Yves Desrosiers

Les cigognes

Le ciel est, ce matin, clair et pur
mais cliquette soudain une armure
Notre terre est saisie d'un bourdon,
et les arbres noircis de goudron
La fumée s'est dressée telle une croix
Les cigognes ont déserté tous les toits.

Les épis sont déjà éclatants
Mais la récolte sera le néant
Quel est donc ce reflet d'or sur les champs
C'est le feu qui les dévore, crépitant
La malheur a dispersé les oiseaux
Souverains, sur les prés, les corbeaux.

Poussièreux les arbres sont trop fourbus
Ceux qui savaient des chansons se sont tus
Et l'amour s'est terré dans nos veines
Ce qu'il nous faut chanter, c'est la haine
La cendre s'est abattue telle une croix
les cigognes ne sont plus sur les toits.

La forêt gronde et crie sa colère
Et gémissent encore la nuit et la terre
Sans miracles, rien à faire, peine perdue
La forêt d'avant-guerre est vaincue
Le malheur les a chassées en effroi
Les cigognes ont déserté tous les toits.

L'air emporte si souvent tant de sons
Mais il ne reste à présent qu'un bourdon
Les sabots claquent en vain sourdement
Et tout cri n'est plus qu'un chuchotement
Les cigognes sont parties aux abois
ne feront plus leurs nids sur les toits.

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