LA

FRANCE MUSICALE


EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867 - FACTURE INSTRUMENTAL

On se rappelle l'accueil fait aux pianos exposés par la maison P.-H. Herz neveu et Ce. au palais du Champ-de-Mars. Joués par les pianists les plus célèbres, ils ont été universellement admirés, et la presse a été unanime pour constater leur supériorieté. Nous aurons à revenir sur les remarquables produits de la fabrications de la maison P.-H. Herz : aujourd'hui nour cédons la place au Moniteur, et nous reproduisons l'article suivant, qui a paru, le 17 de ce mois, dans ses colonnes.

Musique.
Philippe Herz, neveu et Ce.
. . . . . . . . . . . . .

«À ce point de vue, un jeune facteur, dont la fabrique n'a pas plus de quatre années d'existence, M. Philippe Herz neveu, a rendu un service, en adaptant à la mécanique des pianos obliques le système du double échappement, ou en leur donnant ainsi l'élasticité favorable à la rapidité de l'exécution, qualité qui, jusqu'à présent, avait été uniquement le partage du piano à queue.

»Les pianos de M. Philippe Herz neveu sont habilement construits : le son est plein et de bonne nature ; les claviers sont bien égalisés. Ces éléments constitutifs des instruments recherchés par les pianistes sont tout à fait développés dans le piano à queue qu'il a exposé, et qui, de plus, est d'une forme très-élégante. - Le jeune facteur savait bien qu'un débutant n'a pas à se préoccuper des séductions de l'enveloppe pour présenter ses produits, qui doivent s'adresser aux oreilles bien plus qu'à la vue. Mais il a tenu commpte d'une vérité proclamée par la sagesse des nations, et qui peut s'appliquer à tout : il en a changé la lettre et suivi l'esprit, convaincu que si le luxe estérieur ne fait pas le piano, du moins il le pare. M. Philippe Herz a placé un mécanisme très-soigné sans une belle caisse d'ébène, avec inscrustations et ornements dorés du style Louis XIV. Pour la valeur artistique de cet instrument, on a pu en juger lorsqu'une de nos célèbres artistes, Mme Escudier-Kastner, l'a fait si bien valoir en ecécutant une fantaisie de Thalberg, un fragment de Mozart et le Torrent, de Lacombe.

»Ce début remarquable prouve que le jeune facteur est de ceux qui,

»...A deux fois ne se font point connaître,
»Et pour leurs coupe d'essai veulent des coups de maître.

»En faisant l'éloge de cette manufacture, on ne doit pas oublier l'habile coopérateur, dont M. Philippe Herz s'est assuré le concours, M. Marcus Knust, qui a travaillé, comme contre-maître, six ans chez Erard, douze chez Pleyel, et dix-huit ans chez Henri Herz, et qui a été initié ainsi aux procédés des meilleures écoles de facture.

»Les instruments de M. Philippe Herz neveu ont été fort remarqués de tous ceux qui s'intéressent sérieusement aux progrès de notre fabrication nationale ; ils le méritaient, et nous ne mesurons pas nos éloges et nos encouragements à cette jeune maison, qui, de l'avis des connaisseurs les plus difficiles, a pris, du coup, place parmi les plus justement renommées.

»AMÉDÉE MÉREAUX.» (26.04.1868)


Nous sommes heureux de pouvoir dire que nous avions milles fois raison quand nous annoncions, en de'pit des contradicteurs, l'année dernière, la victoire si éclatant et sans précédent remportée par la maison Philippe Henri Herz neveu et Cie à l'Exposition universelle. La médaille d'or, la seule pour la France, lui avait été décernée par le jury international à la majorite' de 14 voix sur 15 membres présents. Il est vrai d'ajouter que, par suit d'une erreur, le nom de M. P . Herz neveu et Cie ne figurait pas sur le premier tirage du catalogue des re'componses , et que cet oublie e'tait dû à un malentendu on ne peut plus regrettable, suscité d'ailleurs par les jalousies rivales, disons le mot. - Nous apprenons avec grande satisfaction que les difficultés avec la Commission impériale sont entièrement aplanies, et que la médaille d'or, ainsi que le diplôme qui l'accompagne, vient d'être délivrée à MM. Philippe, H. Herz neveu et Cie.

Ainsi se trouvent confirmées toutes nos prédictions sur cette maison fondée seulement depuis quatre ans, et qui réalise si bien ce que le Moniteur universel disait dernièrement en parlant de la supériorité de ses pianos, qu «le jeune facteur est de ceux qui...

...à deux fois ne se font pas connaître
Et pour leurs coups d'essai veulent des [c]oups de maitre.»

M.E. (31.05.1868)


Nous nous empressons de reproduire, et nous le faisons avec plaisir, la letter suivante que M. P. H. Herz hous fait l'honneur de nous écrire :

«Paris, le 15 juillet, 1868.
»Monsieur Marie Escudier,
»Je vous demande la permission de vous rappeler que notre maison est la seule maison française qui ait obtenu la médaille d'or à l'Exposition universelle du 1867 pour la fabrication des pianos.
»L'omission de notre nom dans la première édition du catalogue officiel est le résultat d'un malentendu, et va être réparée.
»Tous nos instruments portent la reproduction de la médaille d'or avec la mention de la séance dans laquelle le jury international nous a décerné cette haute récompense.
»Veuillez agréer, Monsieur, nos salutation les plus sincères,
»P. H. HERZ neveu et Cie

Le succès sans précédent que cette jeune maison (fondée seulement depuis quatre années) a obtenu à l'Exposition universelle, d'une façon si éclatante, comme on se le rapelle (puisque le jury international a voté à M. Philippe H. Herz neveu cette médaille d'or à la majorité de 14 voix sur 15 membres), ce succès, disons-nous, n'est que la juste récompense des efforts incessants que cette manufacture a faits et des progrès qu'elle a réalisés depuis sa fondation, sans jamais s'arrêter un seul instant.

Fort de la supériorité de ses pianos, M. Philippe H. Herz neveu a déployé une énergie et une persévérance sans égales, dans cette lutte pacifique, pour soutenir à lui seul l'honneur français. Sans lui, les plus hautes récompenses passaient à l'étranger, et la France était vaincue pour la première fois. C'est, en effet, la seule médaille d'or décernée à la France pour la fabrication des pianos. Le triomphe n'en est donc que plus ccomplet.

M.E. (26.07.1868)


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