"A
la petite semaine : par extens., sans
id�e directrice ou sans grand projet". Grand dictionnaire Larousse de la
langue fran�aise.
Je
suis un des participants � la revue Interrogations,
mais ce qui suit n'est pas le produit exclusif de la fa�on dont je peux vivre
cette activit�... sans en �tre pour autant ind�pendant. Il s'agit plut�t de
tenter de d�finir les bases du malaise que je ressens depuis quelques mois �
la lecture des �crits de ce que je nommerais pour simplifier le courant
radical1. Je n'entends pas ici donner de le�ons � qui que ce soit. Mon but est
de mettre en �vidence ce qui me semble �tre une d�g�n�rescence d'un courant
de r�flexion auquel je reste attach�. Ceci me semble n�cessaire vis-�-vis :
-
de l'int�grit� des individus participant � ce courant, comme de ceux que ses
positions pourraient s�duire ;
-
de la possibilit� de favoriser une reprise de la r�flexion, se concr�tisant
�ventuellement dans des regroupements issus de ceux existants aujourd'hui ou �
cr�er, et prenant en compte les critiques ci-dessous ;
-
de l'opposition au fait d'apporter notre pierre � l'�dification d'une nouvelle
id�ologie se fondant sur l'aspiration � un "suppl�ment d'�me", un
nouvel �ge marchand.
Il
y a plus de 40 ans,
Dwight Mac Donald proposait dans "The Root is Man"
(publi� dans la revue am�ricaine POLITICS, puis traduit en fran�ais sous le
titre "Partir de l'Homme" dans les cahiers Spartacus) d'abandonner la
vieille s�paration entre gauche et droite (les Progressistes) en y opposant la
cat�gorie des Radicaux. Pour Mac Donald, le mot "radicaux"
s'appliquerait � ceux "qui rejettent la conception classique du progr�s,
jugent des choses en fonction de leur signification et de leur effets pr�sents,
pensent qu'on a exag�r� la capacit� de la science � nous servir de guide
dans les affaires humaines et mettent l'accent, pour r�tablir l'�quilibre, sur
l'aspect moral et politique. Ils pensent, ou plut�t nous pensons, que la
question reste ouverte, de savoir si l'accroissement de la ma�trise de l'homme
sur la nature constitue un bien ou un mal dans ses effets sur la vie humaine �
cette date et nous sommes pour l'adaptation de la technique � l'homme, m�me si
cela signifie -comme cela peut �tre le cas, une r�gression technique, plut�t
que pour l'adaptation de l'homme aux progr�s techniques". Ce projet
recoupait d�j� dans ses grandes lignes celui de ceux � qui je m'adresse ici.
Hier comme aujourd'hui il reposait sur une s�rieuse critique des id�ologies
progressistes dont �taient issus les "radicaux" (marxisme, anarchisme
ou autres) ou qui influen�aient des individus qui auraient pu les rejoindre
dans leur r�flexion. Mais si la critique n'est pas aussi ais�e que veut bien
le dire le proverbe, l'art reste n�anmoins difficile. Et l'art consiste ici,
refusant le sch�matisme des id�ologies, � analyser avec clart� les probl�mes
dans lesquels nous nous d�battons, sans gommer complexit� et contradictions.
Dans
le pass�, la gauche avait conduit au d�gagement d'une extr�me gauche (sur des
positions plus extr�mes mais partant des m�mes pr�misses que la gauche),...
favorisant elle m�me l'�mergence d'une ultra-gauche. Je ne rentrerais pas ici
dans les ruptures de m�me type dans d'autres milieux que je connais moins bien
: anarchisme, �cologie,... Les radicaux contemporains, ceux qui se sont d�gag�s
ces vingt derni�res ann�es de diff�rents milieux, n'ont dans l'ensemble r�ussi
� d�gager ni id�e directrice, ni grand projet, pour des raisons vari�es, par
exemple :
-
la croyance dans le pouvoir du verbe,
h�rit�e d'une certaine tradition intellectuelle incarn�e en particulier dans
le situationnisme, tendant � confondre le clinquant des mots avec la profondeur
de la pens�e. La vacuit� d'un slogan comme "prenez vos d�sirs pour des r�alit�s"
(devenu aujourd'hui mode de vie dans le royaume de France, tant les d�sirs modernes refl�tent bien la r�alit�) en
est un exemple. Dans cette logique, le fait d'�tre incompris est la preuve
absolue du radicalisme, tout comme l'est l'extr�misme verbal. Il me semble,
sans que j'en sois certain, que le succ�s du langage Orwellien2 de 1984 d�coule
chez certains de la m�me logique. �crire La Guerre c'est la Paix est un label
garantissant le pur produit radical, m�me en l'absence de tout projet �
partager avec d'autres.
-
l'�clectisme des sources ayant contribu�
� l'�volution des radicaux contemporains. Les difficult�s des courants d�veloppant
une critique mat�rialiste pour appliquer celle-ci au progressisme � conduit �
rechercher des �l�ments dans des milieux que je qualifierais faute de mieux de
douteux : spiritualistes, �piciers divers de la vie naturelle,... Mais ce n'est
pas toujours sans risques que nous avons �t� amen�s � faire les poubelles,
et le tri peu app�tissant que cela n�cessite n'a peut-�tre pas toujours �t�
fait � fond.
La
critique de l'id�ologie du "mat�rialisme dialectique et historique"
par les radicaux a g�n�ralement bien mis en �vidence en quoi, en bonne fille
du 19� si�cle, elle reposait sur une vision m�caniste et progressiste. Cette
critique ne concerne pas que les (ex)marxistes, un m�me m�cano-progressisme se
retrouvant dans d'autres id�ologies r�volutionnaires (cf. par exemple
Bakounine, La r�action en Allemagne) ou par simple contagion chez nombre
d'individus. Il n'a pas �t� superflu, pour les radicaux de ces derni�res ann�es,
de voir en quoi cette id�ologie aboutissait � une forme d'apologie du
capitalisme. Mais encore fallait-il �galement voir ce qui dans les
"recherches philosophiques" du 19� si�cle correspondait � une
volont� de rigueur dans la r�flexion th�orique. Sans faire de concessions �
leurs �difications de grandes m�caniques historiques, de jeux de poup�es
russes, encore ne faut-il pas abandonner l'apport d'un abord mat�rialiste des
probl�mes. Je crains que les modernes radicaux, soient tent�s de rejeter dans
le mat�rialisme m�caniste plut�t le mat�rialisme que le m�canisme. Je
crains �galement qu'ils constituent une proie facile pour divers charlatanisme3.
Mais qu'est-ce que je nomme charlatanisme ? Le fait dans un but quelconque
(servir une cause ou une id�e, arrondir ses fins de mois,...) de rapprocher des
faits vrais ou vraisemblables sous pr�texte d'apparente similitude ou plus
simplement parce que tout serait li� � tout, et d'en tirer des lois, des
pr�visions, ou toute chose cens�e influer sur la vie des hommes. Prenons des
exemples simples. Celui qui pr�tend que le ciel mythique des astrologues est une
repr�sentation de la r�alit� des constellations est un ignorant ou un
plaisantin. Celui qui pr�sente un lien entre cette fantaisie et le devenir
humain, un d�terminisme, est un charlatan. Et celui qui appui sa critique du
monde, au lieu de rechercher entre les ph�nom�nes des rapports de cause � effet,
sur des liens par analogie et correspondance (sans percevoir la diff�rence entre
corr�lation et causalit�4) voit son sens critique s'inhiber. Par l�,
volontairement ou non, il tend � devenir un charlatan, radical certes mais
charlatan tout de m�me. Ce charlatanisme radical est d'autant plus dangereux
qu'il est � la fois s�duisant et s�curisant. S�duisant, puisqu'il permet de
"montrer" � la demande exactement ce dont on a envie, � la mani�re de f�es de
contes de notre enfance qui proposaient d'accomplir nos v�ux les plus chers.
S�curisant, puisqu'il dispense de vraiment r�fl�chir sur les "choses en fonction
de leur signification et de leurs effets pr�sents".
Il
est bien mort ce socialisme scientifique qui permettait de tout prouver (et le
contraire de tout) puisque "objectivement" et "en derni�re
analyse" les conditions mat�rielles nous contraignaient � �tre ce que
nous devions �tre . Gr�ce au charlatanisme radical, tout est encore possible,
mais ce sont cette fois les lubies des individus qui m�nent le bal, "tout
�tant �gal � tout" et... "tout �tant dans tout".
Je
ne reviendrais pas ici sur l'appel � une domestication de la nature, � une
transformation des esp�ces vivantes non-humaines en choses, dans les id�ologies
r�volutionnaires et plus g�n�ralement progressistes. Encore une fois,
"notre courant" a d�velopp� cette analyse avec brio. Mais cette
critique s'est nourrie d'apports divers, qui ont parfois tendance � l'annexer :
- n�o-paganisme, d'autant plus prompt � ressurgir qu'il est profond�ment
enracin� dans notre culture tant populaire (r�sistance � la
christianisation,...) qu'intellectuelle (po�sie, litt�rature,...). Ce n'est
pas un hasard si certains d'entre nous (� Interrogations) ont (re)d�couvert
Giono. Personnellement, je m'en f�licite... mais le plaisir que je peux trouver
dans l'�crivain et le pacifiste ne me rapproche pas pour autant de son
agnostisme et de son paganisme.
- certains courants de l'ethnologie, qui sont � la base de l'id�ologie
primitiviste. Je suis d�j� venu sur ce point dans ma lettre � Michael W. (Demolition
Derby)5. Les aspects �videmment attrayants de certaines communaut�s
traditionnelles (et non pas primitives !) ont emp�ch� de les consid�rer dans
leur globalit� et en particulier de voir en quoi leur spiritualisme est non
seulement ali�nant mais annonce d'autres ali�nation d�velopp�es par le monde
moderne. Ce point a �t� d�velopp� mieux que je ne saurais le faire dans une
s�rie de textes parus aux USA dans Anarchy. Tout ce mat�riel serait sans doute
� traduire... si quelqu'un trouvait le temps pour le faire ! Je me
contenterais, pour situer le d�bat, d'une citation de Lev Chernyl (dans :
Anarchy et le sacr�, un �change avec le Fifth Estate) :
"Pour
moi, les continuit�s entre la religion et les id�ologies scientifiques sont
plus significatives que leurs diff�rences. Pourquoi ne rejeter l'id�ologie
scientifique que pour embrasser les idioties de la religion, du spiritualisme et
du sacr� ? N'est-il pas clair que vos critiques de la r�ification et du culte
rendu � la technique ne diminuent en rien l'importance d'une critique de la r�ification
et du culte rendu � la nature...
...
Le concept du sacr� est la fondation de toute religion, spiritualisme, id�ologie,
culte, foi, croyance. Il implique logiquement (et in�vitablement)
l'existence du profane. Et ceci quoiqu'il puisse �tre transform� en beaucoup
d'autres dualit�s... bien et mal, esprit et mati�re, dieu et diable... qui
remplissent tous la m�me fonction insidieuse de diviser l'ensemble de l'exp�rience
que nous avons de notre monde naturellement en deux sph�res conceptuelles
arbitraires".
La
d�ification radicale de la nature revient � la limite � tracer un signe �gal
entre tout �tre vivant. Mais si la r�flexion a conduit la plupart d'entre nous
� certains changement d'attitudes (alimentaires par exemples) il faut encore
une fois se tenir � l'abris des charlatanismes... qui fleurissent particuli�rement
bien sur ce terrain. Quitte � choquer certains, je nie en
tant qu'humain qu'il existe une �galit� entre une l�gume, une bact�rie
et un animal ; entre un animal sans syst�me nerveux �volu� et un vert�br�
pourvu d'un cerveau ; entre un virus du SIDA et un fox � poil dur. Je proclame,
comble de l'horreur, que si j'aime voir et approcher des arbres, ce n'est pas
parce que nous participerions � je ne sais quel cosmos6 ou machin-truc ; mais
bien parce que d'une part � un niveau sensible je les trouve beaux, et que
d'autre part je connais leur importance dans l'�quilibre �cologique qui permet
notre survie. J'avoue avoir us� � maintes reprises de d�sherbant pour
combattre des orties avec lesquels je ne me sentais alors nullement en
communion,... et m�me parfois d'insecticides contre quelques uns de nos petits
fr�res ail�s. Et comprenne qui pourra, j'adore les lapins (ce qui ne m'emp�che
pas d'en manger � l'occasion) mais je d�teste les pigeons (m�me aux petits
pois) !
Je
ne veux pas rechercher de rem�de aux frustrations que m'impose ce monde dans la
croyance en un "grand tout" spirituel (la nature, la vie, dieu,...)
qui trancendrait nos soit-disant petits probl�mes d'�tres humains.
"La
religion est le soupir de la cr�ature accabl�e par le malheur, l'�me d'un
monde sans coeur, de m�me qu'elle est l'esprit d'une �poque sans esprit"
(Philosophe allemand du 19� si�cle).
H�me,
Hiver 90-91
1- Simplification toute apparente, le dit "courant radical" �tant malais� � d�finir. Voir � ce propos la d�finition de D. Mac Donald cit�e dans la premi�re partie du texte, ainsi que plus longuement dans LE POINT D'INTERROGATIONS-HIVER 1991/92. On pourrait tenter de le d�finir comme l'ensemble des individus et groupes qui tentent de pratiquer une critique du capitalisme s'attaquant � ses racines et pas seulement � ses injustices les plus criantes. M�me s'ils ne partagent pas un programme de positions d�finies, les "radicaux" rejettent g�n�ralement l'�lectoralisme et le syndicalisme, et remettent en cause le salariat, l'argent et la soci�t� moderne.
2- R�f�rence au roman 1984 de George Orwell, dans lequel les slogans-cl�s de l'�tat et du Parti sont: "La guerre, c'est la paix - La libert� c'est l'esclavage - �tre ignorant, c'est �tre fort". De nombreux textes et tracts reprirent ces slogans comme titres ou intertitres, particuli�rement autour de l'ann�e 1984 puis durant la guerre du Golfe.
3- Pour une partie d'entre eux... je fais plus que de le craindre ! On trouve tout chez les modernes radicaux, de la croyance dans l'horoscope aux pratiques �sot�riques orientales! Cet attrait pour le charlatanisme n'est pas toujours facile � discerner puisqu'il n'est g�n�ralement pas revendiqu� ouvertement. Il ne s'agit pas pour autant de s'�riger en police des esprits, mais tout simplement de rappeler que la lutte pour une pens�e libre et critique a toujours �t� aussi une lutte contre la superstition et la religiosit�. Ce n'est pas parce qu'il para�t que les politiciens et hommes d'�tat sont des clients attitr�s des marabouts et diseuses de bonne aventure qu'il est n�cessaire de les singer ! Tout une r�flexion critique serait sans doute � initier dans ce domaine. La critique de la religion a aujourd'hui �t� pour l'essentiel abandonn�e � des rationalistes bien-pensants, et celle des croyances parall�les a du mal � �chapper au Scientisme. Une certaine r�appropriation de la meilleure part de ces critiques n'est pourtant pas � n�gliger. On consultera � ce propos avec int�r�t les ouvrages parus dans la Collection Z�t�tique (L'Horizon Chim�rique, 7, rue Leyteire, 33000 Bordeaux), en particulier: Incroyable... mais faux (essai critique sur l'obscurantisme moderne) par A. Cuniot, et M�decines parall�les et cancer (modes d'emploi et de non-emploi) par O. Jallut.
4- Le mode de "raisonnement" par analogie ou par co�ncidence n'a rien de bien r�volutionnaire, puisqu'il a �t� depuis ses origines celui de l'occultisme. C'est celui qui essaye de nous faire croire que des individus n�s le m�me jour de l'ann�e auront des caract�res et des destin�es (!) en commun, et plus g�n�ralement que si deux �v�nements se d�roulent en m�me temps l'un d�coule de l'autre (et inversement). On pourrait multiplier les exemples de ces d�ductions � la mord moi le noeud. Un seul suffira: un texte port� � notre connaissance se voulant ultra-radical (en fait ultra-lamentable) sur le SIDA. Suivez bien ! (a) L'une des cons�quences imm�diates de Mai 68 fut la lib�ration et la gratuit� des moyens de contraception et de l'avortement - (b) Les premiers cas de SIDA apparurent � New York au printemps 1979 - Conclusion de (a) + (b): le virus du SIDA a �t� mis au point par l'arm�e am�ricaine pour remoraliser les moeurs - Conclusion de la conclusion: ils ont donc cr�e un antidote ou un contre-poison pour se prot�ger eux-m�mes... donc le vaccin ou le m�dicament anti-SIDA existe. Fin du feuilleton.
5- L'�tiquette "primitiviste" est surtout utilis�e en Am�rique du Nord pour d�signer un courant de pens�e ayant effectu� un critique de la logique du progr�s, de la civilisation, de la modernit�. Ce milieu est tout sauf monolithique, certains th�orisant un age d'or d'avant le langage, d'autres mettant l'accent sur la communaut� et d�fendant les groupes indig�nes pass�s et pr�sents, d'autres encore d�sirant quelque cose de nouveau qui -autant qu'on le sache- n'a jamais exist�... C'est � et ensemble (avec des nuances) que je faisais r�f�rence plus haut dans le texte en parlant de "notre courant". La publication la plus typique de ce type est THE FITH ESTATE qui a influenc� ces derni�res ann�es divers magazines: ANARCHY aux USA, DEMOLITION DERBY au Canada, INTERROGATIONS en France,...
Ma lettre � Michael W., publi�e � la suite de "Petite analyse de la diff�rence..." (Interrogations, d�cembre 1989), cherchait � se d�marquer de cette �tiquette que je jugeais - et juge encore - nuisible � notre r�flexion et � la clart� de celle-ci. Elle se concluait ainsi:
"Notre
vision en est souvent d�form�e, id�alis�e ... tout est bon pour faire travailler
l'imagination. Par contre, si l'imaginaire se choisit un mod�le, une r�f�rence,
tout un monde de possibles se ferme ; il devient m�me difficile de comprendre
ceux qui imaginent diff�remment un autre mode de vie.
Cette r�flexion fut compl�t�e dans une lettre � une amie de THE FIFTH ESTATE, en date du 30 janvier 1990:
"Je ne voulais pas revenir sur le "primitivisme" qui ne me para�t pas une question majeure, mais j'ai l'impression que certaines incompr�hensions persistent:
- je ne critique pas les "primitivistes" (?). En fait je ne pense pas qu'il existe des primitivistes et je regrette simplement que certains acceptent cette �tiquette qui ne peut que masquer leurs vrais refus et leurs vraies aspirations. En r�sum�, je consid�re que l'�tiquette primitiviste est l'ennemie des so-called primitivists qui sont heureusement bien autre chose. Ce n'est donc pas aux individus concern�s que je m'en prend;
- je pense qu'il est aussi ridicule de cataloguer certaines soci�t�s contemporaines non-industrielles comme primitivistes, que comme sauvages, pr�-capitalistes,... Tous ces termes expriment le m�me occidentalo-centrisme;
- je ne me suis pas attaqu� � l'int�r�t port� aux soci�t�s faussement nomm�es primitives (je ne pas pas non plus que l'on puisse les nommer anciennes). Je pense que l'on peut en tirer des enseignements sur le fait que la mentalit� et le mode de vie occidentaux contemporains ne sont pas in�luctables. Mais il faut avoir envers elles le m�me esprit critique que par rapport � notre propre milieu de vie... C'est pourquoi j'avais mis en avant l'exemple africain qui ne me para�t pas identifiable � l'exemple am�rindien (je repr�cise que rien n'indique qu'il existe des tribus primitives en Afrique). Ceci m'�voque une lettre d'un ami vivant depuis des ann�es en Afrique, o� il m'�crit "La philosophie bantou... est je crois un enfer pour des milliers de noirs, englu�s dedans sans avoir une chance de s'en sortir... C'est un enfer au sens propre dans la mesure o�, au Congo par exemple, j'ai vu des gens en souffrir psychiquement et m�me physiquement...".
On pourrait aussi beaucoup dire sur les soci�t�s traditionnelles asiatiques."
6- Dans le langage spiritualiste radical, on ne parle souvent pas de cosmos (le monde, l'univers), pais du Cosmos avec un C majuscule, terme d'autant plus �sot�rique qu'il ne d�signe rien de pr�cis. Je citerais � ce propos les REFLEXIONS SUR L'INDIVIDUALISME (1910) de l'anarchiste Manuel Devald�s: "Nous exprimons, au cours de cet ouvrage, par la capitale � l'article et au substantif, la saintet� des id�es, selon l'esprit des religions mystiques ou positives". Il y a beaucoup de v�rit� dans cette r�flexion et il est bon de la garder � l'esprit face � tout discours sur La Nature ou La Terre, La Science ou le Progr�s.
LIEN AVEC LES SOMMAIRES DE LA REVUE LE POINT D'INTERROGATIONS