JOURNAL SALONGO
HEBDO
République Démocratique du Congo
Editeur - Directeur Responsable:
Bondo Nsama
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La Transition à la loupe

LAISSONS MBEKI  S'OCCUPER DE SON PAYS
Semaine chaude que celle qui touche bientôt à sa fin et au cours de laquelle le bateau de la transition a connu de forts moments de tempête. A cet effet, le président sud-africain, M. Thabo Mbeki, dont on connaît le rôle éminemment important dans le processus de transition en Rdc, y est venu en sapeur-pompier, pour une visite de travail de près de sept heures, le mercredi 12 janvier.
Déjà la semaine précédente, un vague pressentiment de malaise avait saisi l'ensemble de la classe politique à la suite des déclarations du président de la Commission électorale indépendante, l'Abbé Apollinaire Malu Malu, laissant présager la tenue des élections, non pas endéans les six mois restant à la durée normale de la transition, dont le terme exprime le 30 juin 2005, mais au-delà et ce jusque probablement au mois d'octobre 2005.
L'Udps en premier, l'Usc et autres Palu étaient immédiatement montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils considéraient comme une tentative de reporter d'ores et déjà les élections.

La rue se déchaîne

En pareilles circonstances, les réactions versent généralement dans la démesure, sans aucun souci de faire la part des choses entre ce qui se dit et ce qui se fait, entre les actes et les intentions, entre les propositions et les réalisations. L'Abbé Malu Malu avait-il seulement envisagé, et, non décidé, une prolongation de trois mois de la durée réglementaire de la transition, pour accorder aux élections toutes les chances de se tenir compte tenu du retard considérable accumulé dans la mise en œuvre des préalables ? Eh bien, non pour avoir tout simplement  évoqué cette éventualité, le président de la Cei devenait ipso facto le comptable auquel il fallait, au minimum, retirer le poste, d'aucuns allant jusqu'à le traiter de traître.
Pour bien montrer qu'ils étaient très fâchés contre l'Abbé Malu Malu, les protestataires avaient en fin de semaine annoncée qu'ils allaient organiser une marche dans la journée du lundi 10 janvier 2005. Marche qui naturellement n'avait pas été autorisée par l'autorité compétente de la ville en raison sans doute des risques de dérapages.
L'interdiction de la marche était-elle inopportune ou vexatoire ? Les combattants de l'Udps, et d'autres formations politiques favorables à la marche étaient-ils fondés à passer outre l'interdiction sur base de leur conviction que leur démarche entrait dans le cadre de l'expression normale de la démocratie ?
Toujours est-il que le premier jour de la semaine, la transition a basculé dans la violence à Kinshasa du fait sans doute de la frustration ressentie par les partisans de la marche, mais aussi et surtout de marginaux dont ce genre de situations constituent des prétextes tout trouvés pour se défouler par le désordre et le pillage.
Lundi, la rue était partagée entre bandes de manifestants et forces de l'ordre, dans un face à face qui hélas s'est soldé par mort d'hommes et d'énormes dégâts subis par des tiers.

Les esprits s'échauffent

Dès lundi soir, au moment du bilan de cette journée pas comme les autres, chacun avait une lecture particulière des événements. Du coup aussi, le débat politique s'est élevé d'un ton au-dessus. On ne savait pas très bien qui de l'Udps et de ses pairs ou de l'Abbé Malu Malu devaient porter le chapeau quant à la responsabilité de la violence enregistrée dans la rue.
L'Abbé Malu Malu avait-il fait preuve d'imprudence en laissant entendre que le processus électoral pourrait vraisemblablement déborder la date du 30 juin  2005, alors que tout lui donnait raison ?
Les partis politiques qui avaient appelé à manifester avaient-ils soupesé tous les risques d'une telle manifestation, dès lors qu'elle n'avait pas été préalablement autorisée ? Qu'avaient fait en amont les formations politiques, Pprd en titre, qui se sont indignés à juste titre, pour éviter ce déferlement de la violence ?
Encore une fois, pas facile de répondre de manière tranchée à ces questions. Mais ce qui est sûr, c'est que cette journée du lundi 10 janvier 2005 a agi comme un électrochoc qui a ouvert les yeux à tout le monde sur la nécessité de prendre au sérieux l'aspiration profonde de la population à aller vite aux élections et son exaspération devant les lenteurs, les manœuvres et autres distractions qui tendent à l'éloigner de ce moment tant attendu du choix de ses dirigeants. Même l'Eglise catholique, pourtant victime de cette violence, s'est employée, au-delà de la condamnation, à réitérer son soutien à cette aspiration populaire.
Tous les acteurs politiques qui se sont exprimés ont pris conscience que la transition allait au-devant de pires difficultés, si le processus électoral ne changeait pas de vitesse. Et comme si cela ne suffisait pas, voici qu'en filigrane de ce débat autour du processus électoral apparaît une menace sur la stabilité des institutions, à la lumière du coup de semonce que le Mlc vient d'adresser au chef de l'Etat, au lendemain du réaménagement du gouvernement.

Laissons Thabo Mbeki s'occuper de son pays

Déjà tourmentée par la situation toujours confuse dans l'Est, ébranlée par la pression populaire dont les violences de lundi 11 janvier  constituent un sérieux avertissement, la transition se trouve réellement en danger d'implosion si, comme il l'a clairement laissé entendre, le Mlc passait à la grève de participation aux institutions, au cas où la liste de ses ministres et vice-ministres ne serait pas prise en compte. Les exigences du Mlc prennent également en compte la mise en place des gestionnaires des entreprises publiques et d'économie mixte, la nomination des diplomates, des cadres des services de sécurité et de la territoriale. Autant des préalables importants, estime-t-on au Mlc, pour la tenue des élections. Dès lors, si au 31 janvier 2005, cette mise en place n'est pas appliquée, le Mlc quittera en conséquence toutes les institutions de la transition.
Rarement on a entendu le Mlc élever aussi haut le ton pour mettre littéralement en demeure le Président de la République.
Il n'en fallait pas plus pour que le Président sud-africain Thabo Mbeki prenne peur pour l'aboutissement de cette transition en Rdc, dont il est le principal architecte. Qu'il soit remonté promptement mercredi à Kinshasa témoigne assez des craintes de la Communauté internationale, à laquelle son pays sert de relais pour tout ce qui touche au processus de paix en Rdc. Thabo Mbeki, qui est rentré à Pretoria,  a reçu à Pretoria le Président du Mlc, le week-end.
Il n'en est pas et n'en sera certainement pas à sa première intervention dans le rôle de sapeur-pompier. Plusieurs fois dans le passé en effet, il s'était efficacement interposé pour sauver le fragile équilibre de la transition.
Cette fois, la marque de son intervention porte indubitablement sur l'unique point capable justement de sauver la transition. C'est-à-dire les élections autour desquelles doivent se mobiliser toutes les ressources humaines et matérielles. Quoi de plus normal que d'espérer une fois de plus au succès de sa médiation pour calmer le jeu et ramener tout le monde dans le droit chemin ? Jean-Pierre Bemba prendra-t-il le risque d'endosser la responsabilité du déraillement du train de la transition ? Ne risque-t-il pas de subir les avatars de l'isolement international, voire au sein même du Mlc ?
En attendant l'issue de la rencontre de la semaine prochaine, on est en droit de féliciter le président sud-africain pour sa totale disponibilité en faveur de la classe politique congolaise. L'attention du président Mbeki est si  focalisée sur le dossier congolais, qu'on est en droit de se demander, si les affaires de son propre pays n'en souffrent pas. Les Congolais devraient devenir majeurs et comprendre que Mbeki a besoin de s'occuper totalement de la direction de son pays. Quitte à nous de prendre en charge le destin et la conduite de notre pays. La seule façon de mettre fin au parrainage sud-africain est de  taire nos divergences et d'oeuvrer, en toute responsabilité, pour l'aboutissement du processus de la transition. Faute de quoi, le peuple finira par donner amplement raison au ministre belge des Affaires étrangères, M. Karel De Gucht, dont le malheureux constat sur la vie politique congolaise  est connu de tous:  les hommes d'Etat se comptent sur le bout des doigts dans notre pays.
BONDO NSAMA



Editorial

Tshitshi veut le pouvoir

En  félicitant le "courage politique de Kabila ", le 8 octobre 2004, à la suite des propos du président Joseph Kabila sur la possibilité de la démission collective des animateurs de la transition, en cas d'échec des élections dans les délais, l'Udps semble avoir enfermé le  président de la République dans la lecture udepessienne étriquée du délai de la transition. Pour Tshisekedi, Kabila s'est offert à l'Udps sur un plateau doré, dans la perspective de sa démission. Et, la seule alternative dans le cas de figure - on s'en doute - c'est Etienne Tshisekedi, le " Moïse", à qui de nouvelles concertations intercongolaises confieraient les rennes du pouvoir, à l'unanimité. Comme pour conclure : le 1er juillet 2005, c'est Tshisekedi ou le chaos.
Organiser les élections, en juin 2005, alors que les préalables électoraux fondamentaux sont loin d'être remplis - j'en veux pour référence le récent communiqué du Mlc -, est une aberration. Dans l'Est, le Rwanda continue à investir des contrées entières, comme avant juin 2003. Partenaires occidentaux et gouvernement congolais tardent à délier entièrement leurs bourses… Le tort du président de la Cei, M. l'Abbé Malu Malu, est-il d'avoir fixé l'opinion sur la période la plus probable de l'organisation des élections fiables, transparentes, démocratiques? Que dirait- on alors de tous ceux qui tentent d'arrêter la transition, au 30 juin 2005 ? N'est-ce pas une violation flagrante de la Constitution de la transition et de l'Accord global et inclusif, qu'ils ont pourtant écrits et arrachés de haute lutte? Déjà, une composante belligérante, le Mlc, menace de se retirer de toutes les institutions, à six mois du 30 juin 2005, au motif que la composante ex-gouvernement bloque le partage horizontal du pouvoir. Diversion ? Fuite en avant ? Pressions politiques à la Rcd-Goma? Le Mlc - qui a été incapable de faire le plein du stade des Martyrs, lors de son anniversaire - a-t-il fini par comprendre qu'il doit cesser de rêver, à la présidentielle de 2005 ? Une explication à l'ultimatum de Gemena, pour le statu quo ante. Le partage du " gâteau " est-il, à six mois des élections, une condition essentielle pour la tenue des élections ? Est-il suffisant pour justifier le retrait du Mlc et la compromission des élections ? Pourquoi, à son tour, le Pprd refuse-t-il de se délester des avantages politico-économiques indus, hérités de l'époque de Mzee Kabila ? Qui finalement bloque le processus de transition ? Que dirait-on, enfin, de la méprise pour le moins gênante du Chef de l'Etat, pour avoir pris l'initiative de la démission collective des gestionnaires de la transition, si les élections ne sont pas tenues dans les délais ! Lesquels ?
Tshisekedi a sans doute de bonnes raisons de se réveiller et de réveiller tout le monde, face aux propos de Kabila ou à ceux de Malu Malu. Mais, nous ne sommes pas sous la Deuxième République, où les paroles du président de la République prononcées en public avaient force de loi. Aujourd'hui, tous doivent se référer à l'Accord global et inclusif et à la Constitution de la transition, pour scruter de nouveaux horizons.
Par ailleurs, Paul Kagamé, ses “afandé” dans l'Est et ses "collabos " congolais - infiltrés dans toutes les institutions - se félicitent de voir les Congolais ouvrir, depuis le 10 janvier, un puissant front politique intérieur, dont l'onde de choc va entraîner assurément l'ouverture d'un front social à l'Ouest. Bientôt, à quelques mois des échéances électorales, le gouvernement court le risque d'être confronté à des bras de fer bien musclés avec ses partenaires sociaux. Des grèves pourraient se succéder, tant dans les secteurs publics que privés… De quoi conforter tous ceux qui s'ingénient à bloquer le processus et à proclamer son échec. Est-ce dans ces conditions d'implosion, à tous égards, que Tshisekedi voudrait accéder au sommet du pouvoir ? Que pourrait-il en faire, seul contre tous ?
Pierre NDOMBE


SALONGO HEBDO 21/01/2005



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