Dersim et le génocide de nos frères arméniens
Savas Sengul ou
Torne-Colar
Il est claire que je ne peux vous
raconter ce génocide comme l'ayant vu ou vécu. Pour cela je vous propose
de lire 3 livres que j'ai trouvé en français sur le génocide arménien et
le Dersim. Le premier est écrit par Jacques der Alexanian (Robbert
Laffont, 1988) le titre est "Le ciel était noire sur l'Euphrate". Ce
livre est plein d'émotions, de tristesses, mais c'est un document
ethnographique et historique en même temps de 371 pages. L'auteur parle
beaucoup des habitants du pays, des villages, de la vie et de tout ce
qui si passe, avant, pendant et après le génocide et tout cela au Dersim.
Cette auteur nous dévoile en réalité l’histoire de son père qui vivait
prêt Harpout. Vous pourrez ainsi juger vous-mêmes de l'attitude des
nôtres pendant cette période horrible. Le deuxième est celui de Leslie
A. Davis (Editions complexe, 1994) qui a pour titre "La province de la
mort". L'auteur, entre autre, vante le mérite des habitants de Dersim
pour avoir sauver de nombreux arméniens. Et le dernier est celui de
Meguerditch Barsamian (éditeurs : V. Barsiamian et A. Vycichl-Barsamian,
Paris 1990), il est intitulé "Histoire du village qui meurt". Ce village
c'est Agin, non loin de Cemiskezek. L'auteur il parle de son enfance, sa
famille et la vie dans le village, avant le génocide.
Moi, ce que j'en sais du génocide me vient des témoignages que j'ai
recueillis dans ma famille. Ils m'ont dit avoir accueillis, aider,
nourrit, protéger et cacher des arméniens durant le génocide, dans notre
contrée qui se nomme Derê-Sansa. L'arriére-arriére-grand-pére, qui se
nommait Usuv-Axa (ou Yusuf-ara) avait plusieurs fois aidés les Arméniens
avec qui on cohabitait bien. La preuve en ai que porté un prénom
arménien donné chance et certains on prénommait leurs enfants ainsi. Les
personnes âgées de chez moi connaissent aussi des mots arménien, donc il
n'y avait point de haine ou de rivalités les uns envers les autres.
Certains du Dersim allaient même avec eux dans les églises pour prier,
pour respecter le culte de l'autre et on peut penser que cela devait
être réciproque.
Il y a toujours des arméniens au Dersim, on les connaît. Ils sont des
nôtres et nous sommes des leurs, voilà comment nous sommes ensemble.
Je sais aussi que pendant ce génocide, il y a eu des tueries dans le
village de Karsku, prés du nôtre, du nom de Culliye, des arméniens ont
tués des kirmands. Un kirmands de la région, de Derê-Sansa, en a tué
cent, juste pour avoir leurs biens. Les Arméniens ont voulu se venger,
mais ils n'ont pu le retrouver. Il était caché dans un trou qu'il avait
fait sous une maison, il y resta durant un an. Mais celui-ci, du à la
peur sûrement, n'a pu avoir d'enfants de sa femme. On sait aussi que des
arméniens ayant fuit l'armée turc et venant d'horizons lointains se sont
venger de la mort des leurs. Ila avaient détruis un pont dans le
Derê-Sansa, ainsi quand les gens y venaient, ils les attaqués par
surprises et les égorgés. On m'a raconté qu'ils se moquaient de qui cela
pouvez être, femmes, enfants, tout le monde y passer. Leur rage, leur
colère étaient si forte et si douloureuse en même temps, qui ne
pouvaient la contrôler.
Usuv-ara avait dit aussi, que le pont pour mener à Plemoriyê (Pulumur en
turc) avait été doublé par un autre pont, mais de corps humains cette
fois-ci, tous arméniens. Il disait que cela était insurmontable,
inimaginable.
La haine de l'Homme pour l'Homme ne fini pas. Aujourd'hui encore dans
ce délire ancestral d'être plus grand, plus haut, plus fort que l'autre,
le détruit. Ou s'arrêtera t-il?