- Pourquoi pleures-tu ? Demandait-elle.
- À cause des Utes qui veulent mon scalp.

La voix était celle d'un rat des montagnes.
- Ce n'est pas grave, reprit celui-ci,
Ils n'entreront jamais chez moi.
Il entrebâilla rapidement la porte de sa maison,
Sous les rochers ; Homme Jeune s'y faufila,
Puis les rochers se refermèrent sur lui.

Une fois encore, les Utes cherchèrent partout
Sans rien trouver et durent repartir.

Le jeune homme sortit au soleil et marcha très longtemps.
Il atteignit la rivière San Juan, dont les eaux étaient hautes.
Alors il longea la rive, se nourrissant de baies
Qui poussaient là, quand il entendit quelqu'un derrière lui.
Une voix lui dit :

- Petit-Fils, que fais-tu ici ?

Le jeune garçon se retourna et regarda en face,
Homme de Couleur Sombre.

- Je viens de loin, explique-t-il, du pays des Utes.
J'essaie de rentrer chez moi mais la rivière
Est haute et je ne peux pas traverser.
- Veux-tu que je te fasse traverser ?
Proposa Homme de Couleur Sombre.
Le jeune garçon monta sur son dos.

Une fois en sécurité de l'autre côté de la rivière
San Juan, après que Homme Jeune ait été déposé
Avec douceur,
Homme de Couleur Sombre se mua en un rocher noir
Qui se mît à croître, à grossir,
En même temps que ses bras s'étendaient comme des ailes.

Il est toujours là aujourd'hui, le Rocher aux Ailes, Shiprock.

 

***

 

 

 La première gelée d'automne

 

 

Entre la première gelée d'automne
Et la troisième lune d'hiver,
Il y a quelque chose qui vit :
Quelque chose avec des yeux qui entendent
Et des oreilles qui voient.
 

Avec des perles et des eaux et des pollens,
Quelque chose qui respire, chante, danse ;
Qui vit,
Entre ces deux moments
Comme un couteau
Pris dans le rocher.

 

Personne ne peut devenir impur
Entre
Le souffle hanté de l'automne
Et le second vent de l'hiver.

 

***

 

Cheval turquoise

 

Je suis le fils du Soleil
Je suis assis sur Cheval Turquoise

À l'ouverture du ciel.

Mon cheval aux sabots terrifiants
Avance sur la courbure de l'Arc-en-Ciel,
Tenant dans sa bouche, en guise de bride,
Un rayon de soleil.

Mon cheval encercle tous les peuples de la Terre.

Aujourd'hui je chevauche sur son large dos
Et il est mien ;
Demain il appartiendra à un autre.

 

 ***

Dans la beauté cela se fait,
Dans l'harmonie cela s'écrit,
Dans la beauté et l'harmonie
Cela devra s'accomplir.

Femme-qui-change l'a dit.

 

 

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