Le Chant Inachevé

Le Poids du Destin

 

 

Chapitre 6 : Méditations nocturnes

 

 

  Lame. Eclair dans le noir. Son acier pénètre dans ma poitrine, laboure mon cœur, puis jaillit de mes entrailles écarlates. Je la sens, cherchant mon âme, s’abaissant pour flairer l’odeur de mon sang… Elle tombe. J’essaye d’hurler, mais ma voix n’est que murmure. Mon cou cède, ma tête tombe en arrière, et glisse, glisse… GLISSE !!!

 

  Lorindil se réveille en sursaut, le visage en sueur. Haletant, il regarde tout autour de lui, reconnaissant peu à peu sa tante de campagne. Derrière le tissu, un feu de camp s’éteint doucement. Un garde passe, salue son sergent, et reprend sa patrouille. C’est la nuit. Un bras saisit sa poitrine. Mawraël le réconforte en silence. Peu à peu, l’odeur de sa peau le rassure, l’apaise. Son cœur se calme, sa respiration devient moins haletante. Non, ce n’était qu’un songe, un bien triste songe… Pensa-t-il tout en étreignant sa maîtresse, avant de se rendormir.

 

   Et si les Dieux lui avaient envoyé un message ? Quel funeste présage les Seigneurs de la Haine et du Vice lui avaient-ils dévoilé ? Dulmorwen ne fermait pas les yeux. Trop de questions subsistaient dans sa conscience pour sombrer à nouveau dans les méandres de ses rêves.

  Elle se leva, quittant son imposant lit de camp de bois d’ébène. La tente, pavillon de soie épaisse aux teintures violettes, était couverte de tapisseries sinistres, évoquant quelques obscurs événements mythologiques, ou d’horribles allégories retraçant les victoires de son peuple… Dans d’énormes candélabres brûlaient des blocs d’encens, émettant une faible lumière. Les nombreuses ombres achevaient de conférer à l’ensemble une atmosphère inquiétante et décadente. La Vipère se dressa, entièrement nue. Elle prit entre ses mains blanchâtres une dague de métal noir, finement ouvragée. Autour d’elle, ses serviteurs s’étaient assoupis. Dulmorwen s’approcha de l’un d’entre eux ; une jeune elfe frappée de la rune d’Isha sur la cuisse. La Vipère sourit. Brandissant la lame, elle l’abattit contre la poitrine de la malheureuse servante. La victime eut un hoquet d’horreur, brutalement arrachée à son sommeil, alors que le sang coulait le long de son ventre. Sa tortionnaire retira la lame, pour la poignarder à nouveau à la gorge. Puis, dans un sourire impie, elle déchira de ses ongles la carotide encore battante.

« Dieu de la Haine ! Je t’offre ce sang ! Dieu du Vice ! Jouis de cette Souffrance ! Tous deux, accordez-moi la Victoire ! » hurla-t-elle, plongeant ses mains dans la gorge de sa victime. Dulmorwen resta un moment dans cette position, semblant guetter un signe au-dehors. Les autres serviteurs s’étaient réveillés. Ils n’osaient bouger, de peur de subir le même sort que leur infortunée compagne… Rien ne se produisit, si ce n’est le bruit des bottes de la sentinelle en faction autour de la tente…

  Dulmorwen s’accroupit, le regard songeur. Ses longs cheveux crépus lui retombaient sur le visage. Ce n’était plus une noble elfe, mais une bête sauvage qui se tenait devant le cadavre fumant, épiant le moindre mouvement de la part des entrailles répandues sur le tapis. Aucun signe… Pour la première fois depuis tant de décennies, ses Maîtres Chaotiques n’avaient pas répondu à son appel. Pourquoi ? Elle, la Vipère, l’égale de Malekith ! Non, pas l’égale ; la Maîtresse des Druchii ! Ils lui avaient promis ! Le Sang, le Pouvoir, le Plaisir… Tout lui était parvenu. Elle s’en délectait, sans cesse, dans une orgie éternelle ! Pourquoi cela devrait-il avoir une fin ? Non, si les Dieux ne lui avaient pas répondu, c’est qu’ils craignaient son appel ! Oui, maintenant tout était clair ; ils avaient fait d’elle une Déesse ! UNE DEESSE DU CHAOS !

  Dulmorwen sortit de sa tente, le corps couvert de sang. Un garde en faction s’empressa de la saluer. Elle s’arrêta devant lui, le regard flou. L’elfe ne put s’empêcher de transpirer. De grosses gouttes coulaient le long de son visage.

« Tu aimes ce que tu vois, soldat ? Une Déesse… Une nouvelle déesse … » Le guerrier n’osa souffler mot.

« Tu aimerais me posséder, n’es-ce pas ? Jouir d’une Déesse sulfureuse, Fille de la Haine et du Vice… » L’elfe noir lâcha sa lance, et enleva son heaume. Son regard se troublait. Ses gestes devenaient inconscients.

« Toi aussi, tu es attiré par mon Pouvoir… Tel un papillon de nuit se tournant vers la lumière d’une flamme… » L’elfe avait détaché son armure. Dulmorwen s’approcha de lui, lentement. Elle prit son cou entre ses mains, ne cessant de le fixer intensément. L’elfe glissa ses mains autour de sa taille

« Mais je suis bien plus qu’une flamme de bougie… » Murmura-t-elle. «  Tu crois me posséder, hein ? Comment pourrais-tu posséder la flamme d’un volcan ! » Elle lui hurla ces paroles, avant de crisper ses mains sur sa gorge. Le guerrier voulut se débattre, s’extirper de cet anneau, mais Dulmorwen ne lui en donna pas l’opportunité. Elle le mordit violemment à la carotide, se délectant telle une vampire de son sang.

  Quand elle eut étanché sa soif, elle lâcha le cadavre, qui retomba lourdement au sol. Contemplant son œuvre, elle se prit d’un rire nerveux. D’abord hoqueté. Puis de plus en plus violent, jusqu’à l’hurler aux étoiles indifférentes. « Je suis une déesse, UNE DEESSE ! Et je siègerai sur le Trône d’Ulthuan ! »

  A l’autre bout du campement, un démon ricanait, agitant frénétiquement sa langue reptilienne dans l’air frais de la nuit. Ses Maîtres seraient fiers de lui, et ne regretteraient pas leur alliance. Une fois dévorée, cette âme leur apporterait bien des agréments… La créature démoniaque caressait son fouet magique. L’arme ronronna de plaisir. Encore un peu de patience, et son ego démesuré provoquerait sa perte… Alors il lui serait possible d’en capturer l’essence… A tout jamais !

 

  Parties de Tor Rosaneä en début de matinée, les troupes d’Ulthuan avaient fait preuve d’un grand sens de l’organisation : trois jours avaient suffit à rassembler des guerriers prêts à quitter leur camp fortifié achevé, tout laissant le temps nécessaire à l’intendance de rassembler assez de vivres et d’équipement en prévision de la campagne à venir.

  Ainsi les troupes de l’Alliance avaient pu quitter leur dernière forteresse en ordre de bataille, sous la musique tonitruante de centaines d’oliphants, tambours, trompettes d’argents et conques enchantées. Leur mélopée, à la fois mélancolique et belliqueuse, vibrait encore dans le cœur des soldats …

  Les colonnes d’argent avaient marché jusqu’au crépuscule, le regard fier et le pied assuré, avant de s’arrêter en vue des collines de Fandalia. Là, les soldats avaient monté leur campement, allumé des feux, et organisé des patrouilles.

  Les éclaireurs avaient annoncé des mouvements de troupes ennemies, de l’autre côté de la vallée, peu avant que le soleil ne se couche. Mais Dulmorwen n’attaquerait pas avant l’aube. Sa marche forcée avait épuisé ses troupes, et la nuit leur apporterait le repos tant espéré.

  Profitant de l’agitation des préparatifs de la campagne, Mawraël avait trouvé moyen de s’éclipser de la forteresse, pour rejoindre l’armée d’Yvresse. Toute la journée durant, elle avait chevauché aux côtés d’Elëa et de Lorindil, sa présence surprenant les autres généraux. Mais heureusement, tous y voyaient un signe de victoire, et aucun n’eut l’idée de la renvoyer vers la forteresse.

 

  En cette douce nuit de veille de bataille, Elëa contemplait les étoiles, seule devant un feu de camp. Elle s’était accroupie, dans sa robe de seigneur mage, une tasse de thé entre ses mains. Cette fois-ci, toutes les prédictions s’étaient tues. Impossible de lire l’avenir, ni de tirer le moindre thème astral… Comme si les Dieux lui barraient les chemins du Destin… Ou bien étaient-ils en train de le tisser… Elëa secoua la tête. Le Destin n’obéit à personne. Seuls les Dieux connaissent qu’une partie de son cours, et se hâtent de le servir, croyant ainsi l’apprivoiser, le posséder. Mais le Destin n’a que faire de ces derniers. Il suit l’ordre voulu par toute chose, ne se laisse dicter sa conduite que par l’essence même de la Matière. Il sait qu’un jour, les Dieux eux aussi se retrouveront face à leur destin, et ne pourront s’y dérober. Dans sa marche immuable, il met en place des signes cosmiques, que de naïfs mortels croient pouvoir déchiffrer. Mais en vérité ils n’en perçoivent qu’un pâle reflet, une mince image dans un miroir opaque. Leur vanité n’a de cesse de fausser leurs prédictions. Dans leur arrogance, ils espèrent même pouvoir en détourner son cours !

  Le seul pouvoir que leur laissait le Destin restait celui du Choix. Chaque être demeure libre, le moment venu, de choisir sa voie parmi tant d’autres… Le libre arbitre. Un bien étrange présent, peut-être même une farce du Destin, pour mieux se jouer de ses marionnettes !

  « Pathétique, n’est-ce pas ? » La mage se retourna, le visage livide : une banshee se tenait derrière elle, silhouette éthérée flottant à quelques pouces du sol. « Rassure-toi, Elëa , je ne suis pas venue prendre ton âme… Mais pour te parler. N’aies pas peur, et regarde mon visage… » La mage s’exécuta, le regard tremblant. « Laetheniä … » Souffla-t-elle.

  La Banshee lévita, jusqu’à se tenir au milieu de flammes, devant la mage. Sous le froid contact du spectre, le feu semblait vaciller, s’éteindre, ne se réduisant plus qu’ à un tas de braises rougeoyantes.

  « Nous nous étions déjà rencontrées de mon vivant… Lorsque j’étais l’épouse de Lorindil… Beaucoup d’années se sont écoulées depuis, des siècles sont passés, jusqu’à ce que tu ne remarques à nouveau ma présence… Tant de Destins se sont écoulés, tant d’âmes ont été fauchées ! Et pourtant, j’ai toujours gardé au creux de ma conscience le souvenir de ces jours de bonheur, auprès des Vivants… »

- Nulle âme n’oublie sa vie, même dans les cavernes d’Assuryan … » Lui répondit Elëa.

- Tu as raison, nulle âme n’oublie sa vie perdue… Peut-être est-ce pour cela que je suis restée la Messagère, malgré tous ces siècles… Malgré tout ce temps passé à servir le Destin… » La banshee marqua un temps d’arrêt : le visage d’Elëa s’était crispé. « Cela te choque-t-il ? »

- J’ai toujours pensé que les Dieux se cachaient derrière cette mascarade… Mais jamais je n’aurais pensé que tu participes à leur petit jeu… Dis-moi, Laetheniä, depuis quand la Grande Ridée prend-elle plaisir à mettre ainsi en scène la Destinée ? S’ennuie-t-elle donc tant dans sa Forteresse Céleste ? »

- Que crois-tu donc ? Qu’il s’agit d’un jeu ? Nous servons le Destin, Elëa ! C’est une mission sérieuse, pas une pièce de théâtre ! seule la Destinée a le droit d’y voir un quelconque intérêt ! »

- La Destinée… Comme il est facile d’accuser une entité inconsciente…  Ne me dis pas que tu n’y vois pas un certain intérêt… amoureux ? » La banshee vacilla, l’espace d’un instant. Elëa en profita pour continuer :

- Si Lorindil meurt, il deviendra à son tour un Serviteur Eternel de Morai-Hegg, Une Banshee… Mais il lui faut pour cela mourir en Son nom, en implorant sa puissance ! Comme tu le fis contre ce seigneur orque, lors de ton dernier combat.... N’ai-je pas raison ?

- Si je lui ai toujours évité toute sorte de mort jusqu’à présent, ce n’était pas simplement par ordre d’Isha ou de Morai Hegg, en effet. Mais mes intérêts personnels n’ont jamais pris le dessus sur…

- Menteuse ! » Elëa dressa contre le spectre un doigt accusateur. « Tu n’attends justement que cela ! Tu le détournes à chaque instant de sa véritable mission ! En lui rappelant le souvenir de Luthien, son épouse légitime, tu n’as fait que brouiller son esprit ! Il n’attendait qu’il signe de ta part, pour décider de son sort, et tu lui as envoyé en réponse son ancien champion, Faereïn ! Et maintenant, tu oses prétendre lui laisser le libre arbitre ?

- J’espère en effet qu’il puisse un jour me rejoindre dans la Forteresse Céleste… Et il le fera, car tel est son Destin ! Un jour ou l’autre, nous serons à nouveau réunis ! Mais me crois-tu assez idiote pour vouloir manipuler l’Inéluctable ? Il suit son cours, Mawraël n’en était qu’un épisode ! Un élément de plus pour le ramener jusqu’à moi … »

- Quand verras-tu enfin la vérité en face ? Tu es morte, réduite à l’état de Banshee… Durant toutes ces années, tu dis avoir veillé sur Lorindil… Mais pour mieux faucher son âme le moment venu ! Tu me dégoûtes, toi et tes pairs… » Lui lança Elëa.

  Laetheniä l’observa, en silence. Les deux femmes n’échangèrent mot durant quelques minutes. Puis, la Banshee prononça sa sentence :

- Je suis navrée que tu le prennes comme ça, Elëa… Vraiment navrée… J’étais venue te raisonner, te prouver à quel point ma vision était juste… Mais je me rends compte maintenant que tu as su jouer de clairvoyance…  Tu en sais beaucoup trop sur le Destin, même pour une mage d’Isha, il me faut donc agir… »

  La Banshee tendit la main gauche, et une faux scintillante se matérialisa entre ses doigts. Poussant un cri inaudible, elle abandonna son doux visage elfique, adoptant l’apparence hideuse d’une momie décatie. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête, tels des serpents. Sa robe semblait flotter dans les airs. Un faisceau d’énergie bleuté irradiait du spectre.

  Elëa para d’un saut de côté la première attaque. Bandant son énergie magique, elle lança un éclair de haute magie contre son adversaire. La banshee l’absorba, dans un rire moqueur. « Crois-tu donc pouvoir m’anéantir en dressant contre moi l’énergie même qui m’habite ? Meurs, pauvre sotte !» La Banshee fit basculer sa faux, Elëa se jeta sur le côté. Le coup ne trancha qu’un pli de la robe de la mage. Elëa répliqua, utilisant cette fois-ci un sort nécromantique de désinvocation. Une vieille ruse elfique pour réduire à néant les armées de nécromanciens peu malins… Juste à temps : une des mèches de cheveux sifflante heurta son front, la projetant au sol. Mais le sort était déjà lancé. La Banshee, surprise, hoqueta d’horreur alors que le lien magique la reliant à ce monde se désagrégeait… Elle disparut dans un halo de lumière, s’élevant jusqu’aux étoiles. Elëa se releva, éprouvée par ce combat. Dans son esprit bouleversé, les bribes de la discussion avec le spectre lui revenaient peu à peu : la destinée… Lorindil …  Eh bien quoi, Lorindil ? Non, elle ne savait plus. Elle porta son regard sur le sol, déroutée. Sa tasse de thé s’était brisée. Quel rêve étrange avait-elle bien pu faire ? Et sa robe déchirée ? Perplexe, elle massa sa tête endolorie, crissant des dents au contact de la bosse sur son front. Etait-elle devenue folle ? Elëa se dirigea vers sa tente, aspirant avant toute chose à prendre du repos… Regardant un instant les étoiles, elle crut entendre un rire cristallin, comme celui d’un spectre malicieux arrivé à ses fins…

 

  Mais quel genre de spectre ? Mawraël aussi l’avait entendu, parmi les bruissements de la nuit… Elle frissonna dans son demi-sommeil, enlaçant son amant.

  Lorindil ne dormait plus. Sans cesse, le souvenir de son épouse, l’attendant dans sa demeure en Athel Loren, hantait son esprit. Par tous les Dieux, qu’avait-il donc fait ? Il se sentait aspiré, happé vers un précipice… Mais si tout ceci n’était qu’une illusion ? S’il détenait encore le libre-arbitre ? S’il pouvait refuser son Destin ? Lorindil hocha lentement de la tête. Non, tout cela n’avait pas raison d’être. Ce n’était qu’une mauvaise farce, qu’un test… Dans ce cas, il pouvait encore remporter l’épreuve… Et choisir sa propre Destinée…

  L’archimage soupira : pour cela, il avait bien conscience qu’il lui faudrait vaincre le plus terrible de ses adversaires : Son Passé…

  Lorindil caressa une dernière fois l’épaule de Mawraël. Curieux fantasme matériel, dans ce rêve brumeux…

  Son inconscient lui hurlait de se réveiller, de s’extirper de ce cauchemar interminable. Mais comment s’y prendre ? Quelle voie emprunter pour le salut de son âme ?

  L’aube pointait. Déjà, le ciel virait au bleu foncé. Lorindil enserra sa maîtresse. Mawraël ne parvenait pas à dormir non plus.

« Pourquoi nous, Lorindil ? Pourquoi pas d’autres ? Quel avantage trouve le Destin à s’acharner de la sorte ? » Lui murmura-t-elle.

- Je n’en sais trop rien… Peut-être rêvons-nous, tous les deux… Qui sait ? et si tout cela n’existait pas ?

- Tu regrettes de m’avoir rencontrée ?

- Je… Je n’en sais rien ! Je t’aime, Mawraël, mais j’aime aussi mon épouse ! j’ai l’impression qu’une puissance infernale m’oppresse, et cherche à me broyer dans ses rouages infernaux ! »

- Lorindil… Moi aussi, je t’aime. Et quelle que soit l’épreuve, quel que soit l’adversaire, je veux que tu saches que jamais de ma vie je n’ai été aussi heureuse… » Un bruissement l’interpella l’espace d’un instant. « Et si tu m’aimes aussi, alors bas-toi ! » Lui hurla-t-elle, tout en jaillissant du lit de camp, l’épée cristalline à la main.

  L’archimage, surpris, l’imita aussitôt, et saisit sa lourde lame : une dizaine de silhouettes noires pénétrèrent dans leur tante, armées d’une rapière dans leur main droite et une dague dans l’autre. Lorindil se rua à l’assaut de son premier adversaire, profitant de l’effet de vitesse pour lui trancher la gorge. Mawraël s’en prit à deux autres, les blessant mortellement au bas ventre. Leurs adversaires, ayant raté leur effet de surprise, se redéployaient en un cercle mortel autour du lit assiégé. Lorindil voulut invoquer un éclair magique, mais une puissance imprévue le dissipa. Etonné, son regard se dirigea vers la source magique : une elfe tout de noir vêtue, qui d’un lent revers de main, stoppa ses rôdeuses. Se dévisageant, la prêtresse affichait un sourire cruel.

« Andranile… » Souffla la guerrière.

- Ne me hais point, Gardienne. Je ne fais qu’exécuter Sa sentence… Tuez-les » Et la prêtresse de rabattre son capuchon sombre sur sa tête.

  Ses sbires se ruèrent à l’assaut. Mawraël en acheva deux autres, et Lorindil, après maints échanges de coups, parvint à blesser au bras droit une fanatique. Leurs adversaires n’avaient de cesse de les harceler, et les deux elfes en étaient réduits à combattre dos à dos. Soudain, la guerrière parvint à désarmer sa nouvelle adversaire, projetant vers le haut sa rapière. Elle la récupéra juste avant qu’elle ne tombe au sol, et para de justesse avec ses deux lames une coup de dague. Affichant un sourire ironique à son adversaire médusée, elle trancha net sa main droite, effectua de ses deux poignets de rapides moulinets, blessant mortellement à la gorge deux autres sbires, avant d’achever sa première victime désarmée d’un rapide mouvement de ciseau contre sa nuque. Lorindil triompha d’une nouvelle adversaire en lui transperçant le cœur, laissant son corps glisser lourdement jusqu’au sol.

  Les survivantes prirent peur, et reculèrent jusqu’à entourer Andranile. Mawraël se rua à l’assaut, et tua une nouvelle victime. Les dernières sbires ne demandèrent pas leur reste, et s’enfuirent hors de la tente.

  Folle de rage, Andranile les suivit, non sans maudire les deux elfes. Lorindil se précipita hors de la tante, mais trop tard : leurs silhouettes avaient déjà disparu dans la nuit.

« Maintenant, nous savons qu’il ne nous reste plus rien à espérer d’Avelorn, en cas de défaite… » Déclara-t-il en rentrant dans la tante.

- Même si les Dieux l’ont voulu, je refuse d’obéir à ce Destin… » Renchérit Mawraël. La guerrière avait posé ses armes au sol, et regardait en silence les cadavres amoncelés sur le sol.

  Lorindil jeta son épée sur le lit, et l’enserra dans ses bras.

  Maintenant, ils se sentaient prêts.

  Prêts à se battre.

  Pour leur Vie.

  Pour leur Amour.

  Mais, surtout, Contre leur Destin…

 

 

À suivre …

Hosted by www.Geocities.ws

1