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Contributions : Analyses : Hirtt

Compte rendu par Serge Belhassen du débat qui a eu lieu mardi 23 mars à 19h00 au Salon du Livre, Porte de Versailles autour du documentaire de Francis Gillery "Le cartable de Big Brother".
Avec la participation de Nico Hirtt, co-auteur du livre "Tableau Noir" et animateur de l'Appel pour une école démocratique. Un représentant de Claude Allègre participera également au débat.

Les intervenants étaient : Francis Gillery (le réalisateur), M. Morcau (représentant Allègre), Une représentante de Cendent Software (plus gros éditeur de didacticiels au monde (plus de 80 % de part de marché à ce que je me souviens) racheté récemment par Vivendi), une enseignante en sciences de l'éducation de Paris X (Nanterre), un représentant de la ligue de l'enseignement, Nico Hirtt (dont on a déjà parlé) et le présentateur de France 3.

On a d'abord assisté à la projection de ce documentaire d'environ 50 mn., puis a suivi un débat d'environ deux heures sur le danger que présentaient les "nouvelles technologies" pour la société démocratique, en tout cas c'est dans ce sens que certains intervenants "officiels" ont essayés de tirer le débat.

Tout d'abord, j'ai vu pour la première fois ce documentaire (dont on a déjà beaucoup parlé sur la liste) et, bien que très inquiétant voire alarmiste, il révèle - pour la première fois au grand jour - les décisions qui sont prises dans le dos des citoyens par les technocrates européens en matière de "mise au point d'un système d'acréditation des connaissances" destiné à remplacer les diplômes nationaux : c'est pourquoi je conseille très vivement de vous procurer la cassette de ce documentaire et de la passer au plus grand nombre possible de personnes autour de vous.

La première impression que l'on ressent même si on y est préparé (ce que j'étais) est un mélange de sensation d'isolement, d'incrédulité et d'ébahissement. C'est également l'impression que Francis Gillery (le réalisateur) nous a avoué avoir eue ; d'abord l'incrédulité puis la sensation d'isolement.

Francis Gillery nous raconte qu'il a eu la certitude que ce n'était pas un délire au moment où il s'est rendu compte que contrairement à toutes les autres fois où il voulait une entrevue avec Allègre et qu'il n'obtenait jamais, cette fois-ci, sur le thème en question, les portes de Claude Allègre lui devenaient largement ouvertes (il y a de nombreux extraits avec CA) ainsi que celles de Mme Cresson.

Pour avoir largement parlé avec Allègre, il est convaincu qu'Allègre "est en train de sauver les meubles" car le téléenseignement est en marche de manière irréversible (1).

En tout cas c'est l'impression que CA a voulu lui donner. Voilà bien donc notre pyromane déguisé en pompier !!

Nico Hirtt, lui même enseignant, a rappelé qu'il n'était pas question d'opposer les "nouvelles technologies" à l'enseignement car elles sont d'un utilité indiscutable, mais de révéler une machination qui se trâme SANS QU'AUCUN DEBAT DEMOCRATIQUE ne soit engagé sur la question.

C'est également ce qu'à relevé Francis Gilliry : Après le passage de son documentaire il a pensé que la presse mènerait l'enquête et que des débâts suivraient : RIEN ; on a effectivement parlé de cette émission dans Libé mais dans les pages "Télé" pas dans les pages "Société" et le Monde, quant à lui, n'a rien voulu publier.

Tout se passe comme s'il ne se passait RIEN.

Nico Hirtt a expliqué que ses premiers soupçons se sont formés lorsqu'en 1996 une récession importante de moyens pour l'enseignement en Belgique francophone est apparue et que l'an dernier - bizarement - des moyens très importants ont été débloqués pour informatiser à outrance les écoles pour une somme environ équivalente à la récession de 1996.

Il explique encore qu'après la grande grève de 1996 en Belgique - qui n'a pas abouti - les enseignants se sont démoralisés et que le syndicalisme est tombé à presque rien dans l'éducation depuis cette époque : La rébellion des gueux a donc été matée.

La Belgique a maintenant le regard plein d'espoir tourné vers la France, seul système centralisé de l'éducation qui reste en place (mais pour combien de temps?), dernier rempart contre la libéralisation de l'enseignement. Nico Hirtt adresse encore aux enseignants français son émouvant "TENEZ BON" !


RESUME de la situation :

A ce que j'en ai compris, la suivante (d'une manière extrêmement simplifiée) est la suivante :

1° Le traité de Maastrich prévoit que l'éducation relève des états membres, mais une phrase souligne que la communauté européenne a le devoir de développer les réseaux en matière, entre autres, d'éducation.

2° Différents organismes (ERT, OCDE, Commission Européenne...) mettent en place un certain nombre de rapports s'inspirant les uns des autres (et concordants donc: la pensée unique est sans limite) : Il faut un nouveau type d'enseignement : Le téléenseignement.

3° Puisque c'est bien long et fastidieux (et pas rentable) de mettre en accord tous les systèmes éducatifs, on va créer "le système d'accréditation des connaissances" véritable CV européen, qui contiendra d'ailleurs tout plein d'autres informations intéressantes sur le candidat (vous imaginer ce qu'on peut y mettre, non ?).

4°Le point d'orgue : Il faut déqualifier les diplômes nationaux, pour lancer notre nouveau projet sur le marché et le rendre indispensable : le lycée "light" est né !

5°Garder le contrôle sur les média pour ne pas enflammer la situation et singulariser les victimes : tous les acteurs de l'Ecole Républicaine : "Ce sont des fainéants trop payés et qui fraudent. Et ils ne sont qu'une poignée en plus à ne pas être contents - pas plus de 17000 le 20 mars (alors que je suis certain avec Michel Wirth et d'autres qu'on était plus de 50000 ) - ce qui prouve bien qu'ils savent que ce que l'on raconte sur eux est la stricte vérité."

 


Pour en savoir plus :

1/ http://www.monde-diplomatique.fr/1998/06/DE_SELYS/10584.html : absolument essentiel de le lire

2/http://users.skynet.be/aped : site de l'Association Pour une Ecole Démocratique, maintenu par Nico Hirtt

3/ "Tableau Noir" petit livre de Gérard DE SELYS et Nico HIRTT Edité par E.P.O. (70 ff)

(1) On veut nous faire croire que c'est aussi irréversible qu'un fléau naturel, mais ce n'est pas vrai !!!. William Pitt a dit à ce sujet : La nécessité, telle est la raison que l'on invoque pour toute atteinte à la liberté humaine. C'est l'argument des tyrans; c'est le credo des esclaves. (Necessity is the plea for every infringement of human freedom. It is the argument of tyrants; it is the creed of slaves.) Discours à la Chambre des communes, 18 novembre 1783

Serge BELHASSEN

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