Cliquez sur >> à droite pour faire disparaître les annonces

Note du webmestre :
Lyette Doré a été pendant quelques temps directrice des affaires corporatives à l'ONF. Elle a quitté en décembre 2000.

janvier 2006

La responsable des fonds secrets d’Option Canada
venait du Service canadien du renseignement de sécurité

par Normand Lester et Robin Philpot

Les documents comptables d’Option Canada, sur lesquels s’appuient notre livre Les secrets d’Option Canada, identifient madame Lyette Doré, alors directrice générale du projet sur l’identité du ministère du Patrimoine canadien, comme la personne à qui le président de cet organisme occulte, Claude Dauphin, devait faire rapport. De plus, l’un des projets les plus pointus d’Option Canada, auquel ont participé Pierre Pettigrew, Claude Dauphin, Léonce Mercier, Yvon Fontaine, actuellement recteur de l’Université de Moncton, et d’autres, portait le nom de code Projet # 4 LD, LD signifiant Lyette Doré.

Selon le curriculum vitae de madame Doré, déposé à l’Assemblée nationale du Québec en 2004 lorsque Jean Charest a voulu la nommer présidente de la Commission d’accès à l’information du Québec, elle a joint le ministère du Patrimoine au poste de directrice des projets spéciaux du Programme d’identité canadienne en 1993. À ce titre, elle était l’unique responsable des chèques versés à Option Canada. Mais ce ne sont pas que les 5 millions $ d’argent secret qu’elle a géré pendant cette période.

Le rapport des juricomptables Kroll, Linquist Avey, publié en appui au rapport Gomery (Qui est responsable? Vérification juricomptable), indique que, outre les 5 millions $ affectés au poste « Unité – Le référendum au Québec », Lyette Doré aurait géré, pendant la même période avant et durant le référendum, 8 millions $ au poste « Identité canadienne », 3 millions $ au poste « Unité – Communications » et 3,5 millions $ au poste « Identité canadienne Phase II », pour un total de 19,5 millions $.

Selon le même rapport, madame Doré a donc géré près de deux fois le montant que Chuck Guité, au ministère des Travaux publics, avait à sa disposition pour le poste budgétaire « Unité – Le référendum au Québec », montant qu’il a affecté, entre autres, à la réservation de tous les grands panneaux-réclames au Québec. Tout cet argent a été puisé, en fait, dans la «Réserve pour l’unité», d’où proviendra plus tard une grande partie des millions du programme des commandites.

Or, Lyette Doré n’a pas été totalement franche ni totalement transparente dans son curriculum vitae. Elle y affirme avoir travaillé pour le ministère du Solliciteur général du Canada entre 1988 et 1992. En réalité, elle était affectée durant cette période au Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS.

Les fonctionnaires affectés au SCRS ont pour instruction de révéler le moins possible leur lien présent ou passé avec l’organisation et de plutôt dire qu’ils travaillent pour le ministère du Solliciteur général. Mme Doré affirme dans son C.V. avoir été chef de 1988 à 1990 d’une section nommée « Études spéciales » du ministère du Solliciteur général. Or, une telle section se trouvait dans l’organigramme du SCRS. Elle dit être ensuite passée en 1990 à la division « Filtrage sécuritaire » où, selon son CV, elle a occupé le poste de directrice générale adjointe jusqu’en 1992. Il n’y a pas de tel service au sein du ministère du Solliciteur général.

C’est par contre une importante composante du Service canadien du renseignement de sécurité. Nous avons d’ailleurs pu établir qu’en novembre 1991, une certaine « Lyette R. Doré » travaillait dans le bureau 627 de l’immeuble Jackson du SCRS, sis au 122, rue Bank, au centre-ville d’Ottawa, qui abritait alors, outre le Filtrage sécuritaire, la Sécurité interne et divers autres services de l’organisation.

Considérée comme une administratrice efficace spécialisée dans les questions touchant la vie privée, cette femme énergique donnera des cours au Centre canadien de la gestion pendant quelques mois à la fin de 1992 et au début de 1993, avant d’être affectée en 1993 à Patrimoine Canada. Jusqu’en 1996, elle aura la haute responsabilité des fonds consacrés secrètement à Option Canada et à d’autres activités d’unité et d’identité canadiennes.

Madame Doré possède la plus haute habilitation sécuritaire attribuée par le gouvernement du Canada à ses employés : «très secret / top secret». Peu de fonctionnaires fédéraux possèdent cette distinction. Madame Doré était dans le secret des dieux ! Il n’est donc pas surprenant de constater que le secret et le mystère aient toujours entouré les activités d’Option Canada, voire son existence même : la haute responsable était issue des services secrets fédéraux.

Le parcours et le rôle en 1995 de madame Lyette Doré soulèvent de sérieuses questions.

• Comment expliquer qu’une fonctionnaire venant du SCRS, avec la plus haute habilitation sécuritaire, ait été affectée directement à la gestion de fonds importants, destinés surtout à la culture, mais qui dans les faits ont été injectés secrètement et en grande partie illégalement dans une campagne politique partisane ayant pour but de battre un mouvement politique légitime et démocratique, soit le mouvement souverainiste ?

• En plus des fonds d’Option Canada, comment ont été dépensés les autres 14,5 millions $ dont madame Doré avait la responsabilité de 1994 à 1996 ?

• Pourquoi le Premier ministre Charest tenait-il tant à embaucher au poste névralgique de la Commission d’accès à l’information du gouvernement du Québec cette ancienne du SCRS dont les activités reliées à Option Canada reflètent un mépris flagrant pour les institutions démocratiques québécoises ?

• Madame Doré avait-elle rompu tous les liens avec le SCRS ou avait-elle été simplement prêtée à Patrimoine Canada pour une mission particulièrement sensible ?

Madame Doré est présentement administratrice de l’Association pour l’accès et la protection de l’information (AAPI) à Québec, où nous avons tenté de la joindre par téléphone hier après-midi et ce matin. Nous avons demandé à la réceptionniste de lui transmettre le message de nous rappeler parce que nous voulions qu’elle confirme les fonctions qu’elle occupait au SCRS entre 1988 et 1992. La téléphoniste nous a dit qu’elle nous rappellerait dans l’après-midi. À 11 heures ce matin, elle n’avait pas retourné notre appel.

Le site Internet de l’AAPI et le répertoire en ligne du barreau du Québec présente toujours Lyette Doré comme avocate à Patrimoine Canada. Au dernier congrès de l'AAPI qui avait lieu à Québec les 4 et 5 mai 2005, Mme Doré se présentait toujours comme avocate à Patrimoine Canada et c’est à ce titre qu’elle a animé une table ronde du congrès le 4 mai dernier. Le site du Barreau donne le (819) 997-1956 comme son numéro de téléphone au ministère. La personne qui répond à ce numéro nous a assuré que Lyette Doré ne travaillait plus à Patrimoine Canada depuis des années…


Hosted by www.Geocities.ws

1