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L’insoutenable, l’horrible banalité !

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Le premier supplément au supplément Réaliste de René, le jeu avec le rôle dedans.

Nos héros ne sont pas sortis de l’auberge :

…Car un nouveau problème peut leur tomber dessus à tout moment ! LA BANALITE ! ! ! (Tintintsinnnnnnn !). Oui, je sais c’est horrible… D’ailleurs, je déconseille d’en abuser. Il faudrait seulement un personnage «banal » par tragédie, parmi les joueurs tout au moins, pour les raisons évidentes que si on joue à René, c’est pas pour incarner un boulanger jovial… Mais, bon, cela constitue une alternative au poète maudit qui n’est pas inintéressante.

Mais même si ça peut être bien à jouer, je pense que pour de vraies parties de René il faut laisser la banalité au vestiaire, et surtout aux personnages non joueurs.

Si vous voulez, vous pouvez considérer que la banalité est un problème, au même titre que le fait d’être républicain, ou bonapartiste (surtout sous la Restauration, hé hé hé…).


Pourquoi un personnage Banal ?

Vous avez sûrement noté, dans certaines nouvelles, certains livres réalistes (ou même romantiques ) on trouve un ou des personnages secondaires mais dont le rôle est primordial pour le bon déroulement de l’histoire… Ceux-ci semblent, sinon immunisés, tout au moins résistants aux gains de désespoir du héros. Je pense surtout aux héros secondaires de Maupassant et bien entendu aux nombreux personnages de Balzac…


Bon, alors le personnage Banal est comme ça, voir figure 1 :

Techniquement, rien ne différencie le personnage banal des autres, si ce n’est que RIEN, mais alors RIEN chez lui n’est susceptible de flotter au vent. Trop lourd.

Le Banal porte un nom banal, rarement avec une particule (sauf s’il y a beaucoup de nobles dans la tragédie). Les problèmes Petit, Gros, Moche, Accent Patois, Origines Modestes, etc. ... sont conseillés pour coller avec le personnage… Il est déconseillé d’avoir un trait révolté, ou qui ressort trop (ou alors juste un, parce que vous êtes sages et qu’il faut bien lui trouver UN truc a faire à ce c…)

Mais voilà ou c’est que la banalité est vraiment terrible, c’est que tout personnage qui se déclare Banal a sa création gagne systématiquement et temporairement pour chaque jet de dé un modificateur de + ou – 15 points de désespoir, pour tous les jets, qui ramèneront le score vers les 50 ! (Moins de 15, le cas échéant, si le score atteint 50 pile).

Cela rend le personnage moins sujet au suicide, ou aux accès de joie, mais plus prompt à être Mou, mou, mou…Mais attention ! Le joueur devra renoncer à toute activité créative de la part de son personnage (ou au moins toute activité créative de qualité autre que médiocre…) car la banalité annihile tout talent artistique ! (Nota : cela n’a aucune incidence sur les problèmes comme poète, par exemple, puisque le personnage peut continuer d’écrire. ce qu’il fait sera irrémédiablement nul, mais à part ça…)

Par contre, pour la rage, tout fonctionne normalement.


Quelques archétypes de personnages d’une affligeante banalité :

Le cousin campagnard, qui vit dans sa maison qu’il a fait agrandir pour qu’elle ressemble à un château avec sa femme et ses enfants, légèrement gras du ventre, grosse moustache, accolade de bienvenue, intéressé par la «politique » de son petit village paumé, et pense se faire élire maire ou député… (extrait de Maupassant, le Horla et autres nouvelles)

Le chasseur roux et graveleux qui invite le héros a chasser avec lui, et n’hésite pas a tirer sur un oiseau femelle, puis à attendre que le mâle de celle-ci (car l’espèce est ainsi faite que ces oiseaux n’ont qu’un conjoint pour toute leur vie) rapplique pour le tuer aussi… (encore Maupassant, ibidem…)

Le vieux couple de normands, le mari coureur à 60 ans (quelle énergie…) et la femme soumise jusqu’au martyr, flétrie et finissante en petit tas emmailloté dans son fauteuil, cheveux blancs avant l’âge, les deux passant leur temps à cueillir les pommes du verger, ou à engager des gens pour le faire, à les conserver, à les vendre, ou à en faire du cidre… (Maupassant, toujours lui, extrait de Bel-Ami)


Métiers appropriés :

Les métiers banals comptent bien entendu petit fonctionnaire, fermier ou agriculteur (pauvre à moyennement prospère),médecin (à condition d’être borné/vieux/inefficace/débonnaire/établi en un même lieu depuis longtemps, biffer les mentions inutiles), et bien entendu, le voilà, il arrive, il est gros comme une maison… maire ou édile insignifiant ou secrétaire de ceux-ci (souvent imbu de sa personne, ce type de personnage est auréolé d’un certain respect, non sans rappeler la fable de l’âne portant des reliques, et pense qu’a son modeste niveau il préside à la destinée de la nation est qu’il jouît d’une influence immense auprès de l’inévitable supérieur hiérarchique (préfet, maire, directeur, etc.…)).


Bibliographie de la banalité :

A lire pour trouver des personnages banals à souhait dans des situations sordides de meurtres et de haines diverses, les intrigues salaces de gens du commun à réutiliser ou à intercaler dans vos tragédies pour les rendre plus sordides encore, et faire un intermède désespérant à l’intrigue principale, retirer encore un peu plus de sens à la vie de nos héros en y ajoutant le mépris des autres…

Le Horla et autres nouvelles (particulièrement Le Trou,Le Diable, et, moins sordide mais exploitable, Le Signe ouLe marquis de Fumerol ), Maupassant, Colomba et dix autres nouvelles, Mérimée, en évitant cette fois les nouvelles fantastiques, Bel-Ami, Maupassant

La liste est longue, et comporte toute l’œuvre de Balzac, Madame Bovary, l’incontournable de Flaubert, et, pour de bonnes idées sur la haine de la banalité, les livres de Pierre Desproges (Vivons heureux en attendant la Mort, Chroniques de la Haine Ordinaire, les étrangers sont nuls, Des Femmes qui Tombent, et en règle générale tous ses textes de scène…)


Ne jamais oublier que pour le bon déroulement d’une tragédie réaliste, le réalisme est justement apporté par l’élément de comparaison banal ou le personnage commun qui commet contre toute attente un acte tragique !

Oui, ami lecteur, le monde est plein de petites gens qui font de grands rêves, si tu n’en es pas convaincu, relis donc Madame Bovary de Gustave Flaubert !

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