« Il est nécessaire sur toutes choses qu’elle se conduise par la volonté du Roi…et qu’elle fasse selon [son] désir en toutes choses… »

Marguerite d’Autriche

 

« Aucune femme n’aurait pu faire mieux, avec un meilleur esprit. »

L’ambassadeur anglais sur Eléonore (1542)

 

 

 



Eléonore d’Autriche, peinte vers 1530

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    

 

Les parents d’Eléonore

 

 

 

 

 



Eléonore d’Autriche jeune fille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le mariage d’Eléonore avec Manuel le Fortuné, 1518

Eléonore est l’aînée des six enfants de Jeanne d’Espagne et Philippe le Beau. Elle naît en 1498 et passe ses jeunes années à la cour de sa tante Marguerite d'Autriche avec trois de ses frère et sœurs. En 1517, elle suit son frère Charles en Espagne qui y va pour recueillir son héritage maternel. L’année suivante, elle est mariée au vieux roi de Portugal, Manuel Ier dit « le Fortuné » qui avait épousé précédemment deux tantes espagnoles d'Eléonore. A la mort du roi Manuel, Eléonore va rejoindre son frère Charles en Espagne.
En 1529, la Paix des Dames donne enfin à la France la nouvelle reine promise par le traité de Madrid, une reine que tous s’accordent à trouver sympathique, bien qu’elle soit la sœur de l’ennemi. Débordante de bonne volonté, Eléonore arrive, décidée à remplir honnêtement la fonction que les caprices de la politique lui ont assignée. Mais sa situation ne peut être qu’inconfortable. Car elle est le gage, non d’un accord vrai, mais d’une « amitié » menteuse. Guerre ouverte et paix fourrée alternent, entre François 1er et Charles Quint, la contraignant au silence ou la projetant au premier plan – en porte-à-faux dans chaque cas. Instrument docile d’un frère qu’elle aime et d’un mari à qui elle se veut dévouée, elle se fait de cette docilité vertu, non sans déchirement.
En 1547, François Ier décède. Son fils Henri II lui succède, il n’a pas oublié sa captivité en Espagne. On fait sentir à la reine douairière Eléonore qu’elle est de trop. A l’automne 1548, Eléonore quitte la France pour les Pays-Bas où elle est accueillie par sa sœur Marie de Hongrie. En 1556, elle se retire en Espagne avec ses frère et soeur. Elle y décédera la première en 1558 d'une crise d'asthme.

Biographie détaillée d’Eléonore :

 

     Enfance et jeunesse

     Le mariage portugais

     Le second mariage

     Dernières années

 

 

Enfance et jeunesse

 

Eléonore, née le 15 novembre 1498 à Louvain, était la première des enfants de Philippe le Beau et de Jeanne de Jeanne « la Folle ». Elle n’a d’autrichien que le patronyme et ne mettra jamais les pieds en Autriche. Elle vient au monde en pays « bourguignon » - c’est-à-dire, à l’époque, flamand – et vivra longtemps en pays flamand, avant de se muer en Espagnole.

Sa naissance fut accueillie avec joie. A Bruxelles, dans Sainte-Gudule illuminée par le flamboiement des torches, on la baptisa à la nuit tombante en grande cérémonie. Les parrainages qui lui furent donnés la plaçaient sous un patronage anti-français.  Son grand-père et parrain, Maximilien d’Autriche, lui donna le prénom de sa propre mère, une princesse portugaise. Quant à sa marraine, c’était une Anglaise, la fameuse Marguerite d’York, dite « Madame la Grande », la veuve de Charles le Téméraire, qui en défendait âprement la mémoire et l’héritage.

Dix-huit mois plus tard naissait à Gand son frère, le futur Charles Quint. Elle parut à son baptême le 7 mars 1500 et les gantois « Lui firent grande fête, car ils ne l’Avaient jamais vue dans leur ville ». Elle resta depuis, et toujours, étroitement associée à son frère. Après la mort de leur père en 1506, les deux enfants furent laissés aux Pays-Bas, ainsi que leurs jeunes sœurs Isabelle (né en 1501) et Marie (né en 1505), et confiés à leur tante Marguerite d’Autriche, qui les éleva.

Eléonore grandit heureuse, protégée, dans cette opulente Flandre où l’on savait vivre, et bien vivre. Moins jolie que sa cadette Isabelle, moins énergique que son autre sœur Marie, elle fut une jeune fille souriante et gaie, bien portante quoique un peu trop maigre, au jugement de sa tante, qui se faisait l’écho du goût régnant. Elle fut bien formée : on fit d’elle une bonne cavalière, experte à la chasse et aux jeux de plein air. On lui apprit la musique, la peinture, et beaucoup plus de lettres qu’on n’en enseignait d’ordinaire aux princesses. De la piété, sans excès ni ostentation. Du solide. On la dit parfois un peu sotte. Mais c’est plutôt le caractère qui est en cause dans son absence d’ambition, la simplicité de ses goûts, sa modestie. Chez elle le sentiment prime l’intelligence, elle est aisée À émouvoir, elle n’a pas la tête politique. Douceur et bonté ? Indolence et passivité ? Chacun jugera selon son humeur cette personnalité malléable, faite pour l’obéissance.

Elle tenta pourtant, un jour, de faire preuve de volonté. A dix-huit ans, elle se crut maîtresse de son avenir. Le climat dans lequel on vivait à la cour de Flandre était assez libéral pour que pût s’ébaucher une idylle entre elle et le prince Palatin Frédéric, quatrième fils de l’Electeur Philippe de Bavière. Elle s’éprit de ce cadet sans fortune, entré au service de Philippe le Beau, et qui continuait, après la mort de ce dernier, de représenter Maximilien aux Pays-Bas. Il faut dire qu’il faisait presque partie de la famille : seul, il était parvenu à faire manger le petit Charles qui s’y refusait, et cet exploit lui avait valu le surnom de « père nourricier de l’archiduc ». L’enfant, devenu roi, lui maintint sa pension et lui conféra la Toison d’Or. Etaient-ce des titres suffisants pour prétendre à la main d’Eléonore ? Elle se plut à le croire et se prit à espérer. L’été, avec ses parties de campagne, était favorable aux rencontres discrètes. Les deux amoureux se virent dans l’île de Walcheren, parlèrent longuement, firent des projets, qui ne restèrent pas longtemps secrets. Charles, prévenu, convoqua sa sœur, la regarda avec attention : « Il me semble que vous avez la gorge plus enflée que de coutume. » Et il plongea dans son corsage à la recherche d’un billet, qu’il savait y trouver. Le contenu s’en révéla moins compromettant qu’on ne pouvait le craindre, rien d’irréparable ne s’était produit. Le prétendant se contentait d’encourager la jeune fille à repousser toute autre proposition. Mais c’était assez pour justifier une contre-offensive en règle. Eléonore était d’un rang trop haut pour qu’on la bradât. On feignit de craindre un enlèvement, on organisa une rupture publique, on prit soin de se prémunir contre toute contestation ultérieure. Les deux malheureux durent jurer que leurs projets étaient subordonnés, dans leur esprit, à l’assentiment royal et qu’ils n’avaient échangé ni promesses, ni gages formels de mariage. Ils se déclarèrent solennellement quittes l’un envers l’autre et promirent de ne jamais invoquer un quelconque engagement.

Le prince Palatin fut renvoyé en Allemagne, mais ne renia pas pour autant ses alliances : il resta le fidèle allié de la maison de Habsbourg. Eléonore s’inclina. Histoire banale. Mais elle donnait beaucoup à penser sur le caractère impérieux du jeune Charles : lorsqu’il rappelait aussi sévèrement sa sœur aînée à ses devoirs de princesse, il n’avait que dix-sept ans. Il promettait.

 

 

Le mariage portugais

 

Pour couper court à tout incident, la meilleure parade était de la marier. Certes, on n’avait pas attendu qu’elle eût cet âge avancé pour y songer. Mais son grand-père Maximilien avait bien spécifié à sa tutrice Marguerite que seuls trois partis étaient envisageables : les rois de France, d’Angleterre, ou de Pologne. Et comme aucun n’était libre, il fallait attendre que l’une des trois reines allât « de vie à trépas ». Louis XII, rendu disponible par la mort d’Anne de Bretagne, avait préféré la jeune Anglaise, puis il était mort, laissant le trône à François Ier, déjà marié. Les autres reines tenaient bon. On refusa successivement pour Eléonore le duc de Lorraine et le roi de Danemark, tout juste acceptable pour sa cadette Isabelle, que ce prince cruel et débauché, surnommé le Tyran et bientôt détrôné par ses sujets, conduisit à une fin tragique. On refusa aussi le roi de Navarre : non seulement il n’était qu’un roitelet indigne d’une telle union, mais il avait l’audace de réclamer que lui fût rendue, sous forme de dot, la partie méridionale de son royaume – la quasi-totalité, que lui avait arraché Ferdinand II d’Espagne.

On continuait donc de chercher pour elle l’oiseau rare, lorsque la crainte de la voir disposer d’elle-même amena la famille à rabattre de ses prétentions. On tomba d’accord sur le roi de Portugal. Depuis longtemps l’Espagne, faute de pouvoir conquérir par les armes cette enclave étrangère dans une péninsule qu’elle voulait sienne, tentait de se l’attacher par une longue chaîne de liens matrimoniaux. Manuel Ier, dit le Grand ou le Fortuné (31.5.1469 – 13.12.1521), n’était plus un jeune homme. Il était laid, bossu, à demi infirme. Il avait déjà épousé tour à tour deux infantes d’Espagne (deux tantes d’Eléonore du côté maternel, Isabella et Maria), qui lui avaient donné des enfants. Tandis qu’on songeait à promettre Eléonore à son fils aîné, non encore nubile, il devin veuf à point nommé. C’est à lui qu’elle fut offerte en 1517.

Elle y consentit. Elle n’en voulait pas à son frère. Son chagrin d’amour n’avait pas entamé l’attachement très vif qu’elle lui vouait. Au contraire, il semble même qu’elle ait reporté sur lui toutes ses ressources affectives. Il se préparait à partir pour l’Espagne, afin de prendre possession d’un royaume encore inconnu. Elle tint à l’accompagner. Elle avait pris en horreur les Pays-Bas, pleins de souvenirs douloureux. Et sur le contraste de leurs deux destins, elle rimait mélancoliquement :

 

Si contraires sont nos fortunes

Qui donnent au roi tant d’éclat

Et qui me plongent dans ces ténèbres

En causant la solitude

Où je vais vivre si triste.

 

Les vers, si vers il y a, ne sont pas fameux. Mais le sentiment est d’acceptation résignée.

Ils s’embarquèrent à Flessingue le 8 septembre 1517, affrontèrent ensemble les périls alors inséparables des voyages maritimes, incendie d’un navire, tempête, débarquement précipité. Des Asturies, ils s’acheminèrent vers Madrid, à travers un pays qui, à côté de la grasse Flandre, leur parut aride et désolé. A Tordesillas, en novembre, ils revirent leur mère presque oubliée, Jeanne, que sa démence intermittente n’empêchait pas de rester, en titre, souveraine de Castille : il fallait obtenir d’elle une délégation de pouvoir. Entrevue douloureuse, bien que la Folle fût dans un de ses bons jours : elle les embrassa, les trouva grandis – elle ne les avait pas vus depuis leur enfance. Mais le château où elle résidait ne leur en parut pas moins sinistre. Eléonore, toujours charitable, tenta d’en arracher leur plus jeune sœur Catherine, que leur mère y retenait auprès d’elle, cloîtrée. Elle ne réussit qu’à provoquer un esclandre : il fallut rendre l’enfant, qui y gagna cependant quelques serviteurs et un peu de liberté. Elle rencontra aussi son cadet, Ferdinand, élevé en Espagne et qu’elle ne connaissait pas. Sur son passage, les chroniqueurs élèvent, comme toujours, un concert de louanges : « A la vérité, c’est un chef-d’œuvre, tant est sage, joyeuse, honnête et gentille en toutes choses. » Et, pour une fois, ils ne fardaient pas trop la réalité.

Elle épousa par procuration, le 13 juillet 1518, Emmanuel le Fortuné, sans l’avoir jamais vu. Son escorte hispano-bourguignonne la conduisit à la frontière, que marquait sur la route un tout petit affluent du Tage, le Sevor. Elle passa le pont, fut prise en charge par ses nouveaux serviteurs. A Lisbonne, le 24 novembre 1518, ultime cérémonie – mariage religieux. Elle était reine de Portugal.

Elle le resta trois ans, supporta patiemment son vieux mari, s’entendit bien avec les enfants des premiers lits, à peine plus jeunes qu’elle, dont Isabelle, qui épousera son frère Charles, et l’héritier Jean III, qui épousera sa plus jeune sœur, la recluse de Tordesillas. On restait décidément en famille. Elle-même n’était pas stérile, contrairement à ce qu’on dit trop souvent. Elle eut un fils, Charles (18.2.1520 – 15.4.1521), qu’elle perdit très jeune, et une fille, Maria (1521 – 1577), dont elle fut séparée dès son veuvage : les Portugais tenaient à la marier à leur gré.

Lorsque mourut Manuel Ier, en 1521, elle dut partir en effet et rejoignit son frère en Espagne, libre pour de nouvelles combinaisons matrimoniales. Son ancien amoureux Frédéric, dit-on, se présenta une seconde fois, fut repoussé : Charles Quint avait d’autres projets, auxquels elle se plia sans qu’on sût rien de ses sentiment intimes.

 


Le second mariage

 

Elle fut d’abord promise à Charles de Bourbon, pour prix de trahison. Après les prétention initialement affichées, c’était tout de même tomber de très haut. D’où l’hypothèse de certains historiens, qui ne voient dans ce projet qu’un leurre destiné à appâter l’orgueilleux connétable.

 

Note : Le reste de cette partie de la biographie d’Eléonore sera ajouté sous peu, de même que la partie suivante…

Dernières années

 

 


 
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