Joe Dassin, descendant d'émigrés
juifs russes... 25 ans déjà

Le 27 août 1980 - 2005

par Russomania

Mort à l'âge de 42 ans, Joe Dassin a donné tout son coeur à la chanson. En retour, il a eu les cœurs de toute une génération. En URSS, on l'aimait follement, sans savoir que cet amour et cette parenté spirituelle ont une raison objective : les grands-parents de Dassin venaient d'Odessa.



Son grand-père était un emigré russe qui avait quitte Odessa parce qu'en Amérique, disait-on, il suffisait de se pencher pour ramasser l'or à pleines mains. Lui est né à New York. Il aimait les hommes, leur histoire, leurs langues et leurs cultures à tel point qu'il avait voulu devenir ethnologue. Il disait en plaisantant : "Dans ma famille, nous sommes polyglottes par force, il a fallu changer tellement de pays." Mais il a préféré s'adresser à ses contemporains dans la langue que tous comprennent : la chanson. Plus de six millions de disques. Le troubadour s'en est allé.

Né sous la protection de la Statue de la Liberté, à New York, le 5 novembre 1938, Joseph Dassin est fils d'une violoniste classique, Béatrice, dite Béa, qui travaille avec quelques grands de la musique classique, notamment Pablo Casals. Son père, Jules Dassin, est passionné par le cinéma.

Assistant d'Hitchcock, après une courte carrière d'acteur, il devient metteur en scène. C'est ce couple uni, dans une Amérique qui va se venger de Pearl Harbour, qui donne deux soeurs à Joseph, Ricky, l'aînée, Julie, la cadette. Le petit Dassin grandit dans un "cocoon", plein d'amour. Jusqu'en 1940, ses balbutiements restent new-yorkais. Puis son père, fasciné par le septième art, décide de s'installer à Los Angeles, entre les studios de la mythique MGM à Hollywood et les plages du Pacifique. Dans cette ville américaine, où l'Asie et l'Europe ont tracé leur frontière, Joseph passe son adolescence jusqu'au jour où...

Le monde bascule. Le second conflit mondial terminé, les accords de Yalta signés, le monde vit les conséquences de la "Guerre froide". Le face à face Est-Ouest. Les USA face à l'URSS, le capitalisme face au communisme. Le sénateur Mac Carthy, dans sa chasse aux sorcières, traque les sympathisants communistes. Jules Dassin, dont la notoriété croît, n'est pas vu d'un bon oeil. Très vite, il est accusé de sympathie pour Moscou. Fini le doux climat hollywoodien. C'est le temps de l'exil pour la petite famille Dassin. Fin 1949, dans la fumée d'un liner transatlantique, Joe voit s'éloigner dans les brumes du paquebot, le sol qui l'a vu naître. Désormais, aucune terre ne sera jamais plus la sienne...

Lorsqu'il découvre la France, Joe Dassin a douze ans.

En 1955, les parents de Joe se séparent. Quand il débarque aux Etats-Unis pour suivre des cours dans l'université d'Ann Harbor (Michigan), il se tourne vers l'ethnologie et le russe.

Le 13 décembre 1963 marque un tournant dans sa vie privée. Ce soir-là, il rencontre une jeune fille Maryse Massiera lors d'une des nombreuses soirées organisées par Eddie Barclay. Le jeune couple fête leurs noce dans un restaurant russe, où Joe finit ivre mort.

1968 : Au studio du 129 Kingsway, chez De Lane Lee Music, l'ambiance est survoltée. On enregistre quatre titres dont une adaptation trouvée en Italie, "Siffler sur la colline" et, un original signé Rivat, "La bande à Bonnot". Quelques jours après, pour les voix, l'excitation est à son comble. Plait pressent un tube. Le 4 mars, les quatre titres sont mis sur le marché en deux simples, presque en même temps.

Le succès de Joe se confirme chaque jour un peu plus, mais il a besoin de transformer son essai, de finir numéro un au hit-parade. Désormais, il est un phénomène social.

1969 : "Les Champs-Elysées" ne sont plus seulement sur toutes les lèvres parisiennes, ils ont conquis l'Hexagone.

1970 : Joe met en boîte, "L'Amérique" et "Cécilia", deux adaptations signées Delanoë. Dès sa sortie, début décembre, l'album s'envole vers des records de vente. Disque d'or en dix jours.

1971 : Alors que le simple de "La fleur aux dents" est mis en vente, le 4 janvier, on remet six disques d'or à Joe. Il n'en croit pas ses yeux.

1973 : L'année commence bien. Comme souvent, sortent, en parallèle, deux nouveaux simples extraits de l'album, "Le moustique" et "Salut les amoureux".

1975 : L'été indien", son plus gros succès, est né.

1976 : En mars, on met en vente un nouveau simple avec "Salut" et "Et si tu n'existais pas", et le succès ne se dément pas. On annonce que Dassin a vendu 20 millions de disques dans toute sa carrière !

1977 : L'album "A toi" et "Le café des trois colombes" ensuite, triomphent dès le mois de janvier.

Juillet 1979 : Joe décolle pour Moscou / URSS. 'En ce bout du monde', il voit, ému, le public russe chanter ses chansons par coeur, même en français.

1980 : Au restaurant "Chez Michel et Eliane" à Papeete, le 20 août à midi, il s'effondre. Crise cardiaque.

Il a été enterré au cimetière israélite de Hollywood, devant le rabbin qui lit la prière des morts et la famille Dassin venue accompagner le cercueil de Joe : ses filles Julie et Richelle, sa belle-mère Melina Mercouri, Jules Dassin. Dans le quartier israélite de Betolan, le cimetière entouré d'un mur blanc et les hautes silhouettes des cocotiers contre le dur azur du ciel. C'est dans un autre quartier de ce même cimetière que reposent Rudolf Valentino, Paul Muni, Douglas Fairbanks, Charlie Chaplin.


Wo man singt, da laßt Euch ruhig nieder

Von der Wiege bis zur Bahre