Parle-moi d'amour
Femmes
Il n'est pas de
plus grand bonheur,
Que de se confronter à ce qui est différent....
Gérard
Faucher
***
Chantal
Une
ombre de lumière, bleutée,
Passe le long des murs du palais.
Petite minijupe, courtoise,
Qui affronte la bise sournoise.
Minois ébouriffé de profil,
Les longs cils qui de grâce défilent,
Sur la soie d'un pinceau qui, fantasque,
S'applique au visage, sans masque.
Chantal,
Emouvante poupée de Chantal
Le cœur gros qui déborde normal,
Des barrières du corps de Chantal.
Et, quand les chevaux passent, là-bas,
Glacés, comme la Seine, plus bas.
A l'extrême limite des nuages,
Le regard d'une femme sauvage.
Petite plume d'or affamée,
Encre noire affolée qui, paumée,
Eclabousse les mots d'émotion.
Instant frêle de femme, passion.
Et puis, comme par enchantement,
Soudain, sans prévenir, arrogant,
Le sourire s'éclate, vautour.
Et la vie se propage, velours.
***
Mon enfance éclatée
Bleu
comme une fumée,
Souple comme une reine
Ivre de volupté.
Le long du bar, je traîne
Mon enfance éclatée.
Mon maquillage est pur,
Doré presque brillant,
Dosé élégamment.
Un "jean" comme en photo
Sur lui, je me promène.
Je ne vais nulle part,
Et je n'existe pas.
Enlève-moi ce bar et je pars
En fumée, retrouver
Mon enfance éclatée.
De mes rides profondes,
J'ai appris de la vie
Des histoires sorcières.
Je vogue maintenant,
Le long d'un bar galère.
Mon "jean" est bien usé,
Mes talons hauts s'éclatent
Sur le linoléum
D'un claque qui me casse.
Viens me chercher,
Me laisse pas tomber,
J'ai besoin de tes traces.
Surtout fais attention,
Traverse dans les clous,
Te fais pas écraser
Mon enfance éclatée.
***
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Peinture et graphisme de
Gérard Faucher
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