L’etincelle de Lumiere

Une saga co-écrite par Lorindil et Syvirine Lune d’Argent

Cette saga est la suite du premier tome du Chant Inachevé, et est utile à la compréhension des pouvoirs magiques de Lorindil dans Le Jour de Grimnir

 

 

 

 

Chapitre Premier

 

Lorindil se réveilla dans un hurlement d’horreur. Son visage exprimant un indescriptible effroi, il fixait de ses yeux écarquillés le plafond de sa chambrée.

Se levant avec peine, dissipant les dernière traces d’angoisse, il prit entre ses mains son visage ruissellent de sueur et, dans le silence de la sombre pièce, se mit à sangloter.

Une fois de plus, le rève était revenu. Songe ou prédestinée ? Laethenia l’appelait, sans cesse. Une énorme balafre suintant le sang se détachait de son armure d’ithilmar, son noble visage couvert de minces filets de sang.

Un cri d’agonie terrible s’échappait de la bouche du spectre, tandis que de sombres nuées s’emparaient de son âme. Le cri devenait aussi perçant que l’appel d’une banshee, et la relative trame de réalité du rêve se déchirait, pour s’ouvrir…

Lorindil écarta le souvenir de son esprit. De telles horreurs, même si elles n’étaient que le fruit de son imagination, ne cessaient de le torturer depuis maintenant dix nuits. Il se leva, et son regard tomba sur l’énorme saphir d’âme posé sur son bureau : il brillait d’un rouge ocre, et palpitait tel un cœur angoissé.

Que signifiaient donc ces signes ? Le Chaos menaçait-il encore une fois son peuple, ou était-il le jouet d’un drame mineur, torturé par l’âme de sa bien aimée, la Guerrière Laethenia, la défunte Main Armée de la Déesse Ridée, menacée d’être avalée dans les limbes démoniaques d’un autre plan matériel ? Il secoua sa lourde tête, et se mit en quête d’un pichet d’eau.

Lentement, une petite phrase musicale se répéta dans son esprit. D’abord indiscernable, il n’y prêta attention que lorsqu’elle le nomma :

" Lorindil…

-Qui êtes-vous ! Hurla-t-il. Mais seul le silence des murs de marbre lui répondirent.

-Vas au Nord, Lorindil. Ton Destin t’appelle… "

Une silhouette se dessina devant lui. Le fantôme au visage elfique ressemblait à une vieille femme ridée.

" Morai-Hegg ! S’inclina le maître mage.

-Il te faut partir au Nord, Loindil. Je t’indiquerai le chemin. " Le spectre tendit une main vers le rubis. Une légère palpitation bleutée le parcourut. " Son âme souffre ; les Dieux Maudits l’aspirent dans leur Royaume de Ténèbres. Suis le Chemin de la Gardienne de la Larme, la Déesse Mère t’ouvrira la voie à travers les îles mouvantes. Vas, prestement !

-Qu’ attends tu de moi, Déesse ? "

Le spectre lui sourit. Lentement, il s’approcha du mage, et lui prit délicatement les mains.

" Les Temps s’obscurcissent, Lorindil. Il te faut trouver Syvirine Lune d’ Argent.

-Syvirine ? Mais pourquoi ? Personne ne peut atteindre le royaume magique de cet être … de légende !

-Je te le répète, Nous te guiderons. Vas ! "

La silhouette disparu, et Lorindil s’effondra sur les froides dalles de quartz, sombrant dans un profond sommeil.

Le soleil se mit à poindre sur les hautes tours de Tor Yvresse, illuminant de mille feux printaniers la cité elfique. Dans les rues encore désertes, résonnaient les sabots d’un coursier elfique sur les pavés de granite. Menant sa monture par la bride, Lorindil se dirigeait vers la porte Nord de la cité. Les gardes clignèrent des yeux en voyant le mage vêtu d’une cape brune s’approcher d’un pas lourds et sinistre.

" Hola, Monseigneur Archimage, vous êtes bien matinal ! Ignorez-vous donc que les portes de la Cité sont encore fermées ? Lui adressa le commandant de la petite garnison. "

Lorindil, tout en continuant d’avancer, leva la tête en direction du guerrier, et ce dernier frissonna : ses yeux ne reflétaient que désespoir.

Les gardes émirent quelques cris d’étonnement lorsque, lentement, les massives portes de chêne de la cité s’ouvrirent devant le mage. Ce dernier stoppa sa monture, monta sur son dos, une large épée attachée dans son dos, sa cape laissant apparaître une robe aux motifs semblables à l’aube. Sans même prononcer un seul mot, il mit sa monture au galop, et partit en direction du Nord.

" Commandant Gaelen ! Hurla son supérieur depuis le poste de garde. Que signifie cette sortie ?

-C’est à croire, messire, que les portes se sont ouvertes toutes seules, comme par magie !

-Comme par magie ? Répéta le supérieur, incrédule, tout en rejoignant son lieutenant sur les remparts.

-Ay ! répondit Gaelen, avant de regarder s’éloigner la silhouette du cavalier vers l’horizon. Si ce n’est l’œuvre des Dieux… Murmura-t-il. Les portes se refermèrent d’elles mêmes, et un frisson parcourut son échine dorsale.

Le cavalier chevaucha trois jours durant, sans même se reposer, et sans rencontrer le moindre voyageur, empruntant des chemins recouverts par les herbes folles depuis de nombreux siècles, guidé par son instinct, poussé par des puissances invisibles.

La route se perdait dans d’immenses forêts, traversait des marais peu profonds, suivait les flancs de collines effondrées par le poids des siècles. Au bout du quatrième jour apparut l’océan, élément turquoise mugissant sa gloire contre des falaises indifférentes. Une larme perla le long de son visage, alors qu’il s’engageait dans un étroit sentier serpentant à travers la muraille de grès.

Sur la grève de sable blond, une barque l’attendait. Le passeur, accoudé contre une longue perche, leva sa tête fantomatique en direction de son passager. Lorindil, malgré sa sombre indifférence, reconnut la forme spectrale.

" Ainsi est-ce toi, Banshee, qui va me mener jusqu’à la gardienne ? Demanda-t-il tout en abandonnant sa monture. ".

La forme éthérée acquiesta d’un hochement de tête. Lorindil monta dans la frêle embarcation, et le spectre poussa l’embarcation en direction de la haute mer.

Une fine brume envahit alors le ciel, et l’océan se tut, devenant aussi limpide qu’un miroir.

Le trajet sembla durer une éternité, rythmé par les mouvements saccadés de l’esprit elfique. La brume se dissipa enfin, et une île apparut. Pas un bruit ne vint percer ces brumes magiques, alors que l’embarcation s’échouait contre une grève de sable gris.

Lorindil toucha terre, et marcha d’un pas décidé en direction du centre de l’île. Derrière lui, la barque et sa banshee disparurent.

D’un pas lourd, le visage torturé, Lorindil s’avança en direction d’un palais de cristal. Nulle part ailleurs pareille construction n’avait vu le jour, et seul le talent du peuple elfe permit dans ses siècles de gloire la réalisation d’une telle prouesse architecturale. Des ponts de verre reliaient les fines tours scintillant de mille feux, renvoyant sur les montagnes de l’île des milliers d’arcs en ciel. Des escaliers du marbre le plus pur le conduisirent jusqu’à l’entrée du monument ; un énorme fronton soutenu par des piliers sculptés dans du saphyr. Chacune des douze colonnes représentait la même personne, une femme elfe au visage d’une sagesse et d’une douceur inexprimables, accueillant de ses bras tendus ses fils égarés.

Et sur le seuil du palais d’Isha, Syvirine Lune d’Argent, en silence, attendait la venue de l’archimage…

A suivre...

Hosted by www.Geocities.ws

1