LE PURGATOIRE N'EST PAS UNE DEUXIÈME CHANCE

L'homme ne peut accéder à Dieu sans la purification

Qu'est-ce que le purgatoire ? C'est la question à laquelle Jean-Paul II a choisi de répondre ce matin au cours de l'audience générale qui a eu lieu dans la Salle Paul VI, au Vatican.

Le Saint Père a déclaré que l'homme se trouve devant un choix définitif : "pour Dieu ou contre Dieu". Ceci implique deux alternatives : "vivre avec le Seigneur dans le bonheur éternel, ou rester éloigné de sa présence". C'est précisément cette liberté de l'homme qui explique l'existence du Ciel et de l'Enfer.

Purification

L'intervention du Pape entre dans le cadre d'une série de catéchèses qui sont données tous les mercredis sur le thème de l'au-delà. Après avoir parlé du Ciel et de l'Enfer, il a aujourd'hui traité le thème du purgatoire.

"Pour ceux qui se trouvent dans une condition d'ouverture à Dieu", a expliqué le successeur de Pierre, "mais d'une manière imparfaite, le cheminement vers un bonheur total requiert une purification, que la foi de l'Église illustre à travers la doctrine du Purgatoire" (cf. Catéchisme de l'Église Catholique, 1030-1032).

Une invention des prêtres ?

Le Purgatoire n'est pas une invention des évêques ou des papes. Jean-Paul II a parcouru l'Ancien et le Nouveau Testament, relevant des passages qui expliquent "que l'on ne peut accéder à Dieu sans passer par la purification". Pour que l'homme puisse s'unir à Dieu "il faut éliminer toute trace d'attachement au mal", a-t-il ajouté. "La purification doit être complète et c'est ce que la doctrine de l'Église entend par Purgatoire".

Malentendus

Le Saint Père a tenté ensuite de chasser les malentendus qui se sont répandus autour du concept de Purgatoire. Il a d'abord dit clairement qu'il "ne s'agit pas d'un lieu mais d'une condition de vie". Il a ajouté qu'il ne s'agit pas d'une deuxième chance pour changer son propre destin. Il a rappelé que "l'enseignement de l'Église à ce sujet est clair" : après la mort il n'y a que le refus ou l'acceptation de l'amour, le Ciel ou l'Enfer. Le Purgatoire n'est qu'une étape de purification dans le chemin vers une union totale avec Dieu.

Pour terminer le Pape a voulu rappeler une sorte de puissante mais curieuse solidarité qui existe entre les croyants. "Ceux qui se trouvent dans la condition de purification sont liés aussi bien aux bienheureux qui jouissent pleinement de la vie éternelle, qu'à nous qui cheminons dans ce monde vers la maison du Père". Par conséquent, "tout comme dans la vie terrestre les croyants sont unis entre eux dans l'unique Corps mystique, après la mort, ceux qui vivent dans un état de purification vivent la même solidarité ecclésiale qui oeuvre à travers la prière, les messes pour les défunts et la charité des autres frères dans la foi".


S. S. Jean Paul II

Le Vatican 4 août 1999




LA PURIFICATION FINALE OU PURGATOIRE

1030 Ceux qui meurent dans la grâce et l'amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu'assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel.

1031 L'Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L'Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence (cf. DS 1304) et de Trente (cf. DS 1820 ; 1580).

La tradition de l'Église, faisant référence à certains textes de l'Écriture (par exemple 1 Co 3, 15 ; 1 P 1, 7), parle d'un feu purificateur : Pour ce qui est de certaines fautes légères, il faut croire qu'il existe avant le jugement un feu purificateur, selon ce qu'affirme Celui qui est la Vérité, en disant que si quelqu'un a prononcé un blasphème contre l'Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans ce siècle-ci, ni dans le siècle futur (Mt 12, 31). Dans cette sentence nous pouvons comprendre que certaines fautes peuvent être remises dans ce siècle-ci, mais certaines autres dans le siècle futur (S. Grégoire le Grand, dial. 4, 39).

1032 Cet enseignement s'appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà la Sainte Écriture : " Voilà pourquoi il (Judas Maccabée) fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu'ils fussent délivrés de leur péché " (2 M 12, 46). Dès les premiers temps, l'Église a honoré la mémoire des défunts et offert des suffrages en leur faveur, en particulier le sacrifice eucharistique (cf. DS 856 ;), afin que, purifiés, ils puissent parvenir à la vision béatifique de Dieu.

L'Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les �uvres de pénitence en faveur des défunts : Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N'hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux (S. Jean Chrysostome, hom. in 1 Cor. 41, 5 : PG 61, 361C).







EXPÉRIENCES DU PURGATOIRE


Catherine de Gênes compare son expérience à celle des âmes du Purgatoire, comme le disent ses biographes au début du Traité (= ch. 41 de la Vie) :

� Cette âme sainte, encore en sa chair, se trouvait placée dans le purgatoire du feu de 1'amour divin, qui la brûlait tout entière et purifiait en elle tout ce qui restait à purifier, afin qu'au sortir de cette vie, elle pût paraître en présence du Dieu très doux ; et par le moyen de ce feu d'amour en son âme, elle comprenait dans quel état se trouvaient les âmes du purgatoire, pour y purifier toute rouille et toute tache de péché � (éd. citée, p. 321-22).

Dans son autobiographie, Thérèse d'Avila parle de ses premières épreuves spirituelles, après un temps de lumière :

� Or le Seigneur me dit de ne pas craindre, et d'estimer cette faveur plus que toutes les précédentes, car l'âme se purifiait dans cette peine, elle y était travaillée et affinée comme l'or dans le creuset, pour qu'il pût mieux y placer l'émail de ses dons ; elle y purgeait en outre la peine qu'elle aurait dû subir en purgatoire � ( Vida 20, 16).

Thérèse connait une expérience semblable, lorsque, dans les Sixièmes Demeures, elle évoque la peine que subit l'âme par suite du désir intense de la rencontre et de la possession de Dieu, peine qu'elle ressent comme la blessure d'amour d'une � flèche de feu � : � Cette douleur se fait sentir non dans le corps mais dans l'intérieur de l'âme. Aussi cette personne (Thérèse elle-même) comprit alors combien les tourments de l'âme passent ceux du corps. Elle vit en outre que ceux du purgatoire sont de cette sorte... (L'âme) est comme une personne suspendue en l'air, qui ne peut se reposer sur rien de la terre ni monter au ciel. Embrasée de la soif de voir Dieu, elle ne peut arriver jusqu'à l'eau qui la désaltérerait... Elle ne veut l'éteindre qu'avec l'eau dont Notre Seigneur parla à la Samaritaine ; et cette eau, on ne la lui donne pas... Il est juste que ce qui vaut beaucoup coûte beaucoup, surtout quand il s'agit de se purifier pour être apte à entrer dans la septième Demeure ; c'est de la sorte que l'on se purifie dans le Purgatoire avant d'entrer au ciel ; mais la souffrance qui étreint l'âme est si peu de chose auprès des faveurs dont elle est enrichie, que c'est à peine comme une goutte d'eau comparée à l'océan � (Moradas VI, 11, 3-6).



Jean de la Croix, dans le second livre de la Nuit obscure, décrit la � nuit de l'esprit � par des images et des formules qui évoquent le purgatoire, voire l'enfer :

� L'action divine investit l'âme afin de la renouveler pour la faire divine... ; elle brise et défait de telle façon la substance spirituelle, l'absorbant en une profonde et abyssale obscurité, que l'âme se sent consommer et fondre à la vue de ses misères par une cruelle mort d'esprit ; de même que si, une bête l'ayant avalée, elle se sentirait digérée dans son ventre ténébreux, souffrant les mêmes angoisses que Jonas dans le ventre de la bête marine... Quand cette contemplation purificatrice serre et étreint, l'âme sent fort au vif l'ombre de la mort, les gémissements de la mort et les douleurs de l'enfer... Dieu ici purifie l'âme selon la substance sensible et spirituelle et selon les puissances intérieures et extérieures... La partie sensitive se purifie en la sécheresse, et les puissances dans le vide de leurs appréhensions, et l'esprit en ténèbre obscure. Et Dieu fait tout cela par le moyen de cette contemplation obscure : en laquelle l'âme ne soutire pas seulement le vide et la suspension de ses appuis naturels et de ses appréhensions - ce qui est une souffrance très angoisseuse (comme si on pendait et retenait quelqu'un en l'air sans le laisser respirer) ; mais elle va purifiant l'âme, anéantissant ou évacuant ou consumant en elle (comme le feu fait à la rouille et aux taches du métal) toutes les affections et toutes les habitudes imparfaites qu'elle a contractées en cette vie � (Noche II, 6, 1-6).



Dans cette nuit, il arrive que l'âme croie � tout perdu pour elle �, et ici Jean de la Croix compare explicitement cet état à celui des âmes du purgatoire :

� Telle est la cause pour laquelle ceux qui gisent au purgatoire souffrent de grands doutes s'ils en sortiront jamais, ou si leurs peines doivent avoir une fin. Car, encore qu'ils aient comme habitus les trois vertus théologales, foi, espérance et charité, l'actualité du sentiment de leurs peines et de la privation de Dieu ne les laisse point jouir du bien actuel et de la consolation de ces vertus � (Noche II, 7, 7).

Plus loin, Jean de la Croix montre � comment la lumière et sagesse amoureuse qui doit être unie à l'âme et la doit transformer est la même qui, au commencement, la purifie et la dispose ; ainsi que le même feu qui transforme le bois en soi, s'incorporant en lui, est celui qui l'allait disposant premièrement pour le même effet � (II, 10, 3).

� D'ici, nous pouvons tirer en passant la manière de souffrir des âmes du purgatoire. Car le feu n'aurait point de pouvoir sur elles, encore qu'on le leur appliquât, si elles n'avaient des imperfections pour lesquelles elles doivent pâtir - qui sont la matière où le feu se prend, laquelle étant consommée, il n'y a plus rien à brûler � (II, 10, 6).

Dans la Vive flamme, la rigueur de la purification mystique est à nouveau comparée à celle du purgatoire, mais dans la perspective immédiate de l'union :

� Cette purification se fait avec cette véhémence en fort peu d'âmes : seulement en celles que le Seigneur veut élever à un plus haut degré d'union ; parce qu'il dispose chaque âme avec une purification plus ou moins forte, selon le degré auquel il la veut élever et selon le besoin qu'en a l'âme en raison de son impureté et imperfection. C'est pourquoi cette peine ressemble à celle du purgatoire : tout comme les esprits se purifient là afin de voir Dieu en l'autre vie avec une claire vision, ainsi, à proportion, les âmes se purifient ici afin de se pouvoir en cette vie transformer en lui par amour M (version B, I, 24).



D'autres mystiques ont fait de semblables expériences. Citons

sainte Véronique Giuliani (1660-1727) qui vécut après la Pentecôte 1705 un � purgatoire d'amour".

Celui-ci comporte trois degrés : d'abord un feu purificateur qui consume en elle toute imperfection : ensuite le feu du désir de Dieu, qui l'attire à lui de manière indicible : enfin le feu d'un ravissement qui brûle son coeur de l'amour divin, au point que "cet Amour reste seul à l'oeuvre dans l'âme". Ce "purgatoire" est ainsi un passage de la purification à l'union.







MARIA SIMMA





LE MANUSCRIT DU PURGATOIRE





EXPÉRIENCES DU PURGATOIRE





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