« Qui jugera sans passions tout ce qui se fasse et ne voudra se laisser beffler verra clairement si toutes les paroles et les effets qu’on invente contre moi sont conformes à ce qu’on me voit faire […]. Je ne veux, sinon la vérité. »
Henri III à Jean de La Barrière, abbé de Notre-Dame de Feuillant, en juin 1588

 

 

 

Henri III, roi de France

Peu de souverains connurent à l’égal d’Henri III l’amour passionné et la haine aveugle de la foule. Adoré avant son avènement comme un demi-dieu, il devint, sitôt qu’il régna, l’objet d’une exécration et d’un mépris qui devaient le faire tomber sous le poignard d’un assassin.
Et pourtant ce monarque tant vilipendé fut un souverain brave, séduisant, généreux, libéral, doué de tous les dons de l’esprit, grand orateur, soldat valeureux, diplomate incomparable, profondément attaché à sa patrie. Son impopularité, il ne la dut réellement ni à la bizarrerie de ses mœurs, ni aux étrangetés de son caractère. Le grief profond des hommes qui, de son temps, se disputaient la France vint de ce que, méprisant toutes les factions, il défendit inlassablement contre elles la cause du pays.
« Ce que j'aime, c'est avec extrémité » rien n'explique mieux ce roi que cet aveux fait à Villeroy, le 29 mai 1579 : ce fut en effet avec excès qu'il se prit d'affection et d'amitié pour ses favoris, les célèbres mignons, ce fut de même qu'il aima sa sœur Marguerite, son épouse et ses maîtresses et prit part avec ses favoris à des débauches hétérosexuelles, et ce fut encore avec excès qu'il devint dévot et pénitent.
Malade de corps et, dans une certaine mesure, d’esprit, Henri eut de déconcertantes faiblesses, des bizarreries, des extravagances. S’il ne fut pas l’Héliogabale qu’on a décrit, il fut le dernier fils de la Renaissance, la dernière incarnation de ses prestiges, de ses vices, de ses contrastes et de ses grâces.



Biographie détaillée du dernier des Valois

     Les premières années d’un enfant de France

     Monsieur

     L’aventure polonaise

     Le trône de France

 

Les premières années d’un enfant de France

Le futur Henri III naquit au château de Fontainebleau, le 19 septembre 1551, 40 minutes après minuit. Sans tarder, le jour même de l’événement, le connétable Anne de Montmorency, qui dirigeait les affaires pour Henri II, en informait les gouverneurs de province : « Je ne veux oublier à vous avertir, écrivait-il à M. de Lude, à Poitiers, […] comme cette nuit passée, la reine est accouchée d’un beau fils, lequel et la mère sont en bonne santé, Dieu merci ! » Le nouveau prince reçut le titre de duc d’Angoulême, ainsi que les prénoms, qu’il ne devait pas conserver, d’Alexandre-Edouard. Le premier, fort en usage dans la Maison de Bourbon, lui venait de celle-ci, puisque l’un de ses parrains n’était autre qu’Antoine de Bourbon (père du futur Henri IV). Le second lui fut donné en l’honneur du jeune roi Edward VI d’Angleterre qui apprécia fort le choix de sa personne comme parrain. Ainsi, comme le saint roi dont il porta le nom durant quelques années, Henri III, pendant presque toute sa vie, devait tenir le rôle d’un confesseur de la foi religieuse, mais aussi monarchique. Car déjà, autour de son berceau, les deux confessions rivales montaient la garde, prêtes à croiser le fer. Certes, Antoine de Bourbon était alors catholique et son épouse Jeanne d’Albret, sa première marraine, n’était pas encore la fervente huguenote qu’elle fut plus tard. Le jeune souverain anglais professait, au contraire, une foi animée par le plus ardent puritanisme. Seule l’autre marraine du nouveau-né, Marguerite Paléologue, femme de Frédéric de Gonzague, duc de Mantoue, apportait autour de son berceau les charmes, le sourire et l’amour du beau, fruits tout naturels d’une cour de la Renaissance italienne. Avec elle, la Maison de Gonzague veillait sur les débuts du futur roi, tout comme avec Louis de Gonzague, duc de Nevers, elle fit preuve envers lui, lors des affres de la fin de son règne, de la plus entière fidélité.

Le jeune Alexandre ne resta guère à Fontainebleau, et alla rejoindre à Blois ses frères et sœurs et augmenter la « maison » des enfants royaux. Depuis 1546, leur gouverneur était Jean d’Humières. C’était à Jean d’Humières, assisté de son épouse Françoise de Contay, à la tête d’une troupe de serviteurs, que Catherine demandait des nouvelles de ses enfants. Après la mort de son mari en 1550, Mme d’Humières conserva le titre de gouvernante, mais, dès 1551, elle fut remplacée par Catherine de Pierrevive, femme d’Antoine de Gondi, seigneur du Perron, nom sous lequel on la connaissait. Piémontaise de naissance, elle s’était unie à un Florentin d’origine enrichi dans la perception des impôts et devenu maître d’hôtel d’Henri II tandis que son épouse avait réussi à gagner l’estime et l’amitié de la reine Catherine. Quoique confiés, en leurs premières années, à toutes ces hautes dames, les jeunes garçons de la Maison royale ne pouvaient être élevés que de façon virile. Le maillot céda vite la place à des vêtements de leur sexe : « …Qu’elle fasse vêtir mon fils d’Angoulême, car il s’en trouvera mieux et plus fraîchement durant les chaleurs prochaines. », ordonnait la reine à Mme d’Humières. Il y avait d’ailleurs au service des jeunes princes une femme tailleuse d’habits, Marie Pomerette, chargée de faire des chemises, des béguins, des brassières de satin blanc, comme des bonnets de taffetas vert ornés de festons et de boutons. Puis, comme ses autres frères et sœurs, Alexandre-Edouard eut sa gouvernante personnelle, Anne La Maye, demoiselle de Dannemarie. On connaît aussi le nom de ses deux nourrices, Guillemette Bézard et Anne Rousseau. C’est grâce aux indications éparses dans les lettres de la reine que la vie des enfants royaux est un peu connue. Leur alimentation était pour Catherine un souci réel, car, écrivait-elle de ses enfants, ils « sont plutôt malades d’être trop gros que maigres… » Plus que tout cependant, la reine avait la hantise des maladies et surtout de la plus meurtrière, la peste. Lorsque cette affection survint dans les faubourgs de Blois, les enfants royaux gagnèrent aussitôt Amboise, car c’était un séjour plus sain, où « ils profitent très bien », écrivait Catherine.

Eloignée ainsi de ses enfants, la reine se consolait de leur absence en se faisant envoyer leurs portraits elle pouvait alors juger sur pièces de leur état de santé. Sans rien négliger de leur vie matérielle, la reine, en qui pointait déjà la femme de gouvernement, jugea utile de faire établir l’horoscope des jeunes princes. Faire établir l’horoscope des futurs puissants de ce monde était alors pratique courante. C’était un moyen de gouvernement et de propagande. Et en utilisant les astrologues, les autorités les surveillaient de près.

Michel de Notre-Dame, qui, suivant l’usage du XVIe siècle, avait pris le nom latin de Nostradamus, reçut l’ordre de se rendre à Blois en 1553, et conclut que les fils d’Henri II porteraient couronne « tous quatre » (François, duc d’Alençon puis d’Anjou, ne fut jamais roi). Habile flatteur, l’astrologue s’était bien gardé de lésiner sur le nombre des couronnes, mais sa prédiction, en omettant de dire à l’issue de quelles circonstances les enfants de France seraient tous rois un jour, si elle était annonciatrice de gloires, l’était aussi d’inquiétudes.

En attendant ces moments de joie et d’angoisse encore bien lointains, Catherine, puisque ses enfants croissaient en âge, voulut les avoir plus près d’elle. Quand l’aîné, le futur François II, eut dix ans en 1553, la « petite cour » fut scindée en deux. Le dauphin s’établit à Saint-Germain-en-Laye, tandis qu’Alexandre-Edouard et ses autres frères et sœurs restèrent à Amboise. Parmi les « enfants d’honneur » qui vivaient et jouaient à ses côtés figuraient au premier rang trois des cinq fils du connétable, puis Jean du Luxembourg, Gilbert de Lévis, les jeunes Coligny, Théligny, Philippe Strozzi, et Gui de Lude dont le père fut gouverneur du Poitou et lieutenant général en Guyenne.

Un de ces petits crayons à la demande de sa mère nous à conservé la première image du jeune prince – ses yeux sont pétillants de malice et son front en partie recouvert d’un gros bonnet.

Il avait alors, pour commencer à l’instruire un certain sieur de Montpipeau. Ce nom resté obscur allait être éclipsé par celui de Jacques Amyot. Celui-ci, qui était de retour d’Italie, fut choisi par Henri II, qui se rangea à l’avis du cardinal de Tournon. Homme d’Eglise d’extraction modeste, Amyot était devenu commendataire de Bellozane, maison de chanoines Prémontrés au diocèse de Rouen. Maîtrisant le grec aussi bien – sinon mieux – que le français, Amyot s’était fait une réputation en traduisant le Roman de Théagène et Chariclée, œuvre d’Héliodore. Il continua, pendant son préceptorat, à mettre des œuvres grecques à la portée des lecteurs français. Il doit sa célébrité à la traduction de Daphnis et Chloé de Longus, et surtout à celle des Vies parallèles de Plutarque. Bien que l’œuvre eût été dédiée à son frère Charles, le futur Henri III eut toujours beaucoup d’attrait pour les vies parallèles, leur caractère quasi épique et les leçons qu’elles pouvaient procurer.

C’est à son frère aîné, le dauphin François, en 1557, année où celui-ci ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait l’emporter en 1560, qu’Alexandre-Edouard adressa ces gentils mots : « Monsieur, je suis bien marri de ce que vous êtes malade et si longuement. Je voudrais avoir quelque chose à quoi vous puissiez reprendre plaisir et être auprès de vous pour vous faire passer le temps. Monsieur, j’étudie toujours bien afin que mais [dès] que je serais grand, je vous fasse service. Je prie bien Dieu que vous soyez bientôt guéri. Votre très humble et très obéissant frère, Alexandre de France »

Alexandre n’allait plus, d’ailleurs, reprendre la plume pour écrire à son aîné, car tous les enfants royaux se retrouvèrent à Paris en 1558. Le 24 avril, le dauphin François, âgé de quinze ans, s’unit à la toute jeune reine d’Ecosse, Marie Stuart, qui ne le dépassait en âge que de douze mois. Heureuse de voir rassemblée toute sa nichée, la reine Catherine décida de la garder à Paris. Pour les loger ailleurs qu’au Louvre, elle fit travailler sans relâche à un hôtel situé près du palais, rue des Poulies, qu’elle avait acheté à Jean de Neuville. Elle y installa Monseigneur d’Orléans (le futur Charles IX), Mgr d’Angoulême, Mme Marguerite et Mgr d’Anjou. A la tête de ce petit monde, un nouveau gouverneur, Louis Prévost de Sansac, successeur de Claude d’Urfé, partagea ses fonctions avec Jacques de Labrosse.

Ce fut, de nouveau, à un mariage auquel Alexandre-Edouard assista, en cette année 1559, qui fut le point de départ pour le royaume de 40 ans de luttes politico-religieuses. Sa sœur Elisabeth, à quatorze ans, épousait Philippe II d’Espagne, âgé de 32 ans, représenté à Paris par un Grand d’Espagne, le duc d’Albe. En France, le mariage franco-espagnol provoqua à Paris et dans toute la France une joie générale. La paix rétablie avec l’Espagne et ses alliés, l’éclat de l’alliance entre la Maison royale et le plus puissant souverain d’Europe, tout concourait à une universelle allégresse. Henri II avait voulu la paix conclue au Cateau-Cambrésis ; mais celle-ci n’avait rien d’une « bonne et sainte paix », ainsi que la qualifiait un secrétaire du roi, Jules Gassot. C’était, au contraire, la sanction de défaites militaires s’accompagnant d’une véritable déroute diplomatique. La noblesse française en fut consternée et les étrangers en restèrent stupéfaits. La hantise qu’avait Henri II de l’hérésie explique seule sa décision de renoncer à la lutte contre les Habsbourgs et leurs alliés. Ce prince d’esprit assez limité, séduit par l’action brutale, voulut faire de la paix signée au mois d’avril l’occasion d’un triomphe personnel. Gentilhomme robuste, très amateur d’exercices physiques, il voulait jouer le rôle d’un chevalier resté jeune. C’est dans une atmosphère de liesse qu’eut lieu l’accident qui provoqua la mort de Henri II…le 30 juin, en joutant dans la lice de la place des Tournelles contre Montgomery, le roi fut blessé par un éclat de la lance de son adversaire au-dessus de l’œil gauche. Ramené aussitôt aux Tournelles, Henri II, après avoir enduré un véritable martyre, expira le 10 juillet

Ce coup brutal du destin qui l’atteignait au plus intime d’elle-même fit aussi de Catherine la principale tête politique du royaume. Durant près de 30 ans (de décembre 1560 à septembre 1588) rien ne se fit sans elle. Les trois fils d’Henri II, sur la tête desquels fut successivement placée la couronne, se trouvèrent comme mis dans l’ombre par la robe noire de deuil dont leur mère ne se départit plus.

Si elle proclamait par des devises (Hinc dolor, hinc lacrimae et Ardorem extincta testatur vivere) sa ferveur d’épouse et affirmait sa fidélité de veuve par le deuil noire, son rôle de mère d’ »enfants petits » allait désormais primer tout le reste. Nul, d’ailleurs, ne sut prévoir pendant le si bref règne de François II (10 juillet – 5 décembre 1560) quelle femme capable était la reine Catherine, habile à tenir le gouvernail, au milieu des obstacles de toute nature.

Mère dominée par le souci de l’avenir de ses enfants, telle fut, avant tout, la reine Catherine. Pas de meilleur juge là-dessus que Henri IV : « Mais je vous prie…qu’eût pu faire une pauvre femme ayant par la mort de son mari cinq petits enfants sur les bras, et deux familles en France qui pensaient d’envahir la couronne, la nôtre et celle des Guise ? Fallait-il pas qu’elle jouât d’étranges personnages pour tromper les uns et les autres et cependant garder, comme elle a fait, ses enfants, qui ont successivement régné par la sage conduite d’une femme si avisée ? Je m’étonne qu’elle n’a encore fait pis… »

A peine sorti de la prime enfance, le jeune Alexandre-Edouard dut prendre très tôt conscience que le destin, en l’ayant fait naître en 1551, ne l’avait pas fait « rencontrer un bon siècle ». Etait-il rien de plus éprouvant pour un enfant, prince de surcroît, que les divisions dans lesquelles il se trouva pour ainsi dire plongé et les tiraillements dont il fut l’objet, entre des influences opposées ?

Venu avec ses autres frères et sa sœur Marguerite assister au mariage par procuration d’Elisabeth, le jeune Alexandre-Edouard se retrouva avec eux à Saint-Denis le 13 août, aux funérailles d’Henri II. Le sacre du nouveau roi François II le 18 septembre à Reims le fit passer du deuil à une joie éphémère. Au retour, la Cour, avant de gagner la vallée de la Loire, s’arrêta quelque temps au « bois de Vincennes ». Le jeune roi eut beau manifester sa volonté de laisser gouverner sa mère, Catherine s’effaça prudemment devant le cardinal de Lorraine et Monsieur de Guise « le Grand », le duc François, car elle avait bien vu qu’elle n’était pas encore de force pour s’emparer du pouvoir.

Ce fut à Amboise, où la Cour s’était établie après avoir quitté Blois, où elle avait séjourné à la fin de 1559, que le jeune duc d’Angoulême apprit l’existence d’une conjuration des huguenots : il s’agissait d’enlever le roi, la reine mère et de capturer les Guise. L’instigateur de toute l’affaire n’était nul autre qu’un prince du sang, Louis de Condé, soudoyé par l’Angleterre, car la reine Elizabeth brûlait de reprendre Calais. L’exécution du complot avait été confiée à un noble huguenot besogneux, La Renaudie. Curieusement ce furent les Allemands luthériens, qui ayant eu vent du complot et le désapprouvant, le firent avorter en s’abouchant avec la police secrète espagnole, qui informa les frères Perrenot (l’ambassadeur espagnol en France, Chantonnay et le ministre de Philippe II, le cardinal de Granvelle). Tous deux avertirent les Guise. Le duc François, enfin convaincu du péril, n’hésita plus et mit le château d’Amboise en état de siège. Pour détourner la tempête qui menaçait d’éclater, Catherine ressentit le besoin de s’appuyer sur les Châtillon. En accord avec eux et avec le chancelier Olivier, elle fit rendre le premier Edit d’Amboise (2 mars 1560), qui abrogeait les mesures les plus rigoureuses des édits de répression d’Henri II contre l’hérésie. Ce texte n’est rien qu’une première version de l’Edit de Nantes. C’était la première fois qu’en France la religion et la politique se trouvaient séparées : professer la foi calviniste n’était plus atteinte à la sûreté de l’Etat.

En décidant d’effacer un passé récent, Catherine entendait bien ménager l’avenir et ouvrir la voie à la réconciliation des Français. Mais cet acte de sagesse politique ne servit à rien. La noblesse huguenote ne voulait plus, comme l’avaient fait jusque-là le petit et le moyen peuple convertis à l’Evangile, servir d’enclume, mais bien au contraire, comme le marteau, frapper à son tour et recourir à la force contre la domination politique des Guise. En quelques jours seulement, du 16 au 20 mars 1560, les conjurés furent dispersés et écrasés. Plusieurs d’entre eux furent pendus aux fenêtres du château. Le jeune Alexandre – Edouard fit alors connaissance de ces scènes atroces de guerre civile, dont la répétition devait l’accompagner jusqu’à la fin de sa vie.

C’était d’ailleurs un enfant plein de charme et de grâce, nullement enclin à se complaire de la vue d’événements tragiques. Amyot était ravi de ses aptitudes, ainsi qu’il devait l’écrire depuis son évêché d’Auxerre le 12 décembre 1577 à son ami le poète Pontus de Thiard : il retrouvait chez son élève les dons de François Ier mais le petit-fils avait une passion pour apprendre et suivre les leçons que l’aïeul n’avait jamais eue. Qu’enfant le futur Henri II aimât déjà lire et écrire, rien de moins surprenant, car, homme fait, les occupations de l’esprit restèrent toujours l’un de ses plaisirs préférés. Mais ce jeune prince était aussi un gentilhomme : de bonne heure, il apprend à danser, et il devient aussi un bon escrimeur sous la conduite d’un maître d’armes milanais Pompeo, que le maréchal de Brissac avait envoyé à la cour de France. Plein de gentillesse et de séduction, comme sa sœur Marguerite, l’enfant ravit tous ceux qui l’approchent et qui admirent sa facilité d’expression.

Mais à moins de dix ans, il ne pouvait être que spectateur des événements dont le royaume était le théâtre. C’est ainsi qu’il prit part aux Etats Généraux convoqués à Orléans. Après la conjuration d’Amboise la reine mère, le Conseil royal et les Guise pouvaient-ils faire autre chose que de consulter la nation ? Fort habilement Catherine, en imposant Michel de l’Hôpital pour succéder au chancelier Olivier, décédé, prit appui sur l’institution la plus prestigieuse de la monarchie. Elle eut ainsi, à sa disposition, le premier des moyens de gouvernement dont disposait le pouvoir, la chancellerie. L’Hôpital, en plein accord avec Catherine, incarnait la politique de tolérance religieuse.

L’état de santé du jeune François II s’aggrava en novembre 1560. Malgré les soins qui lui furent donnés, il expira, emporté par une encéphalite méningitique consécutive à une otite suppurée, le 5 décembre 1560 entre dix et onze heures du matin. Au lendemain de cette mort, c’est à sa fille Elisabeth, reine d’Espagne, une enfant de quinze ans, que Catherine confia sa douleur : « Je l’aimais tant que j’avais toujours peur, comme vous savez. Et Dieu me l’a ôté et ne ce contente de cela, m’a ôté votre frère que j’ai aimé, et m’a laissé avec trois enfants petits et en un royaume tout divisé, n’y ayant un seul à qui je me puisse du tout fier, qui n’ait quelque passion particulière… » C’est là l’aveu lucide de la situation où elle se trouvait. Femme de tête avant tout, elle avait pourtant réussi, peu avant la mort de son fils, à obtenir du premier prince du Sang, le versatile et inconstant Antoine de Bourbon, la renonciation en sa faveur à la régence.

Note : Le reste de cette partie de la biographie d’Henri III sera ajouté sous peu, de même que les parties suivantes…

Monsieur

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