Guide pratique d'utilisation de pesticides naturels en culture maraîchère


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Introduction
I. Utilisation Des Plantes A Effets pesticides
1.1 Modes d’action des plantes à effets pesticides
1.2 Les techniques d’obtention des extraits aqueux des plantes à effet pesticides
1.2.1 Les procédés généraux de fabrication
1.2.2 Matériel nécessaire à la préparation des bouillies
1.3 Le Compagnonnage
II Quelques préparations à effets pesticides
III D'autres alternatives aux pesticides chimiques
Annexe : Quelques plantes à effets pesticides
Sources d'information
 
Document préparé par Mariatou Dagnoko

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Introduction

Le concept de Production et de Protection Intégrées (PPI) dans la production de produits horticoles de haute qualité et sains, est le fondement des activités du projet « Appui  au Développement de l’Horticulture Urbaine et Périurbaine (HUP) ».

La PPI est une stratégie qui consiste à fournir des produits horticoles de bonne qualité et sains dans un système de production durable. Elle utilise un ensemble de moyens préventifs (agronomiques, technologiques) et de lutte curative afin de prévenir et/ou de réduire l’incidence des ravageurs et des maladies sur les plantes cultivées. L’application de pesticides chimiques est à considérer comme dernier recours. Dans ce cas, il est recommandé d’utiliser des matières actives dites « doux », faiblement toxiques pour l’homme, les animaux et l’environnement.

L’objectif de la PPI est de réduire l’utilisation  et la dépendance vis à vis des pesticides chimiques pour le contrôle des ennemis des cultures. Cet objectif est atteint à travers l’usage de cultivars adaptés combinés avec des pratiques culturales et technologiques appropriées.

La PPI étant une stratégie, son application doit être envisagée au niveau de toute l’exploitation et de la parcelle de culture. Elle demande la prise en compte de la plante et de son état phytosanitaire comme une entité incluant tous les aspects de l’itinéraire technique (choix du terrain, sa préparation, choix du cultivar, rotation,…. jusqu’à la destruction des résidus de récolte).

La mise en œuvre de la stratégie devra tenir compte des composantes suivantes :

-         Le matériel végétal : cultivar, semence de qualité, plantules greffées, production de plantules ;

-         Les Pratiques culturales : Choix du terrain et du sol, rotation de culture, traitement du sol, nutrition des plantes, paillage, contrôle des mauvaises herbes ;

-         La Technologie : Abris de cultures (contre les pluies et contre le froid), gestion de l’eau à travers les système d’irrigation et des aménagements des parcelles (drainage/irrigation) ;

-         La Lutte intégrée : Méthodes physiques de protection, lutte biologique et biotechnique, lutte avec les pesticides naturels et en dernier recours les pesticides chimiques « doux » compatible avec la PPI et ;

-         La Labellisation : cette dernière composante implique la mise en œuvre d’un label de qualité PPI et ceci suppose un protocole de culture élaboré et l’identification de normes de qualité.

Le présent document s’intéresse à l’aspect protection et plus spécialement aux pesticides naturels qui rentrent dans la lutte phytosanitaire.

Les pesticides naturels sont d’origine diverses : végétale, animale et minérale. Ils sont généralement considérés comme moins agressifs pour l’environnement car ils se dégradent facilement. Néanmoins ils demeurent des produits toxiques et à ce titre toutes les précautions doivent être observées lors de leur utilisation. Certains d’entre eux (surtout ceux d’origine végétale) peuvent se révéler très toxiques pour l’homme et les animaux.

Les pesticides naturels d’origine végétale est le groupe le plus important et c’est pour quoi le  document leur consacre beaucoup plus de pages d’information.

Les plantes locales, qu’elles soient cultivées ou à l’état naturel offrent beaucoup de possibilités pour la lutte phytosanitaire. Cependant, elles restent méconnues des communautés et des praticiens de l’agriculture. Des recherches devraient être entreprises pour les recenser, connaître les doses d’utilisation, les ennemis cibles et la fréquence d’utilisation pour une plus grande efficacité. Les plantes à effet pesticides peuvent avoir des actions à large spectre ou spécifiques. C’est l’expérimentation qui déterminera le spectre d’action, les effets sur les autres êtres vivants tels que les ennemis naturels et sur le rendement de la culture.

La manipulation des organes végétaux contenant la substance active est aussi importante à connaître.

Ce guide pratique, élaboré à l’intention des animateurs et des producteurs, se base sur les informations reçues des maraîchers et sur une revue bibliographique.

Ce guide doit être amélioré au fur et à mesure des résultats obtenus à partir des essais qui seront menés dans le cadre des EC (activités de Ecoles au Champ).

Le guide est composé de cinq (5) parties : une notion générale sur les techniques de préparation des pesticides biologiques, le mode d’action de ces substances, l’utilisation et les ravageurs cibles. Une note sur l’expérimentation des pesticides naturels est proposée afin d’améliorer leur efficacité.

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I. Utilisation des plantes à effets pesticides

Les plantes à effet pesticides sont des plantes locales cultivées ou non et qui offrent des possibilités dans la protection des cultures ou des stocks. Elles renferment des substances qui sont toxiques aux ravageurs des cultures. Leur action se fait de différentes façons : par ingestion, par contact et par éloignement de l’ennemis. Une large gamme agit sur les insectes.

On connaît très peu de plantes agissant sur les attaques fongiques.

Le présent chapitre donne quelques informations sur les modes d’action, les techniques de préparation des extraits aqueux  (méthode générale) et sur les associations de cultures avec les plantes à effets pesticides.

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1.1 Modes d’action des plantes à effets pesticides

Les substances actives contenues dans ces plantes agissent de différentes manières sur les insectes et les maladies:

Sur les insectes, elles ont un :

-         effet répulsif : les insectes sont repoussés par le goût et l’odeur des ces substances

-         effet insecticide : par ingestion des feuilles traitées, d’autres insectes meurent.

-         effet sur le comportement sexuel : après traitement  avec certaines plantes alternatives, on constate un changement de comportement ou de diminution de la capacité de reproduction pouvant aller jusqu’à la stérilité complète de l’insecte.

 Sur les maladies, elles :

      -        inhibent le développement des champignons

-        renforcent les défenses immunitaires des plantes contre la plupart des parasites (mildiou, oïdium,…)

L’action des substances est souvent renforcée par le savon qui sert également de mouillant.

1.2 Les techniques d’obtention des extraits aqueux des plantes à effet pesticides

Les techniques couramment utilisées sont ici exposées. Elles sont simples et ne demandent pas de moyens compliqués.

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1.2.1 Les procédés généraux de fabrication

a) La Macération :

Elle se fait dans l’eau froide. Des parties de plante sont broyées et trempées dans l’eau pendant quelques heures. La macération est filtrée dans un fin tissu avant application par pulvérisation ou arrosage.

Quelques fois la macération se fait durant plusieurs jours ou même 2 ou 3 semaines, à l’ombre ou au soleil. Le liquide et les substances extraites des organes macérés évoluent par fermentation. Dans ce cas, on parle de purin végétaux.

b) L’Infusion :

Elle se fait dans de l’eau très chaude. On évite de faire bouillir l’eau car cela pourrait détruire les substances actives.

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1.2.2 Matériel nécessaire à la préparation des bouillies :

-         Des récipients (un seau propre ou une bassine) pouvant être chauffés ou non pour les macérations et les infusions ;

-         Des filtres (par exemple : un tissu fin) pour filtrer

-         Un mortier et un pilon pour le broyage humides ou secs

-         La matière végétale choisie

-         Du savon en poudre et en morceau

-         Un couteau

-         Des mesures de volume ou de poids (une balance)

-         Du matériel d’épandage (pulvérisateur, arrosoir, poudreuse, pinceaux, etc.)

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1.3 Le Compagnonnage

Les plantes à effets pesticides peuvent assurer une certaine protection aux cultures par simple association. Ces plantes, par leur odeur ou couleur attirent les auxiliaires (prédateurs). D’autres encore peuvent faire le contraire et attirer les ennemis afin de les détourner des cultures principales cultivées. Les effets recherchés ici sont la synergie pour le développement des cultures, la prévention et la répulsion des parasites.

Le compagnonnage c’est cette action de faire pousser ensemble les plantes à effets pesticides avec celles cultivées, mais aussi d’observer un mélange de cultures (biodiversité) afin de prévenir et réduire l’incidence des ennemis.

Il consiste donc à faire pousser dans votre jardin des plantes (fleurs, légumes, fines herbes,…) à proximité les uns des autres de façon harmonieuse pour s’entraider mutuellement. Ainsi, par exemple le basilic améliore la croissance et le goût des tomates en même temps qu’il repousse certains insectes par son odeur.

Nom de la plante

Plantes favorables

Plantes défavorables

Effets observés

Ail

Arbres fruitiers, betterave, choux, fraise

Haricot, pois

L’ail éloigne pucerons et doryphores.

Basilic

Aubergine, poivron piment, tomate

 

Le basilic améliore la croissance et le goût de la tomate et lutte contre les doryphore et attire les abeilles

Carotte

Choux, ciboulette, haricot, laitue, oignon, poireau, tomate

 

La carotte éloigne les mouches des oignons

Tagète

Concombre, courge, pomme de terre, tomate

 

La tagète éloigne les doryphores et les nématodes (mais attire les limaces)

Belle du jour

 

 

Attire les syrphes qui se nourrissent de pucerons

 

 

 

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