ARCHIVES

DES

DÉCOUVERTES

ET

DES INVENTIONS NOUVELLES,

FAITES dans les Sciences, les Arts et les Manufactures,
tant en France que dans les Pays étrangers,

Cordes métalliques de M. I. PLEYEL.
M. Pleyel vient de former une fabrique de cordes métalliques propres aux pianos, pour lesquelles il a pris un brevet d'invention. L'institut, auquel il en a addressé des échantillons, a nommé MM. Haüy et Charles pour lui en faire un rapport.
Jusqu'ici on n'avait fait que des essais infructueux pour imiter les cordes métalliques de Nuremberg, dont on se servait constamment ; M. Pleyel, après diverses rechereches multipliées et dispendieuses, est enfin arrivé à des résultats assez satisfaisans pour n'avoir point à regretter les soins qu'ils lui ont coûté.
Les commissaires ont plus particulièrement soumis à l'expériences les nos de ces cordes qu'on sait être les plus fragiles ; telles que les cordes en fer nos 2 et 3, et les cordes en laiton du n° 0, n°20, et n°1.
Chaque expérience comparée a été à l'avantage des nouvelles cordes. D'abord soumises à la même tension que celles de Nuremberg, elles ont donné à peu près le même ton. Ensuite, forçant leur tension, celle de Nuremberg, n° 3 fer, a cassé à 11 kilogrammes. La nouvelle corde a cassé à 12 1/2 kilogrammes.
Le n°2, fer Nuremberg, a cassé à 13 kilogrammes.
Le même n° Pleyel a cassé à 15 kilogrammes.
Le n° 0, laiton Nuremberg, a cassé à 14 kilogrammes.
Le même n° Pleyel a cassé à 18 kilogrammes.
Les commissaires n'ont point soumis à l'expérience les cordes qui sont constamment infangibles sous les tensions quui déterminent leur intonation ordinaire. Ils ont considéré ces mêmes cordes dans leur qualité de son, et n'ont remarqué d'autres différences que celles qu'offrent souvent les cordes les plus homogènes.
Le résultat du rapport des commissaires a été, que les cordes de M. Pleyel sont aussi sonores que celles de Nuremberg, et qu'elles ont une cohésion plus forte. Cette qualité est si précieuse, que lorsqu'elle sera plus connue du public, l'on finira sans doute par donner à ces cordes une préférence exclusive sur celles emploiées jusqu'ici.
La classe, en approuvant ce rapport, en a adopté les conclusions. (Moniteur du 14 juin 1811.)

Nouveau forté-piano des frères Erard.
Ce nouveau forté-piano a été examiné par la classe des sciences physiques et mathématiques et celle des beaux-arts de l'Institut. MM. Gossec, Méhul, Prony et Charles, après l'avoir examiné en détail, on reconnu plus de solidité dans le mécanisme, plus de facilité dans l'exécution, et de grands avantages d'harmonie.
Les défauts des pianos sont connus ; plusieurs facteurs avaient tenté infructueusement de les corriger ; il était réservé à MM. Erard de les faire disparaître entièrement. Ils ont totalement changé le système qui régit les pièces intermédiaires entre la touche et la corde. Le levier de la touche est coupé en deux leviers, dont l'un agit sur l'autre ; le second levier opère la levée du marteau par une espèce de levier continu, formé de deux étriers renversés et très-voisins, qui se succèdent alternativement, de manière qu'avant que la premier cesse, par son abaissement, d'exercer une action uniforme, le second agit.
Ce mécanisme très-ingénieux peut difficilement se représenter à la pensée avec de simples patoles ; il faudreait s'en rendre compte sur l'instrument même. Le brevet d'invention qu'ont obtenu les frères Erard, en contient les détails techniques, et ils est accompagné des dessins nécessaires pour l'intelligence de la description. Quant aux effets, les commissaires ont trouvé le nouveau piano infiniment plus sonore que les autres de même force. Ils l'ont essaié et ensuite entendu toucher, pendant une heure et demie, par M. Dusseck, en présence de M. Spontini et de plusieurs autres artistes, qui en ont tous porte le même jugement.
De crainte d'avoir été séduits par le magique talent du virtuose qu'ils avaient entendu, les commissaires ont examiné isolément et à plusieurs reprises l'instrument dans tous ses détails, et ils ont toujours trouvé que la qualité du son était à volonté, douce, brillante ou vigoureuse ; que les touches sont d'une sensibilité et d'une égalité parfaites dans toute l'étendue du clavier, qui pourtant a six octaves.
Les sons aigus de la dernière octave gardent le caractère de tout l'instrument. Le clavier est égal, doux ; il parle au plus léger contact, et se prête avec []nsibilité à toutes les nuances délicates par lesquelles []rtiste peut passer du très-doux au très-fort.
La caisse de ces pianos a un pied de moins en lon[]ueur que les précédens pianos en forme de clavecin, [] il est moins large, quoiqu'il comprenne six octaves []omplètes ; mais la largeur des touches est conservée.
Jusqu'à présent, la première et la dernière octave []es pianos offraient plus ou moins un vice insuppor[]ble, celui de donner des sons grèles et crieards dans []aigu, et des sons vagues et confus dans le grave. []ucun de ces vices ne subsiste dans le nouvel instru[]ent ; les basses y ont de la rondeur, de la force, et []ne telle netteté, qu'elles peuvent chanter et jouer la []ifficulté aussi bien que le medium:
Enfin, les commissaires et les classes ont pensé que []e piano-forté est si supérieur à tout ce qui a été fait []squ'à ce jour, et que MM. Erard, qui ont déjà si []ien mérité de la France et de l'art, qui ont tout sur[]assé, se sont surpassés eux-mêmes. (Extrait du Rapport fait en séance publique de l'Institut, par le Secrétaire perpétuel de la classe des Beaux-arts, le 6 octobre 1810.)

Nouveau Piano ; par M. GOLL.
M. Goll, de Zurich, a obtenu un privilège exclusif pour la fabrication et la vente d'un piano de son invention. Cet instrument a singulièrement gagné en force, en netteté et en agrément ; l'auteur a résolu un problème dont la solution paraissait presque impossible ; il est parvennu à donner au-dessus exactement la même force proportionelle, et la même durée de son qu'à la basse. (Revue encyclopédique, janvier 1822.)

Piano-transpositeur ; par M. ROLLER.
La transposition des morceaux de musique, d'un ton un autre, est une des difficultés qui embarassent le plus les personnes qui exécutent et celles qui accompagnent. Le piano-transpositeur remédie entièrement à cette difficulté. Au moyen d'un mécanisme simple et facile à faire mouvoir, cet instrument peut à volonte changer de ton, c'est-à-dire que toutes les notes que le clavier indique peuvent, au même instant et d'un seul mouvement, monter ou descendre.
Le clavier, rendu immobile, se transporte, a moyen d'une clef, à droite ou à gauche sous les cordes, de sorte que la touche qui frappe l'ut:, par exemple, passe sous l'ut dièse ou re bémol, et donne ainsi un autre système total, sans que le doigté éprouve le moindre changement.
Pour baisser le ton il suffit de porter le clavier de droite à gauche, et alors, suivant le nombre de degrés qu'on lui fait parcourir, la gamme d'ut, et par conséquent tout le système entier de ce ton, se change en ceux de au premier degré, de si bémol au second, etc. On peut obtenir à l'aigu la même variation ; chaque tour de clef élève d'un demi-ton, si c'est en haut, et baisse d'un demi-ton si c'est en bas. Chacun de ces degrés est d'un demi-ton, et à quelque degré que l'on s'arrête, le clavier se trouve invariablement fixé. Un signe, mis sur le clavier, qui change de place, s'arrêtant à chaque tour de clef sur l'un des signes marqués sur le devant du piano, indique sur le champ si le clavier est dans sa position naturelle, ou s'il a été porté d'un ou plusieurs degrés à droite ou à gauche.
Le piano-transpositeur présente encore beacoup d'autres avantages que les pianistes sauront apprécier. Son prix diffère peu de celui des pianos ordinaires. M. Roller demeure rue de Paradis Poissonnière, n° 27, à Paris.

Nouveaux pianos en fer.
Le barrage des ces pianos, construits par MM. Pleyel est entièrement en fer. Ces instrumens non seulement rivalisent avec les meilleurs pianos anglais ; mais ils les surpassent en plusieurs points. La solidité de leur construction est telle qu'ils ne perdent presque jamais l'accord. La table de resonnance, étant dégagée des énormes moreaux de bois qui autrefois étaient employés pour résister au tirage, a plus d'élasticité et seconde mieux la vibration des cordes. Le son est étonnant, pour son volume et sa rondeur, et le mécanisme est tellement perfectionné qu'il permet qu'on l'attaque avec la plus grande délicatesse aussi-bien qu'avec la plus grand force.
MM Pleyel construisent aussi des pianos carrés à une seule corde (Journal des Débats. 21 novembre 1826.)

Perfectionnement dans la construction des Pianos carrés ; par M. BROADWOOD.
L'auteur a pour object de pévenir le recul du marteau quand on frappe une touche, ce qui produit fréquamment un son discordant, nuisible à la mélodie de l'instrument. A cet effet, il place derrière la touche un petit fragment de liége ou de bois recouvert de drap, appelé frein. ce fragment s'élève pendent qu'on frappe la touche et se saisit de la pièce appelée appui, placée sous le marteau ; il la retient ainsi que le marteau jusqu'à ce que la touche tombe de nouveau quand le marteau est abandonné à lui-même.
Ce frein est monté sur une petite clavette s'élevant de la pointe de la touche, et l'appui est fixé à la partie inférieure du marteau ; leur position se trouve telle qu'ils doivent justement mettre en contact leurs faces inclinées, quand le marteau finit de frapper la corde de l'instrument : sans cet appui, le marteau, par le soulèvement subit de la touche, est sujet à vibrer et à frapper la corde une seconde fois, ce qui produit le son discordant dont on se plaint. (Lond. Journ. of Arts, novembre 1827.)

Nouvelles Filières formées avec des pierres dures, par M. BROKEDON.
Le moyen ordinaire de tirer des fils cylindriques consiste à les faire passer de force par des ouvertures circulaires formées dans des plaques de fer, d'acier, ou de tout autre métal ; mais on remarque qu'en peu de temps l'ouverture s'use ou se déforme, et que les fils cessent alors d'avoir toute la régularité convenable. M. Brokedon exécute maintenant le même travail à Londres avec beaucoup de succès, en faisant passer les fils à travers des trous coniques pratiqués dans des rubis ou d'autres pierres dures. Ces trous prenant, quand on les use avec de la poudre de diamant, un poli parfait, il en résulte que la dorure des fils de cuivre et d'argent qu'on étire, n'est jamais enlevée ; elle acquiert, au contraire, un éclat tout particulier.
Un trou de 1/100 de pouce de diamètre, percé dans un rubis, a servie à tirer un fil qui avait 266 lieues de long, tandis qu'en employant des filières métalliques, on ne peut tirer un fil de plus de 2/3 de lieue de longueur, sans que le trou augmente sensiblement de diamètre. Or, telle est la dureté de la pierre et l'inaltérabilité du trou, que les deux extrémités de ce long fil paraissent avoit exactement le même diamètre.
M. Brokedon est parvenu à percer dans des rubis et des saphirs, des trous qui n'avaient que 1/120 de pouce de diamètre. Les fils dorés obtenus avec ces filières ayant été ensuite aplatis, on peut calculer que la couche d'or dont ils étaient revêtus ne surpassait pas 1/100,000,000 de pouce.
Le chrysoberil, le rubis et le saphir, sont les pierres dont M. Brokedon a obtenu les meilleurs résultats. Les diamans onte été rejectés à cause de la difficulté de polir les trous.
Quoiqu'il semble devoir être indifférent, dans cette opérations, d'introduire le fil par la grande ou par la petite base de l'ouverture conique, M. Brokedon annonce qu'on obtient de meilleurs résultats quand on le fait entrer par le petit trou et qu'on le tire par le grand. (Quarterly Journal de l'Institution royale de Londres, n° 2. [1828])

Piano qu'on peut baisser d'un ou de plusieurs demi-tons sans empêcher les notes de rester au ton du diapason ; par M. WAGNER.
Les moyens imaginés par l'auteur consistent à baisser l'instrument à l'aide d'une pédale qu'on ajoute à cet effet, et qui fait glisser le clavier sous les marteaux ; un petit coin se trouvant transporté à droite maintient le clavier dans cette nouvelle position. Un marteau et trois cordes sonnant le mi, ajoutés à la basse, se trouvent alors attaqués par la touche fa, et le marteau et les cordes sonnant l'ut du dessus ne font plus partie du clavier ; car dans cette position la touche ut frappe le marteau du si ; par ce moyen le piano se trouve baissé d'un demi-ton.
Lorsqu'on veut remonter le piano, il suffit de mettre d'abord le pied sur la pédale qu'on a ajoutée, pour donner la facilité de retirer le petit coin qui retient le clavier ; on lâche ensuite cette pédale, et un ressort placé à l'extrémité du clavier et à gauche le fait revenir dans son premier état.
L'auteur a remarqué que les notes dites additionelles ne sont presque jamais en rapport avec les basses, et qu'elles sont presque toujours couvertes par ces dernières. On remédie à cet inconvénient en faisant frapper le marteau par-dessus, tandis que dans les pianos ordinaires ils frappent par-dessous.
Dans ce piano, pour le passage des marteaux, on coupe la table d'harmonie, et les petits marteaux frappent sur les cordes à l'aide d'une espèce de bascule ; ils sont attachés par un support en cuivre et une vis. Ce mécanisme a la propriété de donner aux notes additionnelles toute la vibrations qui leur manque dans les pianos ordinaires, et unit les sons qu'elles produisent avec ceux des octaves précédentes. (Descript. de Brevets, t. xv.)

Nouveaux pianos ; Par M. PAPE.
M. Pape vient d'apporter, dans le mécanisme du piano, un perfectionnement tout nouveau, et qui mérite d'être signalé.
Déjà, depuis quelques anées, il avait été reconnu par d'habiles connaisseurs, que si l'on pouvait parvenir à fair frapper les cordes par les marteaux au-dessus et non plus au-dessous, on obtiendrait une meilleur qualité de son, plus de force, plus de solidité et un accord plus durable. A force d'essais et de persévérance, M. Pape a triomphé de toutes les difficultés, et ce nouveau mécanisme, porté au plus haut degré de perfection, est certainement une des amélioration les plus remarquables qu'on ait inventées depuis l'origine des pianos.
M. Pape en appliquant sa découvert aux pianos à queue, a trouvé la facilité de diminuer beaucoup leur longueur, tout en augmentant le volume des sons. Les sons de ces nouveaux pianos à queue ayant fait désirer que le même mécanisme fût adapté à ceux de forme carrée, M. Pape a fait de nouveaux essais, et le succès a dépassé ses espérances, car en se renfermant dans de mointres dimensions que celles en usage, on obtient non seulement un toucher plus facile, plus nerveux, plus délicat, mais encore une masse d'harmonie et une qualité de son aussi fortes que dans un piano à queue ordinaire. [1830]

Nouveaux pianos carrés ; par M. PAPE. Dans les pianos horizontaux construits jusqu'à ce jour, les marteaux frappent les cordes par-dessous ; la table d'harmonie est coupée dans le sens de la longueur du clavier pour livrer passage aux marteaux. Les cordes sont attachées, par leurs extrémités, sur deux sommiers ou fortes pièces de bois.
M. Pape place les marteaux de ses pianos en dessus des cordes ; ces marteaux sont reteunus par de petits ressorts à boudin qui ne peuvent agir contre l'impulsion donnée par l'échappement ; le marteau frappe donc la corde aussitôt qu'on agit sur la touche, et avec une promptitude extrême. En même temps que le marteau saute, l'étouffoir se retire par le fait de l'échappement ; mais dès que le choc est donné, la force vive du marteau est détruite, et immédiatement le ressort agut oour retirer le marteau de dessus les cordes. on y voit arriver l'étouffoir, qui amortit les vibrations.
Ces nouveaux pianos sont plus légers de moitié que les pianos ordinaires ; leur forme est élégante, le son à la fois doux et nerveux ; les marteaux se baissent et se lèvent avec une telle rapidité, que presque aucun intervalle ne semble exister entre les sons qu'on fait rapidement succéder, même en réitérant les fonctions d'une même touche. (Bull. de la Soc. d'Enc., octobre 1832.)

Piano droit ; par M. ROLLER.
Dans ce piano, la table d'harmonie et les cordes sont disposées dans une capacité ou boîte verticale placée en avant du clavier et de l'exécutant, de manière toutefois à laisser une ouverture pouir le passage des pieds du musicien et des pédales. La largeur de l'instrument n'est que de 17 pouces ; sa longueur de 4 pieds. Un volume aussi peu considérable suffit pourtant à loger les cordes des six octaves, la mécanique, le clavier, les pédales, etc.
Ce piano, quoique léger et peu volumineux, rend des sons pleins et bien nourris, son timbre ressemble à celui que pourrait avoir un instrument de grande dimension ; la durée de ses vibrations, sans diminuer sensiblement, peut remplier les plus longues tenues.
Le système d'échappement imaginé par M. Roller est ingénieux, et dispose de manière que le marteau arrive sur la corde avec totue la vivacité que lui imprime la touche ; il n'est contrarié dans sa marche par aucun frottement ([Bull. de la Soc. d'Enc.,] mai 1832.)

Nouveau piano ; par M. COTE.
Dans ce nouveau piano, le clavier est placé au-dessus de la table d'harmonie, et par conséquent au-dessus des cordes. Cette table règne dans toute l'étendue du piano, ce qui augmente la qualité du son.
Les marteaux frappent les cordes en dessus ; ils sont garnis d'un feutre très épais. La sourdine n'étouffe qu'une seule corde de chaque note et sert à faciliter l'accord du piano. Le mécanisme du piano présente quatre pièces en mouvement. Les sons de cet instrument sont doux et agréables. ([Bull. de la Soc. d'Enc.,], octobre 1834.)

Nouveau mode de tension des cordes de piano ; par M. CLUESMAN.
L'invention de M. Cluesman a pour objet de ne produire la tension de la corde du piano que par des degrés si faibles qu'on atteint très facilement le son qu'on demande. Au lieu de fixer l'extrémité extérieure de la corde par une goupille qui accroche une bouclette, l'auteur accroche le bout de cette corde autour d'une broche d'acier qui est carréé à sa base inférieure, et entre assez librement dans un trou carre pratiqué à la table. Cet enroulement se fait sur la partie inférieure de la broche, et, pour faciliter l'adhérence, la broche est percée d'un trou où l'on entre le bout de la corde. A l'extrémité supérieure de la broche est disposée un vis horizontale en cuivre, dont le bout vient butter contre la broche ; cette vis est entrée jusqu'à son milieu dans un écrou immobile fixé sur une tige de hauteur convenable : la tête de la vis est carrée, et on la saisit par une clef ; en faisant agir cette clef, on fait tourner la vis dans son écrou, et on pousse plus ou moins le bout de la broche d'acier. Ce mouvement, en changeant l'inclinaison de la broche sur la table, se transmet à la corde dont on fair ainsi varier la tension par quantitès aussi petites qu'on veut ; bien entendu que le fabricant a soin que le coude que fait la corde sur son appui ou sillet soit peu prononcé, pour que le mouvement de la corde soit assez libre.
Quant à l'autre bout de la corde, il est à l'ordinaire enroulé sur une cheville d'acier, mais celle-ci ne sert plus qu'à produire les grands mouvemens. Ainsi, pour monter une corde au ton voulu, quand ses deux extrémités ont été enroulées d'une part sur la broche et de l'autre sur la cheville, on fair tourner la cheville avec sa clé jusqu'à ce que la tension que ce mouvement lui fait prendre l'amène à peu près au ton désiré ; on achève ensuite l'opération en manoeuvrant la vis avec le clé. (Bull. de le Soc. d'Enc. novembre 1835)

Piano en fonte ; par MM. EDER et GAUGAIN.
La Societé d'émulation de Rouen vient de décerner à MM. Eder et Gaugain une médaille d'argent pour avoir inventé un piano en fonte, dont l'essai a été fait sous ses yeux. La fonte, exigeant beaucoup moins de volume que le bois pour la même force, laisse plus de libereté aux vibrations de la table d'harmonie. De cette manière, tandis que la durée des vibrations sonores dans les meilleurs pianos est de 28 à 30 secondes, ici elle est de 43 à 46 secondes. Cette circonstance permettra au pianiste de chanter sur l'instrument, dont les sons pourront se lier aux siens, au lieu de se succeder isolément. En deuxième lieu, l'inflexibilité de la fonte assure la stabilité de l'accord en même temps que sa stabilité, sorrespondant à celle des cordes, maintient la fixité du ton. Le piano qui a été entendu se faisant remarquer par la sonorité complète de toute l'échelle de ses cordes. Les cordes basses sont d'une gravité bien nette ; les cordes élevées n'ont rien de criard ; et le prolongement de la sonorité, qui est une des qualités spéciales de la fonte, donne aux notes du médium un charme de mélodie et d'expression que les meilleurs pianos en bois ne paraissent pas posséder à un si haut degré. (Institut, n° 110.)

Perfectionnemens ajoutés aux pianos ; par KOSKA.
L'auteur est parvenu à obtenir une amélioration sensible dans la position de l'échappement droit et dans la pilote qui, se trouvant à double mouvement, empêche de faire sentir à la touche le contre-coup des étouffoirs ; ensuite, ayant éloigné des cordes leurs marteaux beaucoup ples que dans les autres pianos, tout en leur conservant une même force de jeu par suite de la disposition de ces échappemens, il est arrivé à donner à ses pianos carrés autant de son qu'aux pianos à queue ; enfin, il est arrivé à pouvoir obtenir des vibrations égales dans les cordes remplaçant les pointes du sommier et du chevalet, de manière qu'il y ait toujours unisson entre les vibrations des cordes et l'unisson du son, avantage propre à faciliter l'accord de l'instrument. (Mém. encyc. avril 1837.)

Perfectionnemens apportés à la construction des pianos ; par M. PAPE.
1°. La touche du piano, lorsqu'on la presse légèrement de haut en bas avec le bout des doigts, fait basculer un levier qui, par le secours de l'échappement, fait fonctionner le marteau. Ce levier, ordinairement droit, tient en longueur une place assez considérable. Lorsqu'on lève la table de dessus d'un piano quelconque, on voit tous ces leviers, dont le nombre est de soixante-dix-huit, disposés dans un plan horizontal. M. Pape, en plaçant la mécanique au-dessus du plan des cordes, a imaginé de courber ses leviers en arcs verticaux pour leur fair occuper moins de longueur. Il résulte de cette disposition, que, sans rien changer au principe de la mécanique, il a pu réduire le poids et les dimensions de ses pianos, tout en leur conservant l'intensité de son nécessaires.
2°. On a coutume de placer le plan des cordes à 10 lignes de la table vibrante. M. Pape donne 2 pouces à cet intervalle. Pour empêcher la table de se voiler, il a imaginé de tirer parti de la tension même des cordes ; ces cordes sont tendues sur deux sommiers fixés à leurs etrémités ; elles sont attachées à un bout par une cheville de tension, et à l'autre bout par une bouvle tortillée qu'on accroche à un petit clou. M. Pape dispose entre le plan des cordes et celui de la table sonore, des barres de fer traversant le chevalet également en fer en buttant contre les sommiers qui les arrêtent. Ainsi la force énorme de tension produite par le système des cordes tendant à rapprocher par en haut les sommiers l'un de l'autre, tire en me6me temps sous le chevalet la table par ses deux bouts, et la maintient plan au lieu de la déformer.
3°. L'échappement auquel M. Pape s'est arrêté après de nombreux essais fonctionne parfaitement, et lorsque la touche n'est qu'en partie relevée, on peut faire résonner la corde sans attendre que le relèvement soit complet ; d'où résulte que les doigts peuvent exercer toute leur agilité pour répéter rapidement, plusieurs fois successives, le même son. Le toucher est d'une extrême facilité, et l'instrument ne se détériore qu'après un très long temps.
4°. M. Pape se sert d'un procédé très simple pour compléter l'accord, lorsqu'avec la clef qui tourne la cheville il a amené la tension de la corde au degré presque exact. Une cheville supplémentaire est destinée à produire l'effet des petits mouvemens d'une vis de rappel ; cette cheville, placée entre les premières et le sillet, est entrée à vis dans l'intérieur du sommier ; elle est munie d'une portée garnie d'une petite rondelle en peau qui appui sur la corde. En tournant cette vis avec une clef, on la fait pénétrer plus ou moins dans le bois, et sa portée appuyant sur la corde, en augmente ou diminue la tension qui varie par une force de pression au lieu de varier par une force de traction. Les pianos de M. Pape conservent l'accord pendant une durée considérable, même lorsqu'on leur fait éprouver des transports. (Bull. de le Soc. d'Enc. juin 1838)


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