LA PILULE DU LENDEMAIN EST UN ABORTIVE

La mise en vente de la pilule du lendemain en Italie provoque d' importantes réactions.

A- Réaction de l'académie pontificale.

Communiqué de l'académie pontificale pour la vie, publiée à l'occasion de la mise en vente dans les pharmacies italiennes de la soi-disant � pilule du lendemain �:

- La "pilule du lendemain n'est pas contraceptive, mais abortive. C'est ce qu'explique un communiqué de l'Académie pontificale pour la vie à l'occasion de la mise en vente dans les pharmacies italiennes de la soi disant "pilule du lendemain", composé chimique hormonal, présentée comme "simple contraceptif" et "plus précisément comme contraception d'urgence". L'Académie appelle par conséquent à une "objection de conscience morale qui témoigne courageusement dans les faits, de la valeur inaliénable de la vie humaine". "Il est assez clair, dit le n.3 du document, que l'intention de qui demande ou propose l'usage de la pilule vise directement à l'interruption d'une

éventuelle grossesse en acte, exactement comme dans le cas de l'avortement". Avortement que l'on appelle couramment, précisément,"interruption volontaire de grossesse".

Le communiqué regrette la rapidité des réponses à cette objection: la pilule serait "anti-nidatoire", ce qui voudrait suggérer une "nette séparation entre avortement et interception", soit "le fait d'empêcher que ce produise l'implantation de l'ovule fécondé, c'est à dire de 'embryon, dans la paroi utérine". A partir de cela, l'Académie propose une réflexion sur 6 points dont nous reprenons l'essentiel ci-dessous.

La perte de l'embryon

1. La pilule du lendemain est une "préparation à base d'hormones". Prise dans les 72 heures "qui suivent un rapport sexuel éventuellement fécondant", elle provoque un mécanisme "anti-nidatoire": elle empêche que l'éventuel ovule fécondé - "qui est un embryon humain" précise le communiqué - s'implante dans la paroi utérine, "par un mécanisme d'altération de la paroi même". Le résultat est "l'expulsion de l'embryon", et sa "perte". Si la prise de la pilule se fait avant l'ovulation, elle pourrait "bloquer" l'ovulation: action typiquement "contraceptive". Le communiqué reconnaît que la femme qui a recours à ce type de pilule le fait justement avec "l'intention de provoquer l'expulsion de l'être éventuellement conçu". Il souligne aussi le doute qui persiste pour la femme sur son état.

L'embryon humain

2. Le communiqué fait remarquer que l'usage de l'expression "ovule fécondé" pour indiquer les toutes premières phases du développement de l'embryon ne peut pas établir pour autant une distinction - "artificielle" - entre les différents moments du développement de l'embryon. En d'autres termes certaines distinctions - ovule fécondé, embryon, f�tus - peuvent être "utiles" du point de vue de la description scientifique. Mais il n'est pas "licite", dit en même temps le communiqué de "décider arbitrairement" que l'individu humain ait "une valeur plus ou moins grande" (avec comme conséquence le devoir de le protéger) selon son "stade de développement".

"Un avortement réalisé par des moyens chimiques"

3. Le communiqué explique que l'action "anti-nidatoire" n'est pas autre chose qu' "un avortement réalisé par des moyens chimiques". "Il n'est pas cohérent intellectuellement ni justifiable scientifiquement d'affirmer qu'il ne s'agit pas de la même chose". "Du reste, il est assez clair que l'intention de qui demande ou propose l'usage de la pilule vise directement à l'interruption d'une éventuelle grossesse en acte, exactement comme dans le cas de l'avortement". Le communiqué rappelle que la grossesse "commence à la fécondation", et non lors de l'implantation dans la paroi utérine "contrairement à ce que l'on tente de suggérer implicitement".

Responsabilité éthique

4. Du point de vue éthique, le communiqué rappelle le caractère "absolument illicite" de procéder à des pratiques abortives. Il en est de même pour la "diffusion", la "prescription" et "prise" de la pilule du lendemain. En outre, le communiqué affirme la "responsabilité morale" de "ceux qui en partagent l'intention ou qui coopèrent directement" à cette prise.

Du point de vue de la loi italienne

5. Du point de vue de la loi 194/78 qui, en Italie, règle les conditions et les procédures pour l'interruption volontaire de grossesse. Définir le produit comme "anti-nidatoire" au lieu "d'abortif", dénonce le communiqué, permet en fait d'échapper à toutes les procédures obligatoires prévue par la loi, à savoir, entretien préalable, test de grossesse, détermination de l'étape du développement, période de réflexion. C'est pourquoi l'Académie y voit "une forme d'avortement tout à fait cachée" et impossible à faire enregistrer par aucune institution. Une pure contradiction avec la loi 194 toute contestable qu'elle soit, observe le communiqué.

Objection de conscience morale

6. Face à de telles procédures, l'Académie exhorte toutes les personnes travaillant dans ce secteur "à mettre fermement en oeuvre une objection de conscience morale qui témoigne courageusement dans les faits, de la valeur inaliénable de la vie humaine, surtout face à de nouvelles formes cachées d'agression contre les individus les plus faibles et sans défense, comme c'est le cas de l'embryon humain".

B- réaction de Monseigneur Sgreccia

- C'est une obligation morale pour les médecins de ne pas prescrire la "pilule du lendemain", pour les pharmaciens de ne pas la commercialiser et pour les femmes de ne pas la demander. Or l'obligation suppose aussi la connaissance. Mgr Sgreccia déplore que la vérité "pharmaceutique" ne soit pas dite par le ministère italien de la santé - aux femmes, à leurs proches, et aux familles (notons que le père de l'enfant est étonnamment absent des discours des media). Le directeur du centre de bioéthique dénonce la recherche du profit des firmes pharmaceutiques.

Mgr Elio Sgreccia, vice-président de l'Académie pontificale pour la vie a répondu aux questions de Radio Vatican sur ce sujet éthique.

Mgr Sgreccia rappelle d'abord que "ce produit empêche l'implantation de l'ovule fécondé". "Empêcher l'implantation de l'ovule fécondé signifie interrompre la vie, et donc c'est une action à caractère abortif. Cela a le même effet que l'avortement chirurgical. C'est sur ces faits que nous fondons l'obligation pour les médecins de ne pas prescrire la pilule du lendemain, pour les pharmaciens de ne pas la commercialiser, pour les femmes, de ne pas la demander".

Il précise que, tandis que le ministère italien de la santé continue de nier le caractère abortif de ce produit pharmaceutique, ce caractère est implicitement reconnu par la notice d'instruction qui accompagne le produit: elle lui reconnaît un "effet abortif interceptif". Un mot "un peu recherché" note Mgr Sgreccia.

Il déplore que ce refus du ministère conduise à des avortements à l'insu de la femme. "il est difficilement vérifiable, explique le directeur du centre de bioéthique, que l'ovule ait été fécondé et éliminé. Il faudrait faire des analyses sophistiquées. Par conséquent on avance à l'aveuglette. Si il y a eu fécondation, elle est interrompue".

Du point de vue de la loi, "nous soutenons également, précise Mgr Sgreccia, que la vente de cette pilule va contre la loi 194, parce que la loi 194 - qui reste déplorable et que nous continuons à refuser - avait la pudeur de vouloir maintenir un contrôle de l'avortement. Mais l'avortement redevient maintenant clandestin. La loi 194 voulait limiter les avortements. Ici en revanche on veut le favoriser sous cape, grâce, disons, à la méthode chimique".

Du point de vue de la commercialisation de ce produit et de l'information qui l'annonce, Mgr Sgreccia dénonce la "vieille culture de la libéralisation des comportements sexuels, du sexe soi-disant libre et sûr, c'est à dire sûr contre toute grossesse: on élimine la grossesse comme une gêne".

C'est pourquoi Mgr Sgreccia regrette la publicité sur cette pilule. Cette information "désoriente", n'est pas "impartiale", ni "objective". "Il faudrait dire la vérité et la vérité pharmaceutique n'est pas dite. Nous avons l'obligation de faire une contre-information et une information plus exacte, et l'obligation d'en appeler à la conscience des médecins, des pharmaciens et des familles sur la réalité de cette situation regrettable".

Mgr Sgreccia mettait en cause les entreprises pharmaceutiques. "C'est un moment de passage de notre pays, disait-il, sous la domination des entreprises pharmaceutiques, qui évidemment en tireront des gains considérables, et sous la domination d'une culture de type hédoniste qui n'est pas constructive pour le bien des familles et le respect de la vie".

C- Réaction des Maria Luisa Di Pietro, chercheur à l'institut de bioéthique de l'université catholique de Rome

La pilule dite du "lendemain", mise en vente en Italie sur ordonnance mais sans limite d'âge, est présentée par le ministère italien de la santé comme un "médicament" et comme une "contraception d'urgence". "C'est sans aucun doute une pilule abortive", répond Maria Luisa Di Pietro, chercheur à l'Institut de bioéthique de l'Université catholique de Rome. Elle dénonce une "falsification" des données scientifiques de la question: il ne s'agit pas d'opposition entre catholique ou pas catholique mais de données scientifiques objectives.

"C'est sans aucun doute une pilule abortive, dit-elle. Le ministère de la santé a dit dans son communiqué du 29 septembre 2000 qu'il s'agissait d'un produit sans aucune action abortive parce que le mécanisme d'action consiste à empêcher l'implantation de l'ovule fécondé. Or il faut dire qu'un produit qui agit en empêchant l'implantation de l'embryon dans la paroi utérine ne peut pas être défini comme "contraceptif" parce que déjà un processus vital a commencé, dès l'instant de la fécondation et l'on empêche ce processus de suivre son cours.

Maria Luisa Di Pietro dénonce une man�uvre qui, "pour faire accepter l'utilisation de ce produit par les femmes qui sont contraires à l'avortement , fait commencer la grossesse seulement après le moment de la nidation". Elle poursuit le raisonnement: "Alors, tout ce qui intervient entre la fécondation et la nidation ne serait pas abortif parce que pour qu'il y ait avortement, il faut qu'il y ait grossesse, et puisque qu'il n'y a pas grossesse, il n'y a pas - disent-ils - avortement".

Le n�ud de la question, ce n'est pas seulement le manque de reconnaissance de la "dignité" de la vie humaine, souligne Maria Luisa Di Pietro, mais le fait que l'on cherche à "fausser une fois encore ce qui constitue des faits scientifiques". "Il faut être attentif, recommande le chercheur, à ne pas réduire la question de la "pilule du lendemain" à un problème d'opposition entre catholiques et non-catholiques. Ici, on est en train de modifier les réalités objectives qui sont également compréhensibles par qui est catholique et qui ne l'est pas parce qu'il s'agit de réalités scientifiques".

D- l'attitude difficile des pharmaciens

Les pharmaciens peuvent faire objection de conscience et ne pas vendre la "pilule du lendemain" parce qu'abortive soutiennent les catholiques, en s'appuyant sur les termes de la loi italienne sur l'avortement. Mais les journaux télévisés - interview de pharmaciens, parfois très embarrassés, à l'appui - affirment que tout pharmacien est tenu par la loi de fournir le médicament indiqué par une ordonnance médicale. Or la "pilule du lendemain" est considérée comme un "médicament", donc les pharmaciens sont tenus de la délivrer. Polémique: pour certains il s'agirait même d'un "avortement clandestin", avec les responsabilités que cela entraîne. D'autres regrettent que la loi ne favorise pas les femmes dans leur désir de maternité.

Pour M. Carlo Casini, président du Mouvement pour la vie (interrogé par L'Avvenire), la mise en vente de la "norvelo" est une "man�uvre honteuse représentant un choix politique discutable" qui fait aussi entrevoir de "sérieuses violations" de la loi. Il se réfère à la loi italienne 194 sur l'avortement qui prévoit d'une part en cas d'avortement la nécessité d'un "consentement informé" de la part de la femme et d'autre part, la possibilité de l'objection de conscience pour le personnel médical.

Mais lorsqu'on se trouve devant le comptoir d'une pharmacie, comment vérifier le "consentement" de la femme à l'avortement et son "information"? "La loi 194, dit-il en outre, affirme que qui exerce des professions médico-sanitaires peut déclarer son objection de conscience. Donc, les pharmaciens pourront aussi le faire".

Pour sa part, le secrétaire du parti des Chrétiens démocrates unis, Rocco Buttiglione (également interrogé par L'Avvenire), émet la possibilité que la mise en vente de cette pilule représente une "violation" de la loi 194. "Non seulement à mon avis, mais selon l'avis de nombreux hommes de sciences, dit le philosophe, il s'agit d'un produit abortif, parce que la formation de l'embryon se fait lors de la conjonction du spermatozoïde de l'homme avec les gamètes de la femme". Il rejette la notion de "pré-embryon", qui correspondrait aux 14 premiers jours après la fécondation de l'ovule fécondé.

Anne Mclaren, qui est à l'origine de cette notion, s'est rétractée (cf. article ci-dessous sur la fécondation in vitro) en dénonçant la "démagogie" de cette "invention". Et, dès le 22 février 1987, l'Instruction de la Congrégation de la doctrine de la foi, "Donum Vitae" abordait cette question. Pour M. Buttiglione, cette notion ne servirait, dit-il en substance, qu'à ne pas appeler avortement ce qui est un avortement.

Le philosophe suggère qu'il serait "intéressant" d'entendre "l'avis d'une commission impartiale" sur la "conformité de cette pilule avec la loi 194".

De fait, cet exemple semble poser deux questions du point de vue des lois: celle du contournement d'une loi existante dans un pays (on applique à un produit abortif la loi sur les médicaments et non la loi sur l'avortement) et celle de l'opposition entre une loi nationale (la 194 italienne) avec une directive européenne (sur la commercialisation de la norvelo).

Deux autres interventions citées par L'Avvenire portent sur la loi 194. M. Alfredo Mantovano, député, évoque "l'avortement clandestin". Il rappelle en effet que "la loi 194 impose que la femme qui désire avorter s'adresse à un consulteur ou à un médecin qui doivent procéder à des examens cliniques et tenter de la dissuader avant de donner le certificat qui permet l'intervention". C'est pourquoi il estime que "la vente de la pilule en pharmacie rend le médecin et le pharmacien responsables d'un avortement clandestin".

Pour Mme Olimpia Tarzia, responsable pour la famille des Chrétiens démocrates italiens, déplore qu'au lieu de "venir en aide à la femme et à la famille, avec une politique qui favorise la maternité, on introduise un produit pharmaceutique que le ministère s'obstine à ne pas appeler abortif










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