LES EDITIONS DE LA NUIT / Ibant obscuri sola sub nocte


EDITIONS DE LA NUIT /Ibant obscuri sola sub nocte…”



Lorsqu’au livre VI de l’Énéide, le « pieux Énée » descend aux Enfers guidé par la Sibylle de Cumes, c’est mû par l’unique et irrépressible désir de retrouver son père Anchise. Son périple, Virgile l’a résumé en un vers célèbre, qu’en démarquant Apollinaire on pourrait appeler le vers solitaire : « Ils allaient, obscurs, sous la nuit seule… ».

Le fameux hypallage qui confère à ce vers toute sa puissance poétique — il signifierait suivant une tradition qui remonte à l’Antiquité : Ils allaient seuls sous la nuit obscure… —, nous engage à l’inscrire au fronton d’une collection qui se propose de rééditer des textes littéraires français aujourd’hui obscurs ou méconnus, témoignant d’une manière ou d’une autre d’une expérience de cette monomanie solitaire que Nodier nommait réflective : cette « délicieuse extase de l’esprit », « qui se dénoue ordinairement par le suicide », où la pensée « s’isole à plaisir de toutes les réalités de la vie, pour se former un monde à son choix, sur lequel elle exerce avec un souverain empire tous les attributs de la puissance de Dieu ».

Il pourra bien entendu s’agir de soliloques, de monologues, de méditations, de journaux intimes, de carnets, de confessions, de mémoires ou de poèmes lyriques, en vers ou en prose — tous genres littéraires reconnus comme les lieux privilégiés de l’expression de l’intériorité subjective —, présentant des témoignages ou des réflexions sur les affres et les béatitudes de la séparation, de la solitude, de l’oubli, de la monomanie ou de la mort ; mais aussi de dialogues, de lettres, d’essais, d’amusements sérieux ou comiques, de satires, de pamphlets et de farces moquant ou dénonçant, au nom de la vie libre ou rêvée, la médiocrité du monde objectif, l’absurdité des conventions sociales et « la senteur cadavéreuse d’une société qui s’éteint ». Car le rire de Démocrite et les pleurs d’Héraclite sont l’avers et le revers d’ « une médaille frappée d’un seul coup de balancier ».

La collection « Ibant obscuri sola sub nocte… » est donc dédiée à la grande école du désenchantement, dont la dérision sensée est avec le désespoir l’un des principes fondamentaux. Cette école n’a pas été fondée en 1830 : c’est celle de tous les monomanes réflectifs de la longue histoire de la littérature moderne, qui, leur marotte à la main, chevauchèrent des chimères, poursuivirent des châteaux en Espagne ou luttèrent contre des moulins à vent.


Collection dirigée par Laurent Calvié.


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À PARAÎTRE :


Les Tristes ou Mélanges tirés des tablettes d’un suicide publiés par Charles Nodier, texte établi, présenté et annoté par Laurent Calvié / [Selon la proposition de Laurent Calvié, cette édition reprendra en fac simile l’édition originale, très augmentée toutefois. ] / Novembre 2009.


Claude Tillier, La Morsure de la vipère noire. L’Affaire Sainte Flavie. Pamphlets anticléricaux de Claude Tillier, recueillis, édités, présentés et commentés par Laurent Calvié / DATE DE PARUTION : 2010.


François de la Mothe Le Vayer, Soliloques sceptiques, textes édités par Laurent Calvié et Lucien Grisoni, annotés par Laurent Calvié précédés de De la solitude au soliloque par Lucien Grisoni et suivi de : Des soliloques et de quelques autres genres littéraires par Laurent Calvié / DATE DE PARUTION : 2010.


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