Poésie Rudolphe S. Plesdin

PHENIX

Ce nom que l'on m'a mis dans la tête comme un piège à con

Ce nom que l'on m'a mis autour du cou comme une laisse à un chien

Ce nom qui se rit de ma face comme une farce et attrape

Ce nom qui sonne, comme un non, comme un refus comme une négation, 

quand je me présente au rendez vous des peines perdues. 

Ce nom auquel je réponds présent comme à une absence de mauvais goût

quand des commissures me décrochent un rictus empoisonné. 

Ce nom qui n'est qu'un nom sans écho.

 Ce nom que l'on oublie aux détours des choses sérieuses.

Ce nom qui ne dit rien à personne.

 Ce nom sans histoire ou de faits divers.

 Ce nom qui ne sert que de paillasson à tous les va-nu-pieds.

Ce nom qui n'est que le déclic de ma servitude.

Ce nom à qui l'on donne du monsieur, avec l'air de penser que c'est de la confiture jetée aux cochons.

Ce nom seul comme une famille divisée de prénoms.

Ce nom que j'ai baptisé de sueur, de sang, de larmes et de joie.

Ce nom qui ne veut rien dire sans son matricule.

Ce nom que l'on dit commun, voir singulier.

Je le signe comme une particule, je le porte comme un blason.

 Je le hisse comme un étendard.

Je l'annonce comme un nom propre et,

 avec pour le meilleur comme pour le pire voir l'empire,

 je franchis la ligne