Pierre Blais

un ancêtre à découvrir

* Extrait du livre nos ancêtres de Gérard Lebel

 

Le nom de famille Blais possédait en France plusieurs variantes: Blé, Blay, Belet et Blet. Blais est la forme populaire de Blaise, médecin à Sébaste en Arménie. Devenu évêque, il fut martyrisé en 316. Les cardeurs le choisirent comme patron parce que ses bourreaux l'auraient dépecé avec des peignes de fer avant de le décapiter. C'est ce Saint Blaise qui parfois est encore invoqué contre les maux de gorge.

Parlons de l'ancêtre Pierre Blais, colon de l'île d'orléans.

 

Départ

Pierre Blet s'en vint au Canada, en 1664. Le navire le Noir, commandé par le capitaine Pierre Filly, de Dieppe, avait à son bord au moins 50 hommes. Pierre, âgé de 24 ans, est mentionné dans la liste des engagés comme venant de Chef-Boutonne, chef-lieu de canton des Deux-Sèvres. Selon le Journal des Jésuites, ce vaisseau de Normandie arriva le 25 mai 1664. C'était le premier vaisseau français à accoster à Québec cette année-là. Le Père Louis Nicolas, jésuite de la province de Toulouse, était de cette traversée avec l'ancêtre Blais.

Pierre Blais était le fils de Mathurin Blais et de Françoise Pénigaut. Son père Mathurin avait épousé en premières noces Marie Auchier, le 9 novembre 1630, à Melleran, autrefois province de la province d'Angoulême, aujourd'hui département des Deux-Sèvres. En secondes noces, Mathurin, le 30 avril 1634, avait conquis le coeur de Françoise Pénigaut, en présence de messieurs Jean Carrier, Pierre Alix, ancien procureur-fiscal, de Denis Richard et de Nicolas Blanchard. Même ce qui est assez rare, nous pouvons présenter le grand-père de l'ancêtre Pierre Blais: Jacques, époux d'une Pénigaud également, Louise, inhumée à Melleran le 2 décembre 1629. L'ancêtre Pierre Blais fut élevé dans la paroisse voisine de Melleran, Hanc, également en Angoulême. Les registres de cette ville ne débutent qu'en 1684. Impossible de trouver l'acte de Baptême de l'ancêtre Pierre Blais.

Le recensement de 1667 mentionne la présence de ce même Pierre Blais , né vers 1640, travaillant à l'île d'Orléans. Parmi ses compagnons célibataires vivant à l'île d'Orléans, nous remarquons Jacques Tardif, Martin Poisson et François Marceau.

 

Sa ferme

Le 22 juin 1667, Pierre Blais obtenait, selon les termes du notaire Paul Vachon, une concession dans les limites de la future paroisse de Saint-Jean, I.O. Ses voisins se nommaient Antoine Poisson et Hippolyte Thivierge. En 1681, le recenseur note qu'il possède 4 bêtes à cornes et quinze arpents en valeur. C'est sur cette ferme que Pierre Blais écoula le reste de ses jours pendant 33 ans.

 

Sa famille

Pierre Blais se maria à Sainte-Famille, I.O., à Anne Perrot, le 12 octobre 1669. Anne Perrot, originaire de Saint-Sulpice de Paris, était la fille de Jean Perrot et de Jeanne Valta. Anne Perrot,  fille du roi, apportait à la communauté familiale des biens estimés à 300 livres. De cette première union naquirent 10 enfants: 8 garçons et 2 filles, dont 4 moururent en bas âge.  Les voici selon l'ordre de leur naissance: Martin, Pierre, Pierre, Marie-Anne, Antoine, Joseph, Jacques, un anonyme masculin, Jean et Marguerite.  Quatre garçons firent souche: Pierre Antoine, Jacques et Jean.  Anne Perrot mourut de ses couches, le 29 juin 1688, et fut inhumée le lendemain à Saint-Jean, I.O. Elle avait 45 ans environ.

Pierre restait veuf avec de jeunes enfants, en particulier, la petite Marguerite née le 29 juin, celle qui épousera Étienne Lamy en 1714.  Il chercha donc à réorganiser son foyer.  Le 18 avril 1689, devant le notaire Paul Vachon, eurent lieu la nomination d'un tuteur à ses enfants et l'inventaire de ses biens. Le 5 juin suivant, à St-Jean, I.O., Pierre convolait avec Élizabeth Royer, fille de Jean et de Marie Targer.  De l'union de Pierre et d'Élizabeth Royer verront le jour une fille, Anne et 4 garçons: François, Alexis, Louis-Charles et Gabriel.  Ce dernier Gabriel, né en mars 1699, fut adopté par Pierre Coquet et Marie Chaperon; il se maria à Boucherville, le 31 mai 1718.  En effet, Pierre Blais mourut subitement le 16 février 1700, âgé de 60 ans environ.  Sa veuve, Élizabeth Royer, épousa 8 mois plus tard, soit le 16 novembre Robert Pépin, à Saint-Jean, I.O.  Elle suivit son mari à Montréal où elle vécut le reste des ses jours.  Le nouveau couple mit au monde 7 enfants.  Élizabeth fut inhumée le 22 juin 1715, à Montréal.

Pierre Blais fut un homme honnête, pacifique et travaillant.  Raymond Gariépy a trouvé que les titres de propriété de l'ancêtre avaient été perdus lors de l'incendie de sa maison.  Jean Guyon avait repris l'arpentage de la ferme Blais, le 5 juillet 1671.

 

Une postérité nombreuse

Pierre Blais laissait derrière lui une postérité de 15 enfants dont 11 bien vivants.  Alexis, né le 8 avril 1693, tenta l'aventure vers le Mississipi.  Hélas! il fut tué avec son compagnon, Laurent Bransard, par les Chicahas et inhumé le 3 mars 1722, à Kaskakia, là où le père Marquette avait fondé une mission en 1675 et où, en 1736, les Français élèveront un fort.  Il avait 28 ans.

Le premier descendant de Pierre Blais à s'engager dans la cléricature fut Frs-Xavier-Ludger, né le 16 novembre 1832 à Saint-Pierre de Montmagny, fils de Louis Blais, colonel et de Marie Genest.  Après son ordination à Québec le 10 mai 1857, il fut vicaire, professeur et curé de la Rivière-au-Renard, de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et de Rivière-du-Loup.  À Rivière-du-Loup, son dynamisme et son dévouement accomplirent des oeuvres importantes qui subsistent encore.  Signalons aussi Mgr André-Albert Blais, né à Saint-Vallier le 26 août 1842.  Il fut sacré évêque le 18 mai 1890 et dirigea le diocèse de Rimouski pendant 28 ans.

Michel Blais, petit-fils de l'ancêtre, époux de Françoise Lizotte, travailla jeune homme pour le compte des Ursulines de Québec.  En souvenir des jours heureux passé chez elles comme domestique, devenu fermier prospère, il leur fit cadeau d'un cheval de la valeur de 180 livres... Ce qu'il faut retenir, ce n'est pas le fait que Michel élevait de superbes chevaux, mais qu'il possédait un coeur reconnaissant!

Avec L.-J.-C. Fiset disons:

«Les siècles ont passé sur leur noble poussière;

Mais qu'ils vivent toujours dans vos coeurs généreux!

Que pour eux vers le ciel monte votre prière!

Ainsi, célébrons nos aïeux!»

    

BIBLIOGRAPHIE

Greffe Duquet, 23 septembre 1669.

Greffe Genaple, 1 juin 1689; 11 novembre 1700

Greffe Vachon, 22 juin 1667; 18 avril 1689, inventaire des biens.

Godbout, Archange, Nos Ancêtres au XVIIe siècle, pp. 307-309.

Jetté, René, Dictionnaire Généalogique des Familles du Québec (1983), p. 112.

Lafontaine, André, Recensement annoté de la Nouvelle-France 1681 (1981), p. 269.

Roy, Léon, Les Terres de l'île d'Orléans (édition revue et augmentée par Raymond Gariépy, 1978), pp. 237-244.

Sulte, Benjamin, Histoire des Canadiens-Français (1882), vol. 1, p. 73, col. b; vol. 5, p. 87, col. a.

Tanguay, Cyprien, Répertoire Général du Clergé Canadien (1893), p. 313.

Journal des Jésuites (1892), p. 326.

Les Ursulines de Québec (1864), vol. 2. p. 118.

Mémoires de la Société Généalogique Canadienne-Française, vol. 4, p. 219.

Rapport des Archives du Québec, vol 53, p. 135.

Revue d'Histoire de l'Amérique Française, vol. 6, p. 392.

Retour au menu de la généalogie
1