Techniques de manipulation des masses
Ecole des Cadres de "Synergies-France"
INTRODUCTION
Des premières traces de civilisation jusqu'à aujourdhui, toute entité
politique (état, tribu, groupe) a cherché à obtenir ou à maintenir le pouvoir. Puisquil
y a plusieurs entités avec des valeurs différentes, inévitablement, certains vont
entrer en conflit entre eux cherchant à étendre la grandeur de leur territoire ou à
imposer leur politique. De plus, les dirigeants de létat doivent garder leur
emprise sur la population quils contrôlent et éviter de se faire ravir le pouvoir
par dautres groupes qui pourraient chercher à le prendre.
Une façon de gérer son pouvoir et de chercher à en acquérir plus consiste à
utiliser la force militaire. Une autre approche consiste en lemploi intentionnel
d'action psychologique (McLaurin, 1982). Laction psychologique (psychological
operations ou PSYOPS) comprends toute forme daction planifiée prise pour affecter
la perception ou le comportement dune cible politique choisie sans lusage de
force militaire (Bloom, 1991 ; McLaurin, 1982). Laction psychologique sinscrit
dans le cadre des relations internationales dans la mesure où un état tente dimposer
sa volonté sur un autre état (McLaurin, 1982).
Sun Tzu était un général chinois qui vécut 3 siècles avant J-C. Il écrivit un texte
nommé lart de la guerre. Son texte traitait à la fois de tactique de combat et de
technique dinfluence. Pour lui, " Ceux qui sont experts dans lart de la
guerre soumettent larmée ennemie sans combat. Ils prennent les villes sans donner lassaut
et renversent un état sans opération prolongées. " (p.27 ; voir Volkoff, 1986).
Les préceptes de son texte touchant les techniques dinfluence sont nombreux, en
voici quelques une : discréditer les chefs, désorganiser lautorité, ridiculiser
les traditions, semer la discorde entre les citoyens, perturber léconomie,
répandre limmoralité et la débauche, utiliser les hommes vils et dresser les
jeunes contre les vieux.
Le but de ce texte est de décrire les différentes techniques dinfluence
ainsi que les méthodes utilisées pour les planifier. La première partie consistera en
la description des trois grandes catégories dactions psychologiques (propagande,
désinformation et mesure active) ainsi que certaines de leurs applications. Ensuite, la
deuxième partie consistera en une description des moyens utilisés pour planifier une
propagande ou une désinformation ainsi que pour mesurer les effets de diverses actions
psychologiques.
ACTION PSYCHOLOGIQUE
Comme mentionné précédemment, l'action psychologique (psychological operations)
est définis comme l'utilisation planifiée ou programmée de toutes formes d'actions
humaines non coercitives désignées pour influencer les attitudes ou les actions des
groupes ennemis, neutres ou alliés de manière à servir les intérêts nationaux
(McLaurin, 1982). Il s'agit donc d'affecter les comportements d'une cible par
l'intermédiaire des cognitions ou des émotions. Les actions psychologiques ont pour but
soit de changer les perceptions des dirigeants ennemis sur nos intentions, soit de
modifier les attitudes de la population et des soldats ou soit de supporter des mouvements
qui suivent les intérêts de l'acteur. La cible des actions détermine si celles-ci ont
un caractère offensif ou défensif (McLaurin, 1982). Lorsque les destinataires sont
étrangers l'action est dite offensive alors que lorsque l'action est dirigée vers sa
propre population elle est dite défensive (Durandin, 1993). Son utilisation n'est pas
seulement en temps de guerre, ce qui tend à nuancer les définitions classiques de
guerres et de paix (McLaurin, 1982).
Bloom (1991) donne 7 raisons rendant les actions psychologiques plus avantageuse que
l'usage de la force pour atteindre des objectifs :
· elles
sont moins dispendieuses,
· elles
permettent d'atteindre un plus grand nombre d'objectifs,
· toutes
actions ou situations ont des significations psychologiques qui peuvent être utilisées
par les actions psychologiques,
· la
population est peu favorable à l'usage de la force et les actions psychologiques
deviennent un moyen populaire d'imposer ses politiques,
· les
dilemmes de sécurité sont des phénomènes psychologiques qui peuvent avoir plus d'effet
sur les actions de l'antagoniste qu'une démonstration de force,
· les
actions psychologiques permettent d'atteindre des objectifs sans perte de vie et
· les
actions psychologiques peuvent être implantées sans que la cible s'en aperçoive.
Bloom
(1991) distingue deux types d'actions psychologiques : la propagande et les mesures
actives. Pour ce travail la désinformation a été considérée comme un troisième type
d'action psychologique car elle peut servir à la fois à appuyer la propagande et les
mesures actives, mais aussi être une opération en elle même. En temps de guerre, ces
trois actions peuvent venir à se confondre et la délimitation entre les trois devient
nébuleuse.
LA PROPAGANDE
La propagande est définie par Linebarger (1972) comme n'importe quelle sorte de
communication sans moyen violent utilisé pour modifier l'opinion, l'attitude, les
émotions ou les comportements de n'importe quel groupe dans le but de favoriser
l'utilisateur (militaire ou non) directement ou indirectement. Pour Bloom (1991), il
s'agit de stimuli (signe et symbole) qui transportent un message via un média de
communication. La plupart des techniques de propagandes actuelle se sont développé aux
cours des deux guerres mondiales (Jowett, 1987)
Bien que les méthodes de propagandes et de publicité tendent de plus en plus à se
ressembler (études de marché, population cible, etc..), Durandin (1993) la distingue de
la publicité par le seul fait qu'elle porte un message politique, idéologique ou
d'intérêts publics plutôt que commercial et qu'elle laisse moins de place aux "
free will " pour se manifester.
Selon Durandin (1993), la propagande utilise des informations pour exercer une
influence sur les attitudes. Ces informations visent à amener une modification du
traitement de l'information chez l'individu afin de lui faire percevoir la réalité
autrement (Durandin, 1993). Le propagandiste espère modifier la conduite à partir de ce
changement de perceptions ou d'opinion. (Durandin, 1993) La propagande a pour but
d'exercer une influence sur l'individu ou sur un groupe soit pour le faire agir dans un
sens donné ou soit pour le rendre passif et le dissuader de s'opposer à certaines
actions (Durandin, 1993). Par sa dépendance envers des informations, la différence entre
la désinformation et la propagande est mince.
Bien que pour Bloom (1991) le message véhiculé doit être véridique en majeure
partie, le propagandiste peut ajouter de la désinformation à sa propagande soit en
ajoutant/inventant des informations confirmant sa thèse ou soit en cachant des
informations qui infirme sa thèse. Par contre la propagande se distingue de la
désinformation par le fait qu'elle n'est pas toujours mensongère. En effet, dire la
vérité est souvent plus simple que de mentir. De plus, selon McLaurin (1982), cela
permet de garder la confiance de sa population et de réduire la méfiance de
l'antagoniste. D'autre part, la désinformation a l'inconvénient de faire perdre toute
crédibilité à l'émetteur si le mensonge est exposé au grand jour.
Suite à l'usage qu'en ont fait Hitler et Staline, la propagande possède maintenant
une connotation négative. Certains auteurs (par exemple Fuller, 1920 ; voir McLaurin
1982) la décrivent comme étant une corruption de la raison humaine, un minage de
l'intellect, une désintégration du moral et de la vie spirituelle d'une nation par la
volonté d'une autre. Il n'empêche néanmoins que l'utilisation de propagande est encore
très contemporaine ( message d'intérêts publics sur les paquets de cigarettes, message
de Patrimoine Canada, etc.).
MODELES
Modele de Tchakhotine
Tchakhotine (1952, voir Volkoff, 1986) en s'appuyant sur la théorie des réflexes
conditionnés de Pavlov, ainsi que sur une classification des pulsions humaines a analysé
les mécanismes de la manipulation propagandiste. Selon lui, d'une manière générale, le
succès de la propagande dépend de l'habileté du propagandiste à associer un des
thèmes qu'elle développe à une des quatre pulsions majeures de l'être humain
(agressivité, satisfaction matérielle, désir sexuel, amour parental ). L'individu
soumis à ces pulsions agirait de façon inconsciente conformément à ce qui lui a été
dicté. En étudiant les différentes entreprises de propagande, Tchakhotine fut amené à
remarquer l'importance de l'utilisation judicieuse des symboles psychologiques (hymnes,
logo, etc.) qu'il considère comme la clef de la propagande. Les symboles fonctionnent non
seulement comme un signe de reconnaissance entre individus se réclamant d'une même
communauté de pensée, mais aussi comme stimulus conditionnel . Les exemples de
propagande ayant recours à un symbole sont extrêmement nombreux . Le symbole frappe et
suggère sans informer, il fait appel à l'émotivité. De plus, selon cet auteur, environ
10% de la population (les " actifs ") ne serait pas susceptible a être
influencé par la propagande. Pour convaincre ces " actifs " le propagandiste
devrait développer des arguments très forts. Par contre, il note que 90 % de la
population sont susceptibles à la propagande (les passifs) et que cela est amplement
suffisant pour atteindre une majorité.
Propagande fasciste
Clyde Miller (voir Vorkoff, 1986) a établit des lois concernant le bon déroulement de la
propagande fasciste:
1- suggérer la peur et faire ensuite entrevoir la possibilité d'atteindre la sécurité
par les actions suggérées,
2- mettre les nouvelles idées en relation avec des idées qui leur sont coutumière pour
les faire accepter par les masses,
3- avoir un nombre relativement restreint de formules tranchantes et concises afin qu'ils
deviennent des symboles,
4- sans cesse exposer la population à la propagande,
5- appuyer la force à la propagande pour empêcher les autres idées de s'exprimer,
6- employer l'exagération et
7- adapter la propagande en fonction de l'auditoire auquel ont s'adresse.
Bien que ce type de propagande soit de moins en moins influent à cause des nouveaux
moyens de télécommunication, il est intéressant de noter qu'en Italie, présentement,
Silvio Berlusconi du parti Forza Italia (voir Almeida, 1995) emploie une bonne majorité
de ces techniques pour faire valoir sont parti politique.
Les propagandes varient en fonction de leurs cible. Les propagandes stratégiques
sont celles qui visent les populations civiles (McLaurin, 1982). C'est la vision
traditionnelle de la propagande. Les propagandes tactiques sont celles qui s'adressent à
un auditoire militaire (McLaurin, 1982).
PROPAGANDE STRATEGIQUE
La propagande stratégique (ou guerre politique) concerne les stratégies de
communication et de politique nationale ayant pour but de faire la promotion à la
population adverse ou alliée que leurs intérêts sont mieux servis avec le pays
(McLaurin, 1982). Les objectifs de cette forme de propagande visent à influencer les
individus des populations qui ont des attitudes moins extrémistes (les passifs de
Tchakhotine) et dont leurs actions peuvent faire une différence (McLaurin, 1982). Les
objectifs de la propagande stratégique sont généralement à long terme (changer les
attitudes des individus). Elle peut s'allier à la désinformation quand elle tente
d'exposer au maximum ses forces, de cacher ses faiblesses et de faire croire que les
intérêts du pays vont en fonction du bien-être de l'humanité (Lerner, 1972).
Pour modifier les attitudes à un niveau défensif, le propagandiste expose les
avantages de sa politique étrangère tout en cachant ses inconvénients (Lerner, 1972).
Les messages transmis visent à influencer l'opinion publique de son pays soit pour
justifier les actions du gouvernement, soit pour augmenter le moral de la population ou
soit pour favoriser l'appui de la population envers le gouvernement (Lerner, 1972). Afin
d'acquérir la vertu et donc le support de sa population, il est important de faire
percevoir à celle-ci que les ennemis sont soit des sous-humains, soit le mal incarné ou
soit normal, mais mal dirigé (Linebarger, 1972). Le gouvernement peut désinformer la
population avec l'aide de la propagande pour :
1- éviter de renseigner l'ennemi ou de désinformer l'ennemi par le biais des
renseignements donnés à notre population,
2- ne pas démoraliser la population en leur donnant de mauvaises nouvelles,
3- ne pas réduire la production en leur donnant de trop bonnes nouvelles (" ça ne
sert plus à rien de se forcer, on gagne ") et
4- pour cacher les crimes de guerres ou les actions moins honorables (Durandin, 1993).
Dans sa version offensive, ce type de propagande permet d'améliorer le succès
d'une campagne militaire en brisant la volonté de résister d'une population sans tout
détruire dans le pays (Lerner, 1972). Les messages visent à délégitimer les actions de
leur gouvernement, baisser le morale et réduire les appuies de la population envers le
gouvernement antagoniste (Lerner, 1972). La population ennemie est une cible intéressante
car
1- elle influence l'élite aux pouvoirs,
2- elle est le moteur principal de production,
3- elle peut supporter des groupes subversifs au pouvoir établi et
4- elle soutient le moral des soldats en permission (Lerner, 1972).
En aucun cas une propagande ne sera efficace si on attaque l'idéologie d'un
système car c'est ce qui donne un sens à la réalité de la masse (Linebarger,1972).
Plus un régime est dictatorial, plus il contrôle les communications et moins il tolère
que d'autre idéologie soit discutée (Volkoff,1986). Il est important que la propagande
ne soit pas trop loin de la construction que la population s'est faite de la réalité
(McLaurin, 1982). De plus, pour éviter que les actions coercitives fassent mauvaise
publicité, le propagandiste peut affirmer que le conflit n'est pas contre la population
mais contre ses dirigeants (Lerner, 1972). Ce processus amène une dissociation
population/élite qui divise la société en plus de provoquer des doutes sur leur
dirigeant.
Les propagandes stratégique se classifient aussi selon le degré auquel leur source
est cachée (Volkoff,1986 ; Durandin, 1993). La propagande blanche est celle qui ne cache
pas son origine, tandis que la propagande noire cache son origine et ment quant à la
provenance des informations. La propagande blanche est généralement plus efficace en
temps de paix, mais en temps de guerre les populations adverses sont plus méfiantes des
" propagandes " provenant de d'autres pays. En temps de guerre la propagande
noire est beaucoup plus vraisemblable car la population croit que les messages proviennent
de source sure et amie (Durandin, 1993). Par contre, Volkoff (1986) affirme que la
propagande noire n'est pas sans désavantage :
1- elle prend du temps à devenir efficace car le propagandiste doit établir sa
crédibilité,
2- elle risque de désinformer son propre coté et
3- si découvert, ce type de propagande perds toute crédibilité.
Il est important pour se rendre crédible, dans ce type de propagande, d'affirmer
plus de vrai que de faux (Durandin, 1993). La propagande noire sert souvent à propager de
fausses informations et se rapproche donc énormément de la désinformation.
PROPAGANDE TACTIQUE
Bien que toute action militaire provoque des réponses psychologiques ( affect de
peur, baisse de morale, stress, etc.) intentionnellement ou non , il ne s'agit pas de
propagande tactique (McLaurin, 1982). La propagande tactique ou guerre psychologique
implique toute forme de communication utilisée pour faire support aux combats et pour
modifier le rapport de force par son influence sur les esprits (McLaurin, 1982). Elle
supporte soit en:
1- informant l'adversaire sur les procédures à suivre pour se rendre ,
2- augmentant l'impact des armes puissantes,
3- baissant le morale des troupes en faisant croire la défaite inévitable,
4- supportant les partisans alliés,
5- instiguant du stress ,
6- contrôlant les civils (n'allez pas sur la plage, il y a des combats) et
7- en contre-attaquant la propagande ennemie en affirmant que s'ils se rendent, les
soldats seront bien traités (McLaurin, 1982).
Les objectifs ciblés par une telle pratique sont à court terme, ils ne visent pas
un changement d'attitude et, de plus, ils peuvent dans certains cas être en contradiction
avec les objectifs politiques (McLaurin, 1982).
Ce type de propagande s'adresse obligatoirement à un auditoire hostile, donc Katz (
voir McLaurin,1982) affirme que la propagande doit être véridique afin d'éviter de
perdre toute crédibilité suite a de fausses affirmations. De plus, elle doit être
employée conjointement avec l'usage de la force car seul, elle est inutile (Katz, voir
McLaurin, 1982). Son usage est limité aux moments victorieux car le message n'a aucune
crédibilité si les soldats croient qu'ils ont l'avantage au combat. Katz ( voir
MacLaurin, 1982) suggère d'éviter le ridicule car il n'y a pas de place à l'humour au
front. Il propose aussi de ne pas teinter le message de saveur idéologique car
l'idéologie a peu d'impact dans une situation de survie. Il affirme aussi que les
messages essayant d'instiguer la peur sont inefficaces envers des militaires car ceux-ci
sont entraînés à contrôler leur peur. Par contre, ils seraient très utiles face à
des civils.
LA DESINFORMATION
La désinformation est la technique la plus complexe, mais aussi la plus difficile
à classifier. Elle peut être utilisée comme action en soi ou comme support à une autre
action que ce soit de manière offensive ou défensive. Ce concept provient du mot russe
dezinformatzia qui signifiait dans l'encyclopédie russe de 1947 (voir Durandin, 1993)
" l'utilisation de la liberté de presse pour manipuler les masses " (p.17).
Montifroi (1994) la définit comme l'usage délibéré de l'information dans le but de
fausser la perception de la réalité pour la cible. Elle vise soit à tromper
l'antagoniste ou à influencer l'opinion publique soit en amenant la cible à comprendre
certaines croyances qu'ils auraient autrement en aversion ou soit pour revendiquer un
mensonge comme véridique(Montifroy, 1994). Pour Durandin (1993) il s'agit d'un mensonge
organisé dans l'intention de tromper la cible en faveur de la politique étrangère de
l'émetteur à une époque ou les moyens de diffusion de l'information sont omni-puissant.
Vorkoff (1986) pousse plus loin en affirmant que toute information a une teneur en
désinformation par ce que l'individu est incapable d'atteindre l'exactitude dans ses
perceptions et que chaque individu possède une appréciation relative de l'importance des
choses. Une information possède deux éléments : le contenu de l'information et sa
source. Il y a mensonge, et donc désinformation, quand un de ces deux éléments manque
d'intégrité (Durandin, 1993).
La désinformation comme action vise principalement l'opinion mondiale et/ou
l'opinion d'une population par l'utilisation de média de masse, mais pas les dirigeants
(Volkoff , 1986). La manipulation des dirigeants se fait par l'entremise de l'opinion
publique (Durandin, 1993). La désinformation comme support vise à renforcer l'effet des
autres actions psychologiques soit en augmentant leur impact ou soit en favorisant leur
caractère clandestin. Il est important à noter que la désinformation peut aussi être
utilisée pour un bien commun .
LES SIGNES
Les désinformations peuvent se classer (Durandin, 1993) par des procédés différents
constitués des trois catégories suivantes : le signe, l'opération et les canaux : Les
signes
Il peut y avoir plusieurs signes que l'on montre à la cible pour faire une
désinformation : les paroles orales ou écrites, les images (photographies et films), les
faux phénomènes, les fausses actions (manifestations prétendues spontanées) et les
faux documents (contrefaçon). Si plusieurs signes différents qui s'accordent pour
décrire le même mensonge l'effet de la désinformation augmente. Durandin (1993) note
deux sortes de mensonges : tactique (mensonge visant modifier directement la conduite
d'une cible) et médiatique (mensonge visant à modifier la conduite par l'intermédiaire
de son image publique).
En plus de pouvoir présenter les mensonges en information factuelle, l'existence de
mots fait croire à l'existence de chose, donc par le langage on peut instiguer un
jugement d'existence et de valeur (Durandin,1993) . Trouver des mots qui portent est plus
important que de transmettre des données objectives.
Le double langage est une sorte de désinformation qui utilise le langage comme
signe. Il consiste à dire deux choses différentes à deux groupes différents à propos
d'un même problème soit en isolant les deux destinataires ou soit en gardant la vérité
qu'aux cadres de haut niveau (Durandin, 1993).
Le trucage des photos a été pendant longtemps très complexe et la photo devint un
moyen très fidèle pour représenter la réalité. Par conséquent, elles sont devenues
des instruments très vraisemblables pour faire croire une fausse réalité (Durandin,
1993). Aujourd'hui, avec les moyens d'infographie actuelle, toutes photos ou tous films
peuvent être manipulés de n'importe quelle façon.
L'utilisation de faux document se fait soit en cachant/détruisant/substituant des
documents ou en créant des faux documents ou en falsifiant les documents existants
(Durandin, 1993). Les " faux faux " consistent à créer un faux document, le
" découvrir " et ensuite en attribuer la provenance chez l'adversaire
(Durandin, 1993). Un autre " faux faux " consiste à déformer sa signature de
façon à se laisser une porte de sortie ( " Ceci n'est pas ma signature ") si
la situation devient désavantageuse (Durandin, 1993). L'utilisateur peut en faire soit un
usage tactique (influencer le comportement de l'antagoniste) ou médiatique (nuire à la
réputation de la cible) (Durandin, 1993).
LES OPERATIONS
Les opérations constituent les diverses façons d'altérer la représentation de la
réalité. Elle sont fonction du choix que le désinformateur fait des éléments à
montrer ou non et fonction de sa thèse (Durandin, 1993). Ce dernier peut soit réduire
des éléments (omission de faits, négation, minimisation ou suppression de trace), soit
mettre en valeur des éléments (exagération, exhibition) ou soit faire une combinaison
des deux (exagérer l'importance de certains faits et en omettre d'autres). S'il manque
des éléments pour soutenir une thèse, le désinformateur peut en inventer. L'omission
est l'opération la plus facile car il ne soulève pas de contradiction (Durandin, 1993).
La surprésentation est une technique donnant l'illusion de participer à
l'activité et pouvoir faire quelque chose à la situation. Il suffit de présenter un
maximum d'informations (souvent en direct) superflues afin de masquer les informations
importantes (Durandin, 1993). Cette technique est abondamment utilisée sur CNN, et fut
l'une des désinformations principales de la guerre du Golfe (Durandin, 1993) avec le
contrôle des journalistes (McCormack, 1995) et des informations diffusées (Rakos, 1993)
LES CANAUX
Les canaux sont les moyens utilisés pour transmettre la désinformation. Certains
canaux visent la population dans son ensemble, tandis que d'autres ciblent des groupes
spécifiques (Durandin, 1993). Les canaux qui touchent la population dans son ensemble
sont : les médias de masses (presse, radio, films, télévisions, etc.), les
communications informelles (rumeur, conversation), les organisations de masses (ONG,
groupes communautaires), manifestation culturelle (fête, sports) ou des mouvements de
masse ( mouvement écologique, pacifique, etc.). Les canaux qui ciblent des groupes
spécifiques sont des périodiques spécialisés, des organisations professionnelles
(congrès, etc.), des signes prétendus confidentiels, personnes influentes ou des agents
d'influence (membre des services de renseignement). Les destinataires peuvent être
atteint par plusieurs canaux ce qui augmente la crédibilité de la désinformation
(Durandin, 1993).
En plaçant les actions psychologiques sur un continuum partant d'un extrême
communication (propagande) et de l'autre un extrême opération directe (mesure active).
L'usage des médias de masses à des fins de désinformation transpose celle-ci aux
limites de la propagande tandis que l'usage d'agent d'influences aux limites des mesures
actives. Les médias sont considérés par tous les auteurs comme une cible de premier
choix pour la désinformation à des fins offensives ou défensives (Durandin, 1993 ;
Volkoff, 1986 ; Montifroy, 1994). L'utilisation de journalistes est utile car :
· ils
n'ont pas toujours le temps de vérifier leurs sources à cause du milieu extrêmement
compétitif de leur emploi,
· ils
sont facilement influençables (chantage, corruption),
· ils
sont crédibles et
· ils
ont accès à de vastes moyens de diffusion (Durandin, 1993).
Cette
situation est le propre des sociétés permettant la liberté d'expression. Les sociétés
ne laissant pas cette liberté sont à toute fin pratique immunisées contre la
désinformation offensive (Volkoff, 1986). Les journaux peuvent être un moyen de
désinformation en temps de paix soit :
· en
imitant un journal existant contenant de fausses nouvelles,
· en
créant ou achetant un journal afin de présenter sa vision des choses,
· en
subventionnant secrètement un journal,
· en
utilisant des agents d'influence sur un journaliste ou
· par
l'entremise de publi-propagande payée dans un journal à grand tirage (Durandin, 1993).
Les
ondes radios ne sont pas soumises aux frontières entre les états. La désinformation
peut se faire :
· en
émettant à partir d'un poste radio d'un autre pays,
· en
utilisant une onde très proche d'une station existante ou
· en
achetant une radio existante en temps de paix (Durandin, 1993).
En temps de guerre la radio peut servir à démoraliser l'adversaire
· en
lui donnant de fausses mauvaise nouvelle,
· en
excitant les ennemis de nos ennemis ou
· en
donnant de vraies informations militairement tactiques pour ensuite donner de fausses
informations afin de tendre une embuscade (Durandin, 1993).
Ce
type de diffusion est associé à la propagande noire. Aucun poste de télévision n'a
été jusqu'à ce jour considérer noir, par contre le contenu de certaines émissions
aurait put être influencé par certains agents occultes (Durandin, 1993).
L'acteur désinforme dans un journal ou une radio soit:
·
en
ne présentant que des nouvelles fausses pour lesquelles l'auditeur ne peut vérifier,
·
en
sélectionnant que des nouvelles allant dans le sens de ses intentions,
·
en
mélangeant des informations véritables et des informations fausses,
·
en
" commentant " des informations vraies,
·
en
exposant des nouvelles vraies avec des preuves concrètes dans un contexte qui en changent
le sens,
·
en
grossissant et défigurant les informations vraies afin de susciter des sentiments forts
chez les auditeurs,
·
en
donnant une répartition inégale de la longueur et de la qualité des informations,
·
en
habillant une information fausse avec un fait réel et
·
en
donnant l'information sans conclusion de façon à ce que l'auditeur fasse lui-même la
conclusion qui s'impose (Durandin, 1993). Remarquez que certains journalistes utilisent
ces techniques pour présenter leurs points de vue sans que cela paraisse.
OBJETS DE LA DESINFORMATION
La désinformation peut porter sur les faits, les intentions, les opinions, les
valeurs ou sur les croyances/idéologies : Les faits touchent ce qui peut être observé
par plusieurs personnes, que ce soit des comportements ou des situations. Plus les faits
sont difficiles à connaître, plus il est facile de les déformer et moins il y a de
témoins, plus le fait est propice à la désinformation (Durandin, 1993). Les
événements passés et historiques sont donc facilement manipulés. Voici quelques moyens
simples de tromper une cible avec des faits (Durandin, 1993):
·
Imaginer
le futur à la place de la cible : le désinformateur peut présenter une possibilité du
futur comme un fait afin d'aviver l'espoir ou pour créer de l'angoisse.
·
Présenter
des faits dans un format scientifique sans avoir de contenu scientifique est un moyen
d'augmenter sa crédibilité en désinformant.
·
Utiliser
des estimations pour démoraliser l'ennemi à propos de ses performances
Affirmer
des bases idéologiques comme des faits pour donner raison à nos actes
Volkoff (1986) note que la vérité n'est pas toujours vraisemblable et que le mensonge a
souvent une apparence plus véridique que la vérité. Une intention est un objet qui peut
être facilement dissimulé particulièrement si elle est un projet d'agression (Durandin,
1993). Les moyens de cacher ses intentions sont simples : 1- ne pas en parler, 2- utiliser
des termes vagues de façon à provoquer plusieurs analyses possibles, 3- faire semblant
de respecter les valeurs d'autrui et 4- faire de faux plans pour ensuite les laisser
" découvrir " par son antagoniste (Durandin, 1993).
Le désinformateur peut mentir sur une croyance, une valeur ou une idéologie en faisant
semblant d'y adhérer ou de la respecter afin de s'en servir comme couverture pour
parvenir à ses fins . De plus, les croyances ésotériques peuvent servir à faire des
prédictions qui seront perçues comme des faits et qui renforceront le discours.
LES MESURES ACTIVES
Les mesures actives comprennent toutes opérations directes visant à influencer les
récepteurs (Bloom, 1991). Elles sont habituellement clandestines et exécutées par des
services de renseignements (Bloom, 1991). Ces mesures peuvent être des assassinats, de la
diplomatie coercitive , du chantage sexuel sur l'élite étrangère, du terrorisme, du
soutien financier de partis politiques en dehors du pays, d'infiltration d'organisation de
masses , de formation de spécialistes (guérilla/antiguérrilla), de sabotage ou d'aide
international (Bloom, 1991).
Plusieurs de ces actions sont très coercitives par nature (par exemple un
assassinat) et se trouvent à la limite de l'usage de la force militaire et de l'action
psychologique. Ces mesures sont incluses comme actions psychologiques car elles visent une
modification de comportements de la part de la cible (individu ou groupe) et non pas sa
destruction pure et dure. L'assassinat d'un journaliste dans un pays se fait pour
empêcher que les journalistes parlent d'un événement sous peine de mort et non pas dans
le but qu'il arrête d'écrire. L'assassinat ne s'adresse pas à la victime mais à tous
ceux qui sont similaires à elle. Il est bon de noter que ces mesures plus coercitives
sont le fruits d'états n'étant pas démocratiques.
Plusieurs de ces actions sont supportées par la désinformation (cacher la source
des actions ou les traces), par contre, les mesures actives n'utilisent pas
obligatoirement le mensonge. L'assassinat d'un journaliste pour ne pas que les autres
parlent ne contient pas de désinformation dans la mesure où l'état ne cache pas la
source de ses actions. Un assassinat sur un journaliste dans un autre pays, que les
instigateurs déclarent provenant d'un autre groupe contient de la désinformation.
Assassinat et intoxication
Assassinat
Un assassinat comme mesure active peut servir à :
·
renforcer
la perception des capacités militaires et de la volonté politique d'un groupe
paramilitaire ou rebelle,
·
tuer
clandestinement certains de ses alliés pour ensuite condamner publiquement les "
massacres " de son adversaire et ainsi prendre du capital politique,
·
induire
la peur à une élite scientifique ou corporative pour les empêcher de collaborer avec
l'adversaire,
·
assassiner
un média afin de forcer les autres journalistes à ne pas aborder une question du
problème et
·
dans
une dictature, utiliser l'assassinat pour instiguer la peur et maintenir le pouvoir
(Bloom, 1991).
L'intoxication
L'intoxication (ou désinformation tactique) est une autre forme de mesure active
qui consiste à implanter de fausses informations dans les services de renseignements
ennemis par l'entremise d'un intoxicateur (généralement un agent double) (Volkoff,
1986). Cette mesure consiste à faire croire aux dirigeants ennemis ce qu'il faudrait
qu'il croit pour courir à sa perte soit sur le plan politique ou sur le plan militaire
(Durandin, 1993). L'intoxication la plus efficace fut faite par les nazis envers Staline
(Durandin, 1993) avant la deuxième grande guerre, en lui laissant croire que la majorité
de l'état-major russe conspirait contre lui. Plus de 80 % des hauts gradés russes furent
fusillés avant la guerre.
La subversion
La subversion est une action qui regroupe l'ensemble des moyens psychologiques ayant
pour but le discrédit et la chute du pouvoir établi sur des territoires politiquement ou
militairement convoités (Volkoff, 1986 ; Durandin, 1993). Elle vise à susciter un
processus de dégénération de l'autorité pendant qu'un groupe désireux de prendre le
pouvoir s'engagera dans une guerre " révolutionnaire " (Mucchieli, voir
Volkoff, 1986). Un état peut utiliser la subversion afin de créer le chaos dans un pays
étranger soit pour des raisons politiques ou militaires . Elle est la base du terrorisme
et de la guérilla.
Les objectifs de la subversion sont : 1-démoraliser la population et désintégrer
les groupes qui la composent, 2- discrédité l'autorité et 3- neutraliser les masses
pour empêcher toute intervention générale en faveur de l'ordre établi (Mucchieli, voir
Volkoff, 1986). La subversion utilise les médias de masses pour manipuler l'opinion
publique par l'entremise de la " publicité " que les nouvelles lui accordent
après des actions spectaculaires (Mucchieli, voir Volkoff, 1986). Cette publicité
survient car elle provoque chez l'auditeur un changement perceptuel envers les
antagonistes comme une forme d'identification à l'agresseur (Mucchieli, voir Volkoff,
1986). Les autorités sont perçues de plus en plus faibles et irresponsables, tandis que
les agents de subversion paraissent plus puissants et plus convaincus de leur cause
(Mucchieli, voir Volkoff, 1986). L'opinion publique vacillera un jour du côté des agents
subversifs . Sans oublier que les groupes subversifs peuvent utiliser la désinformation
et la propagande dans les journaux et les radios leur appartenant pour renforcer la
manipulation de l'opinion publique.
De plus, pour atteindre des groupes clefs, les agents subversifs peuvent utiliser
plusieurs techniques en plus de la manipulation des médias de masse: 1- intensifier les
revendications légitimes, les besoins ou l'idéologie des groupes désignés, 2- forcer
un sous groupes se présentant comme le champion des intérêts du groupe (modèle) à
faire des actions directes, 3- mobilisation du groupe s'il y a attaque perpétrée contre
un membre du groupe et finalement, 4- la technique provoquation-répression-appel à
l'unité contre la répression (Mucchieli, voir Volkoff, 1986). Cette dernière technique
se fait en quatre temps : 1 acte de brigandage pour forcer l'autorité à être
répressive, 2- répression de l'autorité que l'acteur doit faire percevoir comme une
menace collective pour le groupe, 3- augmenté le niveau de violence des actions afin
d'augmenter la répression de façon circulaire et 4- appel au front commun contre la
répression en culpabilisant l'autorité et en justifiant les actes de brigandages du
départ (Mucchieli, voir Volkoff, 1986).
LA PLANIFICATION D'ACTION PSYCHOLOGIQUE
La planification est un aspect essentiel de toute action psychologique. Les actions
doivent avoir des objectifs précis. La prochaine section aborde les méthodes de
planification de propagande et de désinformation, les mesures d'efficacités des
propagandes et les facteurs à considérer lors de l'élaboration de propagande et de
désinformation. Aucune des sources consulté ne parlait de planification de mesures
actives.
La première étape à toute action psychologique est la recherche de renseignement
(McLaurin, 1982). Celle-ci peut se faire grâce à des techniques de recherche de marché
(sondage d'opinion, etc.), entrevue, interrogatoire ou de l'analyse de contenus de
documents. Ces techniques peuvent provenir de sources d'information variées : des
renseignements humains (prisonnier de guerre, civil ennemi ou allié, réfugié), de
renseignements électroniques (écoute électronique, interception de données
informatiques), des documents capturés, des experts ou par une revue de littérature
(rapport de renseignement, périodique/livres, propagande ennemie, média de masse,
études spéciales) (McLaurin, 1982). La recherche de renseignement vise à : 1- définir
les audiences clefs dans une population, 2- évaluer les attitudes et les motivations des
gens, 3- analyser les vulnérabilités d'audience spécifiques et 4- déterminer le
meilleur moyen d'atteindre ses objectifs (McLaurin, 1982).
La deuxième étape d'une propagande consiste à choisir le contenu du message, les
moyens de communications et les techniques utilisées en fonction des objectifs, de la
situation et de l'audience ciblée (McLaurin, 1982). Il est important que le contenu du
message soit cohérent avec ce que les gens croient (Lerner, 1972). La troisième étape
consiste à planifier la logistique nécessaire et à transmettre la propagande (McLaurin,
1982).
Le propagandiste doit tenir compte de plusieurs facteurs pour élaborer son message.
Ce dernier doit : 1- attirer l'attention, 2- être compréhensible par la cible, 3- ne pas
l'offenser, 4- activer des besoins individuels et fondamentaux et 5- proposer une réponse
pour une collectivité car les comportements sont fortement influencés par son rôle et
son groupe de pairs (McLaurin, 1982). Les facteurs de persuasion sont les mêmes qu'en
publicité : 1- la source doit être crédible, prestigieuse et/ou similaire à la cible ,
2- le contenu dépend des objectifs, mais il doit être semblable aux attitudes de la
cible , 3- de façon générale, les masses médias sont plus efficaces et 4- l'audience
cible doit être celui ayant les attitudes les moins prononcées (Bloom, 1991 ; McLaurin,
1982).
Pour pouvoir faire une désinformation, il faut tout d'abord que les renseignements
obtenus démontrent que les cibles sont susceptibles a être affectée par une
désinformation. Cette susceptibilité provient de : 1- une cible apte à être
déformée, 2- un état d'esprit dans la population ou chez les dirigeants tel qu'il
acceptera la désinformation comme légitime, 3- une désinformation qui doit correspondre
avec leur préconception de la réalité ou leur mode, 4- avoir des canaux de
désinformation crédible et bien établis et 5- la cible doit être convaincue que le
désinformateur ne peut pas l'atteindre (Montifroy, 1994).
Pour les services de désinformations Tchécoslovaques (Bittman ; voir Volkoff,
1986), après le recueil de renseignement, les agents faisaient des propositions de
désinformations. Les meilleures propositions étaient choisies en fonction des objectifs
à long terme et étaient transmises par : des agents de renseignement, des agents
doubles, des collaborateurs idéologiques ayant des postes influents ou par du matériel
délivré de façon anonyme.
La dernière étape consiste à mesurer les effets d'une action (McLaurin, 1982).
Les mêmes sources d'informations sont nécessaires que pendant la première étape. En
temps de paix, les études de marchés sont simples à effectuer car elles sont faites
sans crainte de contrôle gouvernemental (Durandin, 1993). En temps de guerre, la
situation devient plus complexe à évaluer et plusieurs questions se posent. Quel
critère utiliser pour mesurer l'effet d'une action psychologique, comment le mesurer et
comment accéder à l'audience ciblée (McLaurin, 1982)? Le problème devient encore plus
obscur lorsqu'on touche à la propagande militaire. La nature même de la guerre empêche
de dire si les effets observés sont dut à la propagande ou bien tout simplement à
l'action militaire (McLaurin, 1982). Les prisonniers de guerre sont souvent hostiles et
refusent de répondre à des enquêtes sur l'efficacité d'une propagande. McLaurin (1982)
propose que le propagandiste intègre un " agent double " à l'intérieur des
prisonniers pour avoir des informations plus valides. Deux autres méthodes sont aussi
proposées : interviewer à fond un très petit groupe d'individus ressemblant le plus à
la population cible ou encore, questionner un " juge " qualifié qui connaît
bien la population et la culture cible. Il est à noter que ces deux dernières méthodes
comportent des biais.
Les effets de propagandes en temps de guerre peuvent être évalués de façon
quantitative ou qualitative (McLaurin, 1982). Des exemples de critère quantitatif sont :
le nombre de prisonniers de guerre, le nombre de déserteurs, le temps pour effectuer un
rappel de la propagande, un sondage distribué aux prisonniers et le nombre de pamphlets
ou d'heures de diffusion effectuées. L'analyse de contenu des communications ennemies,
des interviews, des interrogatoires ou l'analyse des lettres des prisonniers sont des
exemples de critères qualitatifs.
CONCLUSION
Les façons d'influencer les adversaires sans utiliser de forces militaires n'ont
pas si changé depuis Sun Tzu. L'action psychologique reste une alternative pour les
états tentants de s'imposer en relation internationale que ce soit par l'utilisation de
propagande, par la désinformation ou par des mesures actives. L'annexe 1 synthétise les
principales techniques de chacune des trois catégories en fonction de leur nature soit
offensive ou défensive et selon qu'elle s'adresse à une élite, à la population, aux
militaires ou à des groupes/individus influents.
Bloom (1991) remarque que l'actions psychologiques est un sujet difficile à
analyser parce qu'elle est difficile à identifier clairement à cause de sa nature
clandestine. Selon lui, les auteur qui l'aborde présente plutôt leur jugement moral
qu'un bagage de connaissance. De plus, les analyse rigoureuse de ce phénomène sont
rarement publié dans des périodique civil. Si il y a des recherche systématique sur une
forme d'action psychologique, les résultats sont gardés top-secret.
L'arrivée de l'informatique offre énormément de nouvelle possibilité aux actions
psychologiques. En partant avec la prémisse que l'information est devenue une source de
puissance et que nous sommes devenus tout à fait dépendant des systèmes informatiques,
Schwartau (1993) décrit une nouvelle façon de faire la guerre, l'infoguerre. Il s'agit
de toutes formes d'actions prises pour avoir une supériorité informationnelle soit en
affectant les informations adverses, les processus basés sur l'information ou les
systèmes informatiques (Schwartau, 1993). Toute son oeuvre présente de nouvelles
techniques de désinformation et de mesures actives propre à la crise qu'engendre
l'explosion des technologies de l'information. La mesure active primaire de son oeuvre est
le piratage informatique qui peut être utilisé à des fins de sabotage, de criminalité
ou de recherche d'informations confidentielles. De plus, parce que les gens croient qu'un
ordinateur est un outil ne pouvant pas se tromper, l'autoroute de l'information devient un
excellent lieu pour faire une désinformation afin de briser la réputation d'un individu
en modifiant certains dossiers confidentiels peu protégés (crédit, dossier judiciaire,
etc.).
" L'usage efficace des moyens de communication constitue d'une façon
générale un élément central pour la propagande et la désinformation. Le
développement de réseaux informatiques mondiaux amplifie par son échelle, par sa
puissance ainsi que par l'absence actuelle de toute législation internationale, le
pouvoir de diffusion de toute forme de propagande/désinformation mais il est aussi une
ligne de défense contre ceux-ci en laissant à tous une possibilité de s'exprimer.
" (propagande, article d'Encarta ; Microsoft, 1997) Ce travail a mis l'emphase sur
les actions gouvernementales, mais une compagnie privée peut tout à fait utiliser
certaines de ces techniques. Certaines formes de publicité se rapprochent de la
propagande car elles ne visent pas à inciter un individu à acheter un produit mais à
faire percevoir à la population que leurs actions sont pour le bien-être de tous.
D'autre part, la désinformation scientifique peut empêcher un concurrent de faire des
recherches sur certains terrains. Un spéculateur peut partir de fausses rumeurs ou faire
sauter des bombes pour essayer faire baisser un titre à la bourse. De plus, les nouvelles
armes de l'infoguerre offrent de bons moyens d'actions directe pour une compagnie
(espionnage industriel, sabotage informatique, etc.).
Comme l'affirme Bloom (1991) " Influence techniques will be perceived as more
important by all who seek power. With worldwide increases in interdependance,
communications technology, and the lethality and sophistication of weapons, propaganda and
active measure will become more cost-effective and even more morally appealing "
(p.708).