9 ao�t 2003

Si vous voulez savoir : �a me d�sole! R�cemment, on apprenait, de mani�re fort discr�te d'ailleurs, qu'il n'y aura plus de cin�astes permanents � l'ONF. �a, ce n'est qu'une pierre de plus qu'on retire � une institution qu'on a depuis longtemps d�cid� de sacrifier. C'est �a, en fait, qui me d�sole : le sacrifice.

Depuis dix ans, un peu plus m�me, on laisse s'effriter - et quand je dis � on �, je parle tout particuli�rement de l'�tat, mais aussi un peu de nous tous - ce qui fut le berceau de notre cin�matographie nationale.

Aujourd'hui, on se r�jouit des palmes r�colt�es par le cin�ma qu�b�cois, de ses box-offices, de son succ�s ici et � l'�tranger; or, tout cela n'aurait pas �t� possible s'il n'y avait pas eu l'Office national du film. Si des cin�astes hautement appr�ci�s n'y avaient fait leurs premi�res armes. Si des ma�tres de l'animation n'y avaient laiss� leur griffe. Si on n'avait mis � la disposition des Arcand, Perreault, Lamothe, Carle, Godbout, Poirier, Labrecque, etc. les outils n�cessaires � une exploration artistique.

C'est s�r que le cin�ma a chang�, comme le monde d'ailleurs, comme notre soci�t�. D'artisanal qu'il �tait dans les ann�es 1950 et 1960, il est devenu, � force de volont� et de soutien financier, une industrie. Mais pendant que s'�rigeait cette industrie, on s'est appliqu�, allez y comprendre quelque chose, � d�truire l'institution qui lui a pourtant permis de voir le jour. �trange!

On peut se r�jouir maintenant d'avoir un Denys Arcand, mais doit-on oublier que sans l'ONF, il n'y aurait probablement pas sur nos �crans d�Invasions barbares ; parce que sans l'Office, il n'y aurait pas eu de D�clin de l'empire am�ricain. Non, il n'y aurait pas eu de D�clin... Parce que c'est le pr�sident de l'Office d'alors, Fran�ois Macerola, qui est all� chercher un ancien artisan de l'ONF, Roger Frappier, pour lui proposer de trouver une poign�e de cin�astes (ils �taient six si je me rappelle bien) dont il financerait en partie les films en coproduction avec le priv�. C'�tait une premi�re. Sans l'ONF, il n'y aurait pas eu non plus de Un zoo la nuit.. La suite, on la conna�t.

Et voici maintenant qu'apr�s les compressions, les d�cisions qui ont banalis� l'institution, la fermeture des programmes de cr�ation, on prive l'Office national du film des restes de son �me en chassant les quelques cin�astes qui demeurent. Je dis � les restes � parce qu'il y a longtemps que l'�me a commenc� � s'�chapper.

Une agonie, une mort lente et douloureuse annonc�e depuis longtemps. Oui, une mort, parce que pour survivre, cette bo�te avait besoin de folie, d'audace et de cr�ation. Or, il ne reste plus rien de tout �a. Dommage!

Dommage, dis-je, parce que l'ONF, lieu de r�sistance, de dissidence et de critique sociale, aurait encore sa place.

Or, on a tu� � petit feu notre m�moire. Du coup, on tue aussi l'exp�rience et le savoir plut�t que de les l�guer. Et on ferme ainsi une des portes de la libert�.


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