J'habite seul avec ma femme dans une cité de la banlieue en Seine Saint D'nis
J'ai pour me tenir compagnie une bande de jeunes, deux dealers et un imam
Pour laisser ma femme protégée très souvent je vais faire les courses, j'rase les vitrines
J'esquive, je me cache et je fuis, à l'occasion je pique aussi un petit sprint
Le travail ne me fait pas peur, ni la famille ni la patrie, j'aime mon pays
Mais mon vrai métier c'est la nuit, je l'exerce en catimini, j'colle des affiches
J'ai un bulletin de vote spécial qui finit en "front national" après surprise
Et dans la salle je vois que les Bobos n'en croient pas leurs yeux - je suis un facho comm' ils disent.
À chaque 1er Mai qui passe on défile entre Français de toutes les classes
On se r'trouve Place de l'Opéra, et là on s'en donne à cœur joie et sans complexe
On déclame des vérités sur des politiciens vendus, on les lapide.
Mais on le fait avec humour, enrobé dans des calembours mouillés d'acide
On rencontre des retardés qui pour épater leurs copains marchent au pas d'l'oie
Singeant ce qu'ils croient être nous et se couvrent, les pauvres fous, de ridicule
Ça tend le bras et parle fort, ça joue les Führers, les ténors de la bêtise
Moi les insultes, les quolibets me laissent froid puisque pour eux - je suis un facho comm' ils disent.
À l'heure où naît un jour nouveau je rentre retrouver mon lot de solitude
J' cache dans l'armoire mon drapeau comm' un patriote étranger dans son pays.
Je me couch' mais ne dors pas, je pense à ma cité conquise par les barbares.
À ce garçon à la casquette qui sans raison a mis le feu à ma voiture.
Les gendarmes n'oseront jamais lui mettre les bracelets au main pour l'enfermer
Car l'objet de tous mes marrons passe le plus clair de son temps à les caillasser
Nul n'a le droit en vérité de me blâmer de me juger, et je précise
Que c'est bien leur système qui est seule responsable si je suis un facho comm' ils disent