On arriv' tout nu un matin au portiqu'
Parmi tant d'étrangers on est un inconnu
On découvre la vie tout comm' une Amérique
On a soif d'être vieux avant d'avoir vécu.
Et puis on s'aperçoit que d' partir ça sert à rien
Et puis on s'aperçoit que de rester, ça sert à rien
Alors on rest', alors on rest' n'import' où.
On se trouv' un matin, on est deux, face à face
On se trouv' un matin, deux dans le même lit
On découvre l'amour, on lui cède la place
Mais il fait la valis' avant qu'on ait compris.
Et puis on s'aperçoit que d'être deux, ça sert à rien
Et puis on s'aperçoit que d'être seul, ça sert à rien
Alors on fait, alors on fait n'importe-quoi.
On rencontr' un matin quelqu'un qui nous ressemble
Un qui est étranger parmi ces étrangers
On échange des mots et quelques verres ensemble
À cet instant on croit que la vie va changer.
Et puis on s'aperçoit que de parler, ça sert à rien
Et puis on s'aperçoit que de se taire, ça sert à rien
Alors on dit, alors on dit n'importe-quoi.
On se trouv' un matin tout nu devant sa glace
Devant son ombre morte, on est presqu' étranger
On se retourn' un peu, mais le passé nous glace
Et on s'étonn' alors, d'avoir tell'ment changé.
Et puis on s'aperçoit que le passé, ça sert à rien
Et puis on s'aperçoit que l'avenir, ça sert à rien
Alors on meurt, alors on meurt n'importe-quand.