Pourquoi Québec solidaire, et Bill
Ninacs, auront mon vote.
par
Silvie Lemelin, enseignante, Victoriaville
Les citoyennes et citoyens du
Québec et d’Arthabaska, iront aux urnes le 26 mars prochain,
a-t-on appris sans grande surprise cette semaine. Lequel des partis
actuellement en lice mérite de recevoir mon vote?
Je trace un bien sombre bilan du
dernier mandat libéral. Souvenons-nous que notre
député sortant, M. Bachand, a été complice
de la vente du Mont Orford, de la hausse des tarifs des CPE, de la
tentative de coupure de 103 millions dans les prêts et bourses,
etc. Souvenons-nous aussi que le gouvernement Charest a manipulé
les employés de l’État. Il m’a obligée à
choisir entre l’odieuse loi 142, qui décrétait nos
salaires et mettait un terme aux négociations, et une entente de
principe que mes collègues syndiqués du cégep ont
dû accepter le couteau sur la gorge, afin de faire quelques
gains, très minimes, en faveur des 40% d’entre nous qui sont des
employés à statut précaire. M. Charest a bien
accepté de renégocier avec les médecins, mais a
refusé d’en faire autant avec les autres salariés de
l’État, profs, infirmières, secrétaires, ou
autres. Pour tenter de se racheter, M. Audet et Mme Jérôme
Forget tentent de monnayer nos votes en nous promettant, lors du
dernier pseudo-budget, un chèque d’équité
salariale qui serait versé, quel hasard, une semaine avant les
élections. Mais ne soyons pas dupes: la loi sur
l’équité salariale, c’est le PQ, et non le PLQ qui l’a
adoptée, et les Libéraux, après tant
d’années de luttes syndicales, n’avaient pas le choix de
corriger l’injustice faite aux femmes depuis des lustres.
Faut-il donc voter PQ? Je l’ai
toujours fait jusqu’ici, étant souverainiste et
social-démocrate. Mais je ne veux plus voter pour le moins
pire, et M. Boisclair ne m’apparaît pas comme un homme
résolument de gauche. Que nous a-t-il dit après
l’adoption de la loi spéciale en décembre 2005? Qu’il ne
voulait pas fédérer tous les insatisfaits. Contrairement
à Québec solidaire, le PQ refuse de s’engager à
abolir la loi 142. Plus encore, c’est la façon de faire de
la politique, au PQ, qui m’agace. Comment un chef peut-il, comme M.
Boiclair l’a fait, se détourner de sa base militante qui venait
de voter en faveur de la nationalisation de l’éolien, pour
rejeter cette proposition du revers de la main? Une telle chose ne se
concevrait pas chez Québec solidaire, dont le fonctionnement me
semble totalement démocratique, et qui promet, lui, de
nationaliser l’éolien.
Bien sûr, Mario Dumont, qui
sombre désespérément dans le populisme pour
attirer quelques votes en dénonçant les accommodements
raisonnables, n’aura pas mon vote, pas plus, d’ailleurs que le parti
vert, qui est le parti d’une seule cause, noble, certes, mais
négligeant la justice sociale, l’économie,
l’éducation, la santé, et tous les autres sujets qu’un
parti politique sérieux se doit d’aborder.
Vous l’aurez compris, je voterai donc
pour ce nouveau parti de gauche, écologiste, féministe,
et souverainiste qu’est Québec solidaire. Parce que ce parti,
contrairement au PLQ qui vient de nous promettre une hausse de 30% des
frais de scolarité universitaires, opte plutôt pour une
politique de gratuité scolaire. Comme enseignante au
cégep, je sais trop ce qu’il en coûte à nos
élèves de la région qui doivent s’exiler pour
étudier à l’université. L’éducation
coûte trop cher? Essayez donc l’ignorance! Je voterai pour
le parti de Françoise David, une femme admirable qui saurait, si
elle était élue à l’Assemblée nationale,
être une inspiration et une conscience sociale comme elle l’a
été à l’occasion de la Marche mondiale des femmes
de l’an 2000. Je voterai pour Bill Ninacs, dans Arthabaska.
Mon candidat a une solide formation, une large expérience dans
le monde communautaire, mais aussi un handicap, trois atouts qui font
de lui un homme de cœur, engagé, soucieux du sort des exclus,
à l’écoute de chacune et de chacun.
Silvie Lemelin
Enseignante
Victoriaville