La route de l'étain:

L'or, l'argent et le cuivre sont des métaux mous et malléables, utilisés depuis la haute antiquité par les civilisations de l'occident. L'étain, absent du bassin méditerranéen, était alors un métal rare plus convoité que l'or. Associé en faible quantité au cuivre, il transformait ce dernier en bronze, un alliage dur et rigide parfait pour confectionner des armes dont l'efficacité était très supérieures aux pointes de flèches en silex et haches de pierre conventionnelles. Qui pouvait se procurer de l'étain, possédait la puissance et s'assurait le pouvoir!

Plus de trois mille ans avant la commission européenne du charbon et de l'acier à l'origine du marché commun, la route de l'étain a été une organisation commerciale d'envergure internationale qui a assuré le plein épanouissement des civilisations méditerranéennes de l'antiquité. Les Phéniciens, grande puissance maritime et principaux maîtres d'oeuvres de cette organisation, se sont associés aux Gaulois et à leurs prédécesseurs pour convoyer le précieux minerai d'étain d'Armorique et de Cornouaille. Les légendaires Cassitérides (îles Scilly) reconnues comme la principale source d'étain pendant l'antiquité, ne recèlent en fait aucune trace de ce minerai. 

L'étain était transporté jusqu'à l'ancien estuaire de la Loire où il entamait la première partie de son périple fluviale jusqu'à Roanne. C'est ici que débutait la portion la plus critique de la route de l'étain.image 439 x 383 pixels Le précieux minerai qui assurait la quasi-totalité de la production de bronze pour l'ensembles des civilisations méditerranéennes, était transbordé par voie de terre jusqu'à la vallée du Rhône. Les Ségusiaves, une tribu gauloise installée entre Loire et Rhône, ont entretenu une relation privilégiée avec les Phéniciens. Ces derniers ayant influencé les moeurs, les coutumes, les traditions et les légendes ségusiaves.

Les Phéniciens ont exploré les côtes océaniques de l'Afrique et de l'Europe. Mais ces voyages d'exploration n'ont pas eu de suites économiques, car la puissance des courants marins et les fortes houles imprévisibles interdisaient presque toute navigation commerciale atlantique. La route de l'étain (Loire-Rhône) a été l'unique voie d'approvisionnement en minerai d'étain pendant l'âge du bronze. Les Gaulois ont préféré la Loire car ils devaient partager la Garonne et la Seine avec leurs voisins  Aquitains et Belges.

Vers le milieu du dernier millénaire avant l'ère chrétienne, le fer est venu chambarder l'économie occidentale. Ce métal commun associé à un procédé de trempage, une technique de durcissement, était très supérieur au bronze pour la fabrication d'armes. Les Phéniciens ont du renoncer à la suprématie des mers. La route de l'étain, dont l'enjeu économique était devenu secondaire, a approvisionné directement le monde hellénique devenu une nouvelle puissance maritime. Des routes parallèles se sont développées dans la vallée de la Seine sous l'impulsion de tribus gauloises indépendantes. Au sud, les Étrusques de la mer Tyrrhénienne, grands utilisateurs d'alliages de bronze, ont ouvert une voie en passant par Toulouse et la zone portuaire de Narbonne. À défaut de leur monopole de l'étain, des Phéniciens ont cherché de nouvelles sources d'approvisionnement. Les lits de certaines rivières d'Ibérie occidentale ont été explorées et leurs alluvions ont fourni de l'étain à Carthage via Cadiz à l'embouchure du Guadalquivir, probablement le seul port européen de l'Atlantique accessible aux navires de commerce de la Méditerranée.

D'autres Gaulois, sous l'impulsion des Bituriges, vont palier à la crise de l'étain en explorant d'autres ouvertures commerciales comme la route de l'ambre au nord-est et la route de la vigne vers le sud-est. Mais le manque d'intérêt commun, l'indiscipline et l'individualisme des Gaulois ont transformé ces entreprises commerciales en vulgaires hordes de nomades pillards.

À partir du deuxième siècle avant Jésus Christ, les Gaulois feront à nouveau l'objet d'enjeux économiques importants. La civilisation méditerranéenne en plein essor démographique, reluque de plus en plus vers la Gaule rurale, perçue comme le grenier à blé de l'occident.

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