L E S

T R I S T E S,

OU

M É L A N G E S

TIRÉS DES TABLETTES D’UN SUICIDE,

PUBLIÉS PAR CHARLES NODIER.




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Novembre 2009.

[La Note de présentation peut être lue ci-après les illustrations de couverture.]


DIFFUSION-DISTRIBUTION







NOTE SUR LA PRÉSENTE ÉDITION [les appels de notes renvoient en bas de page] :

La présente édition reproduit à l’identique mon propre exemplaire de l’ouvrage de jeunesse de Nodier, qui est aujourd’hui devenu très rare1 . Il appartenait auparavant à Nicolas Daillie.

Le recueil n’est cependant pas aussi rare que le laissait naguère entendre la notice à lui consacrée par Raymond Setbon dans « Le dossier Nodier »2 :

Les Tristes. Demonville 1806. Introuvable à Besançon. Un exemplaire à l’Arsenal (cote R. in-8° Z. 6741). H. P. Lund nous en signale un autre à la Bibliothèque André Monglond de l'Université de Clermont-Ferrand.
Sans compter le mien, on en connaît en fait quinze exemplaires, conservés dans des bibliothèques publiques françaises ou étrangères:

- Besançon, Bibliothèque municipale (322665 Fonds ancien);
- Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale et interuniversitaire-Patrimoine (MON 4434);
- Dôle, Bibliothèque municipale (TH 4066, Pallu [théologie]);
- Grenoble, Bibliothèque municipale, Section d’études et d’information (P.1464 CGA): exemplaire de H. Gariel;
- Lausanne, Bibliothèque cantonale et universitaire de Dorigny (AA 7289), numérisé et accessible sur Google-Livres (12 août 2008);
- Lausanne, Bibliothèque cantonale et universitaire des Cèdres (LL 3076);
- Lille, Médiathèque municipale Jean Lévy (95695, Fonds ancien-avant 1952);
- Montpellier, Médiathèque centrale d'agglomération Émile Zola (V1149 MO2 Fonds Vallat);
- Montpellier, Médiathèque centrale d'agglomération Émile Zola (L953 MO2);
- Paris, Bibliothèque nationale de France-Arsenal (R. in-8° Z. 6741) ;
- Paris, Bibliothèque nationale de France-Tolbiac (RES-Z-LE MASLE-301): legs Le Masle;
- Poitiers, Médiathèque François Mitterrand (E 381[1] PO1);
- Troyes, Médiathèque de l'agglomération troyenne (mit. n.7.62/85 Mitantier);
- Versailles, Bibliothèque municipale (F.B. in-8° Esg 68 Fonds patrimoniaux);
- Washington, Library of Congress (PQ2376.N6 T7).

Étant donné sa relative rareté, il m’a paru bienvenu d’en reproduire le texte à l’identique, en respectant la pagination, la linaison et les caractères typographiques de l’édition originale : même la forme extérieure du volume cherche à reproduire celle de mon exemplaire. Pour n’en pas entraver la lecture, je n’ai fait figurer aucun appel de note dans le corps même du texte ; le lecteur trouvera en revanche en fin de volume, et en petits caractères, des notices relatives aux onze pièces du recueil, la liste complètes des variantes présentées par le texte des éditions séparées de chacune d’entre elle, publiées du vivant de l’auteur, et d’abondantes notes qui forment l’esquisse d’un commentaire littéraire.
Un tel dispositif est, je crois, propre à satisfaire deux sortes de lecteurs : les amateurs de poésie et de beaux livres, qui ne veulent pas se voir imposer une lecture hachurée par les remarques de l’éditeur, lequel est toujours trop pédant ; et les étudiants, les professeurs et les savants, auxquels l’éditeur, dont la tâche appartient à la philologie, doit tout de même quelques éclaicissements.
Il est à mon sens regrettable qu’en France, les livres ne s’adressent que très rarement à ces deux classes de lecteurs à la fois, car leur distinction n’est qu’une vue de l’esprit. En feuilletant mon exemplaire des Tristes, j’aime à poser mes yeux sur ses gros caractères et ses grandes marges blanches, qui sont comme l’écrin de ces poèmes en prose ; une magie opère, qui s’évanouirait aussitôt, si la disposition typographique en était resserrée et si le moindre appel de notes numérique venait en interrompre le chapelet des mots. Je suis pourtant professeur et j’en veux savoir plus…
On me reprochera sans doute l’abondance de ces notes et des extraits de Nodier que j’y reproduis à la moindre occasion : ils lasseront à coup sûr les spécialistes de son œuvre ; et ils fatigueront peut-être l’étudiant habitué à de ponctuelles indications bibliographiques, lexicales, littéraires ou historiques. J’aurais en effet pu faire preuve de plus de retenue, mais je ne l’ai pas voulu. Ce livre s’adresse à tous : à ceux qui connaissent bien le dériseur sensé, comme à ceux qui n’ont entendu parlé que de l’agréable conteur que fut Nodier ; et à ceux-là aussi dont la lecture pourrait n’être guidée que par une forme de monomanie du suicide. J’ai donc tâché de répondre aux diverses questions que se pourraient poser des lecteurs si différents. Or la bibliographie de Charles Nodier est immense et ses œuvres complètes restent encore dispersées, quand elles ne sont pas inédites, dans des volumes extrêmement nombreux, inaccessibles au plus grand nombre. Disposant d’une bibliothèque nodiériste assez considérable, j’ai cherché à contenter tout le monde, au rique d’ennuyer tout le monde ! Eussé-je donc encore gardé cette édition trois ans sous le manteau, que l’étendue de ces notes se serait accrue d’autant…
L’essentiel de mon travail a cependant consisté dans l’établissement d’un texte correct et dans la collation de toutes les éditions, publiées du vivant de Nodier, de chacune des onze pièces du recueil. Il en est résulté un texte conforme, je l’espère, à la ponctuation et à l’orthographe de celui de l’édition originale3 , ainsi que des listes de variantes, indigestes sans doute, mais qui m’ont d’ores et déjà permis de dresser la généalogie desdites éditions (Puissent-elles désormais contribuer à une étude génétique et stylistique de l’œuvre du littérateur !).
Dans l’avant-propos de Die Parodie « Chapelain décoiffé » (1910)4 , une remarquable édition critique de cette petite parodie burlesque généralement attribuée à Nicolas Boileau-Despréaux, le Docteur Alfred Bernhard se réclamait de Joseph Bédier, le grand maître de la critique des textes médiévaux, dont il citait un extrait des Études critiques (1903)5 :

Il existe une méthode déjà presque séculaire, qui fonde la restauration des textes sur le classement critique et sur l’emploi raisonné de toute la traduction manuscrite et imprimée ; tandis qu’on l’applique journellement aux œuvres grecques, latines et médiévales, c’est grand’pitié que tant d’œuvres de nos classiques… demeurent abandonnées à l’empirisme des éditeurs et à leur caprice.

Bédier ne fut cependant pas le premier à préconiser l’application aux textes modernes des méthodes ecdotiques jusqu’alors réservées à ceux de l’Antiquité classique. Un siècle avant lui, à l’époque même où furent publiés Les Tristes de Nodier, une voix s’était en effet élevée, des colonnes du Journal de l’Empire (10 décembre 1811)6 :

Dans ces passages douteux, il faudrait une note ; il faudrait que l’éditeur rapportât les variantes, les discutât avec un peu de critique, et montrât les raisons qu’il a eues de prendre une leçon de préférence à l’autre. On devrait, ce me semble, appliquer un peu plus souvent aux éditions des livres modernes la méthode que suivent les philologues, quand ils réimpriment les ouvrages de l’antiquité.

Cette voix, c’était celle du grand helléniste Jean-François Boissonade, à qui je dois donc rendre hommage à deux titres, puisque c’est le même homme qui, le premier, a formulé la méthode d’ecdotique suivie dans la présente édition et appliqué son jugement critique au recueil de Nodier ici réédité pour la première fois.

Laurent Calvié,
Ambérieu-Gare, le 17 novembre 2008.

Notes :

1. LES TRISTES, // OU // MÉLANGES // TIRÉS DES TABLETTES D’UN SUICIDE, // Publiés par Charles Nodier. // A PARIS, // Chez DEMONVILLE, Imprimeur-Libraire, // rue Christine, n°. 2. // 1806 [139 p.].
2. Raymond Setbon, « Le dossier Nodier », Romantisme 7/15 (1977), p. 94 ; voir aussi Vincent Laisney, « Quelques “Mélanges” tirés de l’oubli. Les Tristes de Charles Nodier (1806) », Orages. Littérature et culture 1760-1830 1 (2002), p. 143 : « Le petit volume rarissime que nous présentons ici ». 3. Je l’ai cependant débarrassé de quatre coquilles : j’ai ainsi édité bruire au lieu de bruir [p. 30, l. 17], ancolie au lieu de oncolie [p. 43, l. 9], se réitéra au lieu de se retira [p. 59, l. 3] et j’ai rétabli j’y transplanterais au lieu de ’y transplanterais [p. 82, l. 5]. J’ai fait imprimer ces modifications en caractères italiques et je les ai justifiées en note.
4. Die Parodie « Chapelain décoiffé », von Dr. Alfred Bernhard, Leipzig, A. Deichert’sche Verlagsbuchhandlung Nachf., coll. « Münchener Beiträge zur Romanischen und Englischen Philologie » (50), 1910, p. VII.
5. Joseph Bédier, Études critiques, Paris, Armand Colin, 1903, p. VII.
6. J.-F. Boissonade, Critique littéraire sous le premier Empire, Publiée par F. Colincamp, Professeur à la Faculté des Lettres de Douai, Précédée d’une notice historique sur M. Boissonade, Par M. Naudet, Paris, Librairie académique Didier et Cie, Libraires-Éditeurs, 1863, t. II, p. 312.


Les Tristes ou Mélanges tirés des tablettes d’un suicide publiés par Charles Nodier, texte établi, présenté et annoté par Laurent Calvié.




“ibant obscuri sola sub nocte” [ Pagination en cours / 13 x 22 / ISBN : 978-2-917431-34-4 / EAN : 9782917431344 ].


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