Vol.3, No.4, mars 1998

D'Ottawa � Montr�al

Gerald Graham

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Les d�fis qui nous attendaient
Dans la Loi originale de 1939, l'Office �tait responsable des archives cin�matographiques. Dans la Loi remani�e de 1950, cette disposition avait disparu, mais nous avions 60 millions de pieds de film sur pellicule nitrate entrepos�s � l'a�roport Pendeleton et � Rockliffe. Ils nous avaient �t� confi�s par les Forces arm�es, des minist�res et d'autres organismes qui, d�s l'apparition de la pellicule ac�tate 35 mm (vers 1952), s'�taient empress�s de se d�barrasser ainsi de ce mat�riel hautement inflammable.

Les contraintes que nous imposait la d�cision du gouvernement de d�m�nager l'ONF ne faisaient que compliquer les choses. Comme nous n'�tions plus les d�positaires l�gaux de ces archives, le Conseil du Tr�sor ne voulait pas nous accorder d'aide financi�re, disant que tout cela relevait des Archives. Les Archives voulaient bien prendre les documents sur papier mais pas de films extr�mement dangereux. Malgr� les efforts h�ro�ques de Jack Ponting, de Bill Galway et de Charlie Poirier pour prot�ger et cataloguer ces archives, chaque demande de fonds que nous faisions pour repiquer le mat�riel le plus int�ressant sur de la pellicule ac�tate �tait refus�e par les Archives et le Conseil du Tr�sor. La temp�rature, l'humidit� et un traitement inad�quat font que le film s'ab�me dans la bo�te. Il devient d'abord cassant, puis commence � cloquer, puis finalement, sous les pires conditions, il s'enflamme spontan�ment. Les experts �valuent cette r�action explosive � un feu qui se d�clenche en 90 secondes et br�le pendant deux heures.

Ayant appris � manoeuvrer dans les all�es tortueuses du pouvoir � Ottawa, nous avons persuad� le Laboratoire de recherche en b�timent du CNRC de construire une vo�te exp�rimentale dans un champ avoisinant le Laboratoire (sur Montreal Road). La vo�te �tait munie d'un �vent de s�curit� (une sorte de chemin�e) qui permettait de diminuer aussit�t que possible la pression interne. En faisant appel � des fonctionnaires am�ricains, nous avons pu y rassembler un million de pieds de pellicule nitrate usag�e. Puis nous avons invit� des responsables du Conseil du Tr�sor, les membres du conseil d'administration de l'ONF et des repr�sentants des pompiers locaux � voir ce � quoi pouvait ressembler un feu de pellicule de nitrate. � peine avions-nous appuy� sur le dispositif d'allumage qu'un spectacle merveilleux s'offrit � nous. Quelques volutes de fum�e, suivis d'un BOUM! retentissant, puis des flammes et des bo�tes en feu projet�es � plus de 200 pieds de hauteur dans un nuage de fum�e au monoxyde de carbone. Nos spectateurs, quelque peu abasourdis, sont sortis de leur abri et se sont repli�s en d�sordre vers le bar le plus proche, � ce qu'on pr�sume, pour retrouver leur aplomb et pr�parer les arguments qu'ils feraient valoir pour que nous obtenions enfin des locaux ad�quats. Le c�t� spectaculaire de ce drame, nous le devions aux efforts de Bert Simmons.

Au Gouvernement, les histoires se terminent rarement bien. Par mesure d'�conomie, les Travaux publics ont supprim� les vo�tes pr�vues au plan de Montr�al, et 60 000 bo�tes de film nitrate furent entrepos�es � Pointe Claire, dans un hangar de t�le ondul�e. Un dimanche matin, pendant l'Expo '67, le hangar a saut�, sans faire de bless�s heureusement.


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