JOURNAL SALONGO
HEBDO
République Démocratique du Congo
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Bondo Nsama
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KIN-la-RUMEUR

«Asumba na nganda» a fait peur à Yerodia Abdoulaye Ndombasi



Une rumeur annonçant  l'assassinat de Joseph Kabila a provoqué la panique générale, mardi, à travers la ville de Kinshasa. L' " information " a été démentie dans l'après-midi par le porte-parole à la présidence. Des observateurs estiment que la RD Congo ferait face à une " stratégie de  déstabilisation " annonciatrice d'une fin de régime. 
" Le président de la République se porte bien. Il a travaillé hier lundi et ce mardi matin ". Cette déclaration d'une banalité déconcertante a été faite, mardi 25 janvier,  dans l'après-midi, par le porte-parole à la présidence de la République, Kudura Kasongo Muana Lwaba. Celui-ci démentait les rumeurs persistantes ayant circulé ce mardi selon lesquelles des tirs auraient été entendus aux environs de la résidence du chef de l'Etat. Un immeuble situé à quelques encablures de l'ex-Centre du commerce international zaïrois (CCIZ).  " Kabila est blessé ",  " Kabila serait mort", a-t-on entendu au cours de cette folle journée.  Selon d'autres sources…anonymes, un garde du corps du chef de l'Etat aurait péri lors d'une attaque du cortège présidentiel. Ces informations invérifiables auraient provoqué une certaine panique dans la capitale. Panique qui se serait muée en psychose à l'annonce - par la " radio trottoir " - qu'un bataillon de l'armée congolaise aurait été déployé à l'aéroport de Ndjili afin de faire obstacle à une tentative de coup d'Etat. Toutes ces " nouvelles " ont été balayées d'un revers de la main par le conseiller en communication de la présidence. Pour les analystes, il ne fait l'ombre d'aucun doute  que Joseph Kabila paraît faire face à ce que d'aucuns appelleraient une " stratégie de  déstabilisation " annonciatrice, très souvent, d'un fin de règne. Qui aurait intérêt à faire courir ce genre de bruits de nature à perturber l'ordre public ? A en croire Kudura, les responsables devraient être recherchés dans les milieux de " ceux qui ne veulent pas que la transition réussisse en RD Congo ". Dans les milieux de l'opposition " anti-kabiliste ", on suspecte au contraire les " services " d'avoir organisé cette " mise en scène " afin, dit-on, de détourner l'attention de l'opinion du sujet au centre de toutes les conversations kinoises.
 A savoir : les accusations articulées par l'ancien ministre Joseph Olenghankoy à l'encontre du Président Joseph Kabila. C'est connu, une information chasse l'autre. N'empêche. Kinshasa a connu une atmosphère de sauve-qui-peut général comme si la population craignait le déferlement imminent d'un " tsunami politique ". Quel enseignement devrait-on tirer de ce phénomène ? La rumeur est propre aux sociétés où l'information est malade du Pouvoir. Depuis bientôt quinze années, l'ex-Zaïre s'est engagé sur la voie de la démocratisation de son système politique. Quinze ans après, l'Etat n'est ni institutionnalisé, ni impartial. L'Etat en tant que  pouvoir politique se confond encore et toujours avec la personne du chef de l'Etat. Aussi, le pouvoir continue-t-il à déployer des talents d'ingéniosité pour " caporaliser " les faits et opinions à porter à la connaissance du public. Les médias d'Etat censés jouer le rôle de service public au sens le plus large de ce concept se limitent à rapporter les activités et autres tics du chef de l'Etat ainsi que ceux des membres de sa coterie. Les organes d'information officiels sont ainsi désertés par le grand public au point que les Kinois étaient un jour surpris par une interruption de la distribution  d'eau courante. Alors qu'un avis en bonne et due forme avait été diffusé la veille via la radio et la télévision nationale… Toute  démocratie a besoin d'un minimum de transparence. C'est le lieu de déplorer que les Congolais aient dû attendre  l'après-midi pour voir enfin un officiel, en l'occurrence le porte-parole du chef de l'Etat, opposer un démenti aux " ragots " qui ont réussi à semer la peur dans la ville au point que des policiers ont été déployés afin de décourager tout acte de pillage. Sous d'autres cieux, des reporters  des grands médias seraient descendus sur le terrain pour vérifier l'information. Il est temps que les pouvoirs publics congolais libèrent l'Information en commençant par laisser les médias d'Etat accomplir leur triple mission : informer, éduquer et distraire. A défaut, les propagateurs des rumeurs  prendront toujours le plus grand plaisir à faire diffuser, de bouche à oreille - une " fréquence " qui a démoontré sa puissance - l' " autre  information " bannie par les médias d'Etat.
B.A.W   (congoindependant.com)
NDLR: le titre est de la Rédaction





La presse pour démentir...

L'entourage du président Joseph Kabila de la République démocratique du Congo, a hâtivement convoqué la presse mardi après-midi à Kinshasa pour leur faire constater la nullité des rumeurs qui dans la journée avaient fait état d'un attentat contre le président.
Ces rumeurs circulant avec insistance, faisaient état de coups de feu aux alentoures de la présidence, voire de blessure ou de mort du jeune chef de l'Etat. Elles avaient entraîné une paralysie des activités dans plusieurs quartiers de la ville. Certains commerces ont baissé leur rideau et les administrations se sont rapidement vidées de tout employé.
Pour "couper court à toute rumeur", la présidence a convié la presse à venir constater d'elle-même "le bon fonctionnement des institutions de la transition", en permettant aux journalistes de pénétrer dans la salle où étaient réunis le président Joseph Kabila et les quatre vice-présidents de la RDC et les hauts responsables de la sécurité du pays.
Le président, qui ne s'est pas adressé aux journalistes, a été vu plaisantant avec l'un des quatre vice-présidents. Après cette brève démonstration faite sous une peur bleue, Yerodia Abdoulaye Ndombasi, un des quatre vice-présidents du gouvernement de transition, a appelé la population "au calme" et a mis en garde contre "toute tentative de manipulation" visant à faire capoter la transition. "Comme vous avez pu le constater, le chef de l'Etat vient de présider une réunion du Conseil supérieur de la Défense. Nous voulons rassurer la population et lui demander de ne pas céder à la panique", a déclaré M. Yerodia dans les couloirs de la présidence. Interrogé sur la provenance de la rumeur, il a indiqué qu'il refusait de se "lancer dans la spéculation" et a assuré que tout était "fait pour que la sécurité soit garantie".
Dans l'après-midi, le porte-parole du gouvernement, Henri Mova Sakanyi avait démenti sur les ondes de plusieurs radios et à l'AFP "de façon catégorique ces rumeurs non fondées qui n'ont d'autre objectif que de semer le traumatisme dans la population congolaise".
"Mon appel consiste à dire aux Congolais de garder leur calme et de vaquer paisiblement à leurs occupations habituelles, que la sécurité est assurée", a-t-il expliqué, ajoutant que ces rumeurs d'attentat provenaient "de personnes qui veulent exister politiquement en exploitant la peur".
Evoquant "l'apaisement" dans les débats politiques et le "projet de balisage de la transition à travers la tenue fin janvier d'un séminaire (institutionnel en vue d'élaborer un calendrier électoral, ndlr), montre à suffisance que nous sommes entrés dans la ligne droite vers les élections", a-t-il souligné.



Deuxième République

Et si l'histoire d'«Asumba na nganda» vous était contée


C'est depuis 1961 que je suis arrivé à Kinshasa venant de mon Mayombe natal. Mais ce n'est qu'aux années 1990-1994 que j'ai entendu parler de " Asumba na nganda "pour la première fois. Qui est-ce malfaiteur de grand chemin qui signe ses forfaits en déféquant sur le lieu où il a opéré ? Personne n'est en mesure de répondre à cette question. Sauf ses commanditaires qui lui dicteraient ses tâches macabres.
Mais les vieux Kinois racontent que le phénomène " Asumba na nganda " est une réalité sociologique dont ils ont entendu parler dans leur enfance. Bien entendu, à l'époque le mythe désignait un bandit  de grands chemins insaisissable qui déjoue tous pièges tendus pour le neutraliser.
Pendant les années 1990-1994, les turbulences politiques générées par la libéralisation des activités politiques donnent lieu à des débordements spectaculaires. La nouvelle classe politique née de cette libéralisation verse facilement dans l'extrémisme pour marquer son opposition à l'ordre ancien. Des tribuns remuent les foules par leurs envolés oratoires. La population est totalement emballée par le nouveau discours. Chaque homme politique veut tirer profit de la situation confuse et de l'incertitude du lendemain. Les pillages tristement célèbres de 1991 et 1993 ont été le paroxysme de la vive tension qui régnait dans la ville de Kinshasa.
Les événements s'accélèrent. Des hommes politiques sont victimes de cambriolages et d'autres actes de banditisme. Leurs résidences sont saccagées et pillées de fond en comble. Les auteurs de ces méfaits seraient "mandatés" par le pouvoir en place. Vrai ou faux ? Toujours est-il que la rumeur parle des "hiboux", des hommes cagoulés qui règlent leurs comptes à certains vagabonds politiques qui mangent à tous les râteliers. On est sur le qui vive, car on ne sait pas qui sera la prochaine victime.
C'est dans ce contexte qu'un malfaiteur non identifié entre en scène. Il serait un ancien militaire. Après sa conversion, il décide de libérer sa conscience en confessant ses méfaits. Ceux-ci ont trait à ses vols, cambriolages et braquages. Mais l'homme voulait laisser des traces sur son passage. Il voulait qu'on sache que c'est lui qui a opéré à tel ou tel endroit. C'est pourquoi il "signait" ses méfaits en chiant sur le théâtre de son exploit. Le mythe "Asumba na nganda" voit le jour. Ses exploits alimentent les conversations. Le petit peuple s'en régale. Tandis que les élites tremblent à l'idée d'être visités, par ce voleur d'un genre nouveau qui ne se contente pas de dérober, mais qui laisse ses excréments.
La chasse à l'homme s'organise. Elle est destinée à appréhender le singulier voleur qui nargue tout le monde. Mais le lascar reste insaisissable. Il le restera jusqu'à la confession du militaire repenti. La situation actuelle est, à quelque différence près, semblable à celle des années de la Conférence nationale souveraine. L'histoire semble se répéter car on parle de nouveau de "Asumba na nganda". Non pas par la masse populaire, mais au sommet de l'Etat. Il s'agit du vice-président de la République Yerodia Abdoulaye Ndombasi qui a juré de neutraliser l'intrus. "Asumba na nganda", mythe ou réalité? Espérons que la traque du patriarche de l'AFDL permettra de démasquer cet ange noir de la pègre congolaise.


© SALONGO HEBDO 28/01/2005


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