Nos ancêtres

 ROBICHAUD

* extrait du livre intitulé Le Bas du Ruisseau Vacher Ste-Marie-Salomé de Madame Thérèse Melançon-Mireault

 


L'ancêtre en France:

Louis Robichaud né vers 1609 était originaire du Poitou. Il vécut précisément au village de La Chaussée, sur une des terres de la seigneurie de Charles d'Aulnay. Ce dernier avait déployé des efforts remarquables pour amener des colons sur ses terres d'Acadie. C'est vraisemblablement avec un groupe de futurs acadiens, que Louis Robichaud s'embarqua en 1636. Nous ignorons le nom de son épouse, par contre, nous savons qu'il eût deux fils: Charles né en 1637 qui disparut sans laisser de descendants mâles et Étienne né en 1638 qui devint par le fait même l'ancêtre de tous les Robichaud en Nouvelle-France.

 

L'ancêtre en Acadie:

Louis Robichaud eût à peine le temps de prendre racine en Acadie, voilà qu'il décède à Québec, lors d'un voyage de Port-Royal, le 3 janvier 1649.  L'acte de décès rédigé en latin est conservé à l'archevêché de Québec.  Il se traduit comme suit: «Le 4 janvier 1649, a été inhumé dans le cimetière de Québec Louis Robichaud décédé hier à l'Hôtel-Dieu à l'âge de quarante ans».  La relève de cette première famille Robichaud était assurée par son fils Étienne qui épousa en 1664, Françoise Boudrot dont il eût six enfants:  deux filles et quatre fils, Charles, Prudent, Alexandre et François.

Le recensement fait en Acadie en 1671 par le Père Laurent Molin, met en cause Étienne Robichaud.  Les premiers Acadiens, peu familiers aux règlements administratifs recevaient à leur façon ce missionnaire qui notait tout ce qu'il voyait et entendait, ce qui a valu à l'Histoire quelques anecdotes colorées.  Ainsi il écrivit: «Étienne Robichaud, laboureur, ne m'a pas voulu voir.  Il a sorti de chez-lui et a dit à sa femme qu'elle me dise qu'il ne voulait point donner le compte de ses bestiaux et terres».  Une preuve additionnelle que «la méfiance légendaire des Acadiens date de bien avant la Déportation»...! Même en France, dans leur pays d'origine, l'expression «une réponse de normands» c'est-à-dire une réponse évasive et sans compromis, faisait partie du vocabulaire courant.

Des quatre fils d'Étienne Robichaud et de Françoise Boudrot, Prudent devient l'ancêtre des Robichaud de Bas du Ruisseau Vacher de la Nouvelle-Acadie.  Il épousa en 1691, Henriette Petitpas, fille du greffier du tribunal de Port-Royal.  Doué d'aptitudes administratives et entraîné par l'influence de son beau-père, Prudent Robichaud exerça des charges publiques en plusieurs circonstances et se fit défenseur émérite de l'élément français en Acadie.  Il fut l'un des six députés que les habitants de Rivière-du-sud déléguèrent à M. de St-Ovide pour protester que les Acadiens voulaient rester Français.  Il fut également nommé syndic et président du conseil français à Port-royal.

Côté familial:  il eût douze enfants dont cinq fils:  Joseph, Prudent, Pierre, Louis et François.  tous furent victimes de la Déportation en 1755.  Trois d'entre eux prirent pour épouses des filles de Germain Bourgeois et de Marie-Madeleine Dugas:

1-  Prudent, du même prénom que son père, épousa Françoise Bourgeois en 1719, il fut marchand et député de Port-Royal sous le régime anglais, puis déporté au Massachusetts.  Après la période d'exil, plusieurs membres de sa famille se fixèrent à l'Assomption et à St-Jacques de la Nouvelle-Acadie.  Les autres, dont Armand et Jean-Baptiste, nés de son second mariage à Cécile Dugas se sont dirigés vers Baie Ste-Marie en Ancienne Acadie.

2-  Pierre épousa Madeleine Bourgeois en 1724.  Il décéda à Port-Royal en 1749.  Sa veuve et huit enfants furent déportés à Boston.  Des membres de cette famille se sont établis à Deschambault et Yamachiche au Québec.

3-  Louis épousa Jeanne Bourgeois en 1730.  Ils furent déporté à Cambridge au Massachusetts.  au retour de l'exil, ils se fixèrent à Québec où il décéda en 1780.  Voici le texte de son acte de décès:

«Le 21 décembre 1780, par nous curé soussigné, a été inhumé dans le cimetière des picotés, le corps de Louis Robichaud acadien, époux de Jeanne Bourgeois, décédé d'hier, âgé de soixante-dix-sept ans, muni des sacrements.

                                                                           Auguste d. Hubert, ptre» 

Louis Robichaud semble être décédé d'une maladie contagieuse lors d'une épidémie qui frappa la ville de Québec à cette époque.

4-  Joseph, épousa Marie Forest en 1718, qui lui donna neuf enfants.  Il fut déporté avec quelques membres de sa famille à Newport au Massachusetts.  Les autres furent retenus prisonniers à Halifax.  Ceux-ci s'établirent par la suite en Louisiane.  Joseph Robichaud 73 ans et son épouse Marie Forest ainsi que leurs fils: Étienne, Polycarpe et Michel furent rapatriés à l'Assomption.  Ils faisaient partie du second contingent d'Acadiens de 1767, qui vinrent s'établir au Portage dans le Québec.

5-  François épousa Osite Leblanc en 1746.  Avec deux enfants, cette famille fut déportée en Nouvelle-Angleterre, puis ils se fixèrent à Québec.

À la suive de ces données généalogiques et historiques une conclusion se dessine nettement: «Nos Robichaud» sont issus de la même souche mais de deux lignées distinctes:  celle de Prudent II et celle de Joseph.»

    

L'ancêtre en Nouvelle-Acadie, Bas du Ruisseau Vacher:

Dès leur arrivée à l'Assomption en 1767, Dominique, Polycarpe et Véronique Robichaud reçurent des lots à défricher dans la seigneurie de St-Sulpice.  Tous trois signèrent leur contrat de concession le 11 février 1774.  Dominique eut le lot 480, côté sud du Ruisseau Vacher, Polycarpe, le lot 508, côté nord du même ruisseau et Véronique, le lot voisin, numéro 509, le dernier de cette partie appelée aujourd'hui Ste-Marie Salomé.  Dominique, fils de Prudent et Françoise Bourgeois avait épousé à Port-Royal en 1744 Marguerite Forest.  De ce mariage étaient nés sept enfants:  Dominique II, Isaac, Marguerite, Joseph, Édouard, Nathalie et Luce.  Joseph fut l'héritier du bien paternel.  Il épousa à l'Assomption en 1794, Marie-Madeleine Galarneau.  son fils François-Xavier a laissé de nombreux descendants ici. Luce épousa Jean Lord dit Talaron et devint l'aïeule maternelle de plusieurs citoyens de Bas du Ruisseau Vacher.

Polycarpe, fils de Joseph et Marie Forest épousa pendant l'exil à Boston en 1760, Élisabeth Bourgeois.  Ils eurent au moins cinq enfants dont trois sont décédés en bas âge.  Leur fille, Marie-Ursule épousa en 1785 Joseph Fontaine.  elle fut la seule de cette famille à laisser des descendants ici.

Véronique, fille d'Étienne à Joseph Robichaud était la nièce de Polycarpe.  elle épousa en 1774 à Pointe-aux-Trembles (Montréal), Joseph Christin.  Cette concession passa par la suite aux Légaré.

Dès son arrivée à l'Assomption en 1767, Dominique Robichaud s'empressa de faire baptiser sous condition ses enfants nés en exil au Connecticut.  Le 13 septembre Luce et Nathalie:  cette dernière âgée de cinq ans, le 22 novembre Édouard ainsi que des jumeaux: Isaac et Joseph (7 ans), le 2 octobre 1768 Dominique né et baptisé à l'Assomption.

Polycarpe Robichaud, cousin de Dominique avait épousé Élisabeth Bourgeois à Nioubry au Connecticut. Il fit revalider son mariage à l'Assomption le 22 septembre 1767.  Il fit également baptiser sous condition:

Paul, trois ans né à Boston, Ursule, sept ans et demi et François, huit mois.  Élisabeth née et baptisée à l'Assomption, le 21 octobre 1768.

DominiqueRobichaud, ci-haut mentionné chef de lignée de nos Robichaud s'établit ici avec sa famille:  Dominique épousa Théotiste Gaudet fille de Bonaventure en 1796, Isaac, épousa Marie Lanoue fille de Pierre en 1784, Marguerite mariée en exil à J. Jacques Béliveau fil de Jean en 1770.  Joseph épousa Madeleine Galarneau à l'Assomption en 1794.  Édouard épousa M-Amable Troyes Lafranchise à Varennes en 1779. Nathalie épousa à Pointe-aux-Trembles François Desrochers en 1780.  Luce épousa Jean Lord dit Talaron fils de Louis en 1784.

François-Xavier, fils de Joseph et Marie-Madeleine Galarneau est le seul de cette lignée qui compte encore des descendants ici.

Né le 14 mai 1808, il fut baptisé à St-Jacques par l'abbé Jean Bro.  Son parrain fut Jean Melançon surnommé «Biche» et sa marraine Marguerite Légaré.  Joseph Robichaud mieux connu sous le nom de «Bill» eut douze enfants dont plusieurs sont morts en bas âge.  Les cinq premiers furent des garçons.  Marie-Sophie, que l'on appelait souvent «Marinette», la première des filles était née et baptisée à St-Jacques, le 31 août 1806 et le 18 octobre 1825, elle épousait Joseph-Jonas Gaudet, fils de Charles et Madeleine Richard.  Dominique Robichaud, grand-père de François-Xavier, est décédé le 10 février 1791 âgé de soixante-sept ans et son épouse Marguerite Forest est décédée le 8 janvier 1795, âgée de 69 ans.

  

Quelques notes de Petite Histoire des Robichaud:

Dans cette Nouvelle-Acadie, presque toutes les familles comptaient au moins une première douzaine d'enfants.  C'était le cas de la famille de Bill Robichaud.  À cette même époque, des québécois issus de ces familles nombreuses immigrèrent dans les chantiers du Haut-Canada et formèrent quelques paroisses franco-ontariennes.  Il semble bien que François-Xavier Robichaud se rendit à Prescott, Ontario pour y gagner sa vie comme bûcheron.  C'est là qu'il aurait épousé vers 1843 Lazy Curry, métisse écossaise protestante, âgée de dix-sept ans.  Six mois après la naissance de leur premier enfant, la petite famille était de retour à St-Jacques et faisait baptiser leur fils aîné sous le nom de François.

Lazy Curry et François-Xavier Robichaud

Au recensement de 1871, François-Xavier (père) avait 62 ans, son épouse Élisabeth Curry, protestante anglaise, avait 47 ans et vivaient sous le même toit leurs enfants:  Bethsay 26 ans, Francis 22 ans, John 20 ans, James 17 ans, Charles 11 ans, Émile 4 ans et Cordélia 15 mois.

Élisabeth Curry était particulièrement douée pour guérir les maladies avec des remèdes qu'elle faisait à base de plantes et herbages dont elle s'approvisionnait à même «le grand jardin de la nature». Elle connaissait parfaitement les propriétés curatives et le dosage de ces remèdes domestiques qui guérissaient presque tous les maux bénins et apportait du soulagement aux maladies plus graves.  Elle semblait douée par hérédité de ses ancêtres métis.  Ainsi elle laissa sa marque dans le Bas du Ruisseau Vacher comme guérisseuse et sage-femme.

Un de ses fils était atteint de carie des os et souffrait beaucoup.  Elle s'efforçait par toutes sortes de remèdes de le guérir de cette maladie quasi-incurable. Ainsi lui demandait-elle un jour: «Que ferais-je pour te guérir?» Il lui répondit avec confiance: «Faites vous catholique». Peu de temps après elle fit son abjuration au protestantisme en présence de l'abbé Maréchal et reçut la même journée quatre sacrements: le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie et le Mariage.

La famille de François-Xavier Robichaud vécut des modestes revenus de cultivateur et cordonnier. Cependant, ils avaient la bonne fortune d'une réputation enviable.  C'était de bonne gens simples, honnêtes, charitables, quelque peu casaniers, sachant accepter le quotidien avec sérénité.

   

Noces d'or:

Faisons plus amples connaissances avec cette famille de chez-nous, par le récit de leurs noces d'or, relaté sur l'Étoile du Nord: édition du 5 octobre 1893.

Mercredi dernier, 27 septembre, la jeune et intéressante paroisse de Ste-Marie Salomé était dans la jubilation.  Les maisons étaient pavoisées, les gens endimanchés, la gaîté rayonnait sur toutes les figures.  Deux vénérables vieillards: M. François-Xavier Robichaud et sa dame Lazy Curry célébraient leurs noces d'or.  Cette circonstance avait réuni au pied des autels les enfants et les petits-enfants ainsi que les autres parents et amis des héros de cette fête, c'est-à-dire que toute la paroisse était réuni, car chez les Acadiens tout le monde est parents.  La grand-messe fut célébrée par le Révérend J. Trefflé Gaudet, curé de l'Épiphanie et neveu des jubilaires, assisté du Révérend Tancrède Viger comme diacre et par le Révérend Gilbert Moreau, comme sous diacre. M. Ludger Brien présidait à l'orgue et un choeur puissant exécuta la messe du II Ton.  La quête faite par Mme Moïse Melançon de Montréal, accompagnée par M. Roch Gaudet a été abondante.  Après l'évangile M. le curé de l'Épiphanie prononça une allocution touchante et parla à peu près en ces termes:

«Je leur donnerai un même coeur et je les ferai marcher dans la même voie afin qu'ils me craignent tous les jours de leur vie et qu'ils soient heureux eux et leurs enfants.»

                                          Jérémie, Chapitre 32, verset 39

Après la messe, on se rendit à la demeure de M. Robichaud ou sous un dais de verdure cent dix convives prirent place autour d'une table chargée de mets succulents.  Avant d'entamer les plats, Mademoiselle Marie Forest accompagnée de deux petites de Thomas Robichaud portant chacune un bouquet, lut une adresse à M. et Madame Robichaud.  Dans l'un de ces bouquets était cachée la jolie somme de trente-quatre dollars.  M. Robichaud vivement ému pria son neveu J. Trefflé Gaudet de répondre pour lui à cette touchante adresse et de remercier ses hôtes de leur généreux cadeaux, ce que M. le curé fit en termes délicats et bien appropriés.  Jamais dîner n'a été plus gai ni mieux goûté bien qu'il ait eu absence totale de toute liqueur.  Mais c'est surtout après dîner que commencèrent les amusements et ce furent les enfants de M. Robichaud qui seuls pour ainsi dire en firent les frais. Pendant au moins deux heures: Thomas, John, James et Charles tinrent l'assemblée dans l'hilarité la plus désopilante par leurs chansons comiques, leurs récits originaux, leurs pantomimes, etc. Avec d'aussi amusants personnages on peut se dispenser d'aller au théâtre ou au parc Sohmer, se disait-on et M. Rbichaud peut se flatter d'avoir une famille aimable si elle n'est pas riche.

M. François-Xavier Robichaud est de famille acadienne.  Il porte allègrement ses quatre-ving-cinq ans et promet de vivre encore dix ans pour célébrer ses noces de diamant.  Madame Robichaud est écossaise et est âgée de soixante-et-onze ans.  Ils ont élevé une nombreuse famille dont plusieurs sont morts.  Vici le nom des survivants: Ton, Francis, James, Bethsy, John, Charles.  Enfin après un goûter pris sous le même palais de verdure et avec la même gaieté, les heureux convives se séparèrent de M. et Mme Robichaud en leur faisant des souhaits de prospérité et de bonheur et leur promettant de revenir dans dix ans fêter leurs noces de diamants.

                                                                     Signé: Un témoin 

Le récit de la fête de ce jubilé d'or est la réplique fidèle des noces de l'époque, empreintes de reconnaissance envers l'Auteur de tout bien, de cordialité, de simplicité et de chaude hospitalité.  Les gens savaient faire «la part des choses» selon une expression populaire.  Voici entre autre une phrase tirée de l'homélie de circonstance et citée par le prédicateur: l'abbé J. Trefflé Gaude «L'Église bénit ces heureux anniversaires, c'est pour Elle un sujet de joie et de bonheur que de voir se perpétuer dans ses enfants les vertus des temps anciens et c'est aussi pour chaque famille une gloire et une douce satisfaction que de posséder longtemps un père et une mère si tendrement aimés».

                                                                         

Hommage à notre ancêtre Elisabeth (Lazy) Curry

  

Extrait du journal de Ste-Marie Salomé

 

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