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L'Ath�n�e et le cin�ma
L'Am�rique du Sud
Le retour � Paris
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Biographie (2e partie)
L'Am�rique du
Sud
Pour leur saison sud-am�ricaine, Jouvet et sa troupe
doivent donner des s�ries de spectacles dans trois
villes: Rio de Janeiro (Br�sil) tout d'abord, o� ils
arrivent le 27 juin, Buenos Aires (Argentine) et
Montevideo (Uruguay). Invitations officielles,
r�ceptions, et partout le m�me succ�s, sont au
rendez-vous en cette saison 1941 pour les 'Jouvet'
(comme on les appellera), ambassadeurs de la pens�e
fran�aise en Am�rique.
En d�cembre, c'est la fin
pr�vue de la saison sud-am�ricaine apr�s une ultime
repr�sentation � Rio de Janeiro. Jouvet r�unit son
monde et leur fait part de son
intention de donner une deuxi�me saison. La situation
ne s'est pas am�lior�e en France. Qui sait ce qui les
attend � leur retour? Pourront-ils travailler,
circuler librement? Suite � cette r�union, Jouvet
perd 5 fid�les. Il en recrute imm�diatement de
nouveaux sur place, et en fait venir de France.
Jouvet se consacre aussit�t � pr�parer la prochaine
saison. Il veut un nouveau r�pertoire de huit pi�ces
� offrir � son nouveau public, et exige pour cela la
m�me qualit� qu'� Paris. Il fait construire des
d�cors, fabriquer des costumes, etc, qui
engloutissent rapidement les finances de la troupe.
Les r�p�titions sont tendues, les amours de Jouvet et
Madeleine Ozeray sont au plus mal. Madeleine ne
r�pond plus aux directions et mine l'autorit� du
'patron' � chaque occasion. Convaincue de son propre
talent, elle le croit mal servi par les directives
que lui impose Louis Jouvet. Une petite guerre
s'installe entre eux dont la troupe est t�moin.
Le 12 juin 1942, Jouvet d�bute sa deuxi�me saison
sud-am�ricaine � Rio par une repr�sentation de
Tessa. Mais le 30 juin, il est �puis�, il se
sent mal. Le docteur parle de d�pression nerveuse.
Jouvet ne s'accorde que 5 jours de repos, et reprend
le travail, amaigri et en mauvais �tat, le 6 juillet.
La saison de Rio s'ach�ve le 19 juillet, et la troupe
peut rembourser une partie des dettes.
La deuxi�me �tape est Sao Paulo, mais
malheureusement ils n'y obtiennent pas le succ�s
esp�r�. Les salles sont � moiti� vides, et les
cr�anciers commencent � s'affoler.
Pour leur retour
� Buenos Aires, Jouvet a choisi un nouveau th��tre,
choix malheureux puisque les abonn�s ne suivent pas
et, comble de malheur, un feu �clate sur le plateau
le 24 septembre d�truisant la moiti� des d�cors. Pire
encore, la personne charg�e d'encaisser l'assurance
dispara�t avec une partie de l'argent. Dans
l'affolement, le th��tre de Montevideo annule sa
saison (et les 38 000 pesos de garantie).
On r�ussit � trouver un autre th��tre o� jouer �
Montevideo, mais sans garantie. C'est un d�sastre.
Les abonnements sont pratiquement inexistants, Jouvet
est menac� de boycott: on lui reproche de ne pas
prendre position pour Vichy, ou pour la France Libre.
R�sultat: des salles vides.
17 octobre: r�union houleuse pour faire le bilan de
la deuxi�me saison. Le ton monte, les acteurs sont
insatisfaits, et Jouvet inflexible. Il veut continuer
la tourn�e: Karsenty a trouv� quelque chose au
Chili.
Mais l'atmosph�re est malsaine au sein de la troupe. En
raison des difficult�s financi�res, les acteurs ne
touchent plus de salaire, mais seulement $3.00 par
jour pour leurs d�fraiements,
Le 31 octobre, soir�e d'adieu � Montevideo.
La troupe s'installe ensuite � l'Alvear Palace de
Buenos Aires, o� le directeur, grand admirateur de
Louis Jouvet, les loge gratuitement en attendant leur
d�part pour le Chili. Il aide �galement Jouvet �
obtenir un pr�t d'honneur pour d�frayer le co�t du
voyage.
Apr�s plusieurs jours de train, les 'Jouvet' arrivent
le 18 novembre au Chili o� ils sont accueillis par
des centaines d'admirateurs, journalistes et
photographes. Jouvet n'en revient pas. Les
repr�sentations de L'Ecole des femmes y sont
un triomphe. On doit donner 6 suppl�mentaires.
Cocktails, galas et r�ceptions se succ�dent, et
Jouvet retrouve enfin sa bonne humeur et vit m�me une courte romance avec une jeune aristocrate chilienne.
Il re�oit
l'invitation du pr�sident du P�rou qui l'invite �
venir jouer � Lima, seulement Jouvet n'a pas les
moyens de payer le voyage. Un navire de guerre
P�ruvien devra prendre la troupe � son bord �
Valparaiso. Madeleine, qui n'entretient plus avec
Jouvet que des relations professionnelles, veut alors
partir avec son nouvel amant mais accepte, �
contre-coeur, d'accompagner la troupe jusqu'au P�rou.
Le 30 d�cembre la troupe s'embarque sur le
Rimac � Valparaison � destination de Callao o�
ils arrivent le 6 janvier 1943. La saison � Lima se
d�roule agr�ablement. Le moral est bon et Jouvet en
profite pour rencontrer les P�res Blancs. C'est � partir de cette �poque que Louis Jouvet devient davantage preoccup� par les questions religieuses.
Le 23, une
nouvelle r�union de la troupe. Madeleine veut se
reposer. Jouvet est toujours d�cid� � ne pas
s'arr�ter, � ne pas rentrer en France. Karsenty
s'occupe de pr�parer le terrain en Colombie. Deux
nouvelles d�missions...
Jouvet redistribue les r�les. Quand Madeleine est de
retour au Chili, elle informe Jouvet des conditions
de son retour: qu'il rebaptise son th��tre l'Ath�n�e
Louis Jouvet-Madeleine Ozeray, et qu'il lui accorde
un pourcentage de toutes les recettes. Tout en
l'implorant de revenir, Jouvet r�pond n�gativement
aux deux conditions et Madeleine ne donnera plus de
nouvelles. Jouvet fait doubler ses r�les par
Micheline Buire et Monique M�linand, et le 4 mars 1943, la
troupe s'embarque pour la Colombie: ils arrivent �
Bogota le 20 mars apr�s un voyage p�rilleux au cours
duquel les d�cors sont endommag�s.
Le 26 mars, Jouvet
est dans tous ses �tats. Il est d'une humeur
ex�crable, pire qu'� son habitude et touche du bois
sans arr�t. C'est la premi�re fois ce soir qu'il
jouera l'Ecole des femmes sans Madeleine. Mais
il s'inqui�te � tort... Micheline Buire est
excellente, la pi�ce obtient un �norme succ�s et
Jouvet est heureux. Il n'a plus besoin de Madeleine.
9 repr�sentations jusqu'au 16 avril, ensuite
Medellin, et les vacances! 6 semaines de r�ve....
Karsenty reprend bient�t ses d�marches. Prochaine
�tape: le V�n�zuela.
On offre � la troupe $6000 pour venir jouer au
V�n�zuela, mais le voyage n'est pas pay�. Jouvet
doit encore une fois user de son prestige personnel
pour obtenir l'argent. La troupe se rend � Caracas
en DC3 (malgr� les inqui�tudes du "patron" qui craint
ce mode de transport) pour un s�jour d'une dizaine de
semaines. Jouvet est tout heureux du succ�s qu'ils
obtiennent l�-bas, ainsi que d'y retrouver autant de
francophones.
Cuba est la prochaine �tape. Karsenty y a obtenu une
g�n�reuse entente: la troupe sera nourrie, log�e,
blanchie dans un h�tel de luxe pendant quatre mois en
�change de la moiti� des recettes. Le 19 ao�t 1943,
Jouvet s'installe donc � La Havane et commence �
pr�parer la saison mexicaine: il veut quatre
nouvelles pi�ces au r�pertoire. Cependant les
finances sont au plus bas. Le voyage de Caracas � La
Havane et les d�fraiements de la troupe ont co�t� $19
000. A la fin de leur s�jour � Cuba, il ne leur
reste que $80 en poche. Jouvet voudrait pourtant se
rendre � Ha�ti. Il trouve ind�cent de ne pas aller
jouer dans le seul pays francophone de la r�gion.
Louis Jouvet envoie alors un t�l�gramme au pr�sident ha�tien
proposant sa visite en �change du transport et des
d�fraiements de sa compagnie, mais malheureusement
Ha�ti, bien qu'honor�e, est trop pauvre pour se payer
une telle entreprise. Jouvet offre donc de c�der la
totalit� des recettes en �change du transport. Dans
ces conditions, Ha�ti ne peut plus refuser.
Louis Jouvet arrive � Ha�ti � la mi-d�cembre. Il y
est re�u en chef d'�tat et d�cor� de la croix de
commandeur dans l'ordre Honneur et M�rite. Il reste
m�dus� le 5 janvier 1944 lorsque le pr�sident ha�tien
lui rend la totalit� des recettes qu'il avait c�d�es:
$14 000.
Le 11 janvier 1944, la troupe s'embarque pour une
travers�e de huit jours vers le Mexique.
Malheureusement, le vaisseau qu'a trouv� pour eux
Karsenty est un cargo qui n'est pas adapt� au
transport des passagers. La troupe doit coucher �
m�me le pont, sans cabines, ni commodit�s, � la merci
des intemp�ries. La nourriture est infecte et le
confort inexistant. Mais puisque Jouvet subit le
m�me sort sans rien dire, personne n'ose se
plaindre...
Le 22 janvier, arriv�e � Mexico. Le th��tre Las
Bellas Artes est mis � leur disposition
gratuitement et ils re�oivent une aide de $10 000 de
la part du g�n�ral de Gaulle. Jouvet appr�cie le
geste, bien qu'il craigne un peu qu'il soit r�cup�r�
� des fins politiques. La saison d�bute le 28
janvier par une repr�sentation de l'Ecole des
femmes devant une salle archi-comble. Jusqu'au 31
mars, Jouvet veut donner 12 spectacles
irr�prochables, comme si la r�putation de l'Ath�n�e
�tait en jeu, et les d�cors et costumes engloutissent
encore une fois tous les fonds.
Ce s�jour au Mexique sera marqu� pour Louis Jouvet
par la mort de Giraudoux, qui l'affectera tr�s
profond�ment; par la brouille avec Jules Romains,
dont la ladrerie l'exc�de; et par la g�n�rosit�
d'Hyppolite Signoret, pr�sident du grand magasin
Palacio de Hierro, qui prodigue sans compter
ses largesses � Louis Jouvet, � qui il voue une
admiration sans mesure. Tr�s souvent, discr�tement,
il glisse � L�o Lapara, le secr�taire du 'patron',
des ch�ques g�n�reux et anonymes. Signoret est
�galement � la t�te d'une maison de production, et il
�chafaude un projet de film pour Jouvet.
Malheureusement, la pellicule est rare en ce temps de
guerre, et le projet doit �tre abandonn�.
La prochaine �tape logique pour 'les Jouvet', ce sont
les Antilles fran�aises. Comme il s'agit d'un
territoire fran�ais, certains membres de la troupe y
seront mobilis�s, et pour cette raison certains
pr�f�rent rester au Mexique. Ainsi au 30 juin,
Jouvet n'a plus que 12 fid�les, dont seulement 6
com�diens. Il doit se r�soudre � dissoudre la
troupe.
Le 14 juillet 1944, Jouvet s'embarque avec ce qui
reste de sa troupe sur le Duc D'Aumale �
destination de la Martinique: une croisi�re de 22
jours gaie et heureuse, � bord d'un bateau fran�ais.
Ils arrivent � Fort-de-France le 5 ao�t. Faute de
com�diens, ils sont dans l'impossibilit� de donner
des spectacles, mais la vie est bon march� et ils
arrivent � subsister agr�ablement.
Bient�t cependant, Louis Jouvet est press� de toutes
parts, on veut qu'il pr�sente quelque chose. Au
cours d'une conf�rence de presse � la radio, Jouvet
lance un appel. Il lui faut des com�diens amateurs
s'il veut �tre en mesure de monter une pi�ce. Son
appel est entendu, et avec sa troupe de fortune Louis
Jouvet peut pr�senter une s�rie de repr�sentations en
septembre 1944 qui seront un grand succ�s. D'autant
plus qu'il travaille dans la joie, puisque Paris
vient d'�tre lib�r�e.
Il lui tarde � pr�sent de regagner la France. Gr�ce �
son secr�taire, L�o Lapara (celui-ci a des contacts
au minist�re de la Marine du gouvernement de la
r�publique provisoire d'Alger), Louis Jouvet obtient
que sa troupe et tout son mat�riel soient embarqu�s
le 13 d�cembre 1944 sur le Sagittaire, navire
militaire destin� au transport des troupes qui fait
route vers le Maroc. Des escales (et des vacances!) �
Casablanca, et � Alger; puis, c'est enfin Marseille,
et la France!
Le Retour �
Paris
Le 12 f�vrier 1945, Louis Jouvet d�barque �
Marseille. Il reprend contact par t�l�phone d'abord
avec sa famille, et avec Pierre Renoir � l'Ath�n�e,
puis il rentre � Paris o� il est assailli par les
journalistes et les photographes. Enfin r�install�,
il a une promesse � tenir. Sur la premi�re page du
manuscrit de La Folle de Chaillot, Jean
Giraudoux a �crit proph�tiquement en 1943: "La
Folle de Chaillot a �t� jou�e pour la premi�re
fois le 17 octobre 1945, sur la sc�ne du Th��tre de
l'Ath�n�e, par Louis Jouvet". Jouvet a neuf mois
pour y arriver.
Pour r�pondre � toutes les questions qu'on lui pose
depuis son retour, Jouvet d�cide de donner une
conf�rence de la sc�ne de l'Ath�n�e o� il parlera en
d�tail de ses ann�es d'exil. Devant l'affluence, il
devra donner cette conf�rence trois fois durant le
mois d'avril 1945.
Mais tout ne va pas pour le mieux pour Louis Jouvet �
l'Ath�n�e. Les Grammont, ses co-soci�taires, ont
maniganc� pendant les ann�es de guerre afin de le
priver de ses pouvoirs � l'Ath�n�e. Encore
maintenant, on tente de le tenir � l'�cart, et on
croit avoir trouver le moyen parfait: programmer une
pi�ce si populaire qu'elle ne quittera pas l'affiche
de sit�t. Jouvet se lassera bien d'attendre et devra
aller voir ailleurs.
Mais Jouvet pour le moment se contente d'attendre. Il
lui faut absolument r�ussir sa rentr�e � Paris, et
retrouver son public. Et cette r�ussite, il croit en
tenir la cl� dans la derni�re pi�ce de Giraudoux,
La Folle de Chaillot. Il retravaille avec son
cher Christian B�rard pour les d�cors, il auditionne
� tour de bras pour combler les 62 r�les que compte
la pi�ce, et le 30 octobre, il lance un appel dans
Le Figaro: il aimerait que les lecteurs lui
apportent des vieux v�tements f�minins du d�but du
si�cle qui pourraient servir de costumes. La r�ponse
du public est rapide et g�n�reuse; les dons de
vieilleries affluent.
La date de la premi�re approche, et les Grammont
s'incrustent � l'Ath�n�e. La pi�ce Arsenic et
vieilles dentelles conna�t un tr�s grand succ�s
et semble ne jamais devoir quitter l'affiche. Louis
Jouvet lance un ultimatum aux Grammont: ou bien ils
retirent la pi�ce et lui laissent sa sc�ne, ou lui,
Louis Jouvet, donnera une conf�rence de presse
faisant le jour sur leurs tentatives d�loyales pour
le tenir � l'�cart. Les Grammont s'inclinent, Jouvet
reprend les r�nes de l'Ath�n�e avec une br�ve reprise
de son Ecole des Femmes, et la premi�re de
La Folle de Chaillot a lieu le 19 d�cembre
1945. La pi�ce obtient un �norme succ�s! Louis
Jouvet a r�ussi sa rentr�e � Paris. Il est encore
'le patron'...
1946 est une ann�e qui s'annonce bien. Jouvet est
extr�mement occup�: il travaille sans se m�nager au
th��tre, au cin�ma; il se produit au festival
d'Edimbourg, � la conf�rence de Paris. Les seules
vacances qu'il s'octroie, il les passe � �tudier
Dom Juan qu'il compte monter apr�s La Folle
de Chaillot. Il discute des d�cors avec B�rard et
celui-ci, avec Jean Cocteau, profite de l'occasion
pour le convaincre de monter Les Bonnes de
leur ami Jean Gen�t. Jouvet n'aime pas beaucoup la
pi�ce, mais son Dom Juan n'est pas pr�t, et ce
serait une fa�on de faire taire les critiques qui le
qualifient de pass�iste. Il accepte donc.
Les succ�s au cin�ma suivent les succ�s au th��tre,
Copie conforme et Quai des Orf�vres
remplissent les salles, et � l'automne 1947, Louis
Jouvet est r�institu� professeur au Conservatoire
d'art dramatique. En d�cembre a lieu la premi�re de
Dom Juan qui obtient un �norme succ�s.
Cet emploi du temps surcharg� n'est pas sans
cons�quence cependant. Louis Jouvet a le coeur
malade. Il doit consulter son cardiologue
r�guli�rement et, depuis quelques temps, il est aussi
pr�occup� par la mort et la religion. Au fur et �
mesure qu'il vieillit, il est de plus en plus
terrifi� � l'id�e de mourir. Cette pens�e l'obs�de,
il r�alise qu'il n'aura pas le temps de faire tout ce
qu'il aurait voulu faire, et cela l'angoisse
profond�ment. Il compense, maladroitement, en mettant
les bouch�es doubles.
Une tourn�e, en 1948, le m�ne
en Egypte et dans l'est de l'Europe. Il �tudie
Tartuffe, et monte Les Fourberies de
Scapin pour Jean-Louis Barrault. C'est pendant
les r�p�titions de cette pi�ce au th��tre Marigny que
Christian B�rard s'�croule en plein th��tre, terrass�
par une h�morragie c�r�brale. Louis Jouvet se
remettra difficilement de la perte d'un ami si cher
et d'un si proche collaborateur. D'autant plus qu'il
est maintenant le dernier du trio qui avait fait les
belles heures de l'Ath�n�e avant la guerre, et que
ses compagnons de la premi�re heure, Copeau et
Dullin, meurent aussi dans la m�me ann�e. Louis
Jouvet est persuad� que son tour viendra
bient�t...
Il se concentre sur son Tartuffe qui prend
enfin l'affiche, le 26 janvier 1950. La pi�ce
obtient un grand succ�s aupr�s du public, mais les
critiques dans les journaux sont v�h�mentes.
L'approche de Jouvet d�pla�t profond�ment � ces
messieurs qui s'en donnent � coeur joie et l'attaquent
de tous c�t�s.
Une br�ve tourn�e au printemps, et Jouvet est �puis�.
A deux reprises, il se sent mal en sc�ne... Malgr�
les conseils de tous, il ne veut pas s'arr�ter. A la
fin de l'ann�e, il tourne Knock et se lance
dans un nouveau projet: La Puissance et la
Gloire de Graham Greene. Il sent qu'avec cette
pi�ce il va enfin pouvoir r�v�ler quelque chose de
tr�s personnel au public. En attendant, il doit
effectuer une tourn�e nord-am�ricaine, et assurer la
mise en sc�ne de la pi�ce de Jean-Paul Sartre Le
Diable et le bon Dieu au th��tre Antoine.
L'Am�rique du Nord lui fait un accueil extr�mement
chaleureux. Jouvet est content, mais les r�ceptions,
conf�rences, en plus des repr�sentations, l'�puisent.
Pourtant il ne veut pas se reposer. A New York, il a
une attaque pendant une repr�sentation de L'Ecole
des femmes, et continue quand m�me � jouer. De
retour � Paris, se sachant tr�s malade, il demande �
son fils de veiller � ses affaires. Les mauvaises
surprises qui l'attendent au Th��tre Antoine ne
l'aident pas d'ailleurs. Pendant sa tourn�e,
acteurs, costumier et d�corateur ont �t� choisis sans
qu'il soit consult�. De plus, Sartre qui a enfin
termin� la pi�ce, lui a donn� un tour anti-religieux
qui n'est pas du tout du go�t de Louis Jouvet. Les
relations seront extr�mement tendues, voire
orageuses, tout au long des r�p�titions. Le jour de
la premi�re arriv� le 7 juin 1951, Louis Jouvet peut
enfin se consacrer � des projets qui lui tiennent �
coeur.
Il �tudie L'Avare, participe � une
comm�moration de Jean Giraudoux � Bellac, et tourne
un film, qui sera son dernier, Une histoire
d'amour.
En ao�t, il commence les r�p�titions pour La
Puissance et la Gloire.
Comme � son habitude, Jouvet est inquiet. Il doute de
ses choix de mise en sc�ne, de lui-m�me. Le 14 ao�t,
apr�s une r�p�tition difficile, par une journ�e trop
chaude, il se sent mal. Il va s'�tendre, et on
appelle un m�decin, mais la situation est grave.
Victime d'un infarctus et jug� non-transportable, il
sera soign� dans sa loge � l'Ath�n�e pendant deux
jours, entour� de ses proches.
Malheureusement, son �tat ne fera qu'empirer. Il
meurt le jeudi 16 ao�t 1951, � 20h 30.
R�sum� biographique: SylvieL
d'apr�s "Louis Jouvet" de J-M Loubier
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