Les Champs du Ciel et de la Terre

 

Photo: Michel Claquin


Ode à la Terre.



La terre si brune, si riche, de toutes ses verdeurs
Nous ouvre son écoute.
J’entends battre son cœur,
Comme celui d’une femme tranquille, étendue et soumise.

Pulsions énergétiques qui animent le temps.
Assoiffée d’existence, de gestes, de désirs,
Elle sourit en te sentant frémir.

Quand le vent qui l’aborde, lui parle comme un amant,
Susurrant des poèmes sur ses lèvres écarlates,
Balayant d’une saute sur ses cheveux blanchis
L’hiver qui la tourmente, la plonge dans l’agonie,
Lorsque une tempête fond sur elle ses rafales,
Sous les larmes du ciel qui pleure et la mitraille,
Alors tout simplement, nul n’en croit son regard ;
Sans un cri de souffrance elle enfante des merveilles
Qui nous laissent suspendus dans le temps, stupéfaits.
Grandeur ! Magnificence !

Splendeur en notre essence, nous sommes venus de toi ;
Tels tu nous a portés comme des enfants rois,
Telle je veux te garder :
Innocence !

Au fond de tes abîmes, trouverons-nous un jour
Le messager intime de tes nuits sans amours ?
Au gré de tes naufrages sous des mers déchaînées,
Coule en toi les présages de ton humilité
Et ta source tarie nous offre la promesse
Des demains rétablis par ta grâce, sans cesse ;
Par tous nos soins aussi…

Rayonnement superbe comme je le veux souhaiter,
De cette terre en herbe qui déjà n’est pas née.

Pourtant tu es si vieille et si jeune à la fois,
Faudrait-il que l’on veille pour que tu aies moins froid…

Cet hiver qui te couvre, qui te fait l’amour,
Ce soleil qui te chauffe en te faisant la cour,
Ce vent, quand il te bise ne t’enivre t – il pas ?
Son souffle, lorsqu’il se brise, est – ce de chagrin pour toi ?

Toutes ces créatures qui te marquent pas à pas,
Ces humains, les blessures qu’ils t’infligent tout bas,
Dans l’ombre de leurs parjures, signent –ils leurs trépas ?

Loin de la capitale je cherche ta présence
Où ton règne animal palpite hors des nuisances.

Nous t’aimons tant ô Mère !
Plaise au ciel qu’il nous aide !

Sur toi nous trébucherons,
Pour toi nous nous battrons,
Tant que quelques cœurs justes au moins demeureront.
Pendant des jours, des siècles encore,
Aussi longtemps qu’ils le pourront,
Avec ardeur, avec effort,
Avec amour, de tout leur corps,
Ils t’arracheront des griffes avides de la mort.

 

*~~*~~*

Près de l'eau

Près de l'eau un saule pleure.
Est - ce beau un saule qui pleure …
Dans son lit aquatique un brochet se dégage
De l'hameçon d'un pêcheur malchanceux qui enrage …
Un gamin à deux pas, court après le soleil
Qui se cache en riant, de toute sa face vermeille
Derrière un nuage bleu, voilant le ciel en feu.
Il voudrait l'attraper puis jouer au ballon
Et le faire rebondir par delà l'horizon
Pour qu'il roule toujours, pour qu'il roule d'amour
Vers des enfants maudits, pauvres et démunis,
Afin de leur rendre leurs rires,
Rien que pour le plaisir de lire
La joie sur leur visage,
Les voir s'illuminer
Au creux de leur jeune âge,
De bonheur, de gaieté
Et qu'ainsi ils ne puissent jamais à leur tour
Plus tard devenir de tristes pêcheurs un jour.

 

*~~*~~*

 

Rive, rivage


La rive et le rivage
Ne se regardent pas.
Ils parcourent sans tapage
Leur route d’ici bas,
Sans se perdre pourtant,
Sans non plus s’ignorer
Ni craindre également
De s’empêtrer les pieds.

Ils vont, cahin-caha
Tous les deux, côte à côte,
Se fondre sous les pas
Déboîtés de leurs hôtes
En faisant le gros dos ;
Cependant, malheureux,
Ils serpentent bientôt
S’en trouvant beaucoup mieux.

Sitôt que la nuit vient,
Chacun flâne en chemin
Jusqu’au petit matin
En se tenant la main,
Mais personne n’en sait rien ;
Peut-être est-ce aussi bien ?

 

*~~*~~*

 

INSOMNIE.


J'écoutais ta chanson quand tu marchais dans l'ombre,
Tête dans les nuages, berceaux de l'infini.
Je voyais l'horizon, aussi de grands ramages
Parcourir les étoiles, déportés par les vents
Dans le cœur de la nuit
Et je touchais des yeux les pierres du silence
Endormies sur le bord d'une rivière d'argent
Puis mordais dans le songe d'une paix souveraine,
Aux aguets de l'amour qui s'anime en son flanc.

Ainsi, en t'écoutant, mélodieuse sirène,
Je captais la tonique, truande de ton chant.

 

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Suite page 5
 

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