JOURNAL SALONGO
République Démocratique du Congo Editeur - Directeur Responsable: Bondo Nsama site http://www.salongo.best.cd [email protected] |
Dans une
interview à
“Nouvel Afrique-Asie” Victor
Mpoyo déshabille
l’AFDL
Il
est temps de rendre publics les accords de Lemera ! Pendant que de violents
combats se
déroulent à l'Est du pays en vue de refouler dans leur
pays les troupes
rwandaises d'agression, les Congolais continuent de s'interroger sur le
type de
mouche qui avait piqué Paul Kagamé pour qu'il
décide contre toute attente
l'invasion de la Rdc dans sa partie frontalière à son
pays. En tournant la
question dans tous les sens, peu d'observateurs admettent que la
présence sur
le sol congolais des rebelles du Fdlr et des Interahamwe, et ce pour
des
raisons que 5 années de guerre ont largement mises en
évidence, puisse à elle
seule justifier la prestation du maître de Kigali de marcher
impunément sur la
souveraineté de la Rdc quand et comme
bon lui semble. Même le parrain
américain, que
l'on sait pourtant si sensible aux arguments sécuritaires du
Rwanda, s'est vu
obligé de reconnaître que son protégé a
cette fois-ci dépassé vraiment les
limites en indiquant clairement que l'acte posé par Kigali est "
inacceptable " et "
intolérable ". Inacceptable car ne reposant sur aucun fondement
solide et
intolérable parce que narguant et
le
droit international et l'ensemble de la communauté mondiale
garante de la paix
et de la stabilité sur la planète. Comme l'a relevé
en effet le
ministre de la Défense nationale Jean-pierre Ondekane, le
problème des
Interahamwe et des Fdlr est davantage de la responsabilité
conjointe du Rwanda
et de la communauté internationale que de la Rdc dont le seul
tort, si l'on
peut dire, est d'avoir été contrainte d'accueillir
malgré elle sur son sol des
centaines de milliers de réfugiés affluant chez elle par
vagues ininterrompues
en 1994. Et cela sans que l'ONU et les grandes puissances qui la
régentent
daignent répondre promptement à l'appel à l'aide
des autorités congolaises,
comme si la situation ainsi créée arrangeait tout le
monde sauf le Congo
naturellement. Pourquoi seulement en
Rdc ? En cas de crise ou de
cataclysme,
le mouvement naturel des populations victimes est de fuir les zones
touchées
vers des horizons plus paisibles et plus accueillants,
généralement hors des
frontières nationales. A cet égard,
on sait que le génocide de 1994 au Rwanda a
déversé sur les routes de l'exil
une importante frange de la population
qui, dans sa grande majorité, a préféré se
réfugier en Rdc plutôt que dans
d'autres pays. Ce sont là des
mouvements
spontanés, incontrôlés et par conséquent
inexplicables du seul point de vue
sociologique, l'instinct constituant en l'occurrence
le seul ressort logique. Mais le miroir des
événements qui se sont déroulés depuis, en
commençant par
l'insensibilité initiale de la Communauté
Internationale jusqu'à la triple agression Rwandaise (1996,1998
et 2004) en
passant par le pillage à grande échelle des ressources
naturelles congolaises
et par les réfugiés et par les forces d'occupation, l'on
est droit de conclure
sans trop réfléchir que la préférence de la
Rdc comme terre d'asile par les
réfugiés et la boulimie guerrière de Kagamé
contre notre pays doivent avoir un
lien commun. Lequel ? Le lien qui
apparaît le plus
manifeste et qui sert généralement d'explication à
ce phénomène est celui de
l'espace vital qui serait plus disponible en Rdc que dans d'autres pays
frontaliers du Rwanda confronté par ailleurs à un
défi démographique permanent.
Mais lorsque l'on constate, comme c'est le cas, que la tendance des
réfugiés
rwandais au Congo est non pas de vouloir rentrer chez eux mais
plutôt de
pérenniser leur présence sur les sites d'accueil et de
s'y incruster d'une
part, que d'autre part le pays d'origine ne se montre pas tout à
fait pressé et
ravi de voir revenir ses réfugiés, l'on doit s'interroger
sur les mécanismes de
cette complicité objective entre les tenants du pouvoir à
Kigali et ceux qui
les combattent apparemment. Faut-il se rappeler que
depuis la
fin de la deuxième guerre rwando-congolaise, le nombre de
réfugiés rwandais
ayant regagné leur pays est on ne peut plus insignifiant par
rapport à la masse
établie en Rdc, et que le processus de désarmement des
miliciens interahamwe et
des combattants du Fdlr piétine non pas par la mauvaise
volonté du gouvernement
congolaise mais essentiellement parce que les éléments
soumis à cette opération
s'y opposent farouchement de même qu'ils ne sont pas du tout
enchantés de
retraverser la frontière ? Victor Mpoyo
lève un coin du
voile… L'explication de
l'agenda caché du
Rwanda dont on parle abondamment
lorsqu'on analyse le comportement de Kigali s'offre justement en
perspective
lorsqu'on découvre les propos de l'ancien ministre d'Etat de
Laurent-Désiré
Kabila et de son fils, Victor Mpoyo. Lequel, dans une interview au
menseul
" Nouvel Afrique-Asie" de décembre 2004 que "Salongo-Hebdo
" s'est fait le devoir de reproduire intégralement dans sa
dernière
livraison, révèle notamment que l'idée d'une
confédération incluant la Rdc, le
Burundi et le Rwanda, idée dont il avoue demeurer un chaud
partisan, faisait
partie des conversations au sein aussi bien des appareils
étatiques rwandais et
burundais que des dirigeants de l'Afdl. L'idée
était donc en l'air,
envisagé, discutée, soupesée entre ceux qui
s'étaient coalisés pour renverser
militairement le régime Mobutu et les commanditaires qui leur
avaient fourni
troupes, armes et munitions. Selon ce projet qui va
bien
au-delà de l'ex-Communauté économique des pays des
grands lacs (Cepgl), ce
serait la seule manière d'ôter aux Rwandais qui sont
à l'étroit chez eux, la
tentation de lorgner du côté de la Rdc pour y trouver des
espaces de vie et
d'élevage pour leurs troupeaux, sans se soucier du sentiment des
autochtones à
qui l'on ne demanderait même pas leur avis. … et déshabille
l'Afdl Cette idée de la
confédération
regroupant la Rdc, le Rwanda et le Burundi, Victor Mpoyo la
développe dans son
interview comme étant un retour logique à l'existence
d'une mère-patrie commune
aux populations des trois pays mais que les Belges auraient
disloquée en
traçant des frontières. Au-delà de cette
thèse qui est
hautement discutable et sur laquelle les historiens ne manqueraient
certainement pas de se pencher afin de lever tout équivoque, il
est intéressant
de noter que la principale articulation du projet de
confédération tel que
rendu par M. Mpoyo porte sur le fait qu'il serait offert à Paul
Kagame la
possibilité d'en briguer la présidence. C'est donc clair. Un
des scénarii
concocté par l'Afdl et ses maîtres à penser
était de porter Paul Kagame "
à la présidence du Congo dans le cadre d'une
confédération ". Pourquoi ? Bien sûr en
échange de tous les moyens
qu'il aura investis pour permettre au " conglomérat
d'aventuriers et
d'opportunistes assoiffés du pouvoir " de prendre en mains les
rêves de
l'Etat congolais. Il n'y a donc plus lieu
de
s'étonner que le maître de Kigali se comporte comme tout
simplement le maître
du Congo, parce que tel a été l'acte fondamental
d'allégeance de M'Zee et de
ses compagnons vis-à-vis de Kagame. Ce n'est pas
d'aujourd'hui que
datent les visées de ce dernier sur la Rdc, c'est bien à
l'époque où il s'était
fabriqué une rébellion congolaise pour chasser Mobutu du
pouvoir, sachant que
les hommes qu'il aura ainsi placés à la tête de la
Rdc sauraient lui être
reconnaissants. Or, ce que Victor Mpoyo
vient de
révéler, c'est que les hommes de l'Afdl, outre des
contrats léonins signés à
gauche et à droite livrant les richesses du pays au pillage de
bandes
maffieuses et cela avant même qu'ils n'aient arraché
l'effectivité du pouvoir,
avaient poussé la reconnaissance jusqu'à promettre
à Kagame rien moins que la
magistrature suprême de la Rdc agrandie du Burundi et du Rwanda.
C'est ce même
Mpoyo qui d'ailleurs trouve normal que la population rwandaise tende
à se
déployer en émigrant au Congo. Quelle trahison ! Cela ne
s'appelle pas
autrement que vendre le pays. De la part de gens qui
prétendaient agir en
libérateurs, c'est une forfaiture, une trahison, la plus vile
qui soit. Vivement les accords de
Lemera ! Voilà donc
qu'éclaire d'un jour
nouveau les motivations de cette troisième agression rwandaise :
Kagame entend
régner en Rdc comme cela était entendu, en tout cas
envisagé, entre lui et
l'Afdl. Pour autant, ce ne peut
être là
qu'un pan d'un pacte à multiples facettes conclu entre les deux
parties et qui
porte le nom d'accords de Lemera. Laurent-Désiré Kabila
lui-même y avait fait
allusion sans trop entrer dans les détails. Depuis, les caciques de
l'Afdl et
leurs héritiers au pouvoir n'ont plus osé en parler,
certains d'entre eux
allant même jusqu'à en nier l'existence. Mpoyo, lui, vient
de briser le silence
et de démontrer que le complot des " aventuriers " de l'Afdl
était
allé loin, très loin de ce qui est imaginable en
matière de concession. Il est temps, plus que
grand temps
que pour l'édification du peuple qui continue de se demander
pourquoi le Rwanda
lui fait toujours la guerre, les signataires vivants des accords de
Lemera
mettent le document sur le tapis afin que personne n'en ignore le
contenu réel.
C'est une exigence à laquelle ils ne sauraient se dérober
plus longtemps : la
Nation veut et a le droit de savoir ! Bondo Nsama |